Paris le 15 décembre 2017.
1. Peut-on expliquer l'évolution du Bitcoin ?
L'évolution du Bitcoin a fait que le prix de celui-ci est passé de beaucoup
moins d’1 $ en 2010 à beaucoup plus que 15000 $ en 2017 (cf. ce billet de
novembre 2017).
Peut-on expliquer économiquement le phénomène ?
A cette question, ma réponse est « oui ».
Et, pour la comprendre, il faut
- d’une part, ne pas faire référence aux « marchés » des économistes du «
mainstream » qui, par construction, et sauf exception extraordinaire,
excluent de leurs théories l’invention ou les innovations conséquences des actions
des gens, pour préférer sacraliser l’« équilibre (macro)économique (générale)
» et ce qu'ils croient pouvoir en déduire par le raisonnement et,
- d’autre part, se protéger par la pensée de ce qu’on peut tirer
tacitement de l’hypostase des « marchés ».
Certes, des économistes ont commencé à s’intéresser indirectement fin
1960-début 1970 (Allen 1998, Brunner et Meltzer 1971, Cheung 1998, Clower
1971, Miller 1965, Perlman 1971, Ulph et Ulph 1975, Williamson, 1989, etc.)
au concept de « coût de l’échange ».
Allen,
D.W., (1998), "Transactions Costs", Encyclopedia of Law and Economics,
Edward Elgar Press, Chelthenham, 2000, pp.893-926. Site internet : http://encyclo.findlaw.com/0740book.pdf
Brunner, et Meltzer, (1971), « The Uses of Money : Money in the Theory of
an Exchange Economy », American Economic Review, décembre,
pp.784-805.
Cheung, S.N.S. (1998), "The Transaction Costs Paradigm",
Presidential Address Western Economic Association, http://www.google.fr/search?q=cache:dAVrYYe13...+cost&hl=fr
Clower, 1971
Miller Jr H.L. (1965), "On 'Liquidity' and 'Transaction Costs'" target="_blank" http://www.jstor.org/pss/1054981
Niehans, J. (1969), "Money in a Static Theory of Optimal Payment
Arrangements", Journal of Money, Banking, and Credit, 1,
novembre, pp.706-26.
Perlman, M. (1971), “The Roles of Money in an Economy and the Optimum
Quantity of Money”, Economica, 38, août, pp.233-252.
Ulph, A.M. et Ulph, D.T. (1975), "Transaction Costs in General
Equilibrium Theory - A Survey", Economica, 168, novembre,
pp.355-372.
Williamson, O. E. (1989). ‘Transaction Cost Economics,’ in Richard
Schmalensee and Robert Willig, eds., Handbook of Industrial Organization.
Amsterdam: North Holland, pp. 135-182.
Mais ils sont restés coincés par la préférence qu’ils donnaient
- au résultat de l’action d’échange de l'être humain sur l’action
elle-même,
- à l’équilibre économique sur les situations économiques changeantes de
chacun.
A cause de cela, le processus a consisté tout simplement à mettre de côté,
dans la théorie économique, les relations entre « coût de la situation » de
chaque être humain, « coût de l’acte d’échange » et « coût de la monnaie ».
En particulier en France, elle est vite restée sans lendemain à cause,
- d’une part, de mauvaises idées sur l’anglicisme « coût de transaction »
et,
- d’autre part, sur l’indigence de l’« histoire de la pensée économique »
sur le sujet.
Il ne faut pas oublier que ce développement de la prééminence de
l’équilibre économique que, par exemple J.M. Keynes (1936) disait reprendre
de David Hume (1711-76), était à l’opposé de ce qu'ont pu écrire d’autres
philosophes, comme Emile Boutroux (1845-1921),
- « contre » la notion d'immobilité, de permanence, d’équilibre et
- « pour » celle de « situations économiques changeantes ».
Reste que, depuis que des savants économistes les ont inventées aux XIXème
et XXème siècles,
- ni la "théorie de l'équilibre économique général"
- ni les approches de la "théorie macroéconomique"
n'expliquent l'invention ni les innovations.
Et pour cause.
Par construction, ils se donnent un équilibre (macro)économique (général)
qu’ils peuvent utiliser pour expliquer ce qu’ils cherchent à expliquer et qui
exclut toute notion d'invention ou d'innovation (cf. target="_blank" billet
de mai 2012).
"Equilibre" et "invention" font deux.
Par là même, les savants économistes excluent aussi de la théorie
économique, comme on va le montrer ci-dessous, coûts et amoindrissements des
coûts…
En conclusion de The logic of Action I (1997), Murray Rothbard a
considéré que :
…
“There are three cloudy and interrelated areas that need further elaboration.
[1] One is the route by which money can be released from government
control. [...]
[2] A second area for research is the matter of free banking as against
one-hundred-percent reserve requirements for bank deposits in relation to
gold. [...]
[3] Finally, there is the related question, which Mises did not develop
fully, of the proper definition of the crucial concept of the money supply.
In current mainstream economics, there are at least four competing
definitions, ranging from Ml to M4.” (Rothbard, 1997, pp. 116-7)
Il me semble qu’il y a eu un quatrième nuage et les lignes qui suivent.y
insistent.
Le nuage tient :
- à la négligence des concepts de « coût de l'acte d’échange » et d’ «
amoindrissement du coût de l'acte d’échange » que n’a pas évoqué Rothbard et
- aux considérations rhétoriques employées à la place de ces derniers
(pouvoir d’achat, épargne, liquidité, fonctions de la monnaie, etc.) :
faute de concepts, on fait de la rhétorique…
2. Comment expliquer la tendance du Bitcoin ?
En faisant le point sur le processus dont témoigne l’évolution, à savoir
celui du « coût des actes d’échange » des gens et de son « amoindrissement »
en partie réussi (car les coûts ne sont pas nuls…).
De tout temps dans le passé, l’être humain a cherché à satisfaire sa
situation économique par l’action, à amoindrir le coût qu’il donnait à sa
situation, à savoir le « coût de sa situation », dont il n’était pas
satisfait, et c’est un autre phénomène souvent oublié.
Il y est parvenu en partie.
Encore faut-il, pour le comprendre, partir
- des choix de l’être humain et
- non pas de ceux de telle ou telle hypothèse (... ciel, nature, univers,
société, marché, état, gouvernement, etc.) inventée par le savant économiste.
Troisième phénomène, de tout temps dans le passé, l’être humain a aussi
cherché à amoindrir le « coût des actes d’échange » qu’il menait et y est
parvenu en partie.
