.
1. Le discours économique contemporain.
Au moins en France, le discours économique contemporain consiste à se
référer, plus ou moins implicitement,
- à l'équilibre économique (sous-entendu ... "de sous emploi" ou
"de chômage"), voire à la croissance économique ou
- aux comptes de l'état (sous la dénomination "dépenses
budgétaires" ou "recettes fiscales") ou
- à la quantité de ce qu'on dénomme "monnaie"? et surtout
- aux trois en même temps, en faisant intervenir une relation d'égalité,
"intuitive" plus qu'explicative.
L'équilibre ou la croissance économiques sont des notions limitées en
général aux statistiques des notions de "revenu" ou de
"produit", dénommées "valeurs ajoutées", et guère
convaincantes (cf. ce texte
de juin 2015).
Elles cachent, en particulier, des erreurs évidentes, trop nombreuses
pour n'en donner qu'une seule (cf. ce texte
d'avril 2014 et ceux qui suivent sur la doctrine monétariste, à vingt ans
d'intervalle, de
1970 , de
1990 ou de
2010).
Pour sa part, la quantité de ce qu'on dénomme "monnaie" n'existe
plus depuis les réglementations étatiques de la décennie 1930 (cf. ce texte de mai
2011).
Mais le discours utilisé fait comme si rien n'avait changé ou si les
personnes étaient ignorantes ou n'avaient pas de mémoire
Une chose est certaine : la quantité de "monnaie" ne devrait
jamais permettre de mettre de côté les réglementations étatiques de la
décennie 1930 (cf. ce texte de
mai 2011), ni celles, inter états, du début de la décennie 1970 (cf.
ce texte
d'octobre 2011), ni leurs effets (cf. ce texte de
janvier 2014)
La quantité de ce qu'on dénomme "monnaie" ne devrait pas cacher
les actions de la banque centrale qui, selon les pays, existent depuis
quelques siècles (comme la Banque
centrale d'Angleterre, fin du XVIIème siècle) ou depuis juste un siècle
(comme la Banque
centrale des Etats-Unis, 1913), pour ne pas parler de la Banque
centrale européenne qui n'existe que depuis 1999...
Il faut se rendre compte que, malgré tout, il est reconnu implicitement,
contre toute attente, que l'action de la banque centrale qui donne lieu
à l'augmentation de la quantité de ce qu'on dénomme "monnaie" par
un moyen ou par un autre, augmenterait l'équilibre économique, ce serait le
tremplin de la croissance économique (cf. ce texte d'octobre
2012 ou celui-ci d'août
2015).
2. La doctrine erronée.
Tout cela puise ses racines, implicitement ou non, dans l'"équation
des revenus" de Milton Friedman (1970) qui avait modifié l'"équation
des échanges" d'Irving Fisher (1911) et qui a donné lieu au
modèle mathématico-économique "réduit" de la Banque de réserve
fédérale de Saint Louis, aux Etats-Unis (1968-1986).
On remarquera en passant que l'"équation des échanges" reposait
sur la comptabilité générale habituelle - en droits constatés et à partie
double - alors que l'"équation des revenus" qui la remplace cache
la comptabilité nationale, une comptabilité qui a vu le jour dans la
décennie 1940 et identifie les revenus aux "valeurs ajoutées", au
"produit intérieur brut" mesurés, notions non économiques.
Contrairement à l'autre, cette dernière comptabilité fait intervenir les
opérations de l'état et permet ainsi à ceux qui s'y prélassent d'établir une
relation d'égalité entre quantité de "monnaie", "opérations
de l'état" et revenus, voire dépenses.
On remarquera aussi que la démarche exclut la relation étroite entre la
quantité de "monnaie" et la quantité de crédit que gèrent les
banquiers étant donné la comptabilité générale habituelle et dont Ludwig von
Mises avait donné des effets, dès 1912, dans son livre The Theory of Money
and Credit.
3. Des concepts sans valeur.
Ces concepts sont sans valeur à tous les sens du mot ...
