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Aujourd'hui, d'un
côté, les hommes de l'Etat dans l'Union européenne et,
plus exactement, dans les pays de l'euro, n'ont de cesse de vouer aux
gémonies le marché financier pour le mal qu'il occasionnerait.
De l'autre, eux-mêmes n'ont eu que faire des règles de l'euro
dont ils étaient convenus - par exemple, "critères de Maastricht" et
"pacte de stabilité -, dont ils
avaient vanté les mérites aux peuples, dont ils avaient
même fait l'apologie et qu'ils avaient fait voter par les peuples ou
les élus de ceux-ci.
Il faudrait en finir une bonne fois pour toutes avec cette situation.
Sans marché financier, où seraient-ils parvenus dans leur
utopie quotidienne destructrice du déficit ? Ils n'auraient même
pas pu faire un pas dans la voie contre nature - celle des déficits
permanents - où ils se sont engagés.
Le marché financier leur a donné l'opportunité d'y
cheminer un temps vraisemblablement parce que ses opérateurs savent,
eux, que personne n'est omniscient ou mieux informé que qui que ce
soit d'autre - le contraire de ce qu'ils colportent à qui mieux mieux
-, qu'il ne faut pas être aveugle et s'opposer a priori à des
projets, même ceux qui peuvent sembler farfelus - le contraire du
prétendu principe de précaution qui leur
est si cher -.
Aujourd'hui, c'est apparemment fini.
Le processus du marché financier a mis de côté sa
docilité et son bon vouloir et fait connaître la
réalité en affichant des décalages de prix en monnaies
ou de taux d'intérêt importants, informant de pertes à
attendre toutes choses égales par ailleurs (cf. ci-dessous).
Nos hommes de l'Etat s'en émeuvent. Bien leur en prend.
Mais mal leur en prendra s'ils essaient d'instaurer des
réglementations supplémentaires pour, à les entendre,
protéger contre l'action des "spéculateurs", cause,
selon eux, de tous les maux.
Ce sont eux et leurs déficits les spéculateurs "au mauvais
sens du terme". Et ce sont eux dont justement le fonctionnement du
marché financier veut se débarrasser et affranchir les
contribuables.
Il ne faut pas les laisser impunément inverser la causalité.
1. L'ajustement
économique.
Les relations économiques difficiles, troublées se sont
toujours dénouées un jour dans l’autre, dans l’histoire,
quelle que soit la cause du trouble, par des variations des prix en monnaies
et par des variations des quantités de biens « non monnaies
».
Soit dit en passant, les prix en monnaies ne sont jamais que des
quantités de monnaies échangeables ou échangées
contre des biens «non monnaies», des quantités de
«pouvoirs d’achat», et non pas d’abord des
«variables»… à opposer aux quantités de biens
«non monnaies».
Les variations de quantités de biens « non monnaie »
correspondent, elles, à des appauvrissements plus ou moins importants
des gens (baisses des revenus ou des capitaux accumulés).
Il en sera ainsi du dénouement des relations économiques
troublées actuelles.
L’économie mondiale comporte aujourd’hui des Etats qui
coopèrent plus ou moins et des banques centrales qui font de
même.
Hier, dans la première moitié du XXème siècle -
pour ne pas remonter trop loin dans le passé -, les banques centrales
avaient, chacune, reçu un privilège de tutelle de la monnaie de
leur pays qui s’articulait au bien «or» : chaque monnaie
avait un prix en or qui pouvait varier; elle avait aussi des prix en
n’importe quelle monnaie à certaines conditions. Selon certains,
ces variations stabilisaient automatiquement les relations et interdisaient
les troubles, selon d’autres, elles contraignaient.
Aujourd’hui, parce que les banques centrales ont abandonné la
référence à l’or, chaque monnaie a des prix en
n’importe quelle autre monnaie sans condition. Selon les uns, les
variations stabilisent, selon les autres, elles déstabilisent.
Hier comme aujourd’hui, un Etat a un budget en déficit quand ses
dépenses sont supérieures à ses recettes, à ses
prédations.
Pour que le déficit acquière une réalité à
un instant t, il faut que l’Etat émette des emprunts de monnaie
d’un montant égal au montant du déficit et donc que des
créanciers les souscrivent.
Sinon, le déficit n’acquiert aucune réalité, les
dépenses sont limitées de fait par les recettes. Bref, sans
marché financier, pas de déficit.
Les budgets sont périodiques et se suivent dans le temps.
Une succession de déficits n’inspirent pas de méfiance
aux créanciers de l’Etat jusqu’au jour où la
méfiance s’installe…
Alors, les créanciers cherchent à se débarrasser des
créances et, s’ils y parviennent, on constate une baisse de
leurs prix, voire un "effondrement" de ceux-ci.
Soit dit en passant, dans les bilans comptables d'activité, les
créances enregistrées à l’actif sont de fait
surévaluées et des provisions pour pertes sont
constituées.
Si ces pertes ne sont pas compensées par des gains liés
à l’activité, les créanciers supportent des pertes
de patrimoine qui peuvent les conduire à de grandes difficultés
(cf. ci-dessous).
Surtout, dans ce cas, pour son dernier déficit annoncé,
l’Etat en question n’a plus de créancier.
