1. Au cœur de l'économie politique, il y a les concepts de "gain"
et de "coût" de ce qu'on veut expliquer et qu'on a défini
auparavant.
2. Mais il y a aussi la démarche d'une majorité de personnes qui refusent
la référence aux gains et aux coûts pour raisonner et expliquer ce qu'ils
cherchent à dire en matière économique.
3. La démarche a donné lieu à
la terminologie rhétorique qui se veut compréhensible par tous et qui ne
l'est en rien...
Par exemple, la proposition qu'est "la monnaie facilite l'échange"
n'est qu'une formulation rhétorique dénuée de sens en économie politique (cf.
ce texte de décembre 2013).
Au lieu de dire que "la monnaie facilite l'échange", il conviendrait
de faire référence au coût des actes d'échange, à la diminution de ce coût
qu'a occasionnée le recours à la découverte qu'a été ce qu'on dénomme
"monnaie"
et au gain à quoi a correspondu
cette diminution de coût (cf. ce texte
de mai 2014).
4. La démarche qu'est le refus de la référence aux gains ou aux coûts a aussi
et surtout donné lieu à la mise en œuvre de réglementations étatiques
qui n'ont aucune raison d'être sinon ce qu'imaginent les constructeurs de la
réglementation, les prétendues élites, et les illusions que ces derniers
veulent créer au sein du peuple.
Exemplaire est le chaos rhétorique de ce qu'on dénomme "€uro" aujourd'hui et qui fait intervenir, comme
explication, les notions des comptabilités nationales des pays de la
zone €uro et d'ailleurs (cf. ce texte de mai 2014).
5. Ce dernier point est
essentiel tant il est ignoré ou méconnu, volontairement ou non.
Par exemple, en 1994, Milton Friedman (1912-2006) n'a pas introduit
dans son texte intitulé "The Mystery of
Money", chapitre 2 du livre Money Mischief:
Episodes in Monetary History,
les réglementations de 1922 ou de la décennie 1930 qui ont contribué à
détruire ce qu'on dénomme "monnaie" aujourd'hui.
Il a seulement mis l'accent sur les décisions prises, à partir de 1971,
par le président des Etats-Unis (cf. ce texte
de juillet 2011).
Il a laissé ainsi de côté
toutes les réglementations qui avaient conduit à ce dernier coup d'Etat comme
si elles n'avaient pas eu de conséquences économiques terribles
déterminantes.
A sa façon, la pénalité infligée
aujourd'hui par les juges américains à la banque "BNP-Paribas"
n'est jamais que la dernière conséquence en date de la série de
réglementations, tantôt nationales, tantôt internationales, intervenues
depuis la conférence
monétaire internationale de Gènes (1922), à la botte des pouvoirs
publics des Etats-Unis.
En l'espèce, la banque en est
le dindon.
6. Depuis cette date de 1922,
un jeu de poker, sans antécédent dans l'histoire, est en cours entre la
monnaie aux mains des hommes de l'Etat des Etats-Unis, pays peu inquiété
par les guerres réalisées, mais beaucoup par le socialisme croissant, et
les monnaies aux mains des hommes de l'Etat d'un certain nombre d'autres pays
(France, Angleterre, Allemagne, etc.) détruits par les guerres en question et
le même socialisme croissant.
Et personne ne l'évoque.
7. Une chose est certaine: de
petite monnaie, à histoire très récente (XVIIIè
siècle), ce qu'on dénomme "dollar", nom donné à la
"monnaie des Etats-Unis", a acquis aujourd'hui un rôle prépondérant
dans les échanges internationaux, inimaginable il y a un siècle.
La "monnaie de
l'Angleterre", sous le nom de "livre", a perdu beaucoup du
lustre qu'elle avait pu acquérir au début du XXè
siècle.
Quoique comparable à la livre au début du XXè
siècle, la "monnaie de la France", sous le nom de
"franc", n'a plus aucun lustre pour la raison que, le 1er janvier
1999, son gouvernement de l'époque l'a fait disparaître et l'a remplacée par
une prétendue monnaie, dénommé "€uro".
L'€uro n'est qu'un paquet
de réglementations conçues pour l'occasion, regroupant plusieurs pays de l'Europe
géographique et dont le nombre n'est pas définitif à ce jour (cf. ce texte de mai 2014).
La "monnaie de l'Allemagne" a connu plus de grands bas que des
hauts depuis le début du XXè siècle de sorte que
son gouvernement du moment, dans la décennie 1990, a fait le même choix que
celui de l'Etat de la France, la fuite vers l'€uro (cf. ce texte de mars 2009).
De tout cela, Friedman a montré qu'il n'en avait cure et on ne peut que le
regretter (cf. ce texte de
juillet 2009).
8. Friedman n'était
pas "autrichien", on le savait.
Il était "néoclassique" mâtiné de seulement quelques soucis de
liberté, on le savait moins.
Il ne voyait pas d'un mauvais œil ce qui se tramait dans la politique
monétaire américaine.
Par exemple, ne parlait-il pas, dans ce chapitre 2, du début du dollar des
Etats-Unis à partir des "Continental", aphérèse de
"Continental currency dollar", aux mains
du pouvoir exécutif.
Que n'a-t-il évoqué les origines de la monnaie
qu'avaient mises en lumière, au XIXè siècle, les
économistes autrichiens, à commencer par Carl Menger, et qui les avaient
conduits à conclure à la spontanéité de l'émergence de la monnaie, à la
découverte de celle-ci par les actions de nos ancêtres.
9. Cela explique l'opposition de Friedman aux propos de Jacques Rueff
(1896-1978), l'un et l'autre pourtant membres de la Société du Mont
Pèlerin.
Rueff avait compris l'importance de la monnaie dans la vie économique (cf. ce
texte de juin 2007)
et voulait le retour à l'étalon-or, détruit depuis la décennie 1930 par les
prétendues élites socialistes, pour qu'il en soit ainsi (cf. ce texte de
novembre 2008).
Mais, en définitive fondamentalement keynésien, Friedman préconisait une
"méthode à court terme", à savoir la fluctuation des prix des
"monnaies" plutôt que leur fixation réglementaire (cf. ce texte de mai 2014): à long terme, on
serait mort...