La méthode suivie s’apparente à la « loi de l’économie » chère à certains
savants de l’économie politique ou d’autres sciences (dont les sciences
physiques…).
Dernier phénomène, l’invention, puis les innovations mises en œuvre par l’être
humain de l’intermédiaire des échanges qu’est la « monnaie» (cf. par exemple
Say, 1815), ont contribué à lui permettre d’amoindrir le « coût des actes
d’échange » …en dépit de la législation croissante dans le domaine que lui
infligeaient, sans vraie raison, les hommes de l’état.
3. Quel avenir, dans ces conditions, pour le Bitcoin.
Ce qui est dénommé aujourd’hui « Bitcoin », marque juridique d’un
intermédiaire récent, nouveau, des échanges, n’est qu’un nouveau stade du
processus d’amoindrissement du coût des actes d’échange.
Il semble ouvrir le passage de l’ère analogique à l’ère numérique de ce
qui avait été dénommé jusqu’alors « monnaie » et est devenu ce qui est
dénommé « cybermonnaie » ou « cryptomonnaie » …
Les lignes qui suivent se proposent de faire intervenir tous ces coûts en
harmonie avec la « loi de l’économie », alternative aux "marchés",
pour expliquer le Bitcoin.
Elles font apparaître que l’être humain, axiome de base de la théorie de
l’ « économie politique autrichienne », insatisfait de sa situation
économique, y voit un coût, à savoir le « coût de la situation », étant donné
le propos suivant qu’a écrit explicitement James Buchanan en 1969 :
…
"Le coût ne peut pas être mesuré par quelqu'un d'autre que le décideur
car il n'y a aucun moyen que l'expérience subjective puisse être directement
observée".
"Cost cannot be measured by someone other than the decision-maker
because there is no way that subjective experience can be directly
observed" (Buchanan, 1969, p.42).
Buchanan rejoignait ainsi le propos de Carl Menger (1871), à savoir :
« La
valeur n'est rien d'inhérent aux biens […] [n'est] pas une propriété de
ceux-ci, ni une chose indépendante existant en elle-même.
C'est un jugement que les individus économiques font de l'importance des biens
[…] la valeur n'existe pas en dehors de la conscience des individus ». »
(Menger, 1871, pp.120-1).
Il faut être David Ricardo et ses disciples pour confondre
"quantité" et "coût" et dénommer "coûts" des
"quantités" (cf. L. Baudin, 1947).
Et n’oublions pas ce que Mises a écrit à propos du « prix en monnaie » de
n’importe quoi :
… «
Les prix ne sont pas mesurés en monnaie, ils consistent dans de la monnaie. »
(Mises, 1953, p.664).
Si les "prix en monnaie » des marchandises et
quantités de marchandises dont nous convenons vont certes de pair, les
échanges convenus ne doivent pas faire oublier les coûts.
Ensuite, le présent texte fait valoir que l’être humain cherche à
amoindrir le coût qu’il lui donne par l’acte d’échange qu’il choisit de mener,
à savoir le « coût de l’acte d’échange ».
Enfin, il montre qu’y contribuent tant l’intermédiaire des échanges qu’est
l’invention qu’on a dénommée « monnaie » hier que le coût de production de
celle-ci et tout ce qui s'y rattache (en particulier, les réglementations...,
les normes comme on dit aujourd'hui) que l’être humain supporte, à savoir le
« coût de la monnaie ».
Dans une première section, les lignes qui suivent évoquent des postulats à
dénoncer en relation avec l’échange ou le commerce de marchandises et
"ce qu’on dénomme « monnaie »" (initiales : C.Q.D.M.).
Dans une seconde, elles schématisent l’explication du Bitcoin qu’on a pu
observer à partir des notions de "coût" et d’"amoindrissement
du coût".
4. Des postulats du commerce à dénoncer.
a. Ludwig von Mises.
Ludwig von Mises (1881-1973) a eu l’occasion, dans un journal
scientifique, en 1917-1918, il y a donc précisément un siècle, d’insister sur
l’importance de lier la monnaie aux actes d’échange de chaque être humain –
qu’il a dénommés « catallaxie » -, si on voulait comprendre ce qu’était ce
qu’on dénommait alors « monnaie ».
Mises a insisté de nouveau sur le texte intitulé « On the Classification
of Monetary Theories », en particulier en 1953, en annexe de la réédition
anglaise de son livre de 1912 intitulé Theory of Money and Credit.
Il a distingué, à cette occasion,
- d'un côté, la doctrine catallactique de la monnaie où celle-ci procède
explicitement de l'échange et,
- de l'autre, les doctrines « a catallactiques » dont la monnaie ne procède
pas, mais principalement des hommes de l'Etat.
Et il y a mis en pièces les « a catallactiques » en insistant sur les
catallactiques en ces termes:
… «
Les théories catallactiques de la monnaie […] s’accordent à la théorie des
taux d'échange.
Elles recherchent ce qui est essentiel dans la monnaie lors de la
négociation des échanges, elles expliquent sa valeur par les lois de
l'échange.
Il devrait être possible
- pour toute théorie générale de la valeur, de fournir aussi une théorie
de la valeur de la monnaie, et
- pour toute théorie de la valeur de la monnaie, d’être incluse dans une
théorie générale de la valeur.
Le fait qu'une théorie générale de la valeur ou une théorie de la valeur
de la monnaie remplisse ces conditions n'est en aucun cas une preuve de sa
justesse.
Mais aucune théorie ne peut s'avérer satisfaisante si elle ne remplit pas
ces conditions.
Il peut sembler étrange que des vues a catallactiques sur la monnaie ne
fussent pas complètement supprimées par la croissance de la doctrine catallactique.
Il y a plusieurs raisons à cela.
Il n'est pas possible de maîtriser les problèmes de l'économie théorique,
sauf si les questions de la détermination des prix (prix des matières
premières, salaires, loyers , intérêts, etc. ) sont d'abord traitées dans
l'hypothèse d'un échange direct, l'échange indirect étant laissé
temporairement de côté.
Cette nécessité donne lieu à une division de la théorie de la catallaxie
en deux parties
- la doctrine de l'échange direct et
- celle de l’échange indirect.
Désormais aussi abondants et difficiles que soient les problèmes de la
théorie pure, a été très bien accueillie la possibilité de mettre une partie
d'entre eux de côté, au moins pour le moment.