En conséquence, non seulement il ne peut plus avoir en
réalité de dépenses supérieures aux
prédations, mais encore il doit consacrer une part accrue des
dépenses aux paiements des dettes en circulation (intérêt
et principal "comme on dit").
Prenons l'exemple actuel de la Grèce. Comme tout Etat, son Etat
a des paiements en monnaie à faire prochainement.
Mais des observateurs, voire des créanciers s'attendent à ce
qu'il n'ait pas la capacité de les effectuer : selon eux, il n'aura
pas la quantité de monnaie nécessaire et il n'aura pas la
capacité de l'obtenir à des conditions
"honnêtes".
Dès à présent, il emprunte de la monnaie à court terme
à des taux d'intérêt de plus en plus élevés.
Les hommes de l'Etat des Etats des autres pays de l'euro s'en inquiètent.
2. Faillite ou
cessation de paiements.
Un Etat ne peut pas faire "faillite" car la faillite est du ressort
du droit privé, car elle est une notion de droit privé comme le
sont les notions d’insolvabilité, de banqueroute, de
dépôt de bilan, de règlement judiciaire.
Au début du XXème siècle, l’Etat de la Russie. n'a
pas fait faillite, mais l'Etat de la nouvelle U.R.S.S. n'a pas honoré
ses engagements en matière d'emprunts, ce qui est revenu au même
pour les créanciers. En d'autres termes, il a cessé ses paiements.
Fin de la décennie 1980, l'Etat de l'U.R.S.S. n'a pas fait faillite,
mais son "assiette", l'Union, s'est dérobée
"sous ses pieds" et les Etats de celle-ci, désormais
séparés et indépendants, ont honoré les engagements
qu'ils pouvaient avoir, chacun de leur côté, dans l'Union.
Il y a même eu le simulacre du remboursement des "emprunts
russes", non honorés au début du siècle, par l'Etat
de la Russie.
Néanmoins, le fait qu’un Etat cesse de faire des paiements a des
conséquences comme celle d’occasionner des troubles et, le cas
échéant, de provoquer des faillites des personnes de droit
privé, ses fournisseurs ou ses créanciers (au nombre desquels
ses clients).
D’une façon générale, ne pas respecter des
règles qu’on s’était engagé à
respecter est source de troubles. Il en est ainsi qu'on soit personne
juridique physique ou morale, privée ou publique.
Et les hommes de l’Etat des Etats des pays de l’euro n’ont
pas respecté les règles qu’ils s’étaient
engagés à respecter – "critères de
Maastricht" et autre "pacte de stabilité" -, peu
importent les raisons qu'ils se sont échinés à trouver
pour se justifier.
Et les troubles sont là aujourd'hui, en Grèce et dans les
marchés financiers organisés dénommés
"bourses".
Ils le sont peut-être d’autant plus que nos hommes
s’escriment à vouer aux gémonies le marché
financier dont la mansuétude à leur égard leur a
donné la capacité de ne pas respecter leurs engagements.
Quitte à admettre que les banquiers centraux sont les prêteurs
de dernier ressort, il faut reconnaître que, comparativement, les
hommes de l’Etat sont les fauteurs de troubles de premier ordre.
Au nombre des troubles (et pour ne pas citer les guerres qu'ils ont
déclarées), il y a les faillites potentielles des entreprises
fournisseuses ou créancières de l'Etat en cause, que chacun
peut imaginer et dont le marché financier informe au travers des
échanges qui y sont menés et des prix et taux
d’intérêt qui y sont conclus.
Ces faillites potentielles sont autant de destructions de richesses
potentielles qui sont en compte "dans les cours" dès que le
doigt est mis dessus…
3. La monnaie en
tant que telle est oubliée.
Pour sa part, la monnaie n'est pas le fait des hommes de l'Etat. Elle
n’est pas tombée non plus du ciel, ni n’a
été découverte comme peut l’être une loi de
la physique, mais elle a résulté de l’action humaine.
3.A. Théorie de
la monnaie...
Soit dit en passant, dès lors qu’on exclut de la
théorie économique cet élément explicatif, comme
le font les théories autres que la théorie "autrichienne",
on est dans l’impasse.
Rien ne justifie néanmoins de confondre, comme le font certains, la
"théorie de la quantité de monnaie" et la
"théorie de la monnaie"… pour en sortir.
A cet égard, il convient de distinguer la "théorie de la
monnaie" et la "théorie monétaire".
La théorie monétaire a été définie
précisément en 1948 selon Harry Johnson (1962) comme
l’ensemble des théories concernant l’influence de la
quantité de monnaie dans le système économique.
La théorie de la monnaie a connu, pour sa part, une renaissance sous
sa forme "théorie de la quantité de monnaie" avec
Milton Friedman (1956) et l’essor du "monétarisme".
Mais il n’existe pas de "théorie de la qualité de
monnaie" établie, reconnue, comme le note par exemple P. Bagus (2009).
3.B. De
l'échange libre à la monnaie.
L’action qui a présidé à la monnaie a
été d’abord l’échange libre de biens.
Toute action a un coût d’opportunité et est profitable
dès lors qu’elle est menée librement.
L’échange de biens voit son coût réduit par
l’emploi d’une quantité du bien récurrent dans les
échanges, qui va être dénommé
"monnaie".
