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Un double paradoxe.

Georges Lane Publié le 12 janvier 2011
3713 mots - Temps de lecture : 9 - 14 minutes
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1. Equilibre économique général et action humaine Selon les mots de Vilfredo Pareto (1896) – « successeur pessimiste de Molinari » comme le dénommait Murray Rothbard -, l’économie politique s’intéresse aux phénomènes économiques qui résultent de l’action humaine, au nombre desquels le principal est l’équilibre économique général (cf. son Cours d'économie politique, §3). Elle ne s'intéresse donc pas à l’action humaine elle-même que Pareto dénomme « occupation » ou « fonction » en relation avec les actions des hommes de l'Etat qu'il analyse à l'occasion et, en particulier, celle de spoliation ou redistribution. A priori, en économie politique, l’équilibre économique général est un concept qui semble donc aux antipodes du concept d’ « action humaine », i.e. de l’action de vous ou moi, de cette action dont on évalue le coût d’opportunité par la pensée et dont on espère avec incertitude tirer un profit dès lors qu’on mène telle ou telle. 2. Equilibre économique, égalité arithmétique, marché conclu en droit. Pour expliquer les phénomènes économiques et, en particulier, l’équilibre économique général, l'économie politique "à la Pareto", mais aussi d'autres comme on va le voir, font intervenir non pas l'action humaine, mais, principalement, des concepts d’offre et de demande de biens rares. Il reste que l’équilibre économique général est un concept construit par des économistes, à commencer par Léon Walras – prédécesseur de Pareto à l'université de Lausanne -, à partir d’une analogie avec la mécanique classique des XVIIIème et XIXème siècles, cette mécanique dont le point de départ oublié aujourd'hui par beaucoup est l’application de la loi de l’économie à la nature sous la forme « du moindre temps », « du moindre effort » ou encore « de la moindre action ». Soit dit en passant, loin d'être, au mieux, dépendante de la physique - au pire, ne pas être une science - comme le veulent beaucoup de critiques, l'économie politique impose sa marque à la science via sa loi, la loi de l'économie, expression de la rationalité de la pensée humaine. La façon de parler qu'est le concept d'équilibre économique général ne saurait cacher ou faire mettre de côté deux autres façons synonymes et complémentaires de s’exprimer de l’économie politique, la vraie. L’une tient à l’égalité arithmétique de la quantité offerte et de la quantité demandée d’un bien pour un prix en monnaie convenu contractuellement. Celle-ci transparaît d’ailleurs, déjà déformée voire dénaturée, dans ce qu’a écrit Keynes à propos de l’offre et de la demande globales puisqu’il ne fait pas intervenir de prix… (cf. ci-dessous). Alors que l’équilibre, métaphore, peut laisser imaginer les forces qui le réalisent, l’égalité quantitative arithmétique est, si l’on peut dire, « terre à terre », stricte, elle ne fait pas rêver... L’autre façon de s’exprimer synonyme de l’économie politique tient à l’accord des volontés des personnes juridiques, aux « marchés conclus » entre les parties de l’échange, êtres de pensée et de raison et non pas analogues des planètes du système solaire ou des électrons libres de la toute nouvelle - alors - mécanique quantique. 3. Quatre résultats de l'échange à ne pas méconnaître. Soit dit en passant, un des résultats de l’échange libre est donc, comme on le disait en « vieux françois », le « marché conclu ». On était bien loin alors des représentations géométriques du marché de la fin du XIXème siècle « à la Marshall », à la « Edgeworth Bowley » ou de l’équilibre économique général « à la Walras », « à la Hicks-Hansen » (mi XXème siècle), à la façon « monétariste, à la façon « néo néo keynésienne » (2001), à la façon « nouveau monétarisme » (2010)... A fortiori, on était loin des élucubrations des représentations résultant de l’application de la « théorie mathématique des jeux » ou des représentations résultant de l’application de la "théorie des ensembles" « à la Arrow-Debreu et consorts » qui fleurissent mi XXème siècle et qui tendent, entre autres, à mettre l’accent sur la question de la détermination "mathématique" de l'équilibre (ah Kakutani ou Brouwer !) comme pour faire oublier la différence à faire entre la question de l’existence mathématique et la question de l’existence empirique (cf. par exemple, Poincaré, Science et méthode, 1908). Un deuxième résultat de l’échange libre est la spécialisation réalisable de l’action humaine. Sans échange libre, pas de spécialisation imaginable. Il reste que, pour certains, l’échange libre est à maudire car c’est la « division du travail » et car ils jugent celle-ci néfaste pour le travailleur ou … pour la nation – du fait de la dépendance, "avancée dans la foulée", vis-à-vis de l’étranger, dépendance alimentaire, énergétique, etc. (ah le patriotisme économique !)-. Troisième résultat à ne pas cacher, ni à oublier : le gain à l’échange. En vérité, le gain à l’échange est tellement évident que ceux qui condamnent la division du travail en arrivent à faire référence à une mauvaise distribution du gain et à parler de l’ « échange inégal » plutôt qu’à s’escrimer à essayer de réfuter l’existence empirique du gain. Le quatrième et dernier résultat de l’échange libre que j’évoquerai est cela même sur quoi insistait en fait Pareto, à savoir le prix du marché conclu, le prix en monnaie du bien « non monnaie » échangé. Un prix en monnaie n’est jamais qu’une quantité de monnaie convenue entre des personnes juridiques par unité du bien en question. Il n’est pas a priori un prix en monnaie affiché à quoi il faut se soumettre ou se démettre, quand l’échange n’est pas réglementairement obligatoire et quand on peut donc y échapper…. Contrairement à ce que supposent beaucoup d’économiste...
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