Ainsi elle a fait que la plupart des récents chercheurs ont consacré
- soit aucune attention
- soit très peu à la théorie de l'échange indirect ;
de toutes les façons, elle a été la partie la plus négligée de notre
science.
Les conséquences de cette omission ont été des plus malheureuses.
Elles ont été exprimées
- non seulement dans le domaine de la théorie de l'échange indirect, de la
théorie de la monnaie et de la banque,
- mais aussi dans le domaine de la théorie de l'échange direct.
Il y a des problèmes de théorie dont la pleine compréhension ne peut être
atteinte qu'à l'aide de la théorie de l'échange indirect.
Trouver une solution à ces problèmes, parmi quoi, par exemple, il y a le
problème des crises, sans instruments autres que ceux de la théorie de
l'échange direct, conduit inévitablement à s'égarer. » (Mises, target="_blank" http://www.econlib.org/library/Mises/msTApp.html.)
Rappelons, comme l’a souligné K. Boulding quelques années
plus tard, que :
… «
Another difficulty is that only things which are clearly capable of being
appropriated are subject to being exchanged and if a thing cannot be
property, it obviously cannot be a commodity (Boulding, 1966, p.23)
Que « la marchandise cache nécessairement la propriété »
est en général oublié ou méconnu d’une majorité d’économistes "non
autrichiens"…
A la distinction misesienne, il me semble nécessaire de juxtaposer une
autre distinction entre « échange synallagmatique » et « échange
dépersonnalisé » ( échange dépersonnalisé selon l'expression de Douglas North
pour désigner l'échange de marché organisé en pratique ou par le théoricien –
Léon Walras – toujours de type "Marshall", canalisés par les
concepts d'offre et de demande de marché).
La distinction vise à remettre «au centre du jeu économique », explicitement,
les règles de droit et, en conséquence, leurs effets sur les actes humains
trop souvent mis à l'écart .
En d'autres termes, elle a pour double but
- non seulement d'insister sur les règles de droit qui président à
l’action d'échange de marchandises de vous et moi ;
- mais aussi de prendre en considération leurs effets sur la (quantité de)
monnaie qu'en général on passe sous silence.
Sans échange « besogné » ou désiré de marchandises, pas besoin ou désir de
monnaie.
Avec échanges besognés ou désirés de marchandises et sans monnaie, il y a
des échanges de marchandises de type "troc" (échange bilatéral ou
synallagmatique…) et des coûts moindres comparés à ceux de l’inexistence.
Avec échanges besognés ou désirés de marchandises et avec monnaie, il y a
des échanges de marchandises de type "dépersonnalisé" (échange
catallactique …) qui accroissent les échanges conclus par rapport à ce qu’ils
seraient sans monnaie, et amoindrissent les coûts .
b. Le concept de « coût de l'échange ».
Comme tout acte humain, l'acte d'échange de propriétés, de choses en
propriété a un coût d'opportunité qui n'est rien d'autre que la valeur que
lui donne la personne, à savoir le revenu d'un autre acte qu’il abandonne et
qu’il aurait pu mener à la place de l'acte d'échange, avec les mêmes
ressources (cf. ci-dessus target="_blank" Buchanan,
1969, p.42).
Ce coût d'opportunité de l'acte d'échange qu'on dénommera « coût de
l'échange » n'est pas évoqué, à ma connaissance, par Mises.
De l'acte d'échange/commerce devrait se déduire « naturellement » le
concept de « coût de l’échange » de vous et moi, celui de diminution de ce
coût et celui de coût « résiduel ».
Reste que le « coût de l'échange » n'est pas à confondre avec la notion de
"coût de transaction" .
Il est d'ailleurs dénommé faussement, en français, "coût de
transaction", anglicisme notoire, par certains économistes comme si la
transaction n'était pas un moment de tout échange, celui du débat par les
parties, celui où les participants cherchent à s'entendre, à convenir d'un
accord (cf. target="_blank" Bastiat, 1850,
l'échange), sauf bien sûr quand les prix sont supposés imposés par les
hommes de l'état ou ce qui est dénommé "concurrence", en vigueur.
c. Amoindrissement du coût de l’échange.
La notion d’amoindrissement du coût de l'échange des valeurs a été
discernée par Frédéric Bastiat en 1850 quand il affirmait que :
"...
c'est dans l'amoindrissement successif de la valeur que le progrès de
l'humanité consiste." (cf. ce target="_blank" texte
de mai 2015 ou target="_blank" celui-ci).
Mais il ne s’y est pas appesanti.
La valeur à quoi il faisait allusion recouvrait en vérité, tacitement, le
coût de l'échange.
Son amoindrissement témoignait implicitement de la réalité de la "loi
de l'économie" (cf. target="_blank" ce
texte).
d. Loi de l'économie.
En effet, l’amoindrissement du coût de l'échange des valeurs illustre, à
sa façon, la méthode fondamentale de la science économique d’hier, dénommée «
loi de l'économie »
La loi de l'économie, c'est
- « faire autant avec toujours moins » (à ne pas confondre avec
l’hypothèse de rationalité…),
- « des dépenses en moins pour un même revenu attendu » ou
- « pas trop de dépenses »... (cf. target="_blank" ce
texte, celui-ci de target="_blank" juin
2015 ou celui-ci de target="_blank" juillet
2015).
Mais, malgré ce qui est cru, importent aux économistes
"autrichiens"
- non pas les quantités de choses, leur rareté (notion subjective, en général,
non définie) et ce qu'on peut faire avec les techniques, juridiques ou
autres, de quantités,
- mais les coûts et les profits des actes que l’être humain a choisis de
mener et comment la loi de l'économie se réalise.
Et cette loi de l'économie est totalement ignorée, au moins aujourd'hui,
par un grand nombre de gens, à commencer par les économistes qui semblent se
réfugier derrière des théorèmes mathématiques ou le scientisme.
Il faut le regretter car la « loi de l’économie » a été d'abord un
principe philosophique et non pas une considération de physicien ou de
mathématicien.
On sait les succès qu'ont obtenus, en particulier, les physiciens en
appliquant cette loi de l’économie à "la Nature" et leur échec ...
à l'expliquer aujourd'hui encore (cf. target="_blank" Omnès, 1994).
Son application a permis aux physiciens du XVIIIème siècle de découvrir ce
qui allait devenir la "mécanique classique".
Ils partaient du principe que "la Nature" menait toutes ses
actions au moindre temps, au moindre effort ou à la moindre action.
