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Une bonne guerre pour relancer l'économie

Martin Masse Extrait des Archives : publié le 11 mars 2013
2206 mots - Temps de lecture : 5 - 8 minutes
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Le Quebecois libre

La guerre n'est pas qu'une période d'anéantissement massif de vies et d'infrastructures physiques. C'est aussi une période d'abrutissement général de la pensée. Tout à coup, l'État et les politiciens acquièrent une aura de grandeur et de gloire en tant que défenseurs de notre liberté et protecteurs de notre sécurité, et il faudrait se rallier à eux et contenir toute critique. La Nation (la nôtre, avec un N majuscule) se pare tout à coup de qualités surhumaines, pendant que l'ennemi est réduit au rang de bête sauvage à éliminer. Ceux qui refusent d'être embrigadés dans cette hystérie guerrière sont considérés comme des traîtres et – ce fut le cas lors des deux dernières guerres mondiales – on les empêche de s'exprimer et on les emprisonne. L'économique est un autre domaine qui subit le contre-choc de ce sentiment belliciste. De façon tout à fait absurde, un processus qui se définit essentiellement par la destruction en vient à être considéré comme une source de prospérité et de croissance. Karl Marx croyait que les guerres étaient une façon pour les États capitalistes de contrer les effets des crises économiques qu'ils subissaient périodiquement. Au 20e siècle, Keynes et ses émules ont popularisé l'idée qui veut que les dépenses militaires, comme toute forme de dépenses des gouvernements, permettaient de « stimuler » l'économie et donc de sortir de la crise. L'hypothèse a semblé se confirmer lorsque le chômage de la Dépression des années 1930 s'est résorbé pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce sont ces détritus théoriques qui sont à l'origine de la croyance populaire selon laquelle « Il nous faudrait une bonne guerre pour relancer l'économie ». La vitre cassée revisitée Cette croyance n'est en fait qu'une version du célèbre sophisme de la vitre cassée (voir LA VITRE CASSÉE, OU COMMENT CRÉER DE LA RICHESSE EN DÉTRUISANT, le QL, no 83), sophisme démoli par Frédéric Bastiat il y a plus de 150 ans. Les illettrés économiques qui acceptent cette « logique » pensent comme suit: lorsque le gouvernement se met à dépenser pour acheter des canons, des jets, des frégates, etc., il emploie un tas de gens et provoque des investissements massifs dans l'industrie militaire; ces nouveaux employés et nouveaux facteurs de production à leur tour occasionnent des dépenses dans d'autres secteurs non militaires qui vont aussi engager du personnel et investir, etc., ce qui fait rouler l'économie encore plus. De la même façon, la vitre cassée procure un marché au vitrier qui augmente son chiffre d'affaire, crée de l'emploi, dépense ses revenus, etc., ce qui provoque un mini boom économique. Comme l'explique Bastiat, voilà ce qu'on voit dans l'immédiat. Ce qu'on ne voit pas, ou ce qu'on refuse de considérer parce que ça demande un effort intellectuel de plus que quelques secondes, c'est ce qui aurait pu être produit à la place de la vitre. Le propriétaire de la vitre cassée est en effet perdant. L'argent qu'il doit consacrer au remplacement de la vitre ne sera pas dépensé, par exemple, sur une nouvelle paire de chaussures, ce qui ne fera pas augmenter les ventes du cordonnier, etc., ce qui contrebalancera négativement le mini boom dans l'industrie de la vitre. Le résultat net est simplement que le propriétaire de la vitre cassée aura une nouvelle vitre – bref, sera au même point qu'avant – mais n'aura pas la paire de chaussures qu'il aurait pu s'acheter avec ce montant. Bref, il sera plus pauvre. Que se passe-t-il lorsque le gouv...
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