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Subprimes: Pourquoi Paulson a compris que son plan était mauvais, et en a changé

Vincent Bénard Publié le 25 novembre 2008
2990 mots - Temps de lecture : 7 - 11 minutes
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Objectif Liberté

Je ne suis pas nécessairement en accord avec l'analyse que DSK fait de la crise actuelle dans ""Le Parisien", mais il y a au moins un point sur lequel il a presque raison: "même pour des spécialistes, il en a fallu du temps pour comprendre ce qui s’est exactement passé". Bon, relevons immodestement que quelques non-spécialistes en formation accélérée décrivaient l'essentiel des phénomènes induits dès le 18 Août, les découvertes ultérieures sonnant comme une confirmation. Mais bien des spécialistes ont, pardonnez moi cette familiarité, pédalé dans la choucroute. Voilà qui explique que les personnes pourtant très professionnelles en charge dès les premières heures de la gestion de la crise, au premier rang desquelles Hank Paulson, secrétaire au trésor, ex CEO de Goldman Sachs, et professionnel tout à fait aguerri de la finance, aient commis des erreurs, qu'elles sont obligées d'admettre et de corriger. Hank Paulson a donc décidé de modifier son plan initial et de ne plus utiliser le reliquat des 700 milliards d'emprunts que lui a autorisés le congrès (il en reste encore 410...) pour racheter des "actifs pourris" des banques et assurances des USA, principalement des obligations émises par des "mortgage backed securities", c'est à dire des fonds d'investissement obligataires hypothécaires, selon des techniques complexes de titrisation dont la complexité vient d'exposer à la figure de leurs promoteurs. En effet, il s'est aperçu que ces promesses de rachats massifs de titres douteux par l'état retardaient la résolution de la crise, et que, tout comme l'intervention publique avait grandement contribué à la crise, des interventions publiques mal à propos étaient à même de la prolonger. Tout ceci, vous en conviendrez, parait de prime abord bien embrouillé et nécessite des explications pédagogiquement accessibles. Essayons donc d'y voir plus clair ensemble. Qu'est ce qu'une MBS* ? des CDO* ? Pourquoi la titrisation ? Les MBS et les CDO sont deux "produits dérivés" de la "titrisation" (encore deux termes barbares) des crédits. Illustrons par l'exemple: Imaginons une petite banque du midwest, la Midwest Bank. Elle prête de l'argent à un client, monsieur Vincent, pour qu'il achète sa maison. Elle a besoin que ce prêt soit intégralement "refinancé" : en effet, monsieur Vincent va dépenser la somme empruntée tout de suite, en achetant la maison de monsieur Pierre. La banque de Monsieur Pierre va donc demander à celle de Monsieur Vincent de lui transmettre le montant de la transaction. Or, M. Vincent ne remboursera sa banque que lentement. Celle ci doit donc prévoir un décaissement rapide de trésorerie, mais un encaissement lent. Bien sûr, la Midwest Bank pourrait prêter ses fonds propres. Mais elle en a peu. Elle peut prêter une partie de l'argent de ses déposants. Mais ceux ci peuvent à tout moment retirer leurs avoirs: elle doit garder d'importantes réserves, sans quoi, elle augmente son risque de crise de trésorerie, ou de faillite. Elle doit donc emprunter les capitaux nécessaires à son refinancement. Et naturellement, ces capitaux doivent lui coûter moins cher que ce que les prêts qu'elles délivrent lui rapportent ! En Europe, les banques utilisent en grande partie des comptes d'épargne (livrets, dépôts à terme) sur lesquels les clients placent des liquidités à un taux fixe, généralement inférieur à celui des prêts consentis. Mais aux USA, pour des raisons que j'ai déjà effleurées, et qui mériteront des approfondissements ultérieurs, les banques ont préféré privilégier majoritairement un modèle d'emprunt direct des fonds de refinancement sur les marchés de capitaux, soit directement, soit en revendant leurs prêts à des spécialistes du refinancement tels que Fannie Mae et Freddie Mac. Dans le principe, la banque va donc mettre sur le marché le prêts consenti à M. Vincent, qui lui rapporte, disons, 6,5% d'intérêts, et proposer ce prêt pour, disons, 5,5% à des investisseurs. Seul problème: D'une part, les investisseurs ne connaissent pas M. Vincent et n'ont aucune raison de lui faire confiance. D'autre part, si la banque ne prête qu'à des clients de proximité, et que la principale usine de la région, celle qui employait M. Vincent, fait faillite, alors la Midwest Bank risque de se retrouver avec des milliers de M. Vincent en faillite personnelle sur les bras. Si Midwest Bank avait pu se diversifier géographiquement, cela n'aurait pas été trop grave. Mais rappelons qu'aux USA, ce n'est qu'en 1994 (Riegle-Neal Interstate Banking Act) que les 9 000 banques du pays ont pu faire sauter les verrous du McFadden Act de 1927 qui avait interdit les banques d'opérer dans plus ...
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