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Libéralisme,
capitalisme, communisme, socialisme sont des mots galvaudés. La
réalité que chacun désigne a été
malheureusement perdue de vue aujourd'hui.
Dans le cas du communisme et du socialisme, le mythe l’a même
souvent transfigurée et a tendu à enlever toute chance de la percevoir.
En France, de plus, l’"instruction
publique", devenue "éducation nationale" au
XXème siècle, a renforcé le conditionnement.
Quand la réalité est inoffensive, peu importe en
définitive la démarche ou le mouvement orchestré.
Quand elle fait intervenir la force violente des hommes de l’Etat comme
c’est ce qui se produit dans le cas du socialisme et du communisme, il
en est tout autrement.
C’est le cas des régimes de retraite – qualifiés
par le sobriquet « par répartition » – ou, si on
préfère, de la «sécurité sociale
vieillesse» créés ici ou là de par le monde, dans
la première moitié du XXème siècle.
Leur pilier, véritable tête d’épingle sur quoi
tiennent encore certains, c’est l’obligation réglementaire
de vous et moi décomposée, par exemple en France, en
"immatriculation", "affiliation" et
"assujettissement" (je vous renvoie à mon livre sur la
sécurité sociale ou à ce billet
… pour plus d'éclaircissements).
Il n’y en a pas d’autre malgré ce qui est colporté.
Aux dires de certains et des constructeurs des "machins" - qui ne
méritent guère d'autre nom -, ces organisations artificielles
obligatoires devaient être des remèdes à des
échecs du marché, à des défauts, à des
problèmes de la vie en société au début du
vingtième siècle.
Selon les autres, elles ne pouvaient qu’être sources de
destructions et de difficultés croissantes.
Pour être édifiés sur les raisons avancées, vous
pouvez écouter l’interview de Friedrich von Hayek à
propos de son livre intitulé La
route de la servitude - The Road to Serfdom.
A
un moment où il semble que le gouvernement en place de l’Etat de
la France veuille procéder à une réforme du para Etat
– défini
seulement en 1967 - qu’est la « sécurité
sociale vieillesse », il faut d’abord démythifier
l’organisation.
Cette démythification n’est plus à faire.
Entre autres, Milton Friedman s’y est employé il y a quelques
décennies dans le cas des Etats-Unis.
Il a disséqué le mythe de la sécurité sociale
vieillesse créée en 1935 par le président Roosevelt.
Je vous laisse écouter son propos intitulé "Le mythe de la
sécurité sociale" - "The
Social Security Myth".
Il faut expliquer aussi les manques à gagner - pour ne pas dire
"pertes" - occasionnés par cette organisation artificielle
imposée à la place des organisations spontanées qui
avaient vu le jour.
A la dissection
friedmanienne, je juxtaposerai ainsi l’explication que Jacques Garello
(ci-contre, à ma droite quand on regarde la photographie) a
développée dans La Nouvelle Lettre
de mi-avril 2010 et qu'il a intitulée «La Capitalisation :
ça peut rapporter gros». La voici.
"2.A. L’effet 'boule de
neige'.
Une boule de neige qui dévale une pente se grossit au fur et à
mesure de la descente.
Au bas de la piste elle est deux, trois ou quatre fois plus
grosse qu’au départ. Cela dépend de la texture de la
neige, de la vitesse de départ, de l’angle et de la longueur de la pente. Cet effet est
purement mécanique, il n’y a aucun miracle.
C’est la même chose pour la capitalisation. Vous
placez une somme de 100 euros (grosseur de la boule au départ)
à un taux de 5 % (angle de la pente) pendant cinq ans (longueur de la
pente) et vous avez finalement près de 128 euros à votre
disposition. Votre mise s’est accrue de près d'un tiers, elle
peut doubler en 14 ans, tripler en 22,5 ans, etc. La loi arithmétique
élémentaire qui joue ici est celle des intérêts
composés.
On l’apprenait jadis en classe de CM1.
2.B. Un tiens vaut mieux que deux tu
l’auras
Cela dit, le calcul est exact du point de vue arithmétique, mais pas
du point de vue financier. En effet pour un individu, avoir 128 euros dans 5
ans n’équivaut pas à avoir 128 euros tout de suite.
