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Sortie de crise prématurée

Paul Jorion Publié le 09 juillet 2009
2334 mots - Temps de lecture : 5 - 9 minutes
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Paul Jorion.

Ce texte est un « article presslib’ » (*) Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, déclarait encore le 26 juin dernier : « Les différents exercices de stress tests menés ces derniers mois me paraissent de nature à confirmer l’appréciation que je porte sur la solidité des banques françaises ». Réaffirmant qu’il n’était pas favorable à leur divulgation, mais à ce qu’il a appelé « une publication agrégée par pays », il a prévenu qu’aucune comparaison ne serait possible avec les banques américaines, vu la différence des contextes comptables et prudentiels. « On parle de deux univers qui sont très différents », a-t-il insisté, voulant ainsi signifier que ces dernières étaient en mauvaise posture mais que les européennes ne l’étaient pas. A l’appui de sa démonstration, il a ajouté, afin de convaincre, que les estimations faites par le FMI, qui prévoient la nécessité de recapitaliser ces banques européennes à hauteur de 600 milliards de dollars d’ici fin 2010, reposaient sur des estimations erronées, car : « Le raisonnement est fait comme si il y avait de façon latente du subprime en France. Il n’y en a pas en France, le modèle est faux, faux, faux ». Sans vouloir chicaner Christian Noyer sur des détails, il serait intéressant de savoir ce qu’il pense de la présence massive de CDS – des produits dérivés exposant à des risques potentiellement gigantesques – dans les comptes des banques françaises, notamment ceux de la Société Générale. Selon Global Equities, on s’attend à ce que la Soc Gen enregistre un impact comptable négatif comptable de 1,3 milliard d’euros sur des CDS dans ses résultats du second trimestre. Illustration du déni dans lequel les banques persévèrent, et justifiant sa position malgré ces nouvelles inquiétantes par ce qu’il a appelé les « solides performances opérationnelles de la banque », Frédéric Oudéa,, le nouveau PDG de la banque, a déclaré lors d’une assemblée générale extraordinaire consacrée à sa nomination : « Ce n’est pas une hypothèse de faire grimper la participation de l’Etat dans le groupe Société Générale », alors que celui-ci est déjà à 7,2%, après avoir souscrit pour 3,4 milliards d’euros d’actions de préférence sans droit de vote. Cette position sera-t-elle tenable ? Ne vaudrait-il pas mieux profiter du guichet tant qu’il est ouvert, qu’il y a de l’argent en caisse ? De Londres, un secours charitable lui est venu de William Porter, en charge du département de la stratégie de crédit au Crédit Suisse, interviewé à ce propos de cette future dépréciation par le Wall Street Journal : « Ce n’est pas énormément surprenant, à la lumière de ce que nous attendons en Europe au cours des années à venir (…) Cela pourrait bien être un artéfact comptable… » (un phénomène créé de toutes pièces). Si les artefacts s’en mêlent, où allons-nous ? D’autant que le journal qualifiait la Société Générale, d’« acteur majeur sur le marché global des produits dérivés ». Mais il n’est pas impossible que de tels incidents, qui peuvent encore être minorés, puissent prochainement faire place à des évènements plus conséquents. Il n’y a pas que les CDS qui représentent un danger très sous-estimé pour les banques européennes, si l’on considère la part majoritaire, au plan mondial, que selon la Banque des règlements internationaux elles détiennent sur le marché des CDS (devançant les Etats-Unis). Le marché des LBO (leveraged buy-out = technique qui permet d’acquérir une entreprise en la privatisant, avec effet de levier) donne aussi des signes de craquement. Pour ne parler que ...
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