1. L'harmonie économique.
Au moment où j'écris ces lignes, comme en permanence, des gens viennent de
s'entendre sur des offres et des demandes de marchandises de toute nature.
Il y a eu des "marchés conclus", des "équilibres de
marché", des prix et des quantités échangés de marchandises et de
"monnaie", égalités d'offre et de demande, un équilibre
économique général, et des satisfactions des gens.
Bref, il y a eu harmonie économique.
Peu importent les nombres ou les statistiques que certains veulent y
ajouter - "pour faire scientifiques" -, c'est un fait logique, une
réalité qui n'a pas besoin de vérifications (cf. texte
de Leonard Peikoff, 1967...).
Il y a eu aussi des marchés qui n'ont pas pu se faire et des
insatisfactions d'offres et de demandes en conséquence.
Cela cache des dissonances harmoniques.
Peu importent là encore les nombres ou les statistiques, c'est un autre
fait logique, une réalité.
2. La transition perpétuelle.
Autant les demandes qui ont eu lieu ne disent rien sur l'avenir des gens
(à l'exception des "marchés à terme"...) car leurs échanges
indirects arrivaient à leurs fins, autant les offres qui ont eu lieu font
s'attendre, certes avec incertitude, à des demandes ... nouvelles.
Il en est ainsi d'après,
- primo, le principe de l'échange indirect de choses qui
veut qu'on offre des marchandises pour pouvoir demander d'autres marchandises
qu'on préfère, et non pas l'inverse, et,
- secundo, le fait que l'échange direct de choses n'a guère de
réalité autre que celle de prétendus modèles économiques théoriques.
Et, conjointement à ces demandes nouvelles, on peut s'attendre, sans
certitude, à des offres nouvelles...
3. La grande erreur ignorée.
En d'autres termes, l'équilibre du marché cher à beaucoup
d'économistes et déformé à l'outrance par les politiques et autres médiats
est une notion fallacieuse.
L'équilibre du marché d'hier n'est qu'un élément de la réalité,
l'équilibre du marché du présent ou de demain qui en résulte et échappe
à tous (en particulier, aux "informations officielles"), est un
autre élément.
Rien ne justifie de mettre l'accent sur le premier pour pérorer sur
l'avenir.
L'équilibre du marché n'est pas non plus la notion finale implicite
qu'elle semble cacher.
Il en est ainsi malgré ce que certains économistes font croire
- soit avec la théorie de l'équilibre économique général,
- soit avec les théories macroéconomiques,
sauf à cacher ou détruire l'intermédiaire de l'échange indirect qu'est ce
qu'on dénomme "monnaie" et qui permet qu'il existe, à savoir que
les offres et les demandes se rencontrent.
Les égalités de quantités de marchandises d'hier cachent un présent et des
avenirs que personne ne saurait connaître sauf à vouloir être astrologue.
Rien ne justifie d'y accorder de l'importance pour cette raison.
Elles cachent aussi l'étendue des débouchés.
4. L'étendue des débouchés.
L'"étendue des débouchés", notion appropriée à Jean Baptiste Say
(1767-1832), n'est rien d'autre que la capacité de vendre des quantités
de marchandises, à savoir un élément du premier temps de l'échange indirect
de choses.
En effet, selon J.B. Say, dans son Catéchisme
(1815) :
"Que
signifie, en parlant d’une marchandise, ce qu’on appelle l’étendue de ses débouchés ?
C’est la possibilité d’en vendre une plus ou moins grande quantité."
(chap.11)
L'ensemble des débouchés donne lieu à ce qu'il est commun de dénommer
aujourd'hui "l'équilibre économique général".
. Hypothèses d'échangeabilité des choses.
Il y a échangeabilité d'une chose s'il y a, ex ante , capacité juridique, technique ou
économique de l'acte d'échange synallagmatique ou de marché, par les
personnes juridiques physiques.
Le mot "possibilité" qu'a employé Say s'applique surtout à la
capacité technique.
Cette triple condition de l'échangeabilité peut être résumée par trois
hypothèses théoriques:
- hyp. 1 : il y a échangeabilité du fait des capacités acquises,
- hyp. 2 : il n'y a pas d'échangeabilité car il n'y a pas de
capacité,
- hyp. 3 : il y a échangeabilité en relation avec l'apparition de
capacités...
5. La variation des débouchés.
Contrairement à la notion d'équilibre économique général ou à celle
d'équilibre macroéconomique qui amène à voir dans la notion en question, la
fin économique, la limite, et non pas une étape, Say avait mis l'accent sur
la variation des débouchés, sur leur extension.
En effet, dans son Catéchisme, on peut lire :
"Quelles
sont les causes qui étendent le débouché d’un produit en particulier
?
C’est d’abord le bon marché auquel il peut être établi par comparaison
avec son utilité, avec les services qu’il peut rendre ;
et, en second lieu, c’est l’activité de la production de tous les autres
produits. " (ibid.)
6. La production de
richesses.
