« La guerre des monnaies » serait-elle la dernière contrepèterie à la mode ?

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Published : October 13th, 2010
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A quelques jours d'intervalle, plusieurs articles de presse ont fait récemment référence à la « guerre des monnaies ».


Le quotidien Le Monde en est même arrivé à titrer un article du 8 octobre 2010 « Dominique Strauss-Kahn redoute 'une guerre des monnaies'".


1. « La guerre des monnaies » ?

Eh bien non, l'expression "la guerre des monnaies" n'est pas qu'une contrepèterie, dernière frasque involontaire du directeur général du Fonds monétaire international (F.M.I.) destinée à faire de l'institution qu'il est censé diriger l'alpha et l'oméga des négociations internationales sur ce qu'il est convenu de dénommer "système monétaire international".

Certes, depuis le temps où l'institution a été créée (1944-45) ou bien celui où elle aurait dû être abandonnée (1971), les négociations en question sont permanentes et vont bon train entre les autorités monétaires nationales - aux frais des contribuables bien sûr -, avec les succès qu'on sait.

Et depuis le temps où l'idée d'une institution type F.M.I. n'effleurait pas encore l'esprit de qui que ce soit mais où les premières négociations internationales voyaient le jour – décennie 1920 -, le pire est toujours survenu.

Certains comme Jacques Rueff mettait en garde contre le principe de ces institutions internationales (cf. par exemple Le capitalisme, son propre ennemi... )

« La guerre des monnaies » est un leitmotiv résultant sinon de l'ignorance ou de l'oubli de ce qu'est la monnaie, phénomène économique rationnel et tangible, au moins d'une méconnaissance de ce que peuvent être l'influence de la monnaie sur l'économie – mondiale – ou celle de telle ou telle monnaie nationale ou régionale - étant données les réglementations actuelles... – sur l'économie du territoire de juridiction de son autorité et, ce faisant, indirectement, sur les autres économies du monde.

1.A. La monnaie.

Qu'on le veuille ou non, la monnaie est une mise au point progressive d'une découverte des êtres humains il y a bien longtemps.

De même qu'une pelle donne la capacité de creuser un trou au cultivateur ou à quiconque qui vise cet objectif, de même, la monnaie donne à quiconque qui veut échanger un bien qu'il possède en propriété contre un autre qu'il désire davantage, la capacité de faire l'échange non plus directement, mais indirectement.

En d'autres termes, la monnaie divise le facteur praxéologique qu'est le temps de l'échange en deux temps, celui de l'offre ou de la vente du bien en propriété contre monnaie et celui de la demande ou de l'achat du bien désiré avec de la monnaie.

D'un point de vue purement économique, la monnaie réduit le coût de l'échange, rien d'autre mais c'est beaucoup, surtout quand on s'en moque et qu'on parle de monnaie comme le font beaucoup de théories.

Voilà en fait implicitement les trois façons d'exprimer la vérité analytique qui définit la monnaie.

Tout le reste n'est que littérature sur la monnaie.
Quand elle est bien écrite, on ne peut que s'en délecter, mais c'est rarement le cas.

1.B. Les formes de monnaie.

De même que la pelle du cultivateur de l'Antiquité a peu de choses à voir avec les pelles mécaniques dont peuvent se servir les entreprises du bâtiment et des travaux publics aujourd'hui ou avec les pelles de la nanotechnologie, de même, la monnaie sous forme de coquillage ou de tête de bétail de la nuit des temps a peu de choses à voir avec la « monnaie électronique » apparue ces dernières décennies, malgré tout.

1.C. Les monnaies réglementées

Etant données les réglementations nationales en vigueur – en relation avec, par exemple, la monnaie dénommée "dollar",  celle dénommée "livre anglaise", la nouvelle en vogue dénommée " yuan renminbi " par exemple - ou régionales – en relation avec la monnaie dénommée euro d'une partie des pays de l'Union européenne – qui interdisent à vous et moi d'émettre une forme de monnaie et obligent à employer dans les paiements des échanges des « substituts de monnaie » des types pièce, billet ou tirage sur un dépôt bancaire, on peut bien sûr mettre l'accent sur le second temps de l'échange indirect.

Dans ce cas, on parle du droit, de la puissance ou surtout du pouvoir d'achat généralisé dont on dispose en détenant une « quantité de monnaie » pièces, billets ou dépôts à vue ou autre dans une banque.

1.D. Le "marché aux voleurs".

