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Etant
données toutes les idées fausses qui circulent, en France,
à propos de l’assurance depuis la décennie 1920, je
reproduis ci-dessous un texte que j’ai écrit en 1993 pour un
ouvrage collectif fêtant les 25 ans de l’Université Paris
IX Dauphine.
L’ouvrage a été publié en 1995 par les
éditions Masson : la référence exacte en est
C. Le Pen et alii
(eds.), Vingt-cinq ans
de sciences d'organisation, Masson, Paris, 1995, 446p.
Soit dit en passant, tous les groupes d’assurance dits
"nationaux" - pour ne pas dire "étatiques" - qui
existaient à l'époque, ont été privatisés
dans par la suite et on sait ce qu’il en est advenu : aucun n’a
survécu à la liberté économique,
c'est-à-dire la concurrence, mais a été acheté
par une autre société d'assurance. Le G.A.N. a même
été sauvé ainsi de la faillite à la fin de la
décennie 1990.
Pour ce qui est de l’université devenue aujourd’hui
«Paris Dauphine, grand établissement de technologie », le
texte est à compléter par un texte que j’ai écrit
en 2005 pour un ouvrage collectif en l’honneur de Pascal Salin : la
référence exacte en est
G. Hülsmann et M. Laine (eds.), L'Homme
libre (Mélanges en l'honneur de Pascal Salin),
éditions Les Belles Lettres, Paris, 2006, 525p.
J’en ai parlé dans ce blog, dans ce texte.
J'aurai l'occasion de revenir sur le sujet prochainement.
[Début du texte.]
[Introduction.]
Il y a vingt-cinq ans, en France, les trente-quatre sociétés
d'assurance qui avaient été étatisées en 1946
— et qui étaient alors les plus importantes —,
étaient rassemblées en dix, réparties elles-mêmes
en quatre groupes : Assurances générales de France (A.G.F.), Groupe
des Assurances Nationales (G.A.N.), Mutuelles Générales de
France (M.G.F.), Union des Assurances de Paris (U.A.P.). Autrement dit, la
puissance publique décidait de concentrer l'industrie des assurances.
Aujourd'hui, le Parlement vient de voter une loi (mai 1993) disposant non pas
une nouvelle concentration de l'industrie, mais la privatisation des A.G.F.,
du G.A.N. et de l'U.A.P.
Dans l'intervalle, vers 1980, l'étatisation de plusieurs autres
sociétés d'assurance avait été envisagée,
mais le projet était resté sans lendemain après maints
débats.
Il y a vingt-cinq ans aussi, la littérature économique
s'enrichissait d'études théoriques sur la demande d'assurance.
Jusqu'alors, l'offre d'assurance avait été seule
examinée et de façon diffuse.
L'une était publiée en 1965 et traitait de la demande
individuelle d'assurance-vie (Yaari, 1965), l'autre en 1968 à propos
de la demande individuelle d'assurance de propriété (Mossin,
1968).
Aujourd'hui, théoriques et empiriques, les travaux sur le sujet sont
nombreux, voire indénombrables.
Conséquence parmi d'autres : le concept de marché d'assurance a
acquis droit de cité dans la théorie économique.
Le texte qui suit a pour objet de montrer, très
schématiquement, que ces deux faits ne sont pas indépendants
l'un à l'autre, le marché de l'assurance est leur trait
d'union.
Pas plus que le changement de position du législateur ne saurait
être imputé à quelque instabilité
congénitale — il est beaucoup trop sage pour qu'une telle cause
soit imaginée —, n'est à retenir l'argument qui consiste
à soutenir que l'état d'esprit du peuple n'est plus le
même qu'hier, ou que l'opinion publique a évolué au
hasard, et que le législateur en a tenu compte et a
procédé à une adaptation.
Une explication plus sérieuse doit être envisagée.
Si on ne passe pas sous silence l'attention qu'a pu porter le
législateur à l'évolution de la connaissance
économique en matière d'assurance et le résultat
cité, la réalité du marché de l'assurance, la
raison apparaît alors lumineuse : puisqu'il existe un marché de
l'assurance, la maîtrise de l'assurance recherchée par les
hommes de l’Etat au travers de firmes étatiques est vaine et
onéreuse. Le législateur l’a compris et le montre en
procédant à la privatisation.
Pendant longtemps, la théorie économique a été
développée dans des directions où on entrait non
seulement par les portes de l'hypothèse explicite de la certitude ou
de la quasi-omniscience des hommes de l'État, mais encore par celles
de l'hypothèse de l'inexistence du temps ou du «comme si»
le temps n'existait pas, par celles de l'hypothèse implicite selon
quoi on peut faire abstraction du « droit des gens » (et, en
particulier, de leurs droits de propriété), par celles de
l'hypothèse implicite que la technique de l'échange ne consomme
pas de ressources (il n'y a pas de coût de transactions), les
mathématiques utilisées à l'occasion servant de rampe
pour ne pas tomber.
Rétrospectivement, on peut dire que cette démarche a rendu
insoupçonnables à la sagacité des chercheurs de vastes
étendues, comme par exemple l'assurance, qui ne demandaient
qu'à être explorées. Si on préfère, elle a,
à la fois, verrouillé et caché maintes portes
d'accès.
Tout cela jusqu'à la décennie 1960 où des
économistes ont fait sauter des verrous tandis que d'autres
découvraient des issues inconnues et y pénétraient.
Ce que nous entendons ainsi par « économie de l'assurance
», aujourd'hui dans la décennie 1990, est le résultat de
ce double mouvement.
D'un côté, l'assurance est un exemple désormais souvent
choisi par les économistes orthodoxes pour illustrer leurs
dernières découvertes dans des domaines de prédilection
de la recherche traditionnelle, mais où les contraintes
constituées par les hypothèses adoptées hier ont été
desserrées, c'est ce qu'on peut dénommer l’«
économie appliquée à l'assurance».
De l'autre, elle est un champ d'étude nouveau où s'appliquent
les principes généraux de la science économique, c'est
ce que nous appellerons la « théorie assurancière »
:
de même qu'il y a une théorie monétaire ou une
théorie financière, de même est à envisager une
« théorie assurancière » (au sens strict) ;
de même qu'il y a une théorie de la banque, une théorie
des intermédiaires financiers ou plus généralement une
théorie des institutions financières, de même est
à prendre en considération une théorie des
«organisations d'assurance» (« théorie
assurancièr e» au sens large).
Si la théorie assurancière au sens strict est aujourd'hui bien
avancée, au sens large, elle est encore dans les limbes.
Le développement qui suit ne se veut pas un panorama complet et
détaillé de cette double évolution de la connaissance
économique en matière d'assurance dans la période sous
revue, le foisonnement y est trop grand.
