A Paris, le 13 août 2018.
Le mot "valeur" fait partie de ces mots d'économie politique
déformés ou dénaturés de plus en plus, et cela depuis le XVIIIème
siècle, dont l'empilement des types, espèces, genres, et autres formes n'a de
cesse, quoique la "théorie de la valeur" en soit le point de
départ.
1. Les choses, des valeurs, un type de valeur.
Depuis bien avant J.B.
Say (1767-1832), le savant économiste a supposé que, fondamentalement,
les gens voyaient des "valeurs" dans les choses ou, si on préfère,
dans les choses, un type de "valeur".
En effet, existaient des choses ("res" en latin) sensibles ou
non aux facultés ou capacités des personnes juridiques physiques, vous et
moi, dont l'ensemble était la réalité économique.
En particulier, selon Say,
"Quand
on les [choses] considère
sous le rapport de la possibilité qu’elles confèrent à leur possesseur d’acquérir
d’autres choses en échange, on les appelle des valeurs; " (Say, 1815,
p.14)
Ils allaient même au delà et voyaient dans la
"valeur",
- des quantités de choses et
- des taux ou rapports imaginés d'une (quantité de) chose contre une
autre.
2. Le bien ou le mal, d'autres valeurs ...
Parallèlement, si on peut dire, depuis François Quesnay (1694-1774)
- et le Code civil de France l'a institutionnalisé fin XVIIIème
-début XIXème siècles -, on a eu aussi tendance à identifier le
"bien" (ou le "mal"...) à telle ou telle chose, à une
valeur...
Alors qu'on redoutait les maux, on appréciait les biens.
Reste que, comme l'écrivait Mises (1881-1973) dans L'action humaine
:
"Un bien économique ne doit pas nécessairement être incorporé dans
quelque chose de tangible.
Les biens économiques non matériels sont dénommés services".
"An economic good does not necessarily have to be embodied in a
tangible thing.
Non material economic goods are called services" (Mises, 1949, p.94)
Cela a amené le savant économiste à voir dans la "valeur",
- des quantités de biens, "meubles" ou
"immeubles", et
- des taux ou rapports imaginés d'une (quantité de) bien contre une
autre.
3. Le point sur le "principe de la valeur
".
En 1850, dans le livre intitulé Harmonies économiques,
Frédéric Bastiat (1801-50) a fait le point sur le "principe de la valeur"
(cf. ce texte
d'octobre 2015 ou celui-ci
de décembre 2015).
Selon lui, la "valeur", :
- pour Adam Smith (1723-1790), se trouvait dans la "matérialité"
et la "durée",
- pour Henri Storch (1766-1835), c'était alors le jugement,
- pour Jean Baptiste Say (1767-1832), l'utilité,
- pour David Ricardo (1772-1823), le travail,
- pour Nassau Senior (1790-1864), la rareté.
Dans la droite ligne de Smith, de la matérialité et de la durée de la
chose, David Ricardo avait privilégié le travail.
La démarche économique pernicieuse télescopait entre autres, par exemple,
… la "bourse des valeurs".
Elle cachait aussi le privilège donné par l'économiste à la production sur
l'échange comme si la production était plus importante que l'échange, comme
si l'action humaine était d'abord action de production et non pas action de
production ou action d'échange...
Elle cachait surtout la méthode qui consistait à vouloir mesurer le
travail par le "temps", la "durée", notion pourtant
étrangère à l'économie politique.
Et la méthode a perduré... jusqu'à aujourd'hui.
En fait, Senior avait mis l'accent sur un aspect de la matérialité et de
la durée de Smith et l'avait dénommé "rareté".
La "rareté" cachait à la fois la quantité de chose à l'instant
"t" et une norme ignorée, à savoir celle que ceux qui parlaient de
"rareté" dénommaient ainsi.
Pour sa part, Storch avait généralisé, sans le savoir ou en le sachant,
l'originalité de la notion de "valeur" de Say, en y voyant un
jugement de la personne sur la chose (cf. un de ses livres où intervenait Say
https://archive.org/details/coursdconomiepo02saygoog).
4. L'objet matériel (substance) ou le service, deux valeurs.
Les choses, les biens, etc., bref les (types de) valeurs que tout un
chacun pouvait discerner dans la réalité économique et évaluer selon ses
besoins ou désirs à la façon de Smith, étaient encore décomposables par ses
soins en deux grandes catégories:
- l'objet matériel ou corporel, la substance, et
- le service, chose immatérielle ou incorporelle.
Selon les uns, la substance, l'objet matériel était essentiel, selon
d'autres, c'était le service qui l'était, selon des troisièmes, il existait
une relation entre objet matériel et service à ne pas mettre de côté dans
l'analyse économique et sur quoi il fallait se situer.
Quant aux services, i.e. des choses immatérielles ou incorporelles, ils
étaient des actes d'échange menés par les gens, par vous et moi, sur quoi on
ne mettait pas l'accent ou bien on le mettait mais mal.