Mais les autorités monétaires nationales ou régionales, elles, – il n'existe pas jusqu'à preuve du contraire une autorité mondiale - n'ont aucune interdiction ni obligation les unes vis à vis des autres de ces types.

Elles ont seulement, le cas échéant, des soucis.
Et, par exemple, ces soucis ont conduit depuis la décennie 1920 à des négociations internationales et à des engagements du même tabac un temps … jusqu'au jour où une ou plusieurs d'entre elles les ont dénoncés unilatéralement...

Une chose est certaine : les engagements se sont faits alors sur le dos de la – vraie – monnaie – la monnaie mondiale de fait -, à savoir l'or.


2. La politique monétaire.

A défaut de mettre l'accent sur la monnaie et les dernières innovations la concernant – la "monnaie électronique" -, la vulgate conditionne l'attention sur la « politique monétaire ».

Rappelons en effet en passant que la politique monétaire est aujourd'hui la voie de principe par laquelle les gouvernements des Etats des pays croient influencer la macroéconomie ou l' « équilibre macroéconomique ».

La politique monétaire est le fait de l' « autorité monétaire ».

Pour la mettre en oeuvre, en plus des réglementations qu'on vient d'évoquer, cette autorité utilise des "instruments" dits de politique monétaire (taux d'intérêt à - très - court terme ou « base monétaire ») pour réaliser le double but qu'elle désire atteindre, à savoir celui de l' « inflation » basse et de la production réelle proche de la « production potentielle calculée » (chaque expression entre guillemets mériterait à elle toute seule un long développement).

Certains diront qu'au cours des siècles passés, la politique monétaire s'est développée avec le développement de l'économie monétaire.

Appelons un chat un chat, la politique monétaire a fait florès au XXème siècle.

2.A. Un peu d'histoire de la monnaie.

La politique monétaire procède de la monnaie.  Il n'est pas inutile de le rappeler car certains tendent à faire croire le contraire ces derniers temps : il y aurait une politique monétaire sans monnaie !

Le débat sur les origines de la monnaie tourbillonne entre des historiens, des économistes, des anthropologues et des numismates.
En Occident, on croit savoir que les pièces de monnaie sont d'abord apparues en Lydie au VIIIème siècle avant J.-C.
Mais certains situent leurs origines en Chine.

Et on fait valoir aussi que la monnaie s'est développée comme moyen d'échange, réserve de valeur et unité de compte.

Selon Hicks (1969) qui a repris Menger (1892), le développement des pièces a été associé à la croissance de commerce.
* Hicks, John, R. (1969). A Theory of Economic History. Oxford: Clarendon Press.
* Menger, Karl (1992). “On the Origins of Money”. Economic Journal 2, 238-258.

Les commerçants, en plus des marchandises qu'ils échangeaient, détenaient des stocks d'un autre bien qui était facilement stocké, largement reconnu, et divisible, le meilleur exemple est celui des métaux précieux.
Ce bien a servi d'unité de compte puis de moyen d'échange.
Selon cette histoire, la monnaie est ainsi résulté d'abord de l'activité du marché, de rien d'autres.

2.B. Le seigneuriage.

Les gouvernements sont entrés dans le « jeu » de la monnaie quand le monarque s'est rendu compte qu'il était plus facile de payer ses soldats en « pouvoir d'achat généralisé » qu'avec des marchandises particulières.
Cela a mené à l'origine du seigneuriage ou du privilège du gouvernement de « battre monnaie ».

Le seigneuriage représentait ainsi le prix que l' « hôtel des monnaies » royal demandait aux gens pour convertir leurs avoirs en lingot, en pièces.

Les gouvernements se sont aussi donnés un monopole sur l'émission des pièces de monnaie (soit ils accordaient des franchises de production soit ils produisaient directement).

2.C. La dépréciation de la monnaie.

En relation avec la pièce de monnaie, la première politique monétaire semble avoir tenu dans la dépréciation où le gouvernement rappelait les pièces de monnaie en circulation, les fondrait et les mélangeait avec des métaux moins chers.
Ils changeaient soit le poids soit la qualité des pièces de monnaie (le titre, la finesse).

Une autre méthode utilisée a consisté à changer l'unité de compte (voir Redish 2000, Sussman 1993 et Sargent et Velde 2003).
* Redish, Angela (2000) Bimetallism: An Economic and Historical Analysis. Cambridge: Cambridge University Press.
* Sussman, Nathan (1993). “Debasement, Royal Reviews and Inflation in France During the Second Stage of the Hundred Years War”. Journal of Economic History, Vol. 56, No. 4, pp. 789-808.
* Sargent, Thomas et Velde, Francois (2002). The Big Problem of Small Change. Princeton: Princeton University Press.