Et, aujourd’hui, les propos un peu rapides de certains, économistes ou
non, ne parlent plus d’"économie", mais de "mécanique" et
d'"équilibre" ou de « l’état » !
Le serpent se mord la queue...
La "loi de l'économie" intrigue aussi les physiciens de la
"mécanique quantique" qui l'y découvraient ces dernières décennies.
. Loi de l'économie et inventions ou innovations.
Reste que l'invention ou l'innovation situe nécessairement ex post.
Ce n'est qu'après coup qu'on peut dire qu'il y a eu invention ou
innovation.
Selon toute vraisemblance, l’être humain a toujours cherché à diminuer le
« coût de l'échange ».
Et les faits historiques montrent qu'il y est parvenu par son action, de
différentes façons.
Ont contribué à l’amoindrissement du coût de l'échange des choses trois
grands processus : la monnaie, la finance et l'organisation des marchés par
les gens.
Je mets l’accent ci-dessous uniquement sur C.Q.D.M..
e. Définition de la monnaie.
Les concepts de « coût d'opportunité de l'acte d'échange » - qui sera
désormais exprimé en abrégé en « coût de l'échange » -, d’« amoindrissement
du coût de l'échange » et de coût de l'échange « résiduel » permettent de
définir, sans équivoque, C.Q.D.M.
Ils se déduisent logiquement l'un de l'autre au terme de la loi de
l’économie et surtout de leur point de départ, à savoir les règles de droit
naturel et l'acte d’échange de qui que ce soit qui en résulte indirectement.
Dans le passé, les gens ont ainsi inventé progressivement ce qu'est devenu
C.Q.D.M., mot donné à l'intermédiaire par excellence des échanges (cf. Say et
ce target="_blank" billet
d'octobre 2016).
J.B. Say avait bien vu dans le livre intitulé target="_blank" Catéchisme
de l'économie politique (1815), c'est-à-dire bien avant les
absurdités que nous vivons, que:
…
"[...] La monnaie n’est pas le but, mais seulement l’intermédiaire des
échanges."(Say, 1815, p.49)
étant entendu que :
"[...] les ventes et les achats ne sont, dans la réalité, que des
échanges de produits.
On échange le produit que l’on vend et dont on n’a pas besoin, contre le
produit qu’on achète et dont on veut faire usage.[...] » (ibid.)
De façon très judicieuse, Say a donc expliqué que les gens
offraient des produits pour pouvoir, ensuite, en demander d'autres.
Peu importair la "monnaie-or" ou "-argent" d'hier à
quoi certains économistes font référence dans le meilleur des cas...
aujourd’hui.
Surtout, il n'inversait pas la causalité contrairement à ce que feront les
"marxistes" qui voudront qu'on demandât pour pouvoir offrir !
. Remarque 1.
Plutôt que de « produit », et avec Say, on peut parler de « valeur » en
général :
… «
Quand on les considère sous le rapport de la possibilité qu’elle confère à
leur possesseur d’acquérir d’autres choses en échange, on les appelle des
valeurs ;
quand on les considère sous le rapport de la quantité de besoins qu’elles
peuvent satisfaire, on les appelle des produits » (Say, 1815, p.14)
En vérité, par "valeur", Say entendait toute
richesse, autant les objets que les services (produits immatériels), autant
les matières que les non matières, autant les produits que les facteurs de
production, autant les échanges que les intermédiaires des échanges, autant
les quantités que les utilités, autant les taux d’échange convenus que les
prix … autant les profits que les coûts.
Les gens étaient prêts, individuellement, à abandonner des valeurs en
propriété pour pouvoir, ensuite, acquérir, celles qu'ils préféraient.
. Remarque 2.
Cela a conduit les statisticiens à être bien ennuyés pour « mesurer » les
valeurs en question.
Le problème de la mesure de la valeur a été simple à résoudre quand les
valeurs n'étaient que des « objets matériels ».
Il suffisait de faire appel aux "poids et mesures" de la science
physique et d’identifier les valeurs aux quantités et unités de quantité, aux
prix ou quantités unitaires convenus.
Il suffisait, en particulier, d’identifier coût et quantité consommée ou
perdue.
Le problème est devenu plus compliqué dans le cas où était en question une
valeur de type « service », à commencer par le travail d’un être humain.
Exemplaire est leur démarche qui a consisté à mesurer la chose
"travail" (service ou facteur de production) par la
"durée" comme si la durée n’était pas une notion a priori étrangère
à l'économie politique.
. Remarque 3.
Etant donnés les concepts de coûts introduits, la définition de la monnaie
tient dans la « vérité analytique » suivante :
A été « monnaie » ce qui a contribué à amoindrir le coût d'opportunité de
l'acte d'échange d'une (quantité de) chose en propriété présent(e) contre un(e)
autre.
La proposition de la contribution de la monnaie à l’amoindrissement du
coût de l'échange est un exemple de la loi de l'identité de la monnaie, elle
est une tautologie.
Contredire la proposition en privilégiant, directement ou non, on ne sait
quoi, des fonctions ou un point de vue comptable par exemple, en définissant
ainsi autrement la monnaie, implique une contradiction (cf. target="_blank" Branden, 1962, target="_blank" Peikoff,
1967).
. Remarque 4.
… «
Comment la monnaie sert-elle dans les échanges ?
Elle sert en ceci, que lorsque vous voulez changer le produit qui vous est
inutile, contre un autre que vous voulez consommer, il vous est commode, et
le plus souvent indispensable de commencer par changer votre produit superflu
en cet autre produit appelé monnaie,
afin de changer ensuite la monnaie contre la chose qui vous est
nécessaire. (Say, 1815, pp.49-55)
Comme si ce qu’il avait expliqué antérieurement en faisant
référence à l'intermédiaire des échanges, ne suffisait pas…
En vérité, l'expression de Say a été aussi doublement imprécise.
Elle doit être complétée par:
- d'une part, la notion de « récurrence » et
- d'autre part, celle de « séquence » ou de « suite » de l'offre de valeur
par la personne juridique physique, vous et moi, puis de sa demande, comme il
y a insisté.
Pour avoir été cernée et pérennisée, la « valeur » qui est devenue
"ce qu'on dénomme abusivement 'monnaie' aujourd'hui" (initiales :
C.Q.D.A.M.A.) a été nécessairement récurrente.
Si elle ne l'avait pas été, jamais elle n'aurait reçu progressivement
d’audience et le nom générique de "monnaie".