Il insiste seulement sur les éléments fondamentaux pour
sérier les deux faits privilégiés.
A l'occasion, il va au-delà et évoque certaines
considérations prometteuses comme, par exemple, celle qui aboutirait
à libérer, à tous égards, l'assurance de la
finance et qu'on peut résumer en écrivant que l'assurance est
à l'ignorance des individus, dans un contexte supposé
atemporel, ce que la finance est à la durée, dans un contexte
hypothétique d'omniscience.
I. Des verrous
sautent (ou de l'économie appliquée à l'assurance).
Plus que d'autres, quatre domaines de la théorie économique
invitent à prendre comme illustration de ce qui est découvert
et expliqué l'exemple de l'assurance, il s'agit de la théorie
de l'équilibre économique général dans un
contexte d'incertitude, la théorie des droits de
propriété, la théorie économique des contrats et
la théorie de la finance.
I.A. La
théorie de l'équilibre économique général
dans un contexte d'incertitude.
Pendant longtemps, la théorie de l'équilibre économique
général a négligé l'assurance. La raison en est
qu'elle faisait abstraction de l'incertitude des individus, la certitude
était l'hypothèse de règle, implicite ou non. En
certitude, il ne saurait y avoir d'assurance, celle-ci ne procédant
jamais que de l'incertitude de perte de quantité d'objet juridique
(objet en propriété ou en responsabilité).
Les rares fois où l'incertitude était l'hypothèse, il
était expliqué que l'État était l'unité de
décision la moins incertaine et, par conséquent, la mieux
placée pour en venir à bout et aider les citoyens. De leur
côté, ceux-ci n'avaient pas à s'en occuper finalement.
Au total, l'incertitude était exclue du cadre théorique, soit
pour simplifier :
«
Dans les modèles considérés jusqu'à
présent, nous avons supposé que les agents connaissaient
parfaitement les conséquences de leurs décisions et que ces
décisions déterminaient complètement l'équilibre,
du moins si elles étaient compatibles entre elles. La situation dans
laquelle se trouvait l'économie ne comportait aucune incertitude,
aucun risque.
Jusque vers 1950, on pouvait objecter aux théories de
l'équilibre et de l'optimum de négliger ainsi un aspect
fondamental du monde dans lequel nous vivons ». (Malinvaud, 1975, p.
287)
soit parce
qu'elle n'était pas jugée essentielle :
«
Il faut accorder une grande importance à l'incertitude, comme à
beaucoup d'autres facteurs encore, si ce qui nous intéresse est de
développer une théorie satisfaisante de la composition du
"portefeuille", ou ce qui est équivalent, du taux de
variation des actifs pris individuellement.
Ces considérations ne semblent pas essentielles pour le
développement d'une théorie utile des facteurs
déterminant le taux global d'épargne [...]. » (Modigliani
et Bromberg, 1954, cité par P. Salin, 1965, p.55)
Bien que la démarche fût confortée par la
démonstration de l'équivalence mathématique de
l'incertitude à la certitude dans certaines conditions (Theil, 1954),
des économistes de l'école de l'équilibre
économique général (Debreu, 1959 ou Arrow, 1964 par
exemple) prirent soin d'introduire explicitement l'incertain dans leur
modèle mathématique :
«
Jusque vers 1950 [...] [i]l était [...] difficile de savoir dans
quelle mesure l'hypothèse simplificatrice d'absence d'incertitude
affectait la portée des résultats obtenus.
Grâce aux progrès récents de la théorie des
décisions en face du risque, cette importante lacune a pu être
comblée en grande partie. » (Malinvaud, op. cit., p. 287)
Mais rien de fondamental ne fut modifié dans les résultats
obtenus, l'équilibre économique général
continuait à exister, unique.
En vérité, l'objet « assurance » avait
été introduit de pair avec l'hypothèse de
l’incertitude, mais implicitement.
Pour cette raison, il faut se rendre à l'évidence et admettre,
par comparaison des solutions ancienne et nouvelle, que sa
disponibilité n'avait pas d'influence essentielle et ne remettait pas
en question le principe de l'existence de l'équilibre
économique général et de son unicité.
Si la porte était ouverte pour que l'assurance acquière dans le
domaine une position (cf. par exemple, Klock et Pfeffer, 1974, ou Laffont,
1985) qui lui avait été refusée a priori jusqu'alors
par les hypothèses en définitive très spéciales
qui avaient été retenues, elle était d'abord une
marchandises comme une autre, c'est-à-dire un artifice commode pour
« boucler le modèle ».
Il convient d'avoir conscience de cette approche et ne pas passer sous
silence les réactions qu'elle n'a pas suscitées
immédiatement chez le législateur.
Les conclusions obtenues ne le heurtent pas, semble-t-il, outre mesure alors
qu'elles sont à l'opposé de ce qu'il a expliqué dans le
passé, à savoir que l'assurance n'est pas une marchandise comme
une autre. N'a-t-il pas légiféré pour que l'assurance
soit régie par des règles nationales appropriées et pour
que son domaine ne soit ni la «jungle », ni l'«
injustice sociale » ?
A cet égard, on ne reconnaît pas non plus dans la marchandise de
la théorie, l'assurance que la puissance publique a tendance à
se réserver, quel que soit le pays industrialisé où on
se situe (1).
[1. La réglementation de l'assurance a été telle, par
exemple, aux États-Unis que K. J. Meier (1988) s'est fondé sur
son histoire pour établir une théorie de la façon dont
la réglementation fonctionne en général, en fait.]
Et, on ne peut que le constater, la réserve est telle que les
gouvernements nationaux n'ont jamais coopéré en matière
d'assurance, fût-ce au travers d'institution internationale
créée pour l'occasion. Aucune institution internationale en
matière d'assurance n'a vu le jour après la guerre de 1939-45
contrairement à ce qui s'est passé dans tous les autres
domaines (de la monnaie à la santé en passant par
l'alimentation ou la protection de l'innovation technologique).
Pourquoi la puissance publique devrait-elle continuer à vouloir
maîtriser l'industrie des assurances, une industrie qu'implicitement la
théorie de l'équilibre économique général
explique être en fait comme les autres ? Sauf à vouloir tout
régir ?
La volonté de maîtrise pouvait se comprendre au temps où
l'assurance n'avait pas de statut théorique, où elle
était exclue du modèle économique par des
hypothèses et où elle était considérée
arbitrairement par le législateur n'être pas comme les autres
industries.
Désormais, les choses ont changé. Mais, bien entendu, rien ne
s'oppose à ce que la même direction soit maintenue dans le cas
où la puissance publique rejette en bloc la théorie de
l'équilibre économique général ou bien dans le
cas où elle affirme améliorer les caractéristiques de
l'équilibre.