Les biens "monnaie" originels ont varié d’un pays
à un autre, d’une civilisation à une autre. Dans
l’Europe occidentale du second millénaire, l’argent et
l’or ont dominé comme biens "monnaie" jusqu'au
début du XXème siècle.
Le coût de l’échange n’a pas été
réduit à zéro et les gens ont mené des actions
– actions autres que l’échange - avec succès pour
le réduire encore.
Le bien originel "monnaie" est apparu en conséquence,
rétrospectivement, n'être qu'une forme de monnaie à quoi
d’autres formes ont été substituées ou
juxtaposées pour réduire davantage encore le coût de
l'échange, témoignant par là même
d’innovations monétaires bancaires (billets, comptes
chèques, etc.).
4. La course
poursuite innovation monétaire-prédation étatique.
Parallèlement, au fil des siècles, les hommes de l’Etat
sont intervenus pour tirer bénéfice de la monnaie,
témoignant, eux, de réglementations ou plutôt de
prédations (je vous renvoie à ce billet).
La monnaie recouvre ainsi une course poursuite permanente peu
commentée entre l’innovation monétaire et la
prédation étatique.
5. L’euro, un
exemple de prédation étatique.
L’euro n’est pas non plus tombé du ciel, n’a pas
été découvert, mais résulte d'une action humaine
spécifique récente.
Première grande différence avec la monnaie en
général, l’action humaine en question tient dans un
accord passé, un beau jour, entre des hommes de l’Etat des Etats
de plusieurs pays de l'Union européenne, étant données
des règles dont ils sont convenus.
Et ils ont imposé les conséquences de l’accord aux
peuples des pays en question.
Deuxième grande différence, l’euro est le nom
donné à un des résultats de la fusion de plusieurs
organisations monétaires nationales qui a été conduite
selon d'autres règles convenues (en particulier, les taux de change de
mai 1998).
A ce titre, l’euro est un pouvoir d’achat
généralisé.
Troisième grande différence, l’euro n’est pas une
innovation, mais une unité de compte ou de calcul nouvelle en quoi des
créances ont été libellées.
Ces créances sont dans des patrimoines et grosses de paiements
d’intérêt libellés en cette unité par les
débiteurs, des débiteurs privés ou publics…
6. Monnaie,
crédit, substitut de monnaie, convertibilité et couverture.
Il reste que jusqu’en 1914, la monnaie a circulé sous forme de
pièces d’or et que beaucoup considéraient que toutes les
comptabilités (privées ou publiques) se trouvaient, sans
qu’on s’en doutât, écrites en grammes d’or, et
le gramme d’or (sous les différentes dénominations de
dollar, livre, franc, yen, etc.) était en réalité la
monnaie universelle.
Et, en cela, la monnaie n’était donc pas nationale.
Aujourd’hui, les notions de monnaie et de quantité de monnaie
sont difficiles à comprendre du fait de la course poursuite
effrénée qui a continué et s'est même
amplifiée.
6.A. Hier, en 1914,
leur compréhension était assez directe.
Il convenait seulement alors de distinguer la monnaie et le crédit qui
articulait les raisonnements à l’actif du bilan de la banque.
Le crédit bancaire rivalisait avec le crédit non bancaire et
les titres de créances que l’un et l’autre recouvraient
étaient plus ou moins échangeables, une fois en circulation.
Ils pouvaient ainsi rivaliser avec la monnaie.
BILAN
________actif_______________passif______
!
monnaie M
!
!
crédit
C !
!
!
Il convenait aussi seulement de distinguer la monnaie, les substituts de
monnaie bancaires et le lien qui les liait, qui articulaient les
raisonnements à la fois à l’actif et au passif de la banque.
Le substitut de monnaie bancaire désignait le billet d’une
banque ou le dépôt dans une banque émis en contrepartie
comptable d’une quantité de monnaie or, i.e. de la
"monnaie".
BILAN
________actif_______________passif______
!
monnaie
M
! Substitut de
!
monnaie SM
!
!
Le lien correspondait aux caractéristiques contractuelles de la
convertibilité du substitut en or une fois en circulation.
Seule difficulté, ces caractéristiques n’étaient
pas rendues nécessairement sensibles par la contrepartie comptable
– la couverture – des substituts SM qu’était la
quantité de "monnaie" M.
6.B. L’Accord
Tripartite, etc.
Avec l’Accord Tripartite de 1936, tout allait basculer une
première fois puisque l’Accord contribuait à
l'interdiction de la convertibilité intérieure des monnaies en
or.
Les banques centrales de France, d’Angleterre et des Etats-Unis se sont
entendues en effet et conclurent entre elles l’Accord Tripartite qui a
été bien vite étendu à la Belgique, à la
Hollande et à la Suisse.
Il fut entendu que:
"a)
les particuliers – même les cambistes professionnels – ne
pourraient plus acheter d’or à leur Banque nationale pour payer
directement leurs achats à l’étranger ;
b) les soldes des balances entre les six nations seraient
réglés par l’intermédiaire de leur Fonds de
stabilisation ;
c) ces organismes disposeraient pour cela des réserves
métalliques de leur Banque nationale ; mais les sommes mises à
leur disposition ne figureraient pas au bilan officiel et leurs
opérations seraient tenues secrètes. Elles échapperaient
ainsi aux manœuvres de la spéculation et au contrôle du
public ;
d) cet accord pourrait être dénoncé par chacun des
intéressés sur un préavis de 24 heures" (Delaisi,
1942, p.107)
On
sait la suite (cf. par exemple ce billet ).