En particulier, dans un certain sens, s'agissant de la production/offre de
monnaie, personne ne devrait en tirer bénéfice - le bénéfice
n'étant jamais qu'un aspect de la valeur -, comme le soulignait Ludwig
von Mises en 1969:
"Si
nous voulons avoir une monnaie, elle doit être quelque chose qu'on ne peut
pas augmenter avec bénéfice, qu'on soit gouvernement ou citoyen.
Les pires défauts de la monnaie, les pires choses faites à la monnaie
n'ont pas été le fait de criminels, mais de gouvernements qu'on devrait considérer,
très souvent, d'une façon ou d'une autre, ignorants, plutôt que criminels.
" (Ludwig von Mises, conférence à la Foundation for Economic
Education, 8 novembre 1969)".
Ceux qui prônent ces notions véreuses suivent, en fait, le discours
de ceux qui ont commencé à détruire l'économie politique à partir de la
décennie 1920.
4. L'économie politique.
Importaient jusqu'alors aux savants économistes, en général :
- les prix en monnaie des marchandises, objets ou services,
- leurs variations et
- leurs explications.
Le débat des économistes portait sur ces explications, fondement de
l'économie politique.
Reste qu'à côté des prix en monnaie des marchandises, se cachent
les échanges de choses que vous et moi avons menés, menons ou allons mener.
Les échanges de choses, dont prétend rendre compte l'équilibre
économique, sont à la fois des prix en monnaie des marchandises (monnaie
ou autres) et des quantités de ces dernières et rien ne justifie de les
séparer par la raison.
Il faut savoir aussi qu'étant donné la démarche suivie, le prix
en monnaie d'une marchandise est une façon de parler de sa quantité de
monnaie unitaire convenue et qu'il va de pair avec une quantité de
marchandises non monnaie ... à l'équilibre obtenu.
Il cache donc les règles de droit et leurs respects, voire des
législations (cf. Hayek,
Droit, législation et liberté).
On remarquera en passant que, quand les prix en monnaie ont été pris en
considération, des économistes ont souvent jugés a priori qu'ils
devaient être stables et, s'ils ne l'étaient pas, il fallait que la puissance
publique intervînt pour les stabiliser, voire pour les fixer.
Ainsi s'efforça le socialo-communisme.
5. Le socialo-communisme.
Ces notions ont été malheureusement dénaturés depuis au moins la
décennie 1930 par le socialo-communisme croissant.
N'oublions jamais que, par exemple, John Maynard Keynes a réussi à
écrire un ouvrage en 1936 - La
théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie - qui a
eu du succès auprès de l'opinion bien qu'il mît de côté la question des prix
en monnaie des choses !
On n'en est jamais sorti.
6. La "cerise sur le gâteau".
L'application, a priori, de telle ou telle mathématique au
raisonnement d'économie politique a accéléré l'essor du socialo-communisme
(cf. ce texte
d'octobre 2008).
Il faut regretter que, par exemple, la mathématique de ces dernières
décennies ait contribué à cacher la dualité des quantités des marchandises et
de la monnaie.
Il faut regretter aussi d'autres approches du même type tout aussi
néfastes.
6.a. Mathématique, droit et législation.
Par exemple, en apparence, droit et mathématique ont des règles à la
base de l'économie politique qui introduit les choix d'actes que vous et moi
avons menés, menons ou sommes prêts à mener.
Mais rien ne justifie de donner la prééminence aux règles mathématiques
pour oublier les règles de droit.
On s'attendrait même à l'inverse.
. Les réglementations étatiques.
Importent d'ailleurs les réglementations étatiques, aspect inattendu des
règles de droit .
Elles affectent les prix en monnaie des choses et leurs quantités
échangées.
Curieusement, elles sont "parachutées" par les auteurs des
modèles économiques après que ceux-ci ont mis de côté les règles de droit
comme si les unes et les autres n'étaient pas intimement liées.
Elles sont l'objet d'interprétations économiques.
Ainsi, un prix en monnaie donné dans un modèle mathématico-économique
devient parfois, selon les savants économistes ou prétendus tels,
- autant un indicateur de concurrence, voire de compétitivité,
- qu'un indicateur de réglementation ou de législation,
alors que ces considérations n'ont rien à voir l'un avec l'autre.