En d'autres termes, selon Say
et à juste raison, non seulement, il faut prendre en considération le premier
temps de l'échange indirect de choses et rien d'autre de l'échange, mais
encore, il faut faire intervenir un autre aspect de l'acte humain, à savoir
l'acte de production.
En effet, selon Say:
"Pourquoi l’activité dans la production de
tous les autres produits augmente-t-elle les débouchés de chaque produit en
particulier ?
Parce que les hommes ne peuvent
acheter un produit particulier qu’ils ne produisent pas qu’à l’aide de ceux
qu’ils produisent.
Plus il y a de gens qui
produisent du blé, du vin, des maisons, et plus les gens qui produisent du
drap peuvent vendre de mètres de leur marchandise. " (ibid.)
7. La redistribution
des richesses.
A fortiori, la redistribution des richesses que
prétendent gérer les hommes de l'état pour instaurer, à la place, ce
qu'ils dénomment "la justice", est une absurdité, qu'elle porte sur
le passé ou sur l'avenir (cf. ce texte
d'avril 2012).
La redistribution est violence
de l'échange indirect de choses, il ne s'agirait pas de l'oublier.
Elle ne saurait être juste.
8. La valeur de la
monnaie.
Une chose est certaine malgré
ce qu'en disent beaucoup, trop..., les hommes de l'état ne fixent pas la valeur
de ce qu'on dénomme "monnaie".
8.a. Jean Baptiste Say.
En effet, J.B. Say y avait
insisté, il y a donc deux siècles :
"Ce n’est donc pas
le gouvernement qui fixe la valeur des monnaies ?
Non ;
le gouvernement peut bien
ordonner qu’une pièce de monnaie s’appellera un franc, cinq
francs, mais il ne peut pas déterminer ce qu’un marchand vous donnera de
marchandise pour un franc, pour cinq francs.
Or, vous savez que la valeur
d’une chose se mesure par la quantité de toute autre chose que l’on consent
communément à donner pour en obtenir la possession." (ibid.)
8.b. Ludwig von Mises.
Cent ans plus tard, et suivant
en cela Say, Ludwig von Mises (1881-1973) l'a expliqué dans un texte intitulé
"On the Classification of Monetary Theories" (1916-17) et repris à
plusieurs occasions:
This Appendix was
first published as a journal article in 1917-1918, it was later used as a
chapter in the 2nd German edition of 1924, but was then relegated to the
Appendix in the Batson translation of 1934 (cf. http://www.econlib.org/library/Mises/msTApp.html).
En français:
Cette annexe a été publiée
comme article de journal en 1917-1918, il a été utilisé plus tard comme un
chapitre de la 2e édition allemande de 1924, mais a ensuite été relégué à
l'Annexe dans la traduction Batson de 1934)
La proposition de Mises était
que l'état n'avait rien à voir avec la monnaie malgré ce qu'en disait à
l'époque, en particulier, Georg Friedrich Knapp (1842-1926), un auteur alors
très en vogue.
Il ne faisait que reprendre ce
qu'avait écrit Say.
On remarquera en passant
qu'entre Say et Mises, les réglementations d'état s'étaient accrues ainsi que
des innovations monétaires.
8.c. Aujourd'hui.
Aujourd'hui, cent ans plus
tard encore, malgré Say, Mises et leurs disciples, l'erreur progresse à
l'initiative d'un grand nombre d'incompétents, élus ou non du "suffrage
universel", qui jouent avec ce qu'on dénomme la "monnaie" (cf.
ce texte de
mai 2011) sans savoir ce qu'ils font.
9. Un dernier mot.
Reste que l'augmentation des
réglementations étatiques au XXème siècle est sans commune mesure avec ce qui
s'était passé au XIXème siècle et, a fortiori, auparavant.
Dirimante a été, en
particulier, la réglementation de la décennie 1930 qui,
- d'une part, a interdit la
conversion des substituts de monnaie bancaires en monnaie comme convenue et,
- d'autre part, a obligé vous
et moi à accepter les substituts de monnaie bancaires inconvertibles.
Auparavant, cela était
pratiquement impensable.
Et ni Say, ni Mises ne
l'avaient envisagé.
Au moins autant l'a été la
réglementation de la décennie 1970 dont sont convenus les hommes de l'état à
l'échelle du monde "libre" et qui a voulu qu'on ne demandât pas la
conversion des substituts de monnaie bancaires étrangers en monnaie (le
péché monétaire de l'Occident selon Jacques Rueff, cf. son ouvrage
de 1971).
Honte à ceux
- qui mettent l'accent sur une
réglementation sans importance du début de la décennie 1970 (à l'initiative
du ministre de l'économie et des finances de l'époque, Valéry Giscard
d'Estaing, cf. http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;...EXT000000334815)
et à tous ceux
- qui cachent les
réglementations précédentes, autrement plus essentielles.
10. Addendum.
Tout se passe pour eux comme
si l'économie politique était morte et si on pouvait encore la tuer (cf. ce target="_blank" texte
du 22 août 2015).