La pratique de la dépréciation a été largement utilisée dans les dernières années de l'empire romain (Schwartz 1973) mais a atteint sa perfection vers la fin du Moyen Âge en Europe occidentale.
* Schwartz Anna J. (1973) "Secular Price Change in Historical Perspective",  Journal of Money, Credit and Banking, Vol. 5, No. 1, Part 2: The Universities--National Bureau Conference on Secular Inflation. pp. 243-269.

Sussman (1993) décrit comment, au quinzième siècle, les monarques français incapables de faire rentrer des formes « plus normales » d'impôts, utilisèrent la dépréciation comme une forme d'impôt d'inflation pour financer la Guerre de Cent Ans – en cours - avec les Anglais.

La dépréciation était en fait une forme de politique fiscale plutôt que de politique monétaire mais elle a été l'étape pour le développement postérieur de la politique monétaire reposant sur la monnaie « fiduciaire ».

2.D. Quid de la monnaie de papier ?

La monnaie « fiduciaire » ou « de papier » émergea des opérations des premières banques commerciales d'Italie (Cipolla 1967) pour économiser les métaux précieux utilisés dans des pièces de monnaie.
Cipolla, C.M. (1967) Money, Prices, and Civilization in the Mediterranean World, Fifth to Seventeenth Century, New York: Gordian Press.

Bien qu'il y ait la preuve que la monnaie de papier a été émise par décret impérial dans la Chine des premiers siècles (Chown 1994), on fait remonter son développement aux orfèvres qui émettaient des certificats de dépôt comme preuve de leur stockage de pièces de monnaie d'or et de lingot d'or pour leurs clients.
Chown, John F. (1994). The History of Money from AD 800, London: Routledge, pp. 249.

Finalement ces certificats ont circulé comme moyens de l'échange.

Une fois que les orfèvres ont appris que les certificats n'étaient pas tous rachetés en même temps, ils ont eu la capacité de faire circuler des certificats d'une valeur globale plus grande que leurs réserves d'espèces en or.

Ainsi sont nées la monnaie fiduciaire (la monnaie non entièrement couverte par des espèces, i.e. de la monnaie métal), - ce que Mises dénomme « substitut de monnaie » -, la banque à réserve fractionnaire – à couverture partielle - et les erreurs sur cette réserve.

Les orfèvres et les premiers banquiers commerciaux ont appris, par expérience, à détenir une réserve de précaution suffisante pour satisfaire les demandes de remboursement dans le cours normal des affaires.

Les gouvernements ont seulement commencé à émettre de la monnaie papier en Europe au XVIIIème siècle.
Un premier exemple est fourni par la Suède pour financer sa participation dans la Guerre de Sept Ans (Eagly 1969).
Eagly, Robert, U. (1969). “Monetary Policy and Politics in Mid-Eighteenth Century Sweden” Journal of Economic History. Vol. 29, No. 4 (Dec.) pp. 739-757.

La monnaie de papier a atteint sa maturité pendant les guerres révolutionnaires américaines quand le Congrès a émis des « continentals » pour financer les dépenses militaires.
C'étaient des billets à ordre susceptibles d'être convertibles en espèces, mais la promesse n'a pas été tenue.
Ils ont été émis en quantités massives (un taux d'émission et un taux d'inflation moyen de 65 % par an selon Rockoff 1984)
Rockoff, Hugh (1984).
Drastic Measures: A History of Wage and Price Controls in the United States. New York: Cambridge University Press.

Pendant la révolution française, la surémission de la monnaie de papier, l'assignat, couvert au départ par la valeur des biens volés à l'église,  a conduit à une hyper-inflation (1995 Blanc).

En relation avec la monnaie billet, une première forme de politique monétaire a été le Système de John Law.
Law a persuadé le Régent de France de convertir la dette nationale française en actions de sa "Compagnie des Indes" en 1719.
Il a alors utilisé les actions pour couvrir l'émission de billets à ordre de la Banque Royale.
L'émission de billets à ordre pouvait alors couvrir et financer l'émission de nouvelles actions.

