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Un magistral contresens

Paul Jorion Publié le 08 juin 2010
1778 mots - Temps de lecture : 4 - 7 minutes
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Paul Jorion.

Ce texte est un « article presslib’ » (*) C’est en direct que nous assistons à ce que les historiens qualifieront plus tard de l’un des plus magistraux contre-sens de toute l’histoire contemporaine. Les uns après les autres, pressés par la BCE, le FMI, l’OCDE et la Commission de Bruxelles, les gouvernements européens s’enfoncent dans la crise en mettant progressivement en oeuvre de rigoureux plans de réductions budgétaires, qui ne peuvent en réalité, pour toute garantie et résultat, qu’ouvrir la voie à une dépression économique de longue durée, ainsi qu’à une éventuelle remise en cause de la zone euro. Ils tentent ainsi de se présenter comme les meilleurs pourfendeurs des déficits publics, présentés comme étant la cause de tous les périls, tout en continuant de se refuser à prendre à bras le corps l’état du système bancaire européen, qui donne pourtant tous les signes d’un nouvel accès de faiblesse, appelé à être le vecteur du rebondissement systémique de la crise quand elle se manifestera brutalement. Enfermés dans leurs contradictions et leurs choix de départ, ne voulant pas affronter la nécessité d’une restructuration en profondeur du système bancaire, à laquelle ils ont préféré substituer un soutien financier de la BCE devenu permanent, les gouvernements européens sont en train de créer les conditions du rebondissement de la crise actuelle, face auquel ils vont se retrouver fort démunis. Symboliquement, ils viennent à la fois de décider au G20 de desserrer les contraintes de renforcement des fonds propres des banques du Comité de Bâle, et de resserrer en Europe celles qui vont peser sur l’économie, assignant aux pays les plus fragiles des objectifs irréalistes qui mènent tout droit à la restructuration de leur dette. Et, par voie de conséquence, à une déstabilisation du système bancaire européen qu’ils cherchent à protéger par ailleurs. Une belle réussite en perspective, ainsi qu’une illustration de la clairvoyance et de la maîtrise dont ils font preuve. Ou plutôt des contradictions dont ils sont l’expression. Les banques sont en effet à nouveau atteintes, ou vont l’être. En raison de leur important portefeuille d’obligations souveraines des pays à risque, qui dans l’immédiat sont dévalorisées sur le marché secondaire en raison de la hausse de leur rendement, et pour lesquelles le risque grandit de devoir demain consentir d’importantes décotes (on parle de 50%), conséquence de la restructuration inévitable à venir de la dette de leurs débiteurs. Elles sont également fragilisées dès maintenant, finançant à terme de plus en plus court leurs opérations à long terme de prêt, au risque d’être pris dans un effet ciseaux. Qu’expriment les tensions qui ne cessent de grandir sur le marché interbancaire, mesurées par le taux de l’Euribor qui ...
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