Les réactions seront longues à venir chez les
économistes, mais elles viendront. Par exemple, Stiglitz montrera dans
la décennie 1980 que la validité des hypothèses n'est
pas générale (2).
[2. D'après Stiglitz :
« In this paper, I wish to explore the
relationship between risk, Insurance, incentives, and imperfect information.
Understanding the relationship between these is fundamental, and not only to
an understanding of the functioning of insurance markets.
The phenomenon of risk and insurance, and the problem which they pose, are
pervasive throughout the economy, often in quite disguised form; they are
many features of the economy that can best be understood as an institutional
adaptation to the problems of risk and incentives.
Somewhat surprisingly what has become the standard paradigm for analyzing the
market economy, the competitive mode (as exposited, say by Arrow (1964) and
Debreu (1959)), systematically ignores these considerations: as a result, not
only does it fail to provide insights into some of the important features of
modem capitalist economies, but also it reaches conclusions, e.g. concerning
the efficiency of the market and the existence of equilibrium, which are
necessarily suspect.
Indeed, recent research which I will discuss today has shown them not to be
generally valid. » (Stiglitz, 1983, p. 4) ]
Grâce à ces réactions, l'assurance acquiert une position
d'exemple dans la théorie économique orthodoxe désormais
élargie.
Désormais, on ne peut plus dire que rien ne s'oppose à ce que
la puissance publique cherche à maîtriser l'assurance par la
réglementation. Son ignorance convainc du contraire. Et l'assurance a
la fonction annexe de le révéler.
Depuis lors, l'assurance a véritablement une position dans la
théorie de l'équilibre économique général
et, sauf à refuser l'ensemble, le législateur ne saurait
prétendre continuer à l'assujettir à
perpétuité.
I.B. La
théorie des droits de propriété.
Fin de la décennie 1960, un nouveau domaine de la théorie
économique est investi, les droits de propriété.
Désormais, on ne néglige plus les règles de droit dans
quoi sont inscrites les organisations et, d'abord, les droits de
propriété.
On admet que, dans la firme, ceux-ci ont un rôle déterminant
dans la gestion et on démontre qu'il en est ainsi (cf. Furnbotn et
Pejovich, 1972, par exemple).
Ces nouvelles hypothèses deviennent alors de véritables
variables explicatives de l'évolution des organisations et, en
particulier, de la structure des industries.
L'assurance est exemplaire à cet égard car, d'un point de vue
tant mondial que national, les organisations qui l'ont comme activité
sont les plus diverses.
Mondialement, coexistent à cette époque des organisations aussi
variées que le marché du Lloyd's, dont le siège est
à Londres depuis plus de trois siècles, et les secteurs
d'assurance nationaux dont la réglementation étatique est
apparue principalement dans la décennie 1930.
Nationalement, et par exemple en France, l'industrie de l'assurance comprend
des firmes aux formes juridiques multiples (sociétés
nationalisées, sociétés anonymes, mutuelles,
sociétés à forme mutuelle, filiales de
sociétés étrangères autorisées).
Cette variété est bien venue pour tenter de vérifier la
théorie. On peut ainsi expliquer des différences
d'évolution, par exemple entre les firmes de forme juridique «
mutuelle » et les firmes de forme «société anonyme»
(cf. par exemple, Claassen et Lane, 1978, dans le cas de la France).
On peut aussi expliquer des différences d'évolution entre telle
ou telle industrie et l'industrie des assurances, étant donnée
la variété spécifique des formes juridiques des firmes qui
composent les unes et les autres.
Au total, avec la théorie des droits de propriété,
l'assurance acquiert une nouvelle position d'exemple dans la théorie
économique orthodoxe encore : élargie.
Il reste que si les règles de droit sont appliquées et respectées,
on ne voit pas pourquoi la puissance publique devrait intervenir dans
l'organisation de l'assurance et fixer des règles autres.
Elle ne pourrait que les tirer de son chapeau ou les déduire de la
comparaison d'une situation économique qu'elle dirait observer, mais
sans tenir compte... du droit, à une situation désirée.
Rien n'autorise à affirmer que les objectifs qu'elle aimerait voir
réaliser seraient plus atteints dans ce cas.
I.C. La théorie
économique des contrats.
Les économistes de la théorie de l'équilibre
économique général n'en sont pas restés à
la prise en compte de l'incertitude, ils introduisent aussi les coûts
de transaction à la fin de la décennie 1960 (cf. Ulph et Ulph,
1975).
Et en relation avec la combinaison des hypothèses nouvelles qui en
découlent (coûts de transaction positifs et coûts
d'information positifs) et des hypothèses nouvelles de la
théorie des organisations (liées à la théorie des
droits de propriété), apparaît un nouveau champ
d'investigation : les contrats.
Le contrat est un corollaire du droit de propriété et des
conséquences logiques de ce dernier que sont la responsabilité
et la liberté de l'unité de décision. Sans
propriété, ni liberté, mais surtout sans
responsabilité, aucun contrat entre individus ne verrait le jour :
« Contracts will be designed to make the
individual bear the full consequences of his action. [...]
If there is risk and insurance, but symmetric information, the contract would
specify ail the actions to be undertaken [...]» (Stiglitz, 1983,
pp. 7-8)
Le contrat va
ainsi plus loin que ce qu'il est cru d'ordinaire. Il fournit une
espèce de garantie, une « assurance » (au sens impropre du
terme) car non fondée sur une technique statistique :
« Secondly [...] I am concerned not only with
thé incentive problems associated with explicit insurance contracts,
but also with those associated with thé insurance implicit in a large
variety of contractual arrangements [...]
Similar risk-incentive ;| problems arise in a variety of other contexts as
well. In the recent macroeconomic literature, there have been extensive
discussions of 'implicit contracts' in which the employer does not vary the
wage, in spite of the variability in the workers' productivity resulting from
changing market conditions [...];
the firm is thus providing the worker with a kind of insurance. » (Ibid., p. 8)
Le contrat n'est
jamais enfin qu'une façon de circonscrire ou d'exprimer la relation
d'échange qui s'établit volontairement entre deux personnes
juridiques qui ont conscience, chacune, de leur ignorance sur leur
environnement ou leur entourage. Il est un mode d'action possible pour
réduire des coûts de transaction et des coûts du risque
(ou des coûts d'information), il procure des économies.
Le cas échéant, il internalise des effets externes.
En bref, il permet de gérer diverses difficultés que, en
parallèle, l'État prétend résoudre par les
règles qu'il édicté, par ses règlements.
