1. Il y a exactement deux cent vingt ans...
Si l'on en croît Wikipedia, le mot « robespierrisme » est apparu
en septembre 1794, il y a deux cent vingt ans exactement.
Les
historiens ont employé le terme pour désigner, en premier lieu, un groupe
d'hommes appartenant à ce qu'on a dénommé la Montagne et qui rassemblait
l'aile gauche des députés de la Convention nationale, durant la Révolution
française.
La
Montagne constituait une forme de parti politique hétérogène qui n'était pas
sans anticiper sur la situation politique française actuelle.
Selon
ce groupe, il ne suffisait pas de protéger de ses ennemis extérieurs et
intérieurs la liberté conquise par la Révolution, qu'avaient confirmée les
insurrections du 10 août 1792 et des 31 mai et 2 juin 1793.
Il
fallait l'asseoir par une alliance durable du peuple et de la Convention,
avec
- des institutions civiles (que Louis Antoine de Saint-Just et
Billaud-Varenne énonceront au printemps 1794) et
- des mesures sociales (comme les décrets de Ventôse, liés
au décret de germinal sur la centralisation de la justice révolutionnaire à
Paris, et
à la loi de Prairial qui accentua la Terreur en procédant à la réorganisation
du Tribunal révolutionnaire, a ouvert une courte période appelée « Grande
Terreur », qui dura jusqu'à la chute de Robespierre le 27 juillet 1794, et
priva les accusés du droit de défense et de recours).
Dans
le cadre de l'enquête qu'elle a menée au lendemain du 9 thermidor, la
Convention a employé le mot « robespierriste » pour qualifier les hommes qui
se sont rangés aux côtés de la Commune insurrectionnelle pour demander la
libération de Robespierre et de ses collègues.
Dans
ce cas, les députés « robespierristes » désignaient uniquement ceux qui
comptaient parmi ses intimes, amis (Saint-Just, Couthon, Le Bas) ou frère
(Augustin Robespierre), à l'exclusion notable d'un Jacques Louis David, qui
ne dut d'échapper à la guillotine qu'à son absence à la Convention ce
jour-là.
Pour
le reste, le mot « robespierriste » désignait les membres des Sections, de la
Commune de Paris et du Club des Jacobins compromis dans la Commune
insurrectionnelle, qui avaient été arrêtés le 10 thermidor et les jours
suivants.
Le
10 thermidor, étaient guillotinés des députés, des fonctionnaires - comme on
dirait aujourd'hui - et des membres de la Commune;
le
11 thermidor, c'étaient 71 membres de la Commune qui connaissaient la même
issue;
au total, 105 « robespierristes » ont été exécutés.
Sous
la Convention thermidorienne, dominée par les montagnards dantonistes et les
modérés du Marais (renforcés par les députés girondins survivants, rappelés
en 1795), les républicains libéraux ont employé le mot « robespierriste »
dans le cadre de leur lutte contre les représentants montagnards et les
militants révolutionnaires partisans du maintien du gouvernement
révolutionnaire de l'an II et de la Terreur.
Sous
le Directoire, le terme de « robespierriste » a tendu à s'estomper aux dépens
de « terroriste » et de « jacobin », qui était décliné en « néo-jacobin » avec la création du Club du Panthéon en
1795-1796, puis du Club du Manège en 1799.
2.
L'€uro, fusion politique.
Le
ro...bespierrisme et
l'€uro font deux en apparence.
Le mot "€uro" est, pour le moins,
beaucoup plus récent.
Il est fondamentalement le nom donné à une fusion obligée d'organisations
monopolistiques de pseudo monnaie, abrégé de "monnaies nationales
réglementées", depuis 1998 (cf. le texte de janvier 2012).
Le fait est oublié aujourd'hui ou mis de côté, volontairement ou non.
La
fusion avait été décidée par des hommes de l'Etat de plusieurs pays de
l'Europe géographique, après consultation des peuples par referendum (Traité
de Maastricht, cf. sur le sujet le texte de 1992)
Elle a donné lieu, en particulier, à la création d'un organisme privilégié
par ces derniers, à savoir la Banque centrale européenne (B.C.E.).