C.Q.D.A.M.A. ne saurait être envisagé indépendamment de ce dont procèdait
C.Q.D.M., à savoir les règles de droit et l'ensemble des actes d'échange de
choses en propriété des gens qui s’en déduisait.
Pour cette raison, la monnaie devrait être analysée en tant que
telle, bien avant toute étude des relations de sa quantité avec d'autres
concepts économiques tels que, par exemple, l'offre, la demande, le niveau
des prix, etc.
Tout cela ne doit pas cacher un long processus d'amoindrissement des coûts
de l'échange des choses entre les gens dont ceux-ci ont bénéficié et qui
utilisaient les formes de C.Q.D.M. au fur et à mesure qu'elles éclosaient.
Les concepts de coût de la situation et de coût de l’échange permettent de
définir C.Q.D.M. sans équivoque, comme ce qui a contribué à amoindrir le coût
de l’échange, mais pas à zéro : il y a un coût de l’échange « résiduel ».
f. Le piège keynésien.
De tout cela, aujourd’hui, le « mainstream » économiste, à savoir les
macro économistes (néo-keynésiens ou néo-monétaristes) depuis la seconde
moitié du XXème siècle n'ont que faire, même
- si certains d'entre eux font l'hypothèse, "en passant...", que
le coût de production de CQDM est nul et
- s'ils n'en tirent pas de conséquence.
Ils s'en moquent car, selon eux, la demande de monnaie, notion apparue en
économie politique au XXème siècle, dépend,
- non pas des actes d'échange de choses des gens et de leur aboutissement,
- mais des « épargnes » - des "revenus" – des gens et des
"taux d'intérêt" qu’ils leur accolent, les uns et les autres
laissant croire qu'ils ne sont pas résultats des actions humaines (ce n’est
pas une façon de parler…).
Malheur à J.M. Keynes qui a contribué au développement de la prééminence
du « résultat de l’épargne » sur celui de l’acte d’échange, en particulier,
dans son ouvrage de 1936 intitulé target="_blank" La
théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, avec
son faux concept de "préférence pour la liquidité", troisième
composante de la demande de monnaie à concurrence de sa prétendue relation
avec "le" taux d'intérêt", fondement des socialismes des
banques centrales (cf. Keynes, 1936, chap. XV), qui est devenue la seule considérée
par les économistes du « mainstream » (y compris par les monétaristes).
Epargne et échange font deux, liquidité (prêt/emprunt, devise...) et
monnaie font deux, préférence pour la liquidité et demande de monnaie font
deux.
L’épargne n’est pas nécessaire à la liquidité tandis que l’est
impérativement l’échange à l’intermédiaire des échanges qu’est C.Q.D.M. …
La liquidité, non définie, a peu de chose en commun avec C.Q.D.M.
La préférence pour la liquidité, tacitement collective, ne saurait dominer
la demande de monnaie, qui fait intervenir une quantité...
Qu'à cela ne tienne, il ne faudrait pas oublier non plus que relativement
à la notion de taux de l'intérêt, Keynes jugeait aussi que :
…
" ... l'Ecole classique a adopté deux théories du taux de l'intérêt
foncièrement distinctes,
- l'une dans le volume 1, la théorie de la valeur, et
- l'autre dans le volume 2, la théorie de la monnaie." (Keynes, 1936,
p.197)
Et de poursuivre quelques pages plus loin:
"Tant que les économistes s'occupent de ce qu'on appelle la théorie
de la valeur, ils ont coutume d'enseigner que les prix sont régis par les
conditions de l'offre et de la demande [...]
Mais lorsque, le plus souvent dans un ouvrage séparé, ces économistes
abordent la théorie de la monnaie et des prix, on n'entend plus parler de ces
notions simples sans doute, mais faciles à comprendre." (ibid.
p.308)
Il apparaît ainsi qu'en plus d'être muet sur la science du
droit naturel et ce qu’elle implique, et fort de sa conception de la théorie
de la valeur et de celle de C.Q.D.M. qu'il a juxtaposées, Keynes a été muet
sur la praxéologie, domaine essentiel de l'économie politique, et est resté
coincé, si on puit dire, dans les valeurs résultats des choix d’actions des
êtres humains.
5. L'invention présente.
Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que des économistes ne puissent
pas se préoccuper de l'apparition et l’existence du Bitcoin dans la réalité,
et de son évolution fulgurante.
Pour s'en préoccuper, il faudrait qu'ils oublient les notions
- de « valeur d’usage », de « valeur d’échange », de « valeur subjective »
ou de « valeur objective », de "valeur intrinsèque", … ou
- de "vendabilité" (Menger 1892), de "pouvoir d'achat"
(Fisher, 1911) ou d'échangeabilité (cf. ce target="_blank" billet
d'octobre 2014).
Ainsi, au-delà de l’intermédiaire « analogique » des échanges et du coût
de celui-ci d’hier, la démarche de l’être humain a fait émerger à la fois un
intermédiaire « numérique » des échanges, ses éléments dénommés « bitcoin » et
« blockchain » et les coûts que leur ont donnés les gens.
a. Remarque préliminaire 1.
Même Mises n'a pas échappé aux notions approximatives en faisant référence
à la « fonction de moyen d'échange » de la monnaie.
C’est même par cela que commence son livre intitulé target="_blank" Theory of Money
and Credit(1912).
A la différence de la plupart des autres économistes qui attribuaient
trois fonctions à ce qu'ils dénommaient « monnaie », Mises n'en admettait qu'une,
la « fonction de moyen d'échange », et il montrait que s'en déduisaient les
deux autres de la façon suivante:
…
Chapter 1—the functions of money
1. The General Economic Conditions for the Use of Money (p. 29)
2. The Origin of Money (p. 30)
3. The "Secondary" Functions of Money (p. 34)
Plutôt que la « fonction de moyen d'échange », Mises faisait référence à
l'occasion au "pouvoir d'achat" de la monnaie (notion très
critiquée par Vilfredo Pareto 1896-7)
Je suis en désaccord avec lui sur ce point.
Qu'il montre que les deux autres fonctions citées habituellement se
déduisaient logiquement ne l'innocente pas...
La référence à la fonction de moyen d'échange de la monnaie ou à celle de
pouvoir d'achat me semble inappropriée car elle tient de la rhétorique
Et force est de reconnaître qu’en définitive, cela a pour cause un manque
de concept.
