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Un scénario d’épouvante ou d’horreur ?

Paul Jorion Publié le 19 juillet 2010
2110 mots - Temps de lecture : 5 - 8 minutes
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De manière peu évocatrice mais néanmoins menaçante, un scénario à la japonaise est régulièrement évoqué, description de ce qui pourrait atteindre l’Europe, et peut-être même les Etats-Unis. Le cas du Japon étant déjà réglé – puisqu’il est le modèle – de quelle histoire concernant les autres peut-il donc bien s’agir, puisqu’elle est disponible ? Deuxième puissance mondiale – tant que la Chine ne l’a pas dépassé – le pays permet d’observer en grandeur réelle ce qui n’est donc pas une hypothèse d’école. Le miracle japonais était encensé dans les années 80 mais s’est terminé en queue de poisson dans les années 90. Il ne s’en est jamais remis. La croissance économique y est devenue chroniquement anémique, en dépit des multiples plans de relance qui se sont succédés sans résultats, aboutissant à la création d’une énorme bulle financière. Une gigantesque dette publique, dépassant déjà les 200% du PIB, deuxième mondiale en volume après celle des Etats-Unis, qui a été jusqu’à maintenant essentiellement financée sur son marché intérieur. Une politique monétaire très accommodante de la Banque of Japan (BoJ, la banque centrale) a en effet notamment permis aux banques privées japonaises de largement y contribuer. Ces dernières sont aujourd’hui fragilisées, face au risque de hausse des taux obligataires et de baisse de la valeur de ces actifs dans leurs bilans, par voie de conséquence. Le financement de la dette japonaise est la plupart du temps décrit comme produit de l’épargne intérieure. Dans la grande tradition d’une science économique dont la vulgate nous est dispensée par des divinités secondaires, cette explication s’arrête là où elle pourrait devenir intéressante. La réalité est qu’environ la moitié des obligations d’Etat est détenue par le secteur public (ou quasi-public), fonds de pension gouvernemental, banque centrale et banque postale. Le solde, moins les 6% qui sont financés à l’international, l’étant par les banques privées, qui n’ont pu tout mettre en pension à la banque centrale, financé par le recyclage des profits industriels réalisés à l’exportation. On est loin des petits porteurs que l’on laisse entrevoir, qui ne contribuent au financement de la dette que pour assurer leurs retraites. Le mécanisme qui s’est instauré au Japon avait été prévu dans ses grandes lignes par Keynes, sous le nom évocateur de trappe à liquidité. Anticipant sans l’avoir connue une situation au sein de laquelle les liquidités déversées par une banque centrale ne parviennent pas à relancer la machine économique, en dépit de leur quasi gratuité et de leur abondance. Une baisse des prix (déflation) l’accompagnant. L’origine de cette situation est à rechercher dans l’amélioration de la compétitivité du Japon, afin de favoriser l’exportation. Elle s’est appuyée sur la croissance du chômage – que les statistiques officielles ne reflètent comme toujours que partiellement – ainsi que sur la très forte augmentation du travail à temps partiel. Les deux contribuant à affaiblir une consommation intérieure, que l’Etat dope en appliquant un taux très faible de TVA, accentuant ainsi son déficit en contrepartie. Afin de relancer la croissance, il a par ailleurs financé des grands travaux d’infrastructures, se consacrant au bétonnage du pays, favorisant les entreprises du bâtiment et des travaux publics (BTP) ainsi que la corruption, tout e...
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