Law a alors mené une proto forme typique de politique monétaire en 1719 pour sauver son système quand il a essayé à la fois de fixer le taux de change des billets en termes d'espèces, or ou argent, et de fournir un prix de support pour arrêter l'écroulement du prix des actions (Bordo 1987).
Bordo, Michael, D. (1987). “John Law”. The New Palgrave: A Dictionary of Economic Theory and Doctrine. London: Macmillan.

2.E. Les banques centrales.


De nos jours, la politique monétaire est conduite par l' « autorité monétaire ». C'est elle qui est l'émetteur de la monnaie nationale et la source de la base monétaire.

Le plus souvent, les banques centrales accomplissent cette fonction.
Mais dans beaucoup de pays, jusqu'au coeur du vingtième siècle, du fait de l'absence d'une banque centrale, elle a été remplie par le Trésor ou dans quelques cas (l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande) par une grande banque commerciale chargée des revenus fiscaux du gouvernement (Goodhart 1989).
Goodhart, Charles (1989). The Evolution of Central Banks, Cambridge, MIT Press.

Les premières banques centrales ont été établies au XVIIème siècle : Riksbank, la banque de Suéde, a été fondée en 1664, la Banque d'Angleterre en 1694 ; le Banque de France en 1800 et la Banque des Pays-Bas (1814) l'ont été pour aider le fisc des États-nations nouvellement émergés.

Dans le cas de la Banque d'Angleterre, on a accordé à un groupe d'investisseurs privés un privilège royal pour fonder une banque pour acheter et aider à échanger la dette gouvernementale.
L'établissement de la Banque a permis de promouvoir la création d'un marché profond et liquide de dettes du gouvernement qui a servi de base pour développer le système financier (Dickson 1969, Rousseau et Sylla 2003).
* Dickson, Peter, M. (1969). The Financial Revolution in England: A Study in the Development of Public Credit, 1688-1756. London: Macmillan.
* Sylla, Richard et Rousseau, Peter (2003). “Financial Systems, Economic Growth and Globalization”, in Michael D. Bordo, Alan Taylor et Jeffrey Williamson (eds.)
Globalisation in Historical Perspective Chicago: University of Chicago Press.

La Banque s'est finalement développée comme une banque de banquiers en prenant des dépôts d'autres banques commerciales naissantes. Aux yeux de certains, ses grandes réserves d'or et le privilège de monopole lui ont permis de devenir un « prêteur de dernier ressort », c'est-à-dire de fournir de la monnaie à ses correspondants alors qu'était en cas de panique bancaire.

La vraie origine de l'idée de la politique monétaire moderne se trouve dans l'étalon or classique qui a prévalu de 1880 à 1914.

La politique monétaire telle que nous la connaissons aujourd'hui a commencé par la Banque qui escomptait le papier d'autres institutions financières, autant dette gouvernementale qu'effet de commerce.
Le taux d'intérêt auquel la Banque prêtait, fondé sur ce nantissement, est devenu connu comme le « taux de la Banque» (dans d'autres pays comme le taux d'escompte).
En changeant ce taux, la Banque pourrait influencer les conditions de crédit dans l'économie britannique. Il pouvait aussi influencer des conditions de crédit dans le reste du monde en attirant ou faisant fuir des fonds à court terme (Sayers 1957).
* Sayers, Richard S. (1957). Central Banking after Bagehot. Oxford: Oxford University Press.

Une deuxième vague de banques centrales s'est formée à la fin du XIXème siècle.
Elle n'avait pas pour souche explicite le motif du revenu fiscal comme cela avait été le cas avec la première vague, mais davantage celle de suivre les règles de l'étalon or et d'éviter des oscillations des taux d'intérêt induites par des forces saisonnières et par le cycle économique.

A inclure dans ce groupe sont la Banque nationale suisse en 1907 (Bordo et James 2007) et la Réserve fédérale des Etats Unis en 1913 (Meltzer 2005).
* Bordo, Michael, D. and James, H. (2007). “The SNB 1907-1946: A Happy Childhood or a Troubled Adolescence?” in Swiss National Bank. Centenary Conference Volume,
* Meltzer, Allan H. (2005). A History of the Federal Reserve, Vol. 3.
Chicago: University of Chicago Press.

D'autres vagues de nouvelles banques centrales ont suivi dans la période de l'entre deux guerres comme les pays dans l'Empire britannique, les nouveaux états de l'Europe centrale et de l'Amérique Latine essayaient d'imiter les expériences des pays avancés (Capie et alii, 1994).
Capie, F., Goodhart, C., Fischer, S. et Schnadt, N. (1994). The Future of Central Banking, Cambridge: Cambridge University Press.