La seconde fois où tout a basculé a été la
période 1971-73 au terme de laquelle la convertibilité
extérieure du dollar a été définitivement
abandonnée, où l’or s’est vu enlevé son
statut d’ «ancre du système monétaire
international» qu’il avait implicitement reçu en 1944.
Aujourd’hui, l’échangeabilité des titres de
créance des banques, la convertibilité des substituts de
monnaie en «monnaie» et la couverture des substitut de monnaie
par de la «monnaie» restent trois considérations
essentielles.
Même si la «monnaie» n’est plus pour les banques
dites "de second rang" l’or ou des monnaies convertibles en
or, mais des substituts de monnaie émis par les banques centrales.
Quant à la «monnaie» à quoi font
référence les substituts de monnaie d’une banque
centrale, ce sont principalement … des "substituts de
monnaie" d’autres banques centrales ou d’organismes
monétaires internationaux (le Fonds monétaire international)
dénommés "réserves officielles".
Mais certaines banques ont conservé de l’or en couverture comme,
par exemple, la Banque centrale européenne.
Il y a désormais convertibilité des substituts de monnaie en
«monnaie» au sens précédent, i.e. en
"réserves officielles".
6.C. L’«
argent ».
A cause de tout cela, et peut-être malgré tout cela, la monnaie
est un domaine, encore mal connu et reconnu, de la science économique.
Il en est, en particulier, ainsi en France où beaucoup de
Français dénomment curieusement « argent » la
monnaie.
Certes, hier, au XIXème siècle, il y avait encore une monnaie
d’argent en circulation en France, mais ce n'est plus qu'un souvenir.
La raison en est peut-être que :
«
Un économiste allemand, qui joua quelque rôle sous Hitler,
Wagemann, a écrit, dans un livre publié pendant la guerre, que
:
le travail scientifique le plus important des Français, en
matière monétaire, était le grand roman de Zola : L'argent".
Bien que, comme modeste auteur d'une Théorie
des phénomènes monétaires, je me sente
quelque peu visé, je montrerai que je n'ai pas de rancune, en
répondant à Wagemann, que l'Allemagne, elle, a donné au
monde son plus grand théoricien de la monnaie.
II est vrai que ce n'était pas un économiste, puisque c'est
Goethe qui, dans le second Faust,
a montré clairement que 1'inflation était et ne pouvait
être qu'une invention du démon. » (Rueff, 1952)
« A qui le
crime profite-t-il ? »
Aux hommes de l’Etat qui, de par le monde, jouent avec la monnaie, la
manipulent et n’hésitent pas à accuser autrui de
spéculer … contre elle quand ils n'arrivent pas à leurs
fins aveugles.
Il convient de souligner que l’étude de la monnaie par les
économistes de l’Ecole de Chicago dans la décennie
1950 puis après, a conduit à des résultats qui ont
été refusés par des économistes d’autres
domaines de la science économique ou d’autres courants de
pensée économique.
En particulier en France, certains de ces derniers étaient même
parvenus, jusqu’alors avec succès, à faire ignorer
l’existence d'économistes d'école de pensée
concurrente (par exemple, Mises, Hayek, etc.)
Vraisemblablement, forts de cette réussite, ils ont essayé
d’endiguer par les mêmes moyens la lame de fond des études
de Friedman et de ses amis de l’Ecole de Chicago.
Bien seul en France, Jacques Rueff (1896-1978) s’est
évertué néanmoins à faire connaître le
domaine de la monnaie et les bienfaits du système de
l’étalon-or.
7. La divergence
entre Jacques Rueff et Milton Friedman.
A cet égard, il y a eu une divergence entre Rueff et Friedman à
noter. Selon Friedman :
«
1° Peut-on souhaiter un système dans lequel un petit nombre
d'individus, qui ne sont pas directement responsables devant le corps
électoral, ni même, en principe, indirectement du fait de leur
soumission à 1'autorité de l'exécutif politique, aient
tous pouvoirs pour influencer 1'évolution de la vie économique
en contrôlant le système monétaire?
Une autorité monétaire, en collaboration avec les
autorités exécutive, législative et judiciaire, est-elle
à désirer ?
2° Souhaitable ou non, est-elle possible?
Un tel système peut-il durer? » (Friedman, "La philosophie
des accords monétaires internationaux" ;
titre original : "The Political Economy of International Monetary
Arrangements". Version légèrement retouchée d'une
étude précédente à la quinzième
Assemblée générale de la Société du Mont
Pèlerin, Stresa, Italie, en septembre 1965 et publiée en
français dans Les
Fondements philosophiques des systèmes économiques, (textes de
Jacques Rueff et essais rédigés en son honneur),
Bibliothèque économique et politique, Payot. 1967).
Et Friedman de répondre à ses deux questions :
«
J'ai longuement exposé dans un chapitre précédent
pourquoi j'avais répondu négativement à la
première question concernant les banques d'Etat (1).
