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1. Le coût
d'opportunité de l'action humaine.
L'Histoire n'a pas de sens malgré ce que s'escriment à dire
certains, mais l'Economie en a un : la diminution permanente des coûts
d'opportunité de l'action humaine, des coûts à distinguer
des dépenses comptabilisées.
Encore faut-il connaître les concepts et les reconnaître pour le
comprendre. Ce ne sont pas la théorie de l'équilibre
économique général ni la théorie macroéconomique
qui y aideront.
On peut bien sûr préférer l'augmentation des profits
attendus avec incertitude à la diminution des coûts d'opportunité
pour caractériser le sens de l'économie, mais c'est plus
restrictif.
En effet, si tout profit cache un coût d'opportunité, tout
coût d'opportunité ne cache pas un profit, mais un profit ou une
perte.
L'accent mis sur le profit attendu avec incertitude conduit à mettre
de côté les perdants comme s'ils n'existeront pas.
2. La
réglementation.
S'opposent au phénomène, lui font obstacles, l'entravent les
réglementations de l'action humaine que pondent les hommes des
gouvernements qui se veulent omniscients ou, à défaut, qui
prétendent protéger leurs sujets... contre leurs ennemis ou
contre eux-mêmes (cf. par exemple, Hayek, Droit, législation
et liberté tome 1)
Soit dit en passant, il ne faut pas perdre de vue qu'une
réglementation qui porte apparemment sur un objet identifié
porte en réalité sur des actions humaines en rapport à
cet objet. Toute réglementation est un rationnement de la
liberté d'action plus ou moins important, l'interdiction
respectée ... un rationnement total.
Le cas échéant, et c'est le comble, le rationnement ne
s'applique pas à ceux qui la décident ou la votent.
Par exemple, en France, les députés et sénateurs ont
choisi un système de retraite par capitalisation alors qu'ils obligent
leurs sujets à avoir un système par répartition !
Action cible par excellence, l'échange synallagmatique de biens en
propriété.
Sous la dénomination "prix relatif", le taux
d'échange convenu par les parties contractantes tend à le faire
ignorer en tant que tel.
Sous la dénomination "prix en monnaie", c'est encore pis.
Il en est ainsi car le coût d'opportunité de l'échange
est ignoré.
Pourtant, si le coût est estimé trop élevé,
l'échange n'aura pas lieu, les parties, au minimum, ne parviendront
pas à un accord ; au maximum, elles ne se rencontreront même
pas.
Autre possibilité de nature théorique, il en est ainsi car, au
lieu de caractériser une cession (vente) d'un bien en
propriété dans le but d'une acquisition (achat) d'un autre
préféré, le taux d'échange en vient à
caractériser une acquisition d'un bien dans le but d'une cession d'un
autre : nous sommes dans l'inversion magistrale de la causalité si
chère à certains pour qu'ils puissent atteindre leurs noirs
objectifs.
La réglementation de quoi que ce soit n'est pas a priori un progrès
de la connaissance, une innovation, lesquels sont irréversibles quand
ils sont réalisés et concrétisent une réduction générale
des coûts d'opportunité des actions humaines.
La réglementation est toujours un pis-aller.
Une preuve en est, s'il en est besoin, la diversité des
réglementations d'un pays à un autre.
Cette diversité montre qu'il n'y a pas de bonne réglementation.
Sauf tyrannie ou machiavélisme extrême des hommes des
gouvernements, si une réglementation apparaissait telle, elle serait
appliquée partout dans le monde.
On sait les méfaits de la réglementation, on ne saurait
prédire l'innovation et ses bienfaits.
Mais une chose est certaine : non seulement la réglementation bloque
l'innovation, mais encore elle fait imputer des défauts à sa
proie dont elle est la cause.
3. Monnaie d'hier et
d'aujourd'hui.
Il convient, pour se sortir de ces difficultés, de mettre le doigt sur
les réglementations et de se souvenir de ce qui se passait avant leur
imposition.
Procéder ainsi n'est pas faire de l'Histoire, mais être logique.
Cela permet de se remémorer la situation antérieure où
l'on pourrait revenir si les réglementations en question venaient
à être abrogées, toutes choses égales par
ailleurs.
Ainsi, ce qu'on dénomme aujourd'hui "monnaie" a peu de
choses à voir avec ce qu'on dénommait "monnaie" il y
a un siècle et rien ne justifie de ne pas connaître ce qui
existait alors.
Prenons le cas de la France.
Il y a un siècle (1912), l'or et l'argent circulaient dans la vie
quotidienne sous forme de pièces.
1 franc était légalement égal à 322 mg d'or ou
à 5g d'argent.
Et la Banque de France qui avait le privilège de monopole
d'émission de billets se faisait un plaisir de convertir à la
demande, billets et dépôts sur la base de ces taux de
conversion.
Dans la décennie 1930, les Français vivant en France se sont
vus interdire par les politiques "aux affaires" la conversion, mais
celle-ci restait possible pour les étrangers (cf. ce
billet de mai 2011).
En 1969, la conversion s'établissait à 1 franc pour seulement
1,6mg d'or, mais il n'y avait plus de conversion en argent!
Pauvre franc et pauvres Français!
En cinquante sept ans, le pouvoir d'achat du franc
en or légalement reconnu avait donc été divisé
par 200.
A titre de comparaison, entre 1812 et 1912, le pouvoir d'achat du franc en or
n'avait pas varier d'un iota...
