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XXIII. Le Mirage de l'inflation

Inflation Extrait des Archives : publié le 18 avril 2008
4863 mots - Temps de lecture : 12 - 19 minutes
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De Quengo

L'Économie politique en une leçon Éditions SPID (1949) par Henry Hazlitt traduit par Mme Gaëtan Pirou Deuxième partie — Les applications de la leçon Chapitre XXII [XXIII pour l'édition de 1979] — Le mirage de l'inflation Il m'a paru nécessaire d'avertir le lecteur, de temps en temps, que tel résultat serait la conséquence de telle politique « à supposer qu'il ne se produise pas d'inflation ». Dans les chapitres consacrés aux travaux publics et au crédit, j'ai annoncé qu'il me fallait surseoir à l'étude des complications que l'inflation peut introduire dans tous ces problèmes. Mais les faits et la politique monétaires sont liés si intimement, et parfois d'une façon tellement inextricable, au processus économique que cette dissociation des phénomènes, même due aux nécessités de l'exposition, était difficile. C'est pourquoi, dans les chapitres traitant des conséquences des diverses interventions gouvernementales ou syndicales sur l'emploi, le profit ou la production, il fallut cependant faire une étude immédiate des incidences que peuvent avoir sur ces facteurs les différentes politiques monétaires. Avant d'étudier les conséquences de l'inflation sur quelques cas particuliers, voyons quelles sont ses conséquences d'une manière générale. Et auparavant, essayons de nous demander pourquoi on a constamment fait appel à elle, pourquoi elle a de tout temps été populaire, pourquoi la musique enchanteresse de cette sirène a séduit les gouvernements de tous les pays les uns après les autres, et les a menés finalement sur le chemin du désastre économique. L'illusion la plus évidente et pourtant la plus ancienne qui a conduit à l'inflation, c'est la confusion entre la « monnaie » et la richesse. Il y a près de deux siècles, A. Smith écrivait déjà : « Que la richesse consiste en monnaie, en or ou en argent, c'est là une notion populaire qui, tout naturellement, provient du double rôle de la monnaie, laquelle est à la fois instrument d'échange et mesure de la valeur... S'enrichir, c'est acquérir de la monnaie ; richesse et monnaie sont, dans le langage courant, considérées dans tous leur sens comme synonymes ». La véritable richesse est, naturellement, celle que l'on produit et consomme : les aliments que nous mangeons, les vêtements que nous portons, les maisons que nous habitons. Ce sont les chemins de fer, les routes, les autos, les chantiers de construction navale et les usines d'aviation, les écoles, les églises, les théâtres, les pianos, la peinture et les livres. Pourtant, telle est l'ambiguïté des mots richesse et monnaie, que ceux-là mêmes qui sont conscients de cette confusion s'y laissent aller de nouveau au cours de leur raisonnement. Chacun sait que s'il touchait davantage de monnaie il pourrait acheter plus de choses ; s'il avait deux fois plus d'argent, il pourrait acheter deux fois plus d'objets ; s'il en avait trois fois plus, il « vaudrait » trois fois plus. E beaucoup en tirent la conclusion, qui paraît évidente, que si l'État fabriquait plus de papier-monnaie et le distribuait à tous, chacun de nous serait beaucoup plus riche. Voilà comment raisonnent les inflationnistes les plus naïfs. D'autres, qui le sont moins, comprennent que si les choses étaient aussi simples, l'État, pour résoudre toutes nos difficultés, n'auraient qu'à imprimer des billets. Ils ont l'intuition qu'il y a quelque erreur là-dessous ; aussi sont-ils prêts à poser des limites à cet accroissement de billets qu'ils souhaitent voir créer par le Gouvernement : qu'on en imprime juste assez pour compenser ce déficit ou boucher le trou. Le pouvoir d'achat est sans cesse insuffisant, croient-ils, parce que l'industrie ne donne pas assez d'argent aux ouvriers pour leur permettre, comme consommateurs, d'acheter ce qu'ils ont produit. Il y a donc un manque mystérieux quelque part. Certains vous le « démontreront » grâce à des équations. Dans l'un des membres de leur équation, ils comptent un terme donné une seule fois, tandis que dans l'autre membre, sans le savoir, ils inscrivent le même terme plusieurs fois. Il en résulte un écart alarmant entre ce qu'il dénomment le paiement A et les paiements A+B. Ils se mettent alors à faire campagne, déploient des drapeaux flamboyants, et pressent le gouvernement d'émettre de nouveaux billets ou d'ouvrir de nouveaux crédits pour qu'on puisse faire les payements B, jusque-là défaillants. Les apôtres plus simplistes du « crédit social » paraissent des gens ridicules, mais il y a bien d'autres écoles d'inflationnistes, à peine un peu plus savants, qui nous offrent des projets dits scientifiques, proposant d'émettre juste assez de papier-monnaie ou de crédit pour remédier au prétendu déficit ou écart chronique, ou périodique, dont ils ont déterminé le montant. 2 Les inflationnistes les plus éclairés reconnaissent que tout gonflement du volume de la monnaie réduit le pouvoir d'achat de chaque unité monétaire, autrement dit qu'il fait monter le prix de toutes les marchandises. Mais cela ne les trouble pas. Au contraire, c'est pour cette raison même qu'ils réclame l'inflation. Certains vous démontrent que les pauvres débiteurs vont être en meilleure posture vis-à-vis des riches créanciers. D'autres croient que cela va donner une impulsion à l'exportation. D'autres enfin pensent que c'est une mesure excellente pour guérir une dépression, donner un « coup de fouet » à l'industrie, et réaliser le plein emploi [1]. Les théories qui expliquent de quelle manière les quantités accrues de monnaie, y compris le crédit bancaire, affectent les prix, sont innombrables. Les unes, comme nous venons de le voir, s'imaginent que la quantité de monnaie peut s'enfler indéfiniment sans influencer les prix. Elles ne considèrent ce gonflement monétaire que comme un « pouvoir d'achat » généralisé, ce qui permet à chacun d'effectuer des achats plus nombreux qu'avant. Alors, de deux choses l'une, ou bien ils ne réfléchissent pas que l'ensemble des consommateurs ne peut trouver à se procurer deux fois plus de marchandises que si la production a augmenté elle-même du double, ou bien ils s'imaginent que le seul obstacle qui s'oppose à une production accrue n'est pas le manque de main-d'œuvre, le nombre réduit des heures de travail, ou l'insuffisance de capacité productrice, mais simplement le manque de moyens monétaires, et ils affirment que si les gens veulent des marchandises et ont assez d'argent pour les acheter, celles-ci seront fabriquées automatiquement. Un second groupe, et il compte dans son sein des économistes éminents, défend la théorie pour ainsi dire mécanique de la monnaie, selon laquelle c'est la quantité de monnaie qui détermine les prix. D'après eux, toute la monnaie qui circule dans un pays sert à payer toutes les marchandises de ce pays. Il s'ensuit que la valeur de la quantité totale de la monnaie, multipliée par sa « vitesse de circulation », doit toujours être égale à la valeur de la quantité totale de marchandises achetées. La valeur de l'unité monétaire (à supposer qu'aucun changement ne se produise dans la vitesse de circulation) doit donc varier exactement et en raison inverse du montant total de la monnaie mise en circulation. Si vous doublez la quantité de monnaie et de crédit bancaire, vous doublez exactement d'autant le niveau des prix ; triplez-la et vous le triplez exactement ; multipliez la quantité de monnaie n fois et vous aurez multiplié n fois aussi le prix des prix des marchandises. Il faud...
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