Si Mises avait procédé à la déduction de la notion de « coût de l'échange
» dans ses développements, il n'aurait pas eu besoin vraisemblablement de
faire référence à la « fonction de moyen d'échange » de la monnaie qui tient
de la rhétorique et n'est pas un concept.
L'approche est diamétralement opposée à celle qui procède de l’action
humaine en général, de la praxéologie, et de l’action d’échange, en
particulier, et que suivait Mises.
Forts de ses autres concepts pertinents, je m’étonne que Mises se soit
laissé enrubanné.
Le point de vue et les définitions à quoi donne lieu la considération de
toutes ces notions sur la monnaie ont été vraisemblablement la porte ouverte
à ce qui s'est produit au XXème siècle, à savoir davantage de
réglementations, l'étatisation du » marché de la monnaie », la « guerre » des
monnaies réglementées ou, si on préfère, la course poursuite
innovation-réglementation de la monnaie qu'on connaît aujourd'hui, en effet :
…
"Rien de plus dangereux qu'une idée générale dans des cerveaux étroits
et vides ;
comme ils sont vides, elle n'y rencontre aucun savoir qui lui fasse
obstacle, comme ils sont étroits, elle ne tarde pas à les occuper tout
entiers " (Taine, 1875)
Pour se préoccuper du Bitcoin, il faudrait que les
économistes revinssent
- non seulement à l'idée de la recherche par les gens en matière
d'amoindrissement du coût d'opportunité des actes d'échange et du coût de production
de ce qu’est la « monnaie réglementée » aujourd’hui,
- mais aussi à la relation essentielle qui veut que le coût de production
de la monnaie affecte le coût d'opportunité des actes d'échange.
On ne peut qu'admettre que le coût de l'échange des choses ait été
amoindri, au départ, par l'invention, puis des innovations de la monnaie
réglementée et donc de son coût.
b. Remarque préliminaire 2.
L'invention ou l'innovation qu'a été ce qu'on a dénommé
"monnaie" a été lente...
Ce fut un processus qui a perduré jusqu'à aujourd'hui au moins, au prix
d'une course poursuite entre intermédiaire des échanges innovant et
réglementations des hommes de l'état.
A ce jour, on ne connaît pas ses inventeurs...
Et, dès à présent, on reconnaît qu'on ne sait pas non plus l'inventeur du
"Bitcoin" (cf. ci-dessous) ...
On ne peut aussi qu'admettre que la dernière étape actuelle du processus a
donné lieu à la fois
- à un amoindrissement du coût de C.Q.D.A.M.A. et
- à un amoindrissement du coût de l'échange,
le premier coût restant inférieur ou égal au second coût.
Et il y a fort à parier que si, dans l'état où il se trouve, le coût de
C.Q.D.A.M.A. venait à lui être supérieur, celle-ci disparaîtrait au moins
sous cette dernière forme (cf. ce target="_blank" texte de
juillet 2016).
Mais la relation ne saurait être expliquée rationnellement car, comme on
l’a écrit ci-dessus, elle repose sur l'invention
- par les gens, par leur action de recherche dans l’ignorance limitée où
ils se trouvent et
- non pas, comme il l’est prétendu, par les hommes de l'état, incapables
de le faire.
Autre raison, le phénomène échappe à l'économie politique comme à toute
autre science.
c. « Bitcoin » et « blockchain ».
Il convient de distinguer le « bitcoin » et la « blockchain ».
Autant "bit" est le mot d'une notion ancienne de la théorie de
l'information du XXème siècle - c’est l’unité d’information -, autant
"bitcoin" et "blockchain" sont récents et certains
savants ou commentateurs les font émerger en 2009.
Depuis cette date, "bitcoin" et "blockchain" ont
permis d'approfondir ce qu'on dénommait auparavant la "monnaie
électronique" (cf. ce target="_blank" billet de
juillet 2017).
. "Bitcoin".
Le "bitcoin" a pour traduction en français, "jeton
numérique", "pièce numérique", "pièce d’intermédiaire des
échanges" d'une unité comparable à une pièce de monnaie analogique d'une
unité, fût-elle dénommée napoléon, franc, dollar, livre, etc.; euro... voire
« valeur intrinsèque »…
Le bitcoin est à distinguer du Bitcoin, crypto-monnaie marque de celle-ci.
A la différence du Bitcoin, le bitcoin est totalement dépourvu de cadre
juridique, il n'a pas en particulier de « cours légal », sa « valeur » n'est
régulée par aucune target="_blank" banque
centrale.
Le bitcoin s'échange sur des « plateformes en ligne » d’ordinateurs, de
personne à personne, de « pair à pair », contre des marchandises, voire
d'autres « target="_blank" devises
monétaires (euro, dollar, yen...) », en-dehors des réseaux bancaires
traditionnels, et donc de façon totalement « décentralisée ».
A cette façon près de s’exprimer, son centre est partout et sa
circonférence nulle part … target="_blank"(Blaise
Pascal, XII.djvu/399).
Le Bitcoin a permis de résoudre la question de la contrefaçon de la
monnaie contre quoi les hommes de l'état ont toujours prétendu protéger dans
le passé.
. "Blockchain"
Comme toute crypto-monnaie, le Bitcoin a été créé à partir de la "blockchain".
La "blockchain" est un mot anglais qu'on peut traduire en
français par "chaîne des marchés conclus passés" (initiales :
C.M.C.P.) ou « historique des blocs de données d’échanges » ou encore, tout
simplement, « registre » ou « grand livre »…
Le mot désigne, en fait, une technique de production spécifique qui
"enregistre" tous les échanges de marchandises passés et convenus
en bitcoin, en "pièces numériques"; depuis qu’existe l’unité.
La C.M.C.P. est ainsi un vaste registre de marchandises que tout un chacun
peut connaître, mais qui préserve l’anonymat des opérateurs de bitcoin et qui
« s'auto-protège » contre les attaques (dont la contrefaçon… d’où qu’elle
puisse venir) par des caractéristiques.
C’est une technique informatique de stockage et de transmission de données
ou d'informations sécurisée et fonctionnant sans organe central de contrôle.
Elle s’apparente à un immense registre public et anonyme qui regroupe tous
les échanges effectués par des utilisateurs et qui grandit avec le temps…
Sa spécificité est d’être un registre crypté qui nécessite une certaine
quantité de puissance informatique – d’énergie - pour permettre aux gens d’y
inscrire et de valider les échanges entre opérateurs (voir ci-après, « minage
de Bitcoin » target="_blank" https://hackernoon.com/dummies-guide-to-bi...se-5f38e91c3253).