(1) "Les relations institutionnelles au problème de la direction
monétaire", pp. 191 et suiv.
Tous les arguments que j'avais alors invoqués s'appliquent avec encore
plus de force, s'il est possible, au domaine international.
J'ai moi-même été complètement convaincu de la
justesse de cette opinion par un livre remarquable, édité par
un membre éminent de la Société du Mont Pèlerin,
Jacques Rueff : Les
Souvenirs d'un gouverneur de la Banque de France, Emile Moreau et
mes convictions ont été fortement renforcées par
1'expérience contemporaine.
Moreau fut a la tête de la Banque de France à la fin des
années 1920, […]
Cette période est sans doute celle qui se rapproche le plus de 1'ideal
qui semble généralement animer la foule de ceux qui se
prononcent en faveur de «la consolidation des accords internationaux de
coopération monétaire » au moyen d'une
«surveillance multilatérale... exercée par les corps
consultatifs internationaux existants », pour employer les
euphémismes de la récente étude des représentants
du Groupe des Dix (1).
(1)
Ministerial Statement of
the Group of Ten and Annex Prepared by Deputies, 10 août
1964, p. 9.
En
ce temps 1'accueil favorable de 1'idée de banques centrales indépendantes
était à son apogée, les Etats-Unis même
s'étant finalement bien engagés dans cette voie.
Ce fut 1'ère de la célébrité pour les gouverneurs
des banques centrales qui entretenaient mutuellement une correspondance et
une coopération suivies: Moreau en France, Schacht en Allemagne,
Strong aux Etats-Unis, et surtout, Norman en Grande-Bretagne.
[Les erreurs de
politique monétaire.]
Ce
fut aussi, comme M. Rueff 1'a si énergiquement souligné,
1'ére de l’étalon de change or qui, et je suis pleinement
d'accord avec lui sur ce point, rendit le système beaucoup plus
vulnérable qu'auparavant aux erreurs de politique monétaire.
[…]
Je suis parfaitement d'accord avec Jacques Rueff sur le fait que, tout comme
maintenant, la situation était aggravée par 1'étalon de
change or, et que, si un système de cours nationaux liés par
des taux de change fixes doit exister, il est de beaucoup
préférable que toutes les réserves officielles soient
constituées en or plutôt qu'en devises provenant des monnaies de
certains pays.
[Quid de l'augmentation
du prix de l'or.]
Cependant je ne m'accorde pas avec lui pour soutenir qu'il est actuellement
souhaitable d'évoluer vers une telle situation par le moyen d'une
augmentation substantielle du prix de l'or.
La raison de mon opposition réside dans le fait que la situation ne
serait pas fondamentalement transformée, mais seulement rendue un peu
moins instable, si l’on remplaçait par de l’or la fraction
des réserves officielles actuellement détenues sous forme non
métallique.
Aussi longtemps que les monnaies nationales sont liées par des cours
fixes, stabilisés par des banques centrales ou autres institutions
ayant toute latitude pour réagir aux rentrées et aux sorties de
devises, ces institutions pourront exercer une grande influence sur la
politique intérieure des autres pays, compenser les rentrées ou
les sorties de devises, laissant ainsi s'accumuler les desajustements.
» (ibid.)
Aujourd’hui,
avec l’euro, et d’un point de vue mondial, les monnaies
nationales ou régionales ne sont plus liées par des cours
fixes, stabilisées par des banques centrales ou autres institutions
(quoique...) comme le souhaitait Friedman.
7.A. La toute
puissance des banquiers centraux.
Mais, contrairement à ce qu'il voulait, les banques centrales et autres
institutions monétaires ont acquis un regain de pouvoirs. Quel
journaliste ne connaît pas les noms de Greenspan, Trichet, Bernanke ?
C’est cela le problème comme le soulignait Friedman .
«
[Liberté ou
dictature].
Dans les discussions de ce genre, le débat donne parfois 1'impression
de se dérouler entre "internationalistes" et
"nationalistes"; tout défenseur du système actuel ou
de tout autre système, comportant des taux de change fixes, étant
considéré comme un internationaliste, et tout défenseur
du taux de change flexible, comme un nationaliste.
J'aime à croire que mes observations antérieures ont fait
comprendre qu'il n'en était pas ainsi.
Le débat n'est pas
- entre internationalisme et nationalisme, mais
- entre liberté, économique ou politique, et interventionnisme
bureaucratique, pour employer un terme plus modéré que
dictature.
Ce n’est pas parce qu'ils sont à une échelle
internationale que le collectivisme ou 1'interventionnisme changent de
signification.
Seuls importent les rapports entre les individus, et non les rapports entre
les nations;
seule importe la liberté laissée aux individus pour faire des
échanges économiques ou autres, les uns avec les autres,
indifféremment de la nation à laquelle ils appartiennent.
[Trois raisons
d’être opposé aux banques centrales indépendantes
et à leur coopération internationale.]
[Raison 1 : la
confusion]
Pour les libéraux, la nation est une unité administrative
commode, un moyen, et non le but final ou l'objectif de leur politique.
II m'a toujours sembler extrêmement curieux que tant de libéraux
se soient prononces en faveur des banques centrales indépendantes et,
plus récemment, pour 1'extension de la coopération
internationale entre les banques centrales.