Cherchez l'erreur.
En 1971-73, la conversion des monnaies en or, dont celle du franc, est
officiellement interdite d'un commun accord international.
Le monde politique fait franchir le rubicon
monétaire aux peuples pour le fourvoyer dans le nominalisme
désormais patent, en vérité dans le pire des socialismes
monétaires...
1999-2002, le franc est abandonné au profit de ce qu'on dénomme
l'"euro" après une conversion en euro sur la base 1€ =
6,55957 F, taux de conversion injustifiable.
Pour sa part, le prix de l'once d'or en dollar est passé sur le
marché du même nom, de $35 en 1969 à près de $1750
en 2012, soit une multiplication par 50 en quarante trois
ans!
En d'autres termes, le pouvoir d'achat du dollar des Etats-Unis et des
monnaies en rapport fixe avec celui-ci a été divisé par
50.
C'est le cas du pouvoir d'achat du machin qu'on dénomme aujourd'hui
"monnaie" en France.
Et, de ce point de vue, le pouvoir d'achat du machin a été
divisé par :
250
entre 1912 et 2012, alors qu'il n'avait pas varié d'un iota entre 1812
et 1912.
Je pose la question : où est l'erreur ?
4. L'ignorance
coercitive.
A défaut de répondre directement à cette question, je
préfère répondre à la question : pourquoi le
fossé ?
Premier élément de réponse : parce que l'ont
creusé, d'une part, des réglementations internationales qui ont
fleuri tout au long du XXè siècle (en
particulier, les conférences de Gènes 1922, de Bretton Woods
1944, des années 1971-73 et débouchant sur le traité de
Maastricht de la décennie 1990) et, d'autre part, des
règlementations nationales (voire régionales dans le cadre de
l'Union européenne) au nombre de quoi il faut mettre les politiques
économiques qui ont vu le jour entre temps.
Second élément de réponse : aucun progrès, aucune
innovation majeure, si ce n'est la "monnaie
électronique", n'y a contribué.
Mais cela ne doit pas étonner.
Dans sa folie destructrice, la réglementation freine l'innovation.
Contrairement à ce que certains veulent bien dire et le disaient
déjà dans la décennie 1960, "on est toujours au
temps de la marine à voile et de la lampe à huile", voire
peut-être même, désormais, en deçà...
Rien ne justifie ces réglementations sinon une ignorance certaine de
la question monétaire.
Et ces réglementations de la monnaie ne devraient pas cacher la
réglementation de l'action d'échange de vous et moi.
"Science sans conscience n'est que ruine de l'âme" a
écrit le poète, mais réglementation de la monnaie sans
échange contraint évoqué est socialisme triomphant.
Ces réglementations ne sont sûrement pas justifiables par leurs
effets à court et à long terme que nous vivons, sans le savoir
ou sans les cerner...
Leur liste détaillée est trop longue pour seulement la commencer
dans ce billet.
Sûrement pas non plus par le fait politique que leur évolution
est due en grande partie à des paroles non tenues, à des
engagements non respectés.
Dernier exemple en date du phénomène, le paquet de
réglementations dénommé "euro" et
institué à partir de 1999-2002.
Paroles non tenues et engagements non respectés par les hommes des
gouvernements dès le début de la décennie 2000 les ont
amenés à créer de nouvelles réglementations dont,
en particulier, le F.E.S.F. ou le M.E.S.,
soi disant pour y remédier...
Soit dit en passant, il faudrait être sensible au fait que la
réglementation tend aussi à détruire le sens des mots,
à créer la confusion (comme en témoignent les mots
couverture, liquidité, réserve, solvabilité,
convertibilité, échangeabilité
utilisés à tort et à travers...). Ce point de l'importance
de la terminologie n'est pas nouveau, il a été souligné
en particulier par Ludwig von Mises.
Les théoriciens de l'offre de monnaie, par exemple, semblent dupes ou
duper en n'insistant pas sur l'offre de monnaie réglementée
qu'ils étudient et les réglementations qu'elle cache, mais en
préférant insister sur des quantités
comptabilisées on ne sait trop comment et qu'ils disent poser
problème (au moins ne le disent-ils pas ... quand ils ne se placent
pas hors bilan).
Qu'on le veuille ou non, "monnaie" et "monnaie
réglementée" font deux, "monnaie" et "quantité
de monnaie" font deux.
5. Le socialisme nouveau
est arrivé.
Toutes ces réglementations tendent aussi à duper le chaland en
créant des expressions.
Dernières en date :
- "quantitative easing 3" (Q.E.3) aux Etats -Unis et
- "outright monetary transaction
" (O.M.T.) dans la zone euro.
Ces expressions de langue anglaise n'ayant aucune réalité car
fruits de réglementations absurdes - dont vraisemblablement le respect
durera ... ce que vivent les roses et à quoi ce qu'elles
désignent doit porter remèdes -, il n'est pas nécessaire
de les traduire en français pour leur donner un semblant de
commencement de réalité...
Ce que d'ailleurs les autorités monétaires françaises ne
se donnent pas toujours la peine de faire ... quand elles ne se contentent
pas de parler de "Q.E.3" et de "O.M.T.".
En physique ou chimie, les expériences absurdes ont souvent des
résultats désastreux, immédiats, qui vont jusqu'à
la mort des prétendus savants qui les ont entreprises.
En économie, les résultats sont plus longs à être
ressentis, voire à être cernés, mais ils n'en sont pas
moins désastreux...
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