Grâce à la théorie économique des contrats,
l'assurance acquiert un nouveau droit de cité dans la théorie
économique traditionnelle élargie. En tant que contrat, elle
est un exemple de remède à l'incertitude de perte de
propriété ou à la responsabilité (1)
[1. Responsabilité en tant qu'incertitude de devoir répondre
sur son patrimoine, bref responsabilité ex ante.]
que porte toute activité humaine dans un état de droit.
A contrario,
on se rend compte rétrospectivement que, dans un contexte
économique où ces tenants et ces aboutissants du contrat sont
niés, le contrat d'assurance, et plus généralement
l'assurance, ne présente aucun intérêt.
Il reste que, si les clauses du contrat d'assurance sont convenues librement
et respectées par les parties contractantes, on ne voit pas pourquoi
la puissance publique devrait intervenir dans leur définition, les amender
ou imposer d'autres règles. Parce que la puissance publique est
omnisciente ou l'unité de décision la deux informée?
Parce que l'assuré est nécessairement un délinquant ou
un irresponsable (l'assureur courrait un risque moral spécifique
à cause de l'assuré)?
Parce que l'assureur est nécessairement un aigrefin qui tire ses
profits du malheur des gens ?
Si tel est le cas, comment les individus peuvent-ils vivre ensemble, en
société? Comment la société peut-elle exister?
Mais, d'un autre côté, est-ce que les règles
édictées par les hommes de l'État n'ont pas des effets i
moins aussi désastreux que ceux que peut même provoquer tel
assuré réellement irresponsable ou tel assureur effectivement
forban?
S'affranchir de la réglementation étatique n'est-il pas un
« art » de certains citoyens ?(1)
[1. « Art » au sens de J.-B. Say, cf. ci-dessous.]
I.D. La théorie
de la finance (ou la théorie financière)
La finance est un domaine de la connaissance économique qui a connu un
essor prodigieux tant en théorie qu'en expérience au XXe
siècle.
Elle a certes contribué à faire prendre en considération
l'assurance en l'envisageant comme une illustration de certaines de ses
propositions, mais elle a réussi simultanément gommer des
originalités.
C'est le cas avec la « théorie du portefeuille » qui est
appliquée à la firme d'assurance, et explique des
décisions de celle-ci, comme elle est appliquée aux
intermédiaires financiers, et en fournit une explication.
Elle est parvenue aussi à la dénaturer.
C'est le cas avec les modèles de finance proposent des solutions pour
maîtriser l'incertitude (et par conséquent l’incertitude
de perte de quantité d'objet juridique), mais d'où l'assurance
est entièrement bannie. Par exemple, Brealey et Myers (1987)
n'évoquent pas le thème de l'assurance dans leur livre Principles of Corporate Finance,
un livre de 848 pages (2)
[2. Véritable « bible » des étudiants de finance en
France et à l'étranger.]
où la « prime d'assurance » est évoquée
à la seule page 862 et de façon « impropre ».
Fondamentalement, la finance peut être définie comme un ensemble
de possibilités que s'ouvrent les individus qui ne vivent pas au jour
le jour, mais se jettent dans l'avenir, et qui prennent des décisions
aujourd'hui le concernant.
Une fois formées leurs attentes en matière de quantité
d'objets ou de prix de ceux-ci dans le futur, la finance leur permet de
désolidariser le moment des recettes en monnaie et celui de leurs
coûts.
Elle permet à l'individu "A" d'avoir, à coût
réduit par rapport à celui qu'il devrait supporter si la
finance n'avait pas découverte ou était interdite par le
législateur, des recettes en monnaie supérieures à ses
dépenses en monnaie à un moment donné ou pendant une
période de temps donnée. Il lui suffit de prêter
l'excédent de monnaie qu'il possède pendant un temps qu'il
choisit.
Elle permet aussi à l'individu "B" d'avoir, à un
coût réduit, des recettes en monnaie inférieures à
ses dépenses en monnaie, il lui suffit d’emprunter la
quantité de monnaie qui lui manque pendant la période qu'il choisit.
Bien évidemment, ces prêts-emprunts ne sont pas certains pour
les individus en ce sens que, par exemple, le prêteur "A"
s'attend avec incertitude à n'être pas remboursé ou
l'emprunteur "B" à supporter un taux d'intérêt
supérieur à celui dont il aurait pu bénéficier.
À ce titre, et en objectivant ce qui est attendu, on peut dire que
chacun possède, court ou est exposé à une perte ou qu'il
y a «risque de perte ».
Contre ces risques, les individus peuvent certes se garder (par
diversification, prévention ou protection) ou s'auto-assurer (par
provision ou réserve).
Ils peuvent aussi s'adresser à certains individus financiers,
intermédiaires ou non, qui offrent des garanties en relation avec ces
risques, qui proposent d'« assurer» la bonne fin moyennant une
prime (qualifiée, selon les cas, de « prime de risque» ou
de « prime d'assurance ») qui s'ajoute au taux
d'intérêt.
En vérité, l'emploi du mot « assurance » est abusif
dans ce cas, ce qu'il désigne est dénaturé.
Le financier n'utilise pas, sauf exceptions, une technique d'assurance
reposant sur une population nombreuse de risques identiques et
indépendants, bien identifiés et regroupés à
partir de lois mathématiques.
Pour cette raison, il ne fournit pas une assurance au sens propre du terme.
Il prend tout simplement un risque, l'accepte à un prix en monnaie, et
offre une couverture en cas de perte en contrepartie. La garantie offerte
est, pour sa part, mal cernée ou la « prime »
proposée est élevée, cela comparé à ce
qu'un assureur, au vrai sens du terme, rendrait disponible.
Autrement dit, tout s'est passé comme si la finance avait
lancé, avec succès, une O.P.A. sur l'assurance qu'elle montait
en épingle. Conséquence : pour autant que la finance est un
domaine réglementé par la puissance publique, a fortiori,
l'assurance doit être un domaine réglementé.
En réalité et schématiquement, l'assurance est à
la perte de patrimoine attendue avec incertitude par la personne juridique
(dans un contexte de droit où on suppose que les individus font
abstraction du temps, ou vivent au jour le jour) ce que la finance est
à l'écart entre revenus et dépenses (dans un contexte
où on suppose que les individus font abstraction de l'incertitude, ou
n'ont pas conscience — ont l'illusion — de la certitude).
La finance permet, au moindre coût, de combler le vide entre
dépenses et recettes à un instant donné ou de
«jeter un pont » entre le moment des dépenses (des
coûts) et le moment des recettes revenus) pour autant que ces moments
ne coïncident pas.