Il y a une « préférence pour l’immédiat
», et cette dépréciation a un prix ; on peut ramener une
valeur future à une valeur actuelle en appliquant un taux
d’actualisation. Par exemple avec un taux d’actualisation de 2%
les 128 euros ne deviennent plus que 125 euros aujourd’hui.
Puisqu’il traduit le sentiment de l’individu concernant le
« prix du temps », le taux d’actualisation est a priori purement subjectif,
même si par commodité les spécialistes du calcul
actuariel établissent des taux considérés comme «
normaux ».
2.C. Que vaudra l’euro dans
cinq ans ?
Jusqu'à présent, il n’a pas été tenu compte
d’un autre paramètre qui peut fausser le calcul : c’est
que la valeur de la monnaie peut elle-même se déprécier.
Avec l’inflation les 125 ou 128 euros n’auront pas le même
pouvoir d’achat qu’aujourd’hui si l’euro perd de sa
valeur.
A supposer que la dépréciation monétaire soit de 12 %
sur les 5 ans considérés (ce qui correspond à un taux
annuel d’inflation de 2 % environ) le résultat de la
capitalisation sera bien mince, et la somme encaissée
représentera un pouvoir d’achat accru de 10 % seulement.
L’inflation est donc l’ennemie de la capitalisation.
Mais, d’une part, l’inflation n’est pas une
fatalité, il faut simplement que les banques centrales veillent
à la stabilité de la monnaie qu’elles émettent et
résistent aux pressions politiques en général
inflationnistes, et, d’autre part, il y a des manières de se
prémunir de l’inflation en choisissant certains placements
automatiquement indexés sur la valeur de la monnaie, c’est le
cas des actions des entreprises.
2.D. L’origine des
performances de la capitalisation
Il
s’agit de la texture de la neige : si votre boule est lancée sur
une poudreuse, elle grossira fortement, si la neige est glacée, la
boule glissera sans grossir.
Il faut savoir
où l’argent est placé pour espérer en retirer un
bon rapport. Quand un fonds de pension ou un emprunteur quelconque vous
promet un taux d’intérêt de 5% c’est qu’il a
dans l’idée qu’il sera capable de recycler l’argent
qui lui est confié dans des activités qui rapportent au moins
du 5% l’an. La capitalisation est une anticipation de la croissance
économique.
La performance
financière est toujours liée à la performance
économique. C’est parce que davantage de biens et services
seront produits et auront les débouchés voulus que
l’argent placé va rapporter. Ce sont les clients futurs qui en
réalité rémunèrent les capitaux qui ont
été engagés. En même temps, ces capitaux
permettent aux entreprises de s’équiper, de s’organiser,
d’innover : la capitalisation est source de croissance, tout comme la
croissance est source de performances pour la capitalisation.
Semer pour
récolter n’est pas l’apanage du paysan, c’est le
principe de la vie économique : épargner pour investir.
2.E. La capitalisation n’est
pas un gros mot
Un travers idéologique donne une connotation péjorative
à la capitalisation.
Capitalisation évoque capitalisme, donc exploitation capitaliste, etc.
On devrait se défaire de ces préjugés et comprendre que
capitaliser ce n’est pas accumuler pour accumuler, mais prévoir
et préparer le futur.
C’est une idée qu’il faut restaurer dans ces
périodes où l’on parle des retraites du futur : on ne
pourra se dispenser de la capitalisation, de ses performances et de ses
bienfaits."
3.
Généralisation avec raison.
Il faut enfin appeler un chat un chat et prendre la défense du
libéralisme ou du capitalisme.
Je conclurai le billet en vous renvoyant à l'écoute de Ayn Rand
et des propos qu'elle a tenus "en défense du capitalisme",
de ce capitalisme mis en coupe réglée en définitive par
les hommes de l'Etat, les "partenaires sociaux" et autres groupes
de pression stipendiés.
Ils généralisent avec raison la démythification et
l’explication de la réalité.
Ayn Rand les donne en particulier dans les interviews
“In Defense of Capitalism” réunis sur : http://www.youtube.com/watch?v=e7CjdJ1QyxI&am...feature=related
Georges
Lane
Principes de science économique
Georges Lane enseigne
l’économie à l’Université de Paris-Dauphine.
Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du séminaire
J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi les très rares
intellectuels libéraux authentiques en France.
Publié avec l’aimable
autorisation de Georges Lane. Tous droits réservés par
l’auteur
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