Bien que, dans d'autres domaines, ils redoutent la puissance arbitraire, ils
se sont montrés ici maintes fois favorables
- à un gouvernement dirigé par des hommes plutôt que par
des lois, et aussi
- à une politique interventionniste plutôt qu'à une
politique de marché.
L'une des raisons est, sans aucun doute, la confusion entre un étalon
or véritable et un pseudo étalon or.
Mais je pense qu'il y a deux autres raisons encore plus fondamentales.
[Raison 2 :
l’égarement]
L'une d'elles m'a été inspire par la lecture du récent
et admirable expose de Frank Fetter (1)
(1) Fetter, F. W. Development
of British Monetary Orthodoxy, 1797-1876,
Harvard University Press, 1965, surtout le chapitre VI.
sur la théorie et la politique monétaires de la Grande-Bretagne
: c'est le développement fortuit de la Banque d'Angleterre, au moment
où le libéralisme britannique battait son plein.
Comme Fetter le met en évidence, c'était une anomalie,
d'ailleurs reconnue comme telle à I'époque, qui ne faisait pas
logiquement partie du courant libéral.
Le Banking Act de 1844 résulta en grande partie de la reconnaissance
qu'une banque centrale indépendante, dotée d'un pouvoir
discrétionnaire sur la masse monétaire, était
incompatible avec une politique de laissez faire et de libre-échange.
II fallait que
- la monnaie fût mise en circulation par le gouvernement ou que
- la masse monétaire fût déterminée par le
marché, comme sous un régime basé sur un étalon
métallique.
En imposant à la banque de conserver une encaisse métallique
marginale de 100 %, en plus d'une circulation fiduciaire fixe, la loi Peel
entendait fournir une formule mécanique supprimant toute
possibilité d'intervention de la part de la banque.
Malheureusement, la loi ne s'appliquait qu'aux billets, à une
époque où les dépôts étaient en train de
devenir de plus en plus importants.
La réserve relative à la circulation de la monnaie scripturale
laissait à la banque une liberté presque intacte.
Mais, si l’on estime comme moi, qu'il en résulta un trouble
financier superflu, ou, comme tant de défenseurs de la banque
l’ont soutenu, que ce fut dans 1'ensemble une politique sage et
bienveillante en dépit de quelques erreurs, le point crucial reste que
le développement en Grande-Bretagne d'une banque centrale
indépendante était un égarement et non la manifestation
d'une politique libérale courante.
[Raison 3 : les accords
contre nature]
La seconde raison pour laquelle tant de libéraux se sont
prononcés en faveur des banques centrales indépendantes et des
accords monétaires internationaux basés sur la
coopération entre ces banques, est qu'ils se sont bien souvent
trouvés en accord avec leurs gouverneurs sur des points fondamentaux.
Telle fut souvent ma propre situation.
J'ai beaucoup de respect pour l'habileté" et la compétence
des états majors des banques centrales et des organismes financiers
internationaux, j'admire leur dévouement à la tâche, et
j'ai toute confiance dans le désintéressement individuel de la
majorité de 1'équipe actuelle.
Je suis beaucoup plus en accord avec
- leurs opinions sur les attitudes économiques souhaitables qu'avec
- celles des hommes que les gouvernements américains ont le plus
souvent chargés de la politique économique.
Pourtant, le fait de déléguer aux gouverneurs des banques
centrales des pouvoirs économiques étendus me semble absolument
contraire aux principes libéraux.
Qu’un tel système soit ou non souhaitable, il reste encore
à savoir s'il est durable.
Sur la scène intérieure, 1'histoire nous fournit une
réponse catégorique : les banques centrales totalement
indépendantes sont des institutions de la Belle Epoque.
Chaque fois que se sont produites de sérieuses divergences entre leurs
politiques et celles que soutenaient les autorités politiques
centrales — qui reflètent généralement la
politique du Trésor —, les autorités politiques ont,
invariablement tôt ou tard, agi à leur guise.
Lorsqu'en 1'absence de telles divergences, et durant de bonnes
périodes, un important soutien public intervint en faveur de la banque
centrale indépendante, son influence s'en trouva renforcée pour
les périodes consécutives, mais sans lui permettre toutefois de
conserver longtemps 1'avantage, bien qu'assez longtemps parfois pour faire un
énorme gâchis — comme aux Etats-Unis de 1929 a 1933
—, ou pour accomplir de grandes choses, si elle a bénéficie
d'une direction solide et clairvoyante — comme celle de Moreau en
France durant quelques années.
Sur la scène internationale, il me semble qu'il y ait infiniment moins
de chances pour qu'un tel système se montre satisfaisant en temps de
crise, tout au moins dans notre monde actuel.
Sur le plan national, les banques centrales sont le point d'une construction
politique systématique et s'inscrivent dans un ensemble plus vaste qui
légitime leurs actions.
Sur le plan international, les accords actuels sont, pour la plupart, survenus
par inadvertance.
L'institution du F.M.I. fut explicitement créée, c'est
incontestable; mais elle le fut à des fins qui sont presque exactement
l'opposé de celles auxquelles elle allait servir — pour stimuler
en fait la flexibilité des taux de change, et non pour en imposer la
rigidité.
La coopération des banques centrales est certainement fortuite.