Sa technologie de base a comme éléments aujourd'hui :
- le contrat de prêt-emprunt de richesses (monnaie ou non monnaie) ;
- le contrat d'échange à terme de richesses (avec ou sans
options) ;
plus généralement, le titre (contrat) financier conclu sur un
« marché », organisé ou non, échangeable ou
non.
L'assurance permet, au moindre coût (évalué de la
même façon), de combler le vide ou de construire un pont entre
un patrimoine de référence et des pertes de celui-ci attendues
avec incertitude. Ses instruments de base sont :
- la valorisation en monnaie des pertes attendues avec incertitude ;
- la technologie d'assurance fondée sur des lois mathématiques
;
- le contrat de prêt-emprunt contingent de monnaie ; plus
généralement, le titre (contrat) contingent ou d'assurance
conclu sur un « marché », organisé ou non,
échangeable ou non.
Le parallèle entre finance et assurance n'a rien d'original
aujourd'hui en théorie. Il est ancien, mais a émergé
sous forme cursive dans la décennie 1970 (1).
[1. Il a émergé en
vérité sous une forme voisine :
« [...] Insurance is a 'residual' that bridges
the gap between endowed and desired levels of income m different states of
the world [...]
Note the analogy between insurance and savings : the later bridges the gap
between 'endowed' and desired levels of consumption at different points in
time. » (Ehrlich
et Becker, 1972, p. 630) ]
Il est néanmoins passé sous silence ou méconnu en
pratique. Pourquoi en est-il ainsi ? À qui cette démarche
profite-t-elle ?
II fait apparaître que rien ne justifie que l'assurance soit assujettie
à la finance, leurs domaines respectifs étant disjoints et
séparés en théorie.
Certes, en pratique, une difficulté est à surmonter, il s'agit
parfois d'arriver à les scinder nettement, ce qui n'est guère
aisé.
Pour l'instant, les techniques pour y parvenir ne sont pas toujours
disponibles.
De plus, elles sont jugées onéreuses.
En fait, quand la tentative réussit, il y a économie de
coûts, c'est-à-dire progrès économique et social.
Aussi, nier a priori
la distinction tout en affirmant la sujétion, est-ce accepter de
— faire — supporter des coûts superflus à
l'économie en refusant la spécialisation spontanée des
activités humaines, finance d'un côté et assurance de
l'autre, et en incitant à la réglementation le
législateur ou les hommes de l'État « pour [éviter
les excès, les insuffisances ou les abus de la finance » (2).
[2. Et, à ce propos, le maintien de l'amalgame finance-assurance peut
s'expliquer par le désir de la puissance publique de
réglementer l'assurance sous prétexte que la finance l'est.]
Rétrospectivement, on remarquera en passant, que si, comme on l'a
écrit ci-dessus, il n'y a pas eu de marché plus
réglementé que celui de l'assurance et si, pour cette raison,
un marché mondial homogène de l'assurance n'existe pas en
pratique, il y a l'exception de taille qu'est le marché du Lloyd
à Londres.
Ce marché, vieux de près de trois siècles, est une
organisation dans quoi il est difficile de ne pas voir un prélude aux
marchés financiers organisés qui émergeront dans les
pays occidentaux dans les décennies 1970 et 1980, une fois la
déréglementation étatique financière en mouvement
dans le monde.
Il apporte une preuve empirique que, loin d'être tributaire de la
finance, l'assurance est autonome et aussi, parfois, leader dans
l'innovation.
Dans ces conditions, force est d'admettre que ce n'est pas parce que la
finance est un domaine réglementé par la puissance publique que
l'assurance doit l'être.
II. Des issues sont
découvertes et empruntées (ou de la théorie
assurancière).
Etant donné ces considérations, on comprend que la «
théorie assurancière » (3) aient mis du temps à
voir le jour.
[ 3. Par « théorie assurancière », nous
dénommons, à la fois, l'apparition et le développement
de la théorie dont l'assurance est l'objet, dans la période qui
nous retient, car il est difficile d'affirmer qu’elle existait avant la
décennie 1970, en tant que corpus cohérent. Et en
écrivant cela, nous ne sous entendons pas qu'un tel corpus a
été constitué aujourd'hui, mais le chemin a
été défriché, étapes ont été
franchies en matière de produit, plus qu'en matière
d'organisation.]
D'une certaine façon, les économistes de la théorie de
l'équilibre économique général, de la
théorie des droits de propriété, de la théorie
économique des contrats ou de la théorie de la finance ont
dressé des obstacles sur le chemin de l'individualisation de
l'originalité de l'assurance.
Mais s'y ajoutent d'autres entraves à ne pas sous-estimer et à
citer brièvement dont, par exemple, les « professionnels »
de l'assurance ne sont pas les derniers responsables.
Pendant longtemps, ceux-ci ont réservé la dénomination
« théorie de l'assurance » à l'approche
mathématique de la technique d'assurance complétée le
cas échéant par la technique de la réassurance.
Ils considéraient aussi l'assurance comme une discipline
essentiellement juridique. Toute approche économique de l'assurance
était mise sur la touche.
Enfin, dans la firme d'assurance, l'économiste digne de ce nom
n'était pas recherché, il y avait des juristes, des actuaires,
des commerciaux, des financiers et des gestionnaires, mais point
d'économistes.
II.A. La loi d'offre
d'assurance.
Comme cela s'était passé dans le domaine de la monnaie
où on peut dire, rétrospectivement que « théorie
de la monnaie » était synonyme, au début du XXe
siècle, de « théorie de l'offre de monnaie », dans
le domaine de l'assurance, «théorie de l'assurance» a
signifié surtout «théorie de l'offre d'assurance »
jusqu'à la décennie 1960 (cf. Borch, 1974, ou Muller, 1981).
Bien qu'elle ne fût pas un rouage jugé fondamental de
l'économie, la technique sur quoi repose l'assurance était
depuis le XVIIe siècle la préoccupation des
mathématiciens. Pour qu'elle devînt celle des
mathématiciens épris d'économie, il n'y avait qu'un pas
et le pas été franchi. Les firmes qui avaient comme
activité d'exploiter cette technique et rendaient ainsi disponible le
produit « assurance », retinrent aussi l'intérêt de
quelques économistes dont la démarche consistait à
prendre pour point d'appui de leurs modèles les travaux
mathématiques. En d'autres termes, on peut dire qu'au début de
la décennie 1960, il existait une théorie diffuse de l'offre
d'assurance.
Depuis lors, la théorie de l'offre d'assurance est bien
délimitée. L'offre d'assurance est, comme toute offre, une
quantité de produit à rendre ou rendue; disponible; en
l'espèce, le produit est dénommé
«assurance». Mais en quoi consiste-t-il?