Une autre particularité de la C.M.C.P. est d’être découpée en une suite de
« blocs », où la dernière partie de chacun (à savoir la signature
cryptographique, appelée en anglais « hash ») permet de constituer le bloc
suivant, et donc de rendre toute la C.M.C.P. sécurisée et non-modifiable.
Soit dit en passant, tout cela n’est pas sans rappeler le développement
des sciences…
Les sciences sont le résultat des recherches aboutis des savants, des
recherches non centralisées.
Grande différence, tous les échanges de la C.M.C.P. sont accumulés et
validés alors qu’en sciences, une partie seulement d’entre eux le sont.
d. "Cybermonnaies" ou "crypto monnaies".
&q target="_blank"uot;Cybermonnaies"
ou "crypto monnaies" se déduisent, en effet, sans détours, de
l'amoindrissement effectif des coûts précédents en question réalisés par les
gens.
Le mot "crypto monnaie" semble être apparu pour caractériser la
technique de la "blockchain", la « cybermonnaie » rassemblant la
"blockchain" et le "bitcoin", l'unité de la
"cybermonnaie" considérée dont le prix est un des résultats de la
valeur que leur ont donné les gens ...
Soit dit en passant, il y a près de vingt ans, j’ai écrit un texte
intitulé « La monnaie électronique » pour le Séminaire de théorie économique
J.B. Say (cf. target="_blank" ce texte
de 1999).
Près de dix ans après ce texte, Satoshi Nakamoto a expliqué des éléments
de la première cybermonnaie qui allait voir le jour, à savoir le Bitco target="_blank"in, dans plusieurs textes et,
en particuli target="_blank"er, celui-ci.
Aujourd’hui, selon la Commission d'enrichissement de la langue française
(J.O.R.F. du 23 mai 2017), la monnaie électronique est une « [m]onnaie dont
des unités de compte sont stockées sur un support électronique »,
tandis que la cybermonnaie est une
« [m]onnaie dont la création et la gestion reposent sur l'utilisation des
techniques de l'informatique et des télécommunications ».
Bref,
« [l]a cybermonnaie ne doit pas être confondue avec la monnaie
électronique ».
Reste que « monnaie électronique » et « cybermonnaie » sont des
inventions, puis des innovations, techniques des gens qui, en tant que telles,
ne sont pas des étapes ultimes d’un processus technique ancien, fût-il
dénommé « monnaie ».
Comme l'indique le mot " cryptomonnaie », on change tacitement
présentement d'ère monétaire, on abandonne progressivement l'"ère
analogique" pour s’embarquer dans l'"ère numérique".
A ce titre, ces notions méritent une analyse économique et non pas de
rapiécer ou rafistoler un processus économique passé avec de fausses notions.
e. Création et « minage » des bitcoin.
L'émission ou la création des Bitcoin est issue, à l’origine, de la valeur
que les utilisateurs lui donnaient (cf. Buchanan ci-dessus).
C'est une réponse à une question économique
A l’inverse, pour valider un échange en Bitcoin entre utilisateurs et
l’inscrire définitivement dans la C.M.C.P., un algorithme cryptographique a
été programmé pour un certain niveau de difficulté et pour demander une
certaine quantité de puissance informatique – en énergie -.
C'est une réponse à une question des sciences physiques.
Le Bitcoin a une limitation prévue par l’algorithme et fixée à un volume
maximal de 21 millions d’unités.
C'est une réponse à une question mathématique.
f. Contrefaçon.
Les utilisateurs qui mettent à disposition leur ordinateur pour créer une
signature cryptée, infalsifiable, sécurisée, sur un « bloc d’échanges»,
bref les « créateurs », sont appelés des « mineurs » de Bitcoin.
En échange de ce service qu'ils rendent et qui n’est jamais qu’un service
passé à crypter les échanges de marchandises, l'organisation du Bitcoin les
récompense en leur donnant une quantité de Bitcoin.
Pour créer ou « miner » des Bitcoin régulièrement, et donc valider les
échanges de Bitcoin entre utilisateurs, il est impératif qu’un grand nombre
de mineurs calculent la signature cryptographique de la C.M.C.P. à tout
moment.
De par la difficulté croissante de l’algorithme cryptographique de la
C.M.C.P. et sa taille, les Bitcoin se voient créés à un rythme décroissant…
Ainsi le Bitcoin a eu un coût de production en forte augmentation en
2016-17 (cf. graphique 1).
Graphique 1
Coût du « bitcoin » échangé 2016-17
Source : Blockchain.i target="_blank"nfo https://www.bloomberg.com/gadfly/articl...y-to-spend-some
g. Technique du registre.
Il peut sembler étrange qu'un registre qui n’est jamais qu’un document
sans relief et pratique, associé aux règles de la comptabilité générale, soit
décrit comme une technique, que dis-je, comme une technologie
révolutionnaire.
Force est de reconnaître que les registres sont partout aujourd'hui. Ils
font plus que simplement enregistrer les échanges comptables de choses.
. Le registre.
Un registre se compose simplement de données structurées par des règles.
Chaque fois que nous avons besoin d'un consensus sur des faits ou des
phénomènes, nous utilisons un registre.
Les registres enregistrent les faits qui sous-tendent l'économie moderne.
. Le droit de propriété.
Ils confirment la propriété.
Les registres des titres de propriété indiquent à « qui » appartient «
quoi » et si les propriétés sont sujettes à des restrictions ou à des
charges.
L'entreprise est un registre en tant que réseau de relations de propriété,
d'emploi et de production visant un but. Un club est un registre qui
structure "qui" en profite et "qui" n'en profite pas Les
registres confirment l'identité.
Les entreprises ont des identités enregistrées sur des registres du
gouvernement pour suivre leur existence et leur statut en vertu des lois
fiscales.
Le registre des naissances, des décès et des mariages enregistre
l'existence d'individus à des moments clés et utilise cette information pour
confirmer les identités lorsque ces individus interagissent avec le monde.
Il convient ici de faire une distinction cruciale ici mais facile à
manquer entre propriété et possession, celles-ci font deux. Les registres
confirment le statut.
La citoyenneté est un registre, enregistrant qui a les droits et est
soumis à des obligations en raison de l'adhésion nationale.
La liste électorale est un registre, permettant, voire obligeant ceux qui
sont sur le registre à voter.
