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Taxation des grands héritages: immorale et contre productive.

Vincent Bénard Publié le 08 juillet 2010
2651 mots - Temps de lecture : 6 - 10 minutes
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Objectif Liberté

Une des controverses souvent soulevée par mes contradicteurs concerne l'héritage. Nombreux sont ceux qui voudraient que l'héritage soit lourdement taxé pour "gommer les inégalités" matérielles affectant les individus du fait de leur naissance, pour que "ce ne soient pas toujours les mêmes" qui occupent les meilleures positions matérielles et sociales. "Taxer l'héritage, une condition nécessaire de l'égalité des chances" ? Ils soulignent que des pays de tradition relativement libérale - même si les évolutions récentes laissent souvent à désirer de ce point de vue - comme les USA ont toujours maintenu un impôt sur les gros héritages élevé, et que leur capitalisme n'en est pas mort. L'impôt sur l'héritage, selon certains, devrait être confiscatoire, pour favoriser la "mobilité sociale" entre générations. C'est ce raisonnement que tenait, par exemple, François de Closets dans son ouvrage "anti-privilège" à succès des années 80, "Toujours plus". Selon lui, l'éthique du capitalisme concurrentiel, "que le meilleur gagne", est incontestable à condition que la taxation de l'héritage corrige à chaque génération les inégalités formées par la génération précédente. Voyons pourquoi ces raisonnements sont fortement critiquables, tant du point de vue moral que du point de vue de l'efficacité économique et sociale*. Faut il interdire le Loto ? Commençons par regarder le problème par le petit bout de la lorgnette. Un gros héritage n'est pas dans son principe différent d'un gros gain au loto. On peut même dire que le gagnant du loto doit sa bonne fortune uniquement à la chance, alors que le héritier, s'il n'a pas de mérite personnel à son héritage, n'en est pas moins le destinataire naturel des fruits du mérite de ses parents. D'une façon générale, il s'agit de gros transferts d'argent vers des gens qui ne les ont pas "mérités", au sens premier du terme. Ceux qui voudraient appliquer aux gros héritages une taxation confiscatoire au motif qu'un tel gain serait injuste pour ceux qui n'en bénéficient pas sont ils favorables à l'interdiction des jeux de hasard ? S'ils répondent non, ou s'ils valident régulièrement leur petit bulletin à un comptoir de la française des jeux, alors ils sont incohérents. Assez joué, intéressons nous à des arguments ô combien plus essentiels. Le patrimoine, une inégalité parmi d'autres Les inégalités matérielles ne sont pas les seules auxquelles font face les individus. Certains hommes courent plus vite que d'autres et peuvent se servir de ce talent pour vivre. D'autres sont doués pour un sport. D'autres sont plus intelligents, et d'autre plus beaux. Or, ces deux dernières caractéristiques ont souvent une influence déterminante sur le parcours social des personnes concernées. Des tests grandeur nature ont montré, notamment, que les femmes ou hommes gros ou physiquement disgracieux avaient plus de difficulté à obtenir des entretiens d'embauche que les autres, et que la probabilité, pour une femme considérée comme belle, d'épouser un homme riche, était plus élevée**. On peut même affirmer que les personnes "défavorisées de par leurs acquis générationnels", comme c'est bien dit, seront plus souvent en concurrence frontales avec des gens de condition matérielle proche, mais plus beaux-grands-forts-intelligents qu'eux mêmes, qu'avec des nobliaux nés avec une cuiller dorée dans la bouche. Les inégalités "naturelles" risquent donc, dans la vie de tous les jours, de se révéler bien plus cruelles que les inégalités matérielles. Faut il taillader le visage des belles femmes pour parvenir à l'égalité devant le physique ? Couper un pied aux sprinters ? Lobotomiser les gens aux aptitudes intellectuelles supérieures ? Attacher des poids aux pieds des bons nageurs ? Tout le monde pourra je pense admettre que ce seraient là des formes particulièrement odieuses de compensation des supposés désavantages naturels de certains. De même, les enfants qui naissent dans un milieu social aisé tendent à recevoir une éducation leur permettant d'accéder en moyenne à des emplois mieux rémunérés que les autres. Les enfants d'enseignants, de ce point de vue, sont en France dans une situation particulièrement privilégiée : faut il séparer de force les enfants d'enseig...
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