Le définir est une des lignes de recherche récentes de la
théorie de l'offre d'assurance. Pour des économistes, c'est un
service, c'est-à-dire un produit immatériel fruit d'un capital,
pour d'autres, c'est un titre — financier — contingent,
c'est-à-dire remboursable quand l'événement assuré
ou la contingence envisagée se réalise.
Mais quel est le prix du service? Celui du marché des biens et
services ? Celui du seul marché des services ?
Quel est le prix du titre contingent? Celui du marché des titres?
Les réponses à ces questions nouvelles sont épineuses et
sources de controverses.
Elles le sont d'autant plus qu'en pratique, l'assurance, en tant que produit,
à trois éléments principaux.
Le premier est la « prime pure monétaire d'assurance » qui
tient en une évaluation en monnaie par l'assureur de la «perte
certaine attendue moyenne » de la population des risques identiques et
indépendants qu’il regroupe et qui correspond à la
quantité de monnaie que les assurés lui versent, chacun.
L'éventail des couvertures (évaluées en monnaie) en cas
de sinistres, convenues entre assurés et assureur, constitue le deuxième
élément.
Le troisième tient dans des services (services d'acceptation du risque
de perte et services d’indemnisation du sinistre, en cas de sinistre)
que produit l'assureur et qui sont dus aux assurés à un certain
prix.
Ces éléments sont combinés par la technologie de
l'assurance dont la technique d'assurance, proprement dit, est la
pièce maîtresse. Celle-ci consiste en ce que les «primes
pures monétaires d'assurance» reçues par l'assureur
soient égales aux couvertures à verser comme indemnisations.
L'assureur propose en conséquence à chaque assuré de lui
verser l'addition de la « prime pure monétaire
d'assurance» et du prix des services (évalués en
monnaie). Cette addition a un nom bien connu, c'est celui de « prime
d'assurance ».
Comment faire coïncider définitions théoriques et
définition pratique?
Voilà autre ligne de recherche récente.
La coïncidence est difficile à réaliser pour raisons
générales en relation avec la distinction prétendument
économique des biens et des services. Cette distinction est
ambiguë car elle laisse croire qu'un service n'est pas un bien et qu'un
bien n'est pas un service. En fait, le bien à quoi on fait allusion
est implicitement un objet matériel alors que le service est un
immatériel. En vérité, le service
considéré est implicitement de type « bien ».
La distinction est aussi restrictive car, étant donné les
ambiguïtés, elle laisse côté les « maux
», c'est-à-dire les objets que ne valorisent pas les individus
ou, plus exactement, que ceux-ci valorisent négativement.
Mais, les « maux » peuvent tout autant s'échanger que les
biens. Seulement, tout achat d'objet de type « mal » procure une
recette en monnaie à l'acheteur et non au vendeur, toute vente de
« mal » occasionne une dépense en monnaie du vendeur.
La coïncidence est difficile à réaliser pour des raisons
spécifiques liées à la notion de « prime
d'assurance ». Cette notion est longtemps restée sans relation
avec les notions de prix et de quantité. Le cas échéant,
elle a été confondue avec la notion de « prime de risque
» quand les notions de « prime pure monétaire
d’assurance» et de «prime d'assurance» ne
l'étaient pas... pour simplifier comme on disait alors (1).
[1. En vérité, et très schématiquement, la
« prime pure monétaire d'assurance » peut être
définie comme le prix en monnaie de l'objet « perte certaine
attendue moyenne » que l'assureur délimite et achète,
avec condition, à chaque assuré de la population. La «
perte certaine attendue moyenne » est un objet de type « mal
» dont le prix en monnaie est, par conséquent, négatif.
Tout achat d'objet de type « mal » procurant une recette en
monnaie à l'acheteur, l'assureur achète à chaque
assuré cet objet qui constitue pour son activité une
véritable matière première, en tire une recette en
monnaie. Il dépense cette recette à indemniser des sinistres,
à fournir les couvertures convenues en cas de sinistres. On peut aussi
voir dans cette indemnisation une matière première (cf. par
exemple, Boulanger, 1993, p. 50).]
Non précisément défini, le produit « assurance
» offert est a fortiori difficile à mesurer. Malgré tout,
des mesures ont été données. À l'échelon
d'une firme, la notion d'assurance est mesurée, par exemple, par les
primes d'assurance reçues (addition des primes pures monétaires
d'assurance reçues et des coûts de gestion — en
vérité, des services produits évalués en monnaie
— ).
A l'échelon de l’ensemble des firmes (par exemple, en
comptabilité nationale), la mesure donne lieu à une distinction
entre l'assurance-vie et l’assurance-non vie. Le produit d'assurance-vie
est mesuré par les coûts de production (coût de gestion y
compris les commissions) des firmes d'assurance tandis que le produit
d'assurance-non vie l'est par la différence entre primes en monnaie
reçues et sinistres indemnisés pendant l'exercice comptable.
Une chose est sûre : à la source du produit, il y a une
organisation qui transforme des objets, de type « bien » ou
« mal », selon certaines règles technologiques pour le
rendre disponible.
De ce point de vue, on peut faire apparaître la loi d'offre
d'assurance. C'est une autre ligne de recherche récente. Celle-ci est
parfois définie comme une relation de logique entre le coût
moyen de la production (à quoi est identifié le prix minimum
à quoi la firme est prête à offrir l'assurance) et la
production (moyenne ou non). Dans ce cas, sont étudiées ses
propriétés d'économie d'échelle et
d'économie d'envergure (diversification des produits).
La loi d'offre d'assurance est aussi définie comme une relation de
logique entre la quantité du produit dénommé «
assurance », rendue disponible par une firme d'assurance et les prix
(dont le prix du produit), étant donné la connaissance
technologique. Comme propriétés de la loi d'offre, sont
étudiées les élasticités-prix.
Ces définitions méritent examen, en particulier parce que les
propriétés sont illustrées concrètement, ces
dernières décennies, par l'apparition de nouveaux produits (en
assurance-vie, par exemple), de nouvelles technologies (par exemple,
assurance du risque spatial) et de nouvelles formes d'organisation (captives
d'assurance, captives de réassurance, zones libres d'assurance). De ce
point de vue, une très ancienne organisation, le marché
organisé du Lloyd de Londres, n'est pas à négliger en
raison de son originalité.
Pour autant, les modèles de l'offre d'assurance obtenus restent
très dispersés et discutés. Au total, il n'existe pas
à proprement parler une théorie achevée qui puisse
être présentée en quelques mots, il y a davantage mult
approches approche administrative, approche en termes de cycle
économique, approche financière, approche managériale.
