Le fait est assez rare pour être noté : en 2002, le prix Nobel d’économie a
été accordé à un homme qui avoue n’avoir jamais pris un seul cours
d’économie.
Que penser, dans ces conditions, des choix du Comité Nobel?
Si Daniel Kahneman est, avec son ami Amos Tversky, à l'origine de la nouvelle « économie
comportementale » qui a significativement influencé l’administration Obama
depuis 2008, avec les succès qu'on peut observer aujourd'hui..., c’est en
faisant œuvre de psychologue, primé par le Comité Nobel.
Soit dit en passant, la "théorie
de la perspective" qu'ils ont organisée a pour origine une analyse
de leur article de 1974 sur les heuristiques et les biais qui vient en quelque sorte clore et conclure la série de
critiques issues du champ de l’expérience, entamées par Maurice Allais.
Le problème portait sur la possibilité d’établir une mesure de probabilité
subjective.
La pensée de Daniel Kahneman est une mise en pièces
méthodique, scientifique, imaginative aussi, de l’idée selon laquelle nous
serions des agents rationnels : à l’évidence, selon lui, l’homme est l’animal
qui se prend souvent les pieds dans le tapis. (cf. ce
texte).
Et alors ?
1. La praxéologie.
Qu'on le veuille ou non, l'économie politique est un domaine de la science de
l'action humaine, c'est-à-dire de la praxéologie (cf. ce texte de Ludwig von Mises de 1969).
1.a. Ni microéconomie.
Elle n'a pas pour domaine l'âme, l'esprit ou la psyché de tel ou tel comme
s'y efforcent de le montrer beaucoup de savants en relation avec la
"microéconomie" et l'homo economicus
guidé par ses choix rationnels .
1.b. Ni fonctions, ni
macroéconomie.
Malgré ce qui est avancé en permanence, elle n'a pas non plus pour domaine
particulier les fonctions des choses (ressources naturelles, capital ou
autres) prédéterminées.
A cet égard, parler des fonctions de ce qu'on dénomme "monnaie",, comme le font bon nombre de "macroéconomistes"
aujourd'hui, est une absurdité.
2. Le profit attendu avec incertitude.
Très précisément, l'économie politique a pour domaine les profits attendus
avec incertitude par les entrepreneurs qui mènent des actes fondés sur leurs
talents (sur leur capital humain, certes mal défini) dans le but d' améliorer les situations économiques des uns et des
autres, dont la leur.
Ex post, le profit attendu avec incertitude d'un acte ou de
plusieurs successifs est soit un gain - un bénéfice comptable -, soit une
perte - un déficit comptable - (cf. ce texte de Guido Hülsmann).
Tout profit attendu avec incertitude cache un coût d'opportunité laissé de
côté en général par les économistes non praxéologues - dénommés le plus
souvent "orthodoxes" -, plus ou moins calculé, lui
même revenu d'actes humains.
2.a. L'acte d'échange.
Les profits attendus avec incertitude vont de pair, en particulier, avec les
actes d'échange.
Quand ils aboutissent, ils donnent lieu, entre autres, à taux d'échange
aboutis - i.e. de marché conclu - dénommés "prix en monnaie des
biens" ou "quantité de monnaie unitaire" (sous-entendu de ces
derniers).
Quand
ils n'aboutissent pas, on peut tout imaginer...
2.b. La monnaie.
Sans monnaie, peut-être les échanges observés de biens n'auraient-ils pas vu
le jour.
Mais il n'est plus à débattre que la double coïncidence des besoins entre
deux personnes juridiques - qu'on connaît sans monnaie - est plus difficile à
réaliser qu'avec l'échange indirect, lequel fait intervenir la monnaie.
Malgré les réglementations intempestives de tous ordres qui
la dénaturent et qui devrait la faire dénommer aujourd'hui "banque/monnaie réglementée" pour
ne pas dire "substitut de rien
bancaire", la monnaie explique encore son évolution jusqu'à
aujourd'hui inclus (cf. ce texte de décembre 1999).
3. La diminution du coût.
Pour autant, et si on laisse de côté la rhétorique au mauvais sens du mot,
cette diminution de coût d'opportunité de l'acte d'échange que fait se
réaliser le recours à la monnaie est le plus souvent mise de côté par les
savants non praxéologues.
On ne peut que s'en étonner.
Il le faut d'autant plus qu'aujourd'hui, ce qu'on dénomme "monnaie"
est, pour le moins, un abus de langage, autre forme de rhétorique au mauvais
sens du mot.
Existent en effet des banques/monnaies réglementées par des législateurs et
des réglementeurs du XXè
siècle que les gens doivent employer dans leurs échanges de biens (... pour
des raisons de fiscalité...) et, le cas échéant, faire apparaître dans des
comptabilités, elles aussi réglementées.
Ces banques /monnaies réglementées cachent les économies de coût
d'opportunité à quoi avaient donné lieu, hier, les vraies monnaies
qu'avaient introduites les gens dans un passé plus lointain et que les
législateurs ou réglementeurs se sont accoquinés,
sans aucune raison, sinon fallacieuse, progressivement jusqu'à aujourd'hui
inclus.
Législateurs et réglementeurs ont pu ainsi
pervertir et dénaturer les trois grandes conséquences de ces vraies monnaies
qui amélioraient les actes d'échange, à savoir
- les gains à l'échange des participants,
- les prix en monnaie des échanges et
- la comptabilité des échanges de biens exprimés en monnaie.
Des trois conséquences, seule la question des prix a retenu, un temps,
l'attention des savants non praxéologues.
Les deux autres ont été perdues de vue.
Aujourd'hui, la question est oubliée pour une question d'un autre ordre, à
savoir celle de l'emploi ou du chômage.
En effet, avec les hypothèses de nos savants non praxéologues, la monnaie et
ses conséquences ne sont plus conséquences des actes d'échange de chacun.
Ils ont cannibalisé ces derniers par l'hypothèse qui veut que,
alternativement, importe, seule, la production ou la consommation.
4. L'€uro.
Summum par excellence de la démarche aveugle poursuivie ainsi, ce
qu'on dénomme "€uro" et tout ce qui s'y
rattache.
Au nom de l'€uro, ceux qui ont amené au capharnaüm actuel (cf. ce texte de septembre 2011), et qu'ils
ne comprennent pas, veulent imposer, dernier dada réglementaire, une union
bancaire aux banques de second rang (cf. ce texte
d'actualité).
A leurs yeux, ce nouveau dirigisme améliorera la situation !
Honte à eux.