L'emploi n'est jamais qu'un registre donnant à ceux qui sont employés une
demande contractuelle de paiement en échange d'un travail.
Les registres confirment l'autorité.
Les registres identifient "qui" peut valablement siéger au
parlement, "qui" peut accéder à tel compte bancaire,
"qui" peut travailler avec les enfants, "qui" peuvent
entrer dans des zones réglementées.
À leur niveau le plus fondamental, les registres dressent la carte des
relations économiques et sociales.
L'accord sur les faits et quand ils changent - c'est-à-dire, le consensus
sur ce qui est dans le registre, et la confiance que le registre est exact -
est l'une des bases fondamentales de l'économie de marché actuelle, de
l’harmonie économique.
. Base de données.
La technique du registre ne doit pas cacher la base de données qui permet
une distribution, un calcul, une analyse et un suivi plus compliqués.
La base est calculable et consultable. Mais une base de données repose toujours
sur la confiance; un registre numérisé est seulement aussi fiable que
l'organisation qui le maintient (et les individus qu'elle emploie).
C'est ce problème que la CMCP résout.
. L'échange pair à pair.
La CMCP est un registre qui cache des échanges de choses "pair à
pair" qui ne sont pas sans rappeler les échanges de type
"synallagmatique"...
Le registre est distribué sans dépendre d'une "autorité centrale
humaine de confiance" pour le maintenir et le valider.
h. La monnaie a pour principe un registre.
Comme le Bitcoin l'a fait apparaître: l’intermédiaire numérique des
échanges a pour principe un registre, un grand livre.
Et cela ne doit pas cacher que la monnaie a été hier un vaste registre
ignoré, très approximatif.
Le registre qu’est la C.M.C.P. complète la chaîne des actions humaines qui
veut que, depuis au moins Say, des économistes aient compris
- qu’on offre des marchandises pour pouvoir en demander… et
- non pas le contraire comme l’assènent néanmoins, malgré tout, d’autres
économistes et les conseils qu’ils donnent aux politiques, de façon absurde.
Cette seconde chaîne de la CMCP est pourtant préalable à la première.
Elle cache des coûts de production techniques :
- coût de l’acte d’échange de choses qui vise à l’amoindrissement du coût
de la situation et
- coût des intermédiaires des échanges de choses (au nombre de quoi des
entrepreneurs, des entremetteurs, « la » monnaie, etc.) qui vise à
l’amoindrissement du coût de l’acte d’échange.
Alors que la chaîne des actions humaines est "ouverte", la
C.M.C.P. est "fermée".
Et si la C.M.C.P. importe, c'est parce que les registres importent.
Hier, au XIXe siècle, la possession d'une coupure de billet de banque
qu’était la monnaie analogique indiquait le droit de propriété.
Le possesseur - «porteur» - d'une coupure avait le droit de
tirer sur la banque émettrice la valeur économique du billet, de l’or ou de
l’argent.
Les coupures de billets étaient des engagements directs de la banque
émettrice et enregistrés dans le "grand livre" des banques.
Un registre de possession indiquant la propriété signifiait aussi que les
billets de banque étaient susceptibles d'être à la fois volés,
contrefaites et falsifiés.
A notre époque des fausses "monnaies fiduciaires", une coupure
de billet de cinq euro ne peut pas être retournée à la banque centrale pour
de l'or.
Mais la relation persiste.
La valeur d'un billet dépend tacitement d'un « consensus social » sur la
stabilité de la monnaie et sur qui l'a émis.
Les billets de banque ne sont pas des richesses, comme l'ont appris dans
le passé beaucoup de gens.
Un billet n'est qu'une inscription sur une ligne du registre (désormais
synthétique) et si cette relation s'effondre, la valeur du billet s'effondre
également.
6. Conclusion : un dernier mot (provisoire).
Tout ce qui tourne autour de la monnaie aujourd'hui devrait donc
s'articuler sur le coût des situations économiques des gens, le coût des
actes d'échange et le coût de l’intermédiaire des échanges qui leur sied.
Au point où elle se trouve aujourd’hui, la "cybermonnaie" n'est
jamais en définitive que la tentative faites par des gens pour mettre en
concurrence
- l'organisation existante des systèmes monétaires centrées sur la
technique analogique - dénommée "monnaie", cachant comme valeur, chose
animée ou inanimée, pièce de métal, coupure de billet et compte bancaire
produite ou émise, et prétendument gérée par les hommes de l'état -,
par
- une technique nouvelle, numérique, - dénommée « cybermonnaie » cachant
comme valeurs, "bitcoin" et "CMCP" a priori plus
performantes, plus efficaces ou encore moins coûteuse ( target="_blank"cf. ce billet de
novembre 2017) -.
Jusqu'à présent et depuis longtemps, les hommes de l'état se sont
approprié la technique analogique en faisant valoir
- de faux inconvénients de l'intermédiaire des échanges (contrefaçon
possible...) et
- de faux remèdes (monopole de production ou d’émission donné à un
privilégié et interdiction à chacun de ne pas accepter les produits) ( target="_blank"cf. ce billet de
novembre 2016).
Les concepteurs de la technique numérique doivent
- admettre les véritables inconvénients de la cybermonnaie (par ex target="_blank"emple, de
ce type) et
- faire valoir ses remèdes.
Cela leur permettra de s'opposer ainsi, par avance,
- aux faux inconvénients qui ne manqueront pas de survenir ou que les
opposants feront valoir et
- aux faux remèdes que ne manqueront pas de développer les hommes du
monopole de production obligatoire actuel.
La révolution de la cybermonnaie se trouve dans une économie harmonisée
par une plus grande autonomie individuelle.
Les entrepreneurs et les inventeurs/innovateurs résoudront seuls
l’ignorance ou l'incertitude qu’elle ne doit pas cacher, comme toujours, à
travers un processus d'essais et d'erreurs de vous et moi.
Exemplaire est, le 11 décembre 2017 où un marché de dérivés du Bitcoin
s’est tenu pour la première fois et où le Bitcoin a atteint $18500 (cf.
graphique ci-dessous).
Graphique
Marché d'un dérivé de Bitcoin en dollar.
…
So target="_blank"urce : https://www.bloomberg.com/news/artic...-to-wall-street
Soit dit en passant, je partage la position des Winklevoss Twins selon qui
les marchés de dérivés du Bitcoin sont la véritable phase de démarrage su
Bitcoin, ... près de dix ans apr target="_blank"ès (https://www.bloomberg.com/news/ar...gun-for-bitcoin).