Par traité et par statuts, la B.C.E. est indépendante des Etats de la zone
€uro et peut mener "librement" la politique monétaire qu'elle juge
bonne.
Elle
regroupe les banques centrales nationales qui, elles, n'ont pas disparu et
qui ont, chacune, une part de capital dans le capital de la B.C.E.
Selon certains, la fusion était une étape vers l'union européenne politique,
un Etat européen.
Mais cette proposition n'a aucune explication théorique, en particulier
économique.
Elle
est sans relation avec les "zones optimum de monnaie" dont R.A. Mundell avait développé la théorie dans les décennies
1960 et 1970.
En d'autres termes, la fusion a été politique, i.e. sans raison ou bien une
raison a chassé l'autre jusques à aujourd'hui inclus.
Peu importe la dernière en date.
D'un
point de vue plus technique, les hommes de l'Etat sont convenus de réaliser
la fusion sur la base des taux de change des "pseudo monnaies nationales
réglementées" de l'époque de 1998, i.e. des taux de change ponctuels en
relation avec le marché.
Leur démarche s'inscrivait dans la suite des conséquences des réglementations
antérieures qui étaient intervenues dans les décennies 1930, 1940 et 1970.
Ces réglementations avaient fait que les marchandises monnaie (en or ou en
argent) des siècles passées et les substituts de monnaie bancaires (en
billets ou en comptes de dépôt dans des banques) qui y étaient adossés au
début du XXè siècle ont été interdites.
Ont perduré, à la place, des "pseudo monnaies nationales réglementées",
véritables "substituts de rien bancaires" aux mains du bon vouloir
des autorités monétaires nationales (cf. ce texte de mai 2011).
Ces faits ont été sans précédent dans l'Histoire.
Les
taux de change convenus n'étaient ainsi en rien des taux de change
d'équilibre à long terme dont pouvaient discuter certains économistes et
comme beaucoup le croient à tort.
S'ils n'existent plus, s'ils ont été exécutés..., les réglementations qu'ils
cachaient ont perduré.
3.
Ce qu'on dénomme "monnaie".
La
démarche suivie n'aurait pas du faire oublier la
raison d'être de ce qu'on dénomme "monnaie".
Il y a en effet deux grandes façons de l'approcher (cf. le texte de Ludwig von Mises):
- une façon erronée au terme de quoi ce qu'on dénomme "monnaie"
résulte des décisions de l'Etat ;
- une seconde exacte au terme de quoi ce qu'on dénomme "monnaie"
est le résultat des échanges de marchandises de vous et moi.
Etant donné l'approche par les échanges, la seule explicable, deux nouvelles
façons sont à préciser:
- selon l'une, l'important est l'équilibre économique général, soit qu'il
s'explique par la théorie éponyme, soit que la théorie macroéconomique s'en
occupe ;
- selon l'autre, l'important se trouve dans les échanges de marchandises de
vous et moi.
La façon majoritaire est la première façon alors que la seconde devrait
s'imposer.
4.
Les prix des échanges.
La
seconde façon permet de comprendre qu'une grande conséquence souvent oublié
d'un échange de marchandises convenu tient dans les prix des marchandises.
Sans échange, il n'y a pas de prix (cf. ci-dessous).
Sans monnaie, tout prix est un taux d'échange de marchandises convenu entre
les personnes juridiques parties de l'échange.
Avec monnaie, tout prix est un taux d'échange de marchandise contre monnaie
convenu entre les mêmes.
4.a. La confusion entre monnaie et finance.
Dans
la foulée, la démarche n'aurait pas du conforter
aussi la confusion entre la monnaie et la finance.
Certes, la monnaie et la finance ont en commun d'être des conséquences des
coûts des échanges de marchandises de vous et moi.
Mais, la monnaie a pour conséquences des prix en monnaie des marchandises des
personnes juridiques alors que la finance a pour conséquences des taux
d'intérêt de leurs créances/dettes.
4.b. La confusion entre monnaie et liquidité.
A contribué à cette confusion, l'introduction dans la littérature économique
de la notion de liquidité, "faux" intermédiaire entre la monnaie et
la finance.
