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Silvère Tajan : Le règne de la dette ou la vraie défaite du capitalisme

Vincent Bénard Publié le 05 mai 2009
1983 mots - Temps de lecture : 4 - 7 minutes
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Objectif Liberté

Encore un "guest post", cette fois ci signé Silvère Tajan, Enseignant à Science Po et chef d'entreprise, que vous avez déjà lu dans les commentaires de ce blog sous la signature ST - Egalement publié par l'institut Hayek ------------- Existe-t-il une forme de capitalisme sans capital ? On pouvait depuis longtemps déjà douter que nous vivions dans un monde dominé par ce que les Anglo-Saxons appellent le "free market capitalism", le capitalisme de marché libre, car les obstructions incessantes des gouvernements à la liberté du marché sont largement documentées. Mais nous sommes désormais en droit de nous demander si nous n'avons pas tout bonnement quitté la sphère du capitalisme tout court, tant la formation du capital semble devenue secondaire dans l'ordre économique moderne, et si la crise dans laquelle nous nous trouvons plongés n'est pas l'illustration ultime de cette lente dérive. La frontière autrefois solide et étanche entre le capital et la dette semble s'être peu à peu estompée, devenue au cours des ans de plus en plus poreuse, jusqu'à voler en éclat au coeur même de la crise. Le capital, c'est cette part de la richesse produite que l'on va destiner non à être consommée, mais à démultiplier la productivité future du travail, de manière à produire beaucoup plus demain plutôt que de consommer un peu plus aujourd'hui : ce n'est pas simplement un facteur de croissance, c'est le facteur de la Croissance. Quand le pêcheur attrape un petit poisson avec sa canne à pêche, il peut le garder pour son déjeuner (le consommer de suite), ou bien il peut décider de l'utiliser pour attraper un plus gros poisson pour son diner : ce petit poisson est alors une richesse produite (le pêcheur a travaillé pour le pêcher), qu'il ne va pas consommer, mais qu'il va combiner avec du travail (sa pêche de l'après midi) de manière à produire plus de richesses (le plus gros poisson attrapé pour le repas du soir). Ce petit poisson est du capital. La source du capital est l'épargne : cette part de la richesse produite qu'on ne va pas consommer de suite. Pas d'épargne, pas de capital, pas de croissance. La dette, c'est un peu la démarche inverse. C'est consommer aujourd'hui la richesse qu'on n'a pas, et remettre son financement à demain. Si quand on épargne on s'enrichit, quand on contracte une dette, on s'appauvrit. Ce n'est que bon sens. Pour une entreprise, la dette et le capital ne sont pas la même chose. Le capital n'est pas remboursable. Il fait partie des fonds propres de la société. La dette, elle, est exigible. Elle devra être remboursée. Quand une société augmente son capital, sa solidité financière augmente : elle est plus riche de cet apport en capital, qu'elle n'aura jamais à rembourser. Quand une entreprise emprunte, en revanche, sa solidité financière se détériore : l'apport financier du prêt (l'argent qui rentre dans sa trésorerie) est contrebalancé par l'engagement de rembourser à échéance, et le bilan global est alourdi négativement par la charge de l'emprunt, c'est-à-dire son coût : le cumul des intérêt...
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