6.b. Mathématique, physique et économique.
En apparence, aux variables près, prix en monnaie de l'échange et vitesse
de déplacement de quoi que ce soit sont isomorphes, ce sont des rapports.
Mais si, de la vitesse, les physiciens tirent maintes déductions, du prix
en monnaie, les économistes ne tirent pas grand chose!
De la vitesse, se déduisent directement soit, par intégration
mathématique, la distance, soit, par dérivation, l'accélération.
Et de ces éléments, indirectement, d'autres éléments physiques se
déduisent.
Du prix en monnaie, se déduit seulement, directement, par
intégration, la quantité de chose échangée.
Et indirectement, de cet élément, l'imagination économique doit faire le
reste, tout en oubliant, le cas échéant, le prix en monnaie ou en le
vouant aux gémonies.
Cela devrait amener les économistes à s'intéresser davantage à la démarche
qui sous-tend ce qu'ils racontent.
La mathématique cache aussi des règles, physiques pour l'une,
économiques pour l'autre.
Les premières, physiques, ont des effets vérifiables par des
instruments de même nature, les secondes, économiques, ont des effets
mais non vérifiables par des instruments de même nature, lesquels n'existent
pas (cf. ce texte
de Leonard Peikoff, 1967).
6.c. Economie politique, mesure et statistiques.
Toutes ces notions sans valeur sont mesurées à l'envi par des
statisticiens, non économistes le plus souvent, ou des économètres quoique
les mesures n'aient pourtant pas lieu d'être en général, en tant que
telles, dans les raisonnements choisis puisque l'économie politique et
les statistiques, domaine des mathématiques, font deux, malgré ce qu'en
a développé Jacques Rueff en 1925 (cf. le texte).
Les résultats des mesure transforment les modèles mathématico-économiques
en suite de nombres ou en graphiques et attirent, le plus
souvent, malheureusement seuls, l'opinion publique...
7. Le coup de pied de l'âne.
Bien qu'il s'en défendît, J.M.
Keynes (1936) a contribué à l'approche mathématique précédente en
introduisant, en particulier, la notion de son crû de "préférence pour
la liquidité" qui sera démontrée, en 1958, dans des hypothèses
spécifiques, par J. Tobin (cf. le texte).
Ce cheval de Troie de la connaissance qui tend à dénaturer la
"demande de monnaie" doit être dénoncé.
En effet, pour des raisons personnelles, on préfère une chose
"i" à une chose "j", une quantité "X" de
chose "i" à une quantité "Y" de chose "j".
C'est un fait, ce n'est pas une relation donnée ou d'utilité, c'est
une préférence individuelle, certes lourde de conséquences, mais un point
c'est tout.
Il n'y a pas, pour de prétendues raisons générales, pour des
"motifs psychologiques" comme le faisait valoir l'impétrant,
une "préférence pour la liquidité", façon de dénaturer en passant
la notion de "monnaie" (cf. ce texte d'août
2012).
On ne préfère pas une quantité de monnaie à une quantité de créance à
revenu fixe, et cela d'autant plus que les taux d'intérêt seraient bas, comme
le voulait Keynes, sauf à se placer dans des conditions très particulières,
et donc non générales...
Malheureusement, à l'initiative de notre homme, la notion de
"liquidité" a fait son chemin et le discours officiel n'a plus
aujourd'hui que ce mot à la bouche qui, répétons-le, ne veut rien dire.
8. Un dernier mot.
Reste que les résultats statistiques ou économétriques exigent des
interprétations.
Et il faut que des économistes, ou prétendus tels, fassent preuve
d'imagination pour atteindre le but d'expliquer.
Ils se retrouvent donc au point de départ où ils se trouvaient quand le
socialo-communisme leur intimait l'ordre de ne pas interpréter la réalité et
de l'expliquer logiquement, par sa fausse démarche.
Jusqu'à présent, l'opinion publique a semblé admettre la dérive et n'a
rien dit ...
Cela perdurera-t-il ?
On aura l'occasion de le voir...