En vérité, la liquidité était, au début du XXè
siècle, une façon de la comptabilité générale d'analyser ce qu'elle
présentait (cf. ci-dessous).
Forts de leurs ignorances (cf. ce texte de 1975 de Friedrich von Hayek sur John Maynard Keynes), des économistes
ont tendu à faire se confondre, par la suite, monnaie et liquidité.
Par exemple, encore aujourd'hui, rien ne justifie de voir dans le concept de
"préférence
pour la liquidité" de Keynes une composante de la "demande de
monnaie".
5.
La comptabilité privée.
Tout cela cache une conséquence de la monnaie dans les échanges de
marchandises convenus autre que les prix en monnaie, à savoir la comptabilité
privée des échanges convenus.
Les prix en monnaie permettent l'enregistrement des échanges convenus dans
les comptes de toute personne juridique.
Sans prix en monnaie, la comptabilité est impossible malgré ce qu'en ont dit
longtemps certains (par exemple, sur la comptabilité de l'U.R.S.S.).
.
Fausseté et erreurs de la comptabilité nationale.
Reste que cette comptabilité privée, exacte, ne saurait être confondue avec
ce qu'on dénomme "comptabilité
nationale", qui varie d'un pays à un autre depuis qu'elle a commencé
à exister, ici ou là, dans la décennie 1940 et que des organismes dits
"internationaux" (comme Eurostats, le Fonds monétaire international,
l'Organisation de coopération et de développement économique, etc.) sont
chargés d'harmoniser.
La comptabilité nationale n'est qu'une façon de réglementer, sans le dire,
des choses que ses constructeurs ignorent ou qu'ils refusent de conditionner
par les échanges convenus de marchandises de vous et moi.
Le débat présent est merveilleux (cf. ce
texte de mai 2014).
La comptabilité nationale est en définitive une dénaturation, peu évoquée, de
la comptabilité générale (cf. ce texte
de 1971).
6.
Les gains à l'échange.
La monnaie a permis de créer non seulement des prix en monnaie et une
comptabilité générale, mais encore des gains à l'échange.
Les gains à l'échange des personnes juridiques qui y sont parties sont une
conséquence très méconnue des échanges convenus.
Quand elle n'est pas méconnue, la proposition a été dénaturée de différentes
façons, en particulier, par les théories marxistes ou marxiennes, qui, en
toute impunité, proclament que l'échange provoque l'inégalité et amènent à
s'y opposer.
Ils refusent le principe logique que tout échange procure aux personnes
juridiques qui y sont parties.
A chacune, elle procure un gain qui lui est propre, qui est fondé sur ses
valeurs et dont aucune mesure ne saura jamais rendre compte car ces valeurs
sont ignorées.
Bien que de perspectives différentes, les opposants parviennent à s'entendre
un instant en faisant l'hypothèse absurde qu'ils connaissent ces valeurs et
peuvent les mesurer.
7.
Vers un nouveau thermidor?
L'€uro repose, au total, sur la destruction de "pseudo monnaies
nationales réglementées" qui, elles-mêmes, avaient été détruites par des
réglementations antérieures du XXè siècle qui
avaient mis un terme à une découverte - la marchandise monnaie - et des
innovations - via les banques - qui avaient fait leur preuve dans le passé.
Ces destructions successives de la liberté initiale et de son évolution n'ont
pas de justification.
L'€uro, tout ce qu'il cache, est devenu un tabou d'une nature voisine de ce
que représentait "le ro...bespierrisme".
La chute de Robespierre
(gravure d'après Fulcran-Jean Harriet).
"Le
ro...bespierrisme" et l'€uro ont en commun la
terreur: hier, celle d'être guillotiné et, aujourd'hui, celle de devoir
abandonner l'€uro.
La terreur n'est pas de même nature. La terreur d'être guillotiné que
des "dirigeants" faisaient miroiter à "leurs citoyens" ne
doit pas être confondue avec la terreur d'abandonner l'€uro avancé par ces
mêmes dirigeants.
La terreur de l'un était une réalité, la terreur de l'autre est une illusion
soigneusement conditionnée par des ignorants ou des destructeurs de
l'économie politique.
Celle-ci mérite, elle aussi, son 8-10 thermidor.