Il reste qu'en étalon-or, tous les pays définissent leurs monnaie en termes d'un poids d'or de sorte que toutes les « monnaies fiduciaires » sont convertibles en or.

Le rôle clé des banques centrales est alors de maintenir la convertibilité en or de la monnaie.

La théorie monétaire explique que les banques centrales utilisent leur taux d'escompte pour accélérer l'ajustement des déséquilibres de balance de paiements, i.e. pour respecter les règles du jeu.

Le pays en déficit de la balance des paiements avec l'étranger voit l'or qui s'y trouve partir à l'étranger et en particulier les réserves en or de la Banque centrale se réduire.

Pour empêcher le mouvement, la banque centrale augmente son taux d'escompte.

Et inversement en cas d'excédent de la balance des paiements.

Avec la déliquescence organisée de l'étalon or par les gouvernements ou autres autorités monétaires nationales au XXème siècle et avec le développement de la monnaie non convertible en or que ceux-ci ont infligé, chacun de son côté, aux gouvernés, la banque centrale s'est donnée ou a reçu soit la fonction de réaliser la « stabilité des prix », soit la fonction de réaliser l' « équilibre macroéconomique »,  soit celle de réaliser la « production de plein emploi », soit l'une ou l'autre, … voire les trois.
L'idée de ces fonctions est résulté, dans le meilleur des cas, d'apparatchiks du pouvoir, dans le pire, de travaux d'économistes...


3. Jeux de mass... âcres.

La vulgate tonitruante actuelle monte surtout en épingle de prétendus problèmes économiques que pourrait résoudre une politique monétaire "mondiale" convenue entre les autorités monétaires nationales.

Et elle les présente à la mode d'une mathématique appliquée aux sciences sociales (de sigle universitaire M.A.S.S.) en général, et en particulier, à l'économie politique ou à la science économique, depuis le milieu de la décennie 1940, à savoir la « théorie des jeux ».

La théorie des jeux distingue deux grands types de jeux : les jeux d'intérêts diamétralement opposés – de conflit ou de guerre - et les jeux de coopération.

Soit dit en passant, « la guerre des monnaies » n'est jamais que la dénomination donnée à un « jeu de conflit ».
Cette dénomination rivalise avec celle de « crise des monnaies » bien qu'elle devrait davantage rivaliser avec celle de « guerre des boutons » étant donné ce que sont les formes de monnaie aujourd'hui et tout ce qui tourne autour.

Malheureusement, nos gens oublient que « la monnaie est serve » comme s'est escrimé à l'expliquer toute sa vie Jacques Rueff (1896-1978).

Ne soyons pas dupes de la méthode qu'ils utilisent.
Y est inhérent que, pour résoudre le jeu, il faut qu'ils trouvent un théorème, un « deus ex machina ».

Et ils arrivent toujours à en trouver un.

Et celui-ci prend, par exemple, la forme d'une institution créée pour l'occasion qui ne procèdera donc pas des actions des êtres humains concernés – puisque le problème posé est faux et qu'il n'y en a pas -, mais de celles de ceux qui ont posé le problème en toute impunité, les autorités monétaires nationales.
La dernière en date est la "facilité européenne de stabilité financière" - dénommée par la vulgate le "fonds européen" -.

Le cas échéant, comme c'est le cas aujourd'hui avec les privilèges supplémentaires de toutes natures qu'ils veulent donner au F.M.I., ils font plus que rationaliser un coup de baguette magique d'hier.


4. Un dernier mot.

Bref, « la guerre des monnaies » n'est pas qu'une contrepèterie en relation avec les négociations internationales en matière de monnaie et avec un rôle du F.M.I. encore accru dans le futur système monétaire international.

Elle est une expression "leurre" qui tend à faire perdre de vue, encore un peu plus, la réalité de la monnaie et tous les bienfaits à tirer de la monnaie libre aujourd'hui abandonnés car les monnaies en jeu ont été réglementées par les législateurs nationaux à la fois progressivement et abusivement dans le passé, le comble revenant à la monnaie dénommée "euro"

 

Georges Lane

Principes de science économique

  

 

Georges Lane enseigne l’économie à l’Université de Paris-Dauphine. Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du séminaire J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi les très rares intellectuels libéraux authentiques en France.

 

Publié avec l’aimable autorisation de Georges Lane. Tous droits réservés par l’auteur

 

 

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