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Un manège qui tourne à vide

Paul Jorion Publié le 24 avril 2010
1973 mots - Temps de lecture : 4 - 7 minutes
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Paul Jorion.

Ce texte est un « article presslib’ » (*) L’édifice de la régulation financière repose sur une idée toute simple, tandis que sa mise en oeuvre ne l’est par contre pas du tout : les crises sont inévitables (certains disent même qu’elles sont nécessaires), mais il faut éviter leur débordement incontrôlé, le désormais fameux risque systémique. En d’autres termes, ne pas s’attaquer aux racines mêmes de la crise, mais s’efforcer d’en circonscrire à l’avenir les effets, saupoudrant quelques mesures préventives pour la forme, pour se concentrer sur des actions curatives. Celles-ci sont aujourd’hui l’objet de débats aussi serrés que le sont ceux qui se déroulent à propos de Bâle III. Devant l’ampleur des dégâts et des réactions de l’opinion publique qui s’en suivirent, il a été ajouté un volet à ce concept passablement défaitiste, afin d’accréditer la promesse que les futurs naufrages du système financier n’impliqueront pas à nouveau l’utilisation des fonds publics. A cette occasion, on a découvert qu’un redoutable aléa moral planait au-dessus de nos têtes et qu’il convenait de le domestiquer pour s’en prémunir. Un danger pour lequel cette anodine expression a été préférée à celle d’appel au meurtre, lorsque celui-ci est impuni d’avance. Un nouveau gang appelé les TBTF (too big to fail – trop gros pour faire faillite) étant suspecté de se préparer à le commettre. Le mécanisme à l’étude, qui fait l’objet d’une savante mise au point, disposerait de deux leviers en cours de réglage. L’un serait une taxation dont les modalités ne sont pas plus définies que l’assiette, le montant, le destinataire et l’objet même. L’autre, pour l’instant plus spécialement destiné aux Etats-Unis, reposerait sur des restrictions d’activités des banques (sans revenir à la séparation entre banques de dépôts et banques d’affaire) et sur la possibilité d’un démantèlement de celles qui seraient « en situation d’échec », sans que l’on sache très bien comment en quoi elle consisterait, comment on la décèlerait, ni qui en déciderait. Paul Volcker, artisan de cette seconde mécanique, conseiller de Barack Obama et ancien président de la Fed, a eu à son sujet cette formule se voulant définitive : « c’est une peine capitale, pas une hospitalisation ». Appelant à définir qui serait en charge du jugement, il a considéré que seule une telle mesure radicale pourrait éviter que les opérateurs financiers prennent dans l’avenir des risques inconsidérés, concluant ainsi : « Si on n’ébranle pas cette conviction, la conséquence naturelle est que la prise de risque sera encouragée et en fait subventionnée (…) et nous pourrions nous diriger à toute vitesse vers la prochaine crise dans quelques années ». Qui sera donc le détenteur du bouton de mise à feu ? Le débat s’est porté en fin d’année dernière à la Chambre des représentants sur un amendement présenté par le démocrate Paul Korjanski, qui a été adopté. La Fed a été dépossédée de la responsabilité qui lui avait été initialement confiée, au profit du Financial Services Oversight ...
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