Mais le temps ne semble plus loin où l'offre d'assurance sera
envisagée comme elle aurait dû l'être depuis le
début par les économistes, à savoir comme l'un des
« arts » auxquels fait référence J.-B. Say quand il
écrit :
«L'économie
politique ne considère l'agriculture, le commerce et les arts, [je citerai, parmi eux, l'assurance]
que dans les rapports qu'ils ont avec l'accroissement ou la diminution des
richesses, et non dans leurs procédés d'exécution. Elle
indique le cas où le commerce est véritablement productif, ceux
où ce qu'il rapporte à l'un est ravi à l'autre, ceux
où il est profitable à tous ; elle enseigne même à
apprécier chacun de ses procédés, mais seulement dans
leurs résultats. Elle s'arrête là.
Le surplus de la science du négociant [je dirai... de l'assureur] se compose de
la connaissance des procédés de son art. Il faut qu'il
connaisse les marchandises qui sont l'objet de son trafic, leurs
qualités, leurs défauts, le lieu d'où on les tire, leurs
débouchés, les moyens de transport, les valeurs qu'il peut
donner en échange, la manière de tenir ses comptes. »
(Say, 1974, pp. 7-8)]
L'économiste de l'assurance est désormais là pour aider
à voir clair, alors que les brumes de la réglementation
étatique semblent se dissiper.
II.B. La loi de
demande d'assurance.
Il y a près de vingt-cinq ans, deux études remarquables sur la
demande d’assurance voyaient le jour. Yaari (1965) développe une
approche de la théorie de la demande d'assurance-vie d'un individu,
selon qu'il est «égoïste» ou x altruiste ».
Mossin (1968) expose une approche de la théorie de la demande
individuelle d'assurance contre un risque de perte d'un actif de
propriété.
Avec ces deux études suivies respectivement par celles de Hakansson
(1969) et de Fisher (1973) pour l'assurance-vie, et, pour l'assurance-non
vie, par celle de Becker et Ehrlich (1972), le train de la recherche en
demande d'assurance était lancé, comme en rendent compte, en
partie, par exemple, Briys et Loubergé (1986).
La demande d'assurance est, comme toute demande, une quantité de
produit désirée par une unité de décision; en
l'espèce, le produit est dénommé « assurance
».
Comme la théorie de l'offre d'assurance, la théorie de la
demande d'assurance définit le produit avec difficultés soit
comme un service, soit comme un titre contingent. Mais les difficultés
ne sont pas les mêmes car les points de vue de l'assureur et de
l'assuré sont distincts.
En toute rigueur, et d'une part, comme tout chef d'entreprise, l'assureur ne
rend pas disponible son produit pour un seul assuré, mais pour une
population d'assurés. Au contraire, l'assuré a tendance
à désirer un produit sur mesure, il considère sa
situation nécessairement différente de celle des autres.
D'autre part, l'unité de décision appelée «
assuré », est certes l'être humain, mais c'est aussi sa
famille (au sens étroit ou au sens large) ou d'autres organisations
(par exemple, une firme). Dans cette perspective, on voit apparaître
des aspects originaux de la théorie de la demande d'assurance. Elle se
préoccupe fondamentalement de la personne de chair et de sang qui
choisit et ne la relègue pas au rang d'ectoplasme clone comme c'est si
souvent le cas en théorie économique. C'est implicite
dès la première étude sur l’assurance-vie qui
distingue être humain altruiste et l'être humain
égoïste (Yaari, 1965).
Elle s'intéresse aussi à ses niveaux d'entourage, le premier
étant sa famille. Elle donne ainsi droit de cité au concept de
« famille » à partir d'arguments logiques, et sans
recourir à des artifices empruntés à d'autres
disciplines que la science économique.
Elle prend enfin en considération la personne juridique. Cela devient
explicite avec les études de la décennie 1980 qui distingue la
personne juridique physique et la personne juridique morale (la firme) :
pourquoi une firme souscrit-elle des assurances (cf. Mayers et Smith, 1982;
Alessi, 1987, par exemple)? Bien plus, une firme peut-elle chercher à
s'assurer contre son risque de faillite? Et pourquoi ne le ferait-elle pas
(cf. Lane, 1988)? Autre façon de s'exprimer, le risque de faillite de
l'entreprise est-il assurable? Les réponses à ces questions
épineuses sont sources de controverses qui pavent le chemin de la
théorie de la demande d’'assurance.
Malgré les difficultés de définition de l'assurance
demandée, et grâce aux yses qu'elles suscitent (l'assuré
mettant l'accent tantôt sur les services, tantôt sur la prime
pure monétaire, tantôt sur la couverture en monnaie), il est
possible d'introduire le concept de loi de demande d'assurance : être
humain égoïste ou altruiste, famille ou firme, l'unité de
décision décide et agit en fonction de règles
synthétisées par la loi de demande d'assurance. Celle-ci est
à définir comme une relation de logique entre la quantité
d'assurance désirée par l'unité de choix, le patrimoine
(ou le revenu) de celle-ci et les prix (dont le prix de l'assurance et celui
de la « non assurance »), étant donné son
échelle de valeur.
Comme propriétés de la loi, sont étudiées les
élasticités-prix ou l'élasticité-: revenu de la
demande. De l'analyse de l'élasticité de la demande d'assurance
au prix de la « non assurance » découle une analyse du
« risque moral », c'est-à-dire du risque spécifique
que l'assuré ferait courir à l'assureur, aux dires de ce
dernier. Les analyses empiriques de la demande d'assurance-non vie et de la
demande d'assurance- vie conduisent à avancer que l'assurance- vie est
un bien de luxe (élasticité-revenu supérieure à
l'unité) et l'assurance-non vie un bien normal.
D'autres voies de recherche possibles sont empruntées. Par exemple,
Becker et Ehrlich (1972) analysent la relation entre la demande individuelle
d'assurance et la demande individuelle de « non assurance » et
contribuent à montrer son importance économique. La demande de
non assurance est à définir à la fois comme la demande
d'auto-assurance (par exemple décisions de réserves ou de
provisions financières) et comme la demande de
protection-prévention (toutes les dépenses qui peuvent conduire
à réduire les probabilités de perte).
Plus que vaste, l'étendue du domaine de recherche sur la demande
d'assurance s'avère surtout, rétrospectivement, en
évolution rapide et il semble vain de vouloir lui donner des limites
dès à présent tant les implications sont nombreuses.
Avant-dernière implication qu'on citera pour fixer les idées
à défaut de mettre des bornes, la recherche sur la demande
d'assurance a été conduite à compléter la
typologie économique traditionnelle des objets entre quoi l'individu
effectue son choix en s'intéressant aux objets susceptibles
d'être assurés. Elle a ainsi introduit les notions d'«
objet remplaçable» et d'« objet
irremplaçable» (par exemple, Cook et Graham, 1977, Shioshansi,
1982, ou Schlesinger, 1984).