Et, ex post, les services étaient des résultats qui cachaient les
actes antérieurs effectués.
Reste que Bastiat s'était posé la question suivante:
"Faut-il voir le principe de la valeur dans l'objet matériel et, de
là, l'attribuer par analogie, aux services ?"
Et y avait répondu :
"Je
dis que c'est tout le contraire, il faut le reconnaître dans les services et
l'attribuer ensuite, si l'on veut, par métonymie, aux objets matériels."
Mais aux "services" de Bastiat, Mises a préféré les "actes
d'échange de marchandises" de l'homme.
La chose est serve, le service est serf, seule l'action humaine est cause
de la réalité économique.
Soit dit en passant, selon Frédéric Bastiat, qui privilégiait donc la
notion de service, il fallait aussi faire intervenir les circonstances qui
contribuaient à augmenter ou à diminuer la valeur.
5. Le mythe des "biens et services".
Il est classique aujourd'hui d'entendre parler des "biens et
services" et d'en voir proposée une mesure - par l'utilisation de l'une
ou l'autre des "comptabilités nationales" existantes - qui n'est
autre que le "produit intérieur brut".
Mais la distinction est fallacieuse, il n'existe pas des "biens et
services".
La fausse confusion des "biens et services" contribue à la
dénaturation de la valeur.
Et l'une s'appuie à l'autre.
Le mot "valeur" désigne certes autant des "biens" que
des "services" mais il est vain de vouloir opposer, tacitement, les
uns des autres.
Tout bien peut être "objet matériel" ou "service" et
tout "service" peut être "bien" ou "mal" ...
. Il n'y a pas de service "non marchand".
L'imposture est totale quand le mot "service" est prolongé par
un qualificatif qui le déforme ou le dénature davantage et devient, par
exemple, "service non marchand".
Le "service non marchand" est un oxymore sauf à transformer,
sans le préciser, le mot "service" en un autre mot non dit et à y
voir, le plus souvent, un département d'entreprise dont on ne précise pas
l'organisation d'où il procède ou bien à y faire intervenir la réglementation
(en vérité, l'interdiction).
6. Le travail ne saurait être mesuré par une quantité ...
Evaluation et mesure font deux.
"(Type de) valeur" comme l'est l'"objet matériel", le
"service" ne saurait être mesuré par une "quantité" comme
peut l'être l'objet matériel.
Ainsi, par exemple, le " produit intérieur brut" (P.I.B.),
"somme des valeurs ajoutées" du pays comme le veut en principe la
comptabilité nationale de l'I.N.S.E.E., est censé mesurer les "biens et
services".
A supposer que l'expression ait un sens (ce qui n'est pas le cas, cf.
ci-dessus), les services ne sont pas mesurés, ni mesurables par des
quantités comme le sont les objets matériels
Le P.I.B. donne d'ailleurs lieu à des combats à n'en plus finir entre
pseudo-économistes qui ont pour point de départ ce faux fait,
cette fausse mesure.
Reste que de même que les gens évaluent les taux d'échange de
deux quantités d'objets matériels dont ils conviennent par un prix
(abstraitement ou concrètement), de même ils évaluent le taux d'échange
d'une quantité d'objet matériel et d'un service convenu par un prix.
A cet égard, les taux d'échange d'une quantité d'objet matériel (ou d'un
service) et d'une quantité de monnaie convenus sont évalués par des prix ...
en monnaie.
a. Le travail, un (type de) service, une valeur.
Un des domaines de l'économie politique a introduit, en particulier, la
fausse notion de "valeur travail", valeur du service
"travail" (abstraction supposée être en propriété de chacun).
La démarche s'est poursuivie jusqu'à aujourd'hui comme le prouvent nombre
de discours d'hommes de l'état, en passant par des ouvrages du type de celui
de Gérard Debreu à la fin de la décennie 1950 qui n'hésitait pas à écrire
que:
"Le
premier exemple d'un service économique sera le travail humain. Sa
description est celle de la tâche accomplie [...]" (Debreu, 1960)
La notion de "travail" est, dans ces conditions, une absurdité
d'économistes relayés par des politiques.
Et qu'une analyse économique, sans concept d'"acte humain", qui
identifie le travail à un résultat d'action observé comme le faisait Debreu
en évoquant la "tâche accomplie", n'y change rien.
En conséquence, le taux d'échange d'une quantité d'objet matériel (ou de
service) et du travail dont conviennent les gens peut être évalué par un
prix...
b. Valeur de type "valeur d'usage".
Le "travail" en tant que valeur ne signifie donc rien, sinon
contribuer à cacher la "valeur" que chacun donne au travail qu'il
mène.
Attention à la "valeur d'usage" qui n'est connue que de chacun, ex
ante, et que ses prosélytes prétendent connaître et crient à tue-tête
dans le "marché du travail" - qu'ils dénomment aussi pour
l'occasion "marché de l'emploi"! -.
c. Le travail ne saurait être mesuré par la "durée" ...