Naturellement, ceci n'est pas une critique et ne signifie absolument pas que
les accords élaborés n'étaient pas souhaitables.
Comme nous le reconnaissons tous, les accords économiques et
politiques les plus importants ont été élaborés
de cette façon, plus souvent que d'un propos
délibéré.
Après tout, cette expérience et ces possibilités
constituent une grande partie des arguments en faveur du marché libre.
Mais pour le propos actuel, il est plus important que ces accords soient
indépendants et ne fassent pas partie d'une structure politique plus
vaste.
En période de troubles, ils n'obtiendront aucun soutien du fait d'une
telle structure.
La Grande-Bretagne et les U.S.A. sont maintenant libres de ne pas tenir
compte des conseils et des pressions d'un consortium international de banques
centrales quel qu'il soit.
Aussi longtemps que les accords monétaires ne seront pas
intégrés à une organisation politique plus large, chaque
cas sera jugé séparément, et chaque fois qu'il faudra
faire de très grandes concessions pour s'y conformer, le
système s'effondrera.
II aplanira des difficultés d'ordre mineur, au prix d'une crise plus
grave.
Ceci est arrivé en 1931 au système si soigneusement
élaboré par Norman durant les années 1920 et en fournit
un exemple saisissant.
Aujourd'hui j'ai bien peur que nous n'en ayons un autre dans un proche
avenir. » (ibid.)
7.B. Le retour
à l’étalon-or.
Etant donnée la situation décrite, Friedman en arrivait
à s'interroger sur le retour à l'étalon-or tant
souhaité par Rueff :
«
Le retour à un véritable étalon-or pourrait donc
être souhaitable, mais il est pratiquement impossible.
II exigerait que tous les pays renoncent à utiliser la politique
monétaire aux fins d'influencer le marché intérieur,
1'emploi ou le niveau des prix.
La substitution d'un pseudo étalon or au pseudo étalon de
change or actuel serait un gain positif mais minime.
Tout comme 1'étalon actuel, il
- impliquerait un interventionnisme politique sur le commerce et les
paiements internationaux, ainsi que de grandes crises temporaires, et
- entraverait toute tentative réelle de libéralisation des
échanges.
L'autre possibilité libérale souhaitable est un système
de taux de change fluctuant librement, où l’or n'aurait aucun
rôle officiel particulier.
Il faudrait supprimer toutes les restrictions actuelles concernant le droit
de propriété, le transfert et le prix de 1'or qui deviendrait
alors une marchandise sur un marche vraiment libre.
Comme je 1'ai déjà démontré, il est
paradoxalement plus aisé de favoriser un véritable
étalon or
- en suivant cette direction qu'
- en s'attachant délibérément à la forme de
l’étalon or, au mépris de son esprit.
Les libéraux, moins que personne, n'ont besoin qu'on leur dise que, ce
qui semble parfois le plus long chemin, est souvent le raccourci qui
mène au but. » (ibid.)
7.C.
L'épilogue.
Quand Friedman a écrit ces lignes, c'était donc la
décennie 1960 et le prix de l’once d’or (31,1 grammes)
était fixé à :
$ 35.
Quelques années plus tard, en 1971-73, le système de
l’étalon de change-or dont il parle et qu'il condamnait comme le
faisait Rueff, sera abandonné, ainsi que les taux de change fixes et
que la référence à l'or, la "monnaie
métallique".
Mais un système monétaire européen sera inventé
par les hommes de l’Etat et, après maintes
péripéties, il débouchera sur l’euro, monnaie régionale
unifiée sans antécédent historique.
8. Le
désordre social.
Le système monétaire européen de l’euro a conduit,
pour l'instant, dans un premier temps, à ce que les hommes de l'Etat
ne respectent pas les règles - sur quoi il était fondé -
et dont ils étaient convenus pour le construire. Cela ne saurait
être sous-estimé comme ils tendent à le faire.
C'est la cause de tous les maux.
Dans le deuxième temps où nous nous trouvons, c'est un
désordre social certain que traduisent les désordres en Grèce et les décalages
sur les marchés financiers.
L’once d’or évolue pour sa part sur le marché
autour de :
$ 2000 (cf. graphique ci-dessous).
Graphique
Evolution du prix de
l'or
(mai 2009-mai 2010)
Source : http://www.goldseek.com/quotes/charts/yearlygoldchart.php
Quel sera le troisième temps ?
A coup sûr, une extension du désordre social si les hommes de
l'Etat persistent dans leur entêtement à inverser la
causalité.
Il faut, d'une part, qu'ils cessent de ne pas respecter les règles,
fond de l'euro, qu'ils s'étaient engagés à respecter et,
d'autre part, de jeter la pierre au marché financier qui, à la
fois, leur a donné la capacité de faire n'importe quoi un temps
et les a amenés, peut-être, à faire n'importe quoi,
étant donnée leur ignorance apparente de ce qu'est vraiment le
fonctionnement du marché financier.
Addendum au soir du
9 mai.
Je ne résiste pas au plaisir de reprendre texto ci-dessous un billet du 9 mai au
soir, de J.G. Neuger et M. Louis, journalistes de
Bloomberg, sur la réunion des ministres des Finances des Etats des
pays de l'Union européenne qui se tient ces 8 et 9 mai à
Bruxelles, tant il illustre à merveille l'inversion de la
causalité que j'ai développée ci-dessus.