Conséquence, elle en arrive à intégrer la notion si
chère aux juristes qu'est le « pretium doloris ». Cela ne
l'empêche pas, au contraire, d'expliquer pourquoi la demande
d'assurance d'un objet remplaçable et celle d'un objet
irremplaçable, sont explicables et présentent des
différences de détails.
II.C. Le
marché de l'assurance
La dernière implication logique de la loi de demande d'assurance que
nous retenons est qu'étant donné la loi d'offre d'assurance,
celle-ci a contribué à donner une véritable
individualité au marché de l'assurance dans la théorie:
économique.
Ce résultat n'est pas sans rappeler ce qui s'était produit
à propos du marché de la monnaie au début du XXe
siècle, une fois admises les études sur la loi de demande de
monnaie (1).
[1. On peut dire en effet, rétrospectivement, qu'il y avait, au
début de ce siècle, une théorie de la monnaie,
essentiellement identifié à une théorie diffuse de
l'offre de monnaie, jusqu'à ce que (Ces économistes dans les
décennies 1920 et 1930 s'attachent à l'étude de la
demande de monnaie, dont le concept même était refusé par
d'autres. Conséquence : puisqu'il y a une offre de monnaie, puisqu'il
y a une demande de monnaie, il y a logiquement un marché de la monnaie
dont sont à étudier les propriétés et les
conséquences.]
Jusqu'à ce que fleurissent les premières études sur la
demande d'assurance, seuls étaient délimités un aspect
de la technologie de l'assurance ou, grossièrement, l'offre
d'assurance par une firme, le marché de l'assurance proprement dit
n'était pas conçu.
Dans la période des vingt-cinq dernières années,
étant donnée la recherche déjà longue sur la loi
d'offre d'assurance, complétée par la recherche récente
sur la loi de demande d'assurance, le marché de l'assurance a acquis
de fait une réalité théorique (par exemple, Klock et
Pfeffer, 1974; Marshall, 1974).
Il a des propriétés et des implications, que n'ont pas
manqué d'étudier maints économistes à partir de
la fin de la décennie 1970 (par exemple, Rothschild et Stiglitz, 1977,
ou Jaynes, 1978).
Parce qu'aucune propriété révolutionnaire n'a
été mise en évidence, nous laisserons de
côté leur description.
Il restait aussi à faire apparaître des implications. Parmi
celles-ci, deux nous semblent essentielles.
Le marché de l'assurance contribue à individualiser le
marché des objets immatériels — services ou droits
— par rapport au marché des objets matériels —
capitaux — (cf. Bernstein et Geehan, 1988).
À cette occasion, on constate que l'assurance n'est pas à
prendre comme un simple exemple de services financiers, mais constitue un
service complexe original, à distinguer de ces derniers.
Mais cette implication est encore mineure. Une seconde apparaît
autrement fondamentale : le marché de l'assurance contribue à
faire deviner la restriction imposée progressivement au concept de
marché par certains économistes à partir du XIXe
siècle, dès lors qu'on ne laisse pas de côté qu'il
est inconcevable dans un contexte certain.
Le marché n'est pas en définitive à identifier aux
«boîtes mécaniques », aux « machines simples
» de la théorie économique orthodoxe, dans un contexte de
certitude ou d'information parfaite, voire élargi à
l'incertitude définie par l'information imparfaite ou
asymétrique.
Il faut le définir comme un processus d'information et de coordination
des activités individuelles dans le seul contexte où vit
l'être humain : celui de l'ignorance authentique (cf. O'Driscoll et
Rizzo, 1985).
Si le marché de l'assurance est une facette théorique du
processus, il en fournit aussi, mieux qu'aucun autre, des exemples
observables.
S'agissant de son existence, il suffit de faire référence
à la formation du contrat d'assurance entre l'assureur et
l'assuré.
S'agissant de l'évolution de son organisation, en témoignent
ces dernières années l'émergence des firmes
dénommées « captives d'assurance» et celle des
«zones libres d'assurance» (cf. Grubel, 1983, par exemple) dans
le monde.
Bref, il dévoile comment le marché en général,
ou, si on préfère, l'ordre de marché, fonctionne
spontanément dans la réalité.
III. Conclusion.
Aujourd'hui, l'assurance est l'objet d'une vaste littérature
économique à la fois théorique et empirique.
Pour autant, le concept de marché de l'assurance à quoi la
théorie est parvenue, est loin d'être exempt
d'ambiguïtés et de critiques.
Il donne trop l'impression d'un patchwork que les études sur la
demande ne suffisent pas à homogénéiser quand elles ne
renforcent pas les difficultés.
Peut-être est-ce la raison pour laquelle l'assurance reste en marge de
ce qu'on peut appelé la théorie économique orthodoxe ou
encore le noyau dur de la science économique.
Beaucoup d'économistes ne parlent-ils pas du bout des lèvres de
l'assurance, ne voient-ils pas en elle qu'une source d'ennuis ou d'exemples,
préférant s'investir ou rester dans la théorie de
l'équilibre économique général — dans la
théorie macro-économique —, dans la théorie des
droits de propriété, dans la théorie économique
des contrats, dans la finance ?
Malgré cela et étant donné le double mouvement de la
connaissance économique schématisé ci-dessus, on peut se
demander comment le législateur français aurait pu rester
encore longtemps insensible à ses signaux et continuer à
vouloir maîtriser l'assurance en France?
Selon nous, la décision de privatisation des firmes étatiques
qu'il a prise en 1993, pour le moins différentes de celles qu'il avait
prise vingt-cinq ans plus tôt, est un premier pas qui
révèle que le message lancé par l'économie de
l'assurance commence à être reçu et compris.
Elle ne fait que mettre en œuvre des dispositions qui s'en inspirent.
La privatisation, dans le contexte de droit et de concurrence que la
décision contribuera à restaurer, sera source de gains
économiques et sociaux que ne saurait procurer, dans le contexte
actuel de domination dirigée arbitraire où, en définitive,
il est fait abstraction du droit, tout statu quo ou toute variation
réglementaire (dans un sens ou un autre, de la concentration de
l'industrie.
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[35] YAARI M. E. — Uncertain Lifetime, Life Insurance, and the Theory
of Consumer, in Review
of Economic Studies, 32, 1965, 132-150.
Georges
Lane
Principes de science économique
Georges Lane
enseigne l’économie à l’Université de
Paris-Dauphine. Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du
séminaire J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi
les très rares intellectuels libéraux authentiques en France.
Publié avec
l’aimable autorisation de Georges Lane. Tous droits
réservés par l’auteur
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