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Trois scénarios pour l'économie américaine: Noir, Rose, ou Gris ?

Vincent Bénard Publié le 14 novembre 2009
4036 mots - Temps de lecture : 10 - 16 minutes
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Objectif Liberté

Dans cette crise dont les développements ne cessent de surprendre les observateurs, rien ne semble se passer comme les uns et les autres l'avaient prévu. Ainsi par exemple, l'équipe Obama estimait que sans "stimulus", le chômage atteindrait 9.2%, mais qu'il ne dépasserait pas 8% avec: nous en sommes à 10.2%, et encore cela ne compte t'il pas l'énorme réservoir de travailleurs en temps partiel subi, et l'accroissement du nombre de personnes considérées comme "sorties" de la force de travail. source Et ce n'est qu'un indicateur parmi d'autres. Bien peu avaient prévu que les "injections" de monnaie de la FED n'iraient pas provoquer un rebond des prix dans l'économie réelle mais une bulle totalement décorrélée de l'économie réelle sur les marchés d'actions. Quant à ce qui va se passer demain... Impossible de trouver un consensus sur ce que sera l'avenir. Entre ceux qui "voient la reprise", et ceux qui pensent que nous n'avons vécu que le premier acte de la fin du monde, une gamme complète de scénarii se fait jour, inflationnistes, déflationnistes, à la japonaise, à la façon de 1929, avec ou sans effondrement du dollar, ou de l'Euro, et que sais-je encore. Le propos de ce qui suit n'est pas d'expliquer ce qui va se passer (si je le savais, je serais riche), mais d'examiner les scénarios les plus négatifs et positifs possibles, et surtout, d'imaginer quelles sont les décisions politiques qui pourraient les favoriser ou les empêcher. Gardez en outre à l'esprit que nous autres, libéraux, avons une fâcheuse tendance à sous estimer le temps que notre système politico-financier vermoulu peut tenir, de rafistolage en "Quantitative Easing". Nous nous doutons bien que la trajectoire actuelle nous mène dans un mur, mais avons tendance à le voir plus proche qu'il ne l'est réellement. A moins que cette fois ci, nos lunettes ne soient correctement calibrées ? Point de départ des trois scénarios: poursuite de la crise bancaire Le fait est que les banques américaines ne sont pas sorties de la crise et n'en sortiront pas de sitôt. On attend une nouvelle vague de lourdes pertes liées aux "resets" contractuels des prêts prime à taux variable, Alt-A, ARM... Sans oublier des difficultés croissantes du côté des opérations de firmes de Private Equity financées par la dette (LBO), et des craintes lourdes du côté de l'immobilier commercial. Et, cerise sur le gâteau, le scandale MERS, qui pourrait gravement compliquer l'exécution des faillites bancaires. Pour s'en tenir à l'immobilier résidentiel, environ 60% des maisons américaines étaient assorties d'une hypothèque, le crédit ayant soit servi à payer la maison, soit servi à consommer divers biens et services en apportant la maison comme garantie. Sachant que 8 de ces hypothèques sur 10 ont été originées ou rechargées pendant la bulle, on peut considérer que si les prix immobiliers reviennent à leur niveau d'avant bulle, voire, comme cela est probable, font un passage en dessous, alors une bonne moitié des maisons américaines seront assorties d'une hypothèque restant due supérieure à la valeur de la maison... Pas rassurant, quand on sait que les ménages "underwater" sont fortement incités, dans un tel contexte, à se mettre en défaut. Naturellement, tous les prêts "underwater" ne finiront pas en forclusion. Mais il n'y a aucune raison de penser que le pourcentage de ménages en retard ou en cessation de paiement de crédit se retourne prochainement. Face aux premières difficultés, la réaction des pouvoirs publics a été assez consternante: alors que la crise a été provoquée par un excès de crédit, la maison blanche a relancé fiscalement l'achat de maisons et de voitures... par le crédit, évidemment, et la FED a baissé ses taux directeurs à zéro. Accessoirement, l'état a fait voter des dispositions encourageant les emprunteurs qui peuvent "difficilement payer" à se mettre en défaut. Et surtout, l'état a "sauvé" nombre de grosses institutions privées en transmettant leurs dettes aux contribuables: de cette façon, il empêche durablement le dégonflement rapide de la bulle de crédit à l'origine de la crise. Résultat: tout cet argent artificiellement injecté dans les banques n'aura pas servi à financer le crédit non subventionné, toujours atone. Par contre, à ce prix là, les banques ont pu se lancer dans des opérations de "carry trade" en empruntant à zéro et en spéculant sur des titres ou en achetant des bons du trésor à 3% et plus. Alors que l'économie réelle souffre, les grands établissements qui achètent de la dette publique US réalisent des marges miraculeuses sans effort, traduites par des rallyes boursiers spectaculaires... Mais ces valorisations ne correspondent à aucune création de valeur réelle: attention à la chute. Résultat, deux bulles, l'une obligataire, l'autre sur les actions, se sont formées. Tout le monde se demande pourquoi la multiplication par trois de la base monétaire des USA par la FED n'a pas provoqué d'inflation: c'est parce l'inflation monétaire a eu pour symptôme, cette fois ci, un rallye totalement artificiel et déconnecté de l'économie réelle sur les marchés d'actions, et a permis aux banques de prêter de quoi financer les plans TARP et assimilés, dont le produit n'irrigue encore que très partiellement l'économie réelle. En revanche, l'assèchement du crédit privé provoque une déflation immobilière en chaine: chute des prix des maisons -> panique des emprunteurs -> moins d'achats -> moins de ventes -> plus d'entreprises en difficulté -> plans de réduction des coûts... Tout ceci se traduit par une explosion du chômage. Scénario noir: écroulement déflationiste généralisé puis sortie par l'hyper-inflation Le premier scénario pourrait s'intituler "la loi de Murphy au carré", ou le "stellar black swan". Pour sortir d'une vaste crise de déflation de l'économie non subventionnée, les entreprises existantes doivent d'urgence réduire leurs coûts ou périr. Leurs ressources sont donc consacrées à la réduction des coûts en priorité. Pour que les chômeurs ainsi licenciés aient un espoir de retrouver du travail, il faudrait que d'autres entreprises se créent avec des offres tellement meilleures que ce qui existe actuellement que même en période de crise, le public ne puisse y résister, ou que les entreprises existantes, non contentes de réduire les coûts sur leurs lignes existantes, continuent d'innover. Tout ceci demande de l'argent. Or, le crédit est coupé, puisque les banques anticipent de nouvelles pertes: e...
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