EU
Preps Euro Fund to Fight ‘Wolfpack,’ Debt Crisis (Update2)
European Union finance ministers pledged to stop a sovereign debt crisis from
shattering confidence in the euro as they held an emergency summit to hammer
out a lending mechanism for deficit-stricken nations.
Jolted into action by last week’s slide in the currency to a 14-month
low and soaring bond yields in Portugal and Spain, leaders of the 16 euro
nations agreed on the backstop yesterday and told ministers to get it ready
before Asian markets open.
“We are going to defend the euro,” Spanish Economy Minister Elena
Salgado told reporters as she arrived to chair today’s Brussels
meeting.
“We think we have a duty for more stability for our currency. We will
do whatever is necessary.”
Europe’s failure to contain Greece’s fiscal crisis triggered a
4.3 percent drop in the euro last week, the biggest weekly decline since the
aftermath of Lehman Brothers Holdings Inc.’s collapse.
It prompted the U.S. and Asia to urge broader steps to prevent a debt crisis
from pitching the world back into a recession.
President Barack Obama spoke by phone with German Chancellor Angela Merkel
for the second time in three days, adding to the international pressure
Europe has faced since a hurriedly arranged conference call of Group of Seven
finance chiefs on May 7.
Obama today emphasized “the importance of the members of the European
Union taking resolute steps to build confidence in the markets,” White
House spokesman Bill Burton told reporters in Hampton, Virginia.
1. ‘Wolfpack
Behavior’
“In the night, when the markets are opening, we cannot afford a
disappointment,” said Finance Minister Anders Borg of Sweden, one of 11
EU nations not in the euro.
“We now see herd behavior in the markets that are really pack behavior,
wolfpack behavior.”
European officials declined
- to disclose the size of the stabilization fund,
- to be made up of money borrowed by the EU’s central authorities with
guarantees by national governments.
The meeting started just after 3 p.m. A German official said it will be a
“long night.” [...]
2. Several
Alternatives
Part of a new lending mechanism could be based on the balance-of-payments aid
model that the EU granted to Hungary, Romania and Latvia when their budgets
buckled in the financial crisis, said Jacques Cailloux, chief European
economist at Royal Bank of Scotland Group Plc in London. The initial funding
available could be 70 billion euros, he said.
“There is some discussion about what the solution will be,” Dutch
Finance Minister Jan Kees de Jager said. “There are several
alternatives at the moment.”
Separately, European Central Bank council members were slated to hold a
teleconference today.
“Europe is getting its act together,” said Chris Rupkey, chief
financial economist at Bank of Tokyo-Mitsubishi UFJ Ltd. in New York.
“Time will tell if this statement is enough to satisfy the European
bond market vigilantes.” [...]
3. Stiffest Test
With the euro facing the stiffest test since its debut in 1999, the weekend
turned into a crisis-management exercise to restore faith in the currency and
prevent a European debt crisis from cascading around the world.
The purpose is to “decide on a mechanism that enables us to assure the
stability of the euro, stability in the zone and, beyond that, stability in
financial markets,” French Finance Minister Christine Lagarde said.
The euro slid to $1.2715 from $1.3293 in the past week, and is down 15
percent since late November.
European stocks sank the most in 18 months, with the Stoxx Europe 600 Index
tumbling 8.8 percent to 237.18.
The extra yield that investors demand to hold Greek, Portuguese and Spanish
debt instead of benchmark German bonds rose to euro-era highs. The premium on
10-year government bonds jumped as high as 973 basis points for Greece, 354
basis points for Portugal and 173 basis points for Spain.
4. Stability
Britain, the EU’s third-largest economy, won’t contribute to a
fund to shore up euro countries, though it backs efforts to restore
stability, Chancellor of the Exchequer Alistair Darling said.
“When it comes to supporting the euro, that is for the eurogroup
countries,” Darling told Sky News. “We need to show again today
that by acting together we can stabilize the situation.”
At yesterday’s leaders’ summit in Brussels, Germany stepped up
calls for a closer monitoring of government finances and more rigorous
enforcement of the deficit-limitation rules.
The vow to push budget shortfalls below the euro’s 3 percent limit
echoes promises that have been regularly broken ever since governments in
1999 set a three-year deadline for achieving balanced budgets. The euro
region’s overall deficit is forecast at 6.6 percent of gross domestic
product in 2010 and 6.1 percent in 2011.
5. Contemplation
[...].
Asked whether steps
to stem speculation against government bonds would include restrictions on
short sales or credit default swaps, European Commission
President Jose Barroso said “some of the points you have mentioned will
be contemplated.”
The political leadership of the $12 trillion economy yesterday also signed
off on a 110 billion-euro ($140 billion) aid package for Greece negotiated by
finance ministers last week.
So far nine governments have cleared the way for funds to be sent to
Athens."
Georges Lane
Principes de science économique
Georges Lane
enseigne l’économie à l’Université de
Paris-Dauphine. Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du
séminaire J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi
les très rares intellectuels libéraux authentiques en France.
Publié avec
l’aimable autorisation de Georges Lane. Tous droits
réservés par l’auteur
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