Dans ces conditions, pas plus que le service, l'élément de celui-ci qu'est
le travail ne saurait être mesuré par une quantité, au sens habituel du mot.
Et, d'ailleurs, tout le monde en convient.
Mais, vraisemblablement, l'analogie de l'économie politique avec telle ou
telle science physique a contribué à lui donner comme mesure, la mesure qu'on
lui connaît dans ces différentes physiques, à savoir une
"durée", un "intervalle de temps"... au cœur de la
"vitesse", du "mouvement", de l’"accélération",
de l’"énergie" ou etc. …
"Quantité de mouvement et quantité de travail, même combat" par
exemple!
La mesure en question, i.e. de
la "quantité du travail" par la "durée", est une
imposture.
Le prix en monnaie du travail n'a pas de relation économique avec la durée
quoique le travail puisse recouvrir "de la durée" ...
La mesure du travail par une quantité reste à être trouvée en économie
politique ...
Pour l'instant, le travail n'est en vérité qu'une valeur abstraite...
7. La (quantité de) marchandise, une valeur de type "valeur
d'échange".
Les valeurs précédentes sont échangeables en pratique ou ne le sont pas
par les gens.
Elles ne sont pas nécessairement échangeables pour des raisons
- juridiques (interdiction, etc.),
- techniques (à commencer par "on ne sait pas"...) ou
- économiques (coût d'opportunité trop élevé, etc.).
Echangeables, elles sont dénommées "marchandises" ou
"valeurs d'échange".
Elles ne sauraient cacher que, dans l'avenir, elles peuvent ne plus être
échangeables : il y a attente avec incertitude des gens qu'elles ne le soient
plus.
Et il est commun désormais de dire que, pour cette raison, la marchandise
est un "risque".
Elles ne sauraient cacher non plus que, dans le passé, elles pouvaient ne
pas exister.
Rares sont les échanges éternels.
a. La valeur de l'acte d'échange.
Le service est un acte d'échange de l'être humain.
Il est nécessairement échangeable dès lors qu'il est mené.
Il n'empêche qu' échanger une quantité de marchandise contre une autre est
un exemple d'acte d'échange dans quoi voient une "valeur" les gens
qui y procèdent
- soit par échange synallagmatique (dit aussi "échange de
troc"),
- soit par marché (avec offre et demande).
Les valeurs en question font intervenir le profit attendu avec incertitude
et le coût d'opportunité de l'acte d'échange.
b. L'information.
Dernière "marchandise" en date à signaler,
l'"information" au début du XXème siècle et la mesure
"numérique" de sa quantité depuis le milieu de celui-ci ...
8. Ce qu'on dénomme "monnaie", une "valeur", un type de valeur.
La monnaie est, selon Vilfredo Pareto (1848-1923), fin du XIXème siècle,
une marchandise :
«
269. Une marchandise en laquelle s'expriment les prix des autres
marchandises, est un numéraire ou une monnaie.” (Pareto, 1896-97, §269).
Selon Say, début du XIXème siècle, elle est un intermédiaire des échanges:
"La
monnaie n’est pas le but, mais seulement l’intermédiaire des échanges.
Elle entre passagèrement en notre possession quand nous vendons ;
elle en sort quand nous achetons, et va servir à d’autres personnes de la
même manière qu’elle nous a servi." (Say, 1815, p.49)
Et son propriétaire ou son locataire lui donne une "valeur
d'usage" ou une "valeur d'échange" si l'on suit John Locke
(1632-1704) cité par J.M. Keynes (1883-1946):
"Locke explique que la monnaie a deux valeurs :
elle possède une valeur d'usage mesurée par le taux de l'intérêt « et en
cela elle a la même nature que la terre, le revenu de l'une étant appelé
Rente et celui de l'autre Intérêt ».
Elle possède ensuite une valeur d'échange « et en cela elle a la nature
d'une marchandise », car sa valeur d'échange « est uniquement fonction du
rapport entre l'abondance ou la rareté de la monnaie et celles des produits ;
et « elle ne dépend nullement du niveau de l'Intérêt »" (Keynes,
1936)
Malgré tout, rien ne justifie
d'opposer "théorie de la valeur" et "théorie de la
monnaie" comme l'a fait Keynes car la "valeur" englobe la
monnaie qui n'est qu'un type de "valeur"...
a. Le prix en monnaie
est, aujourd'hui, la valeur, le type de valeur le plus courant ...
Reste qu'aujourd'hui, les gens
donnent aussi une "valeur" aux prix en monnaie des
marchandises qu'ils échangent.
La "valeur" fait
ainsi référence aux prix en monnaie et quantités des marchandises, résultats
- des échanges synallagmatiques
- des actions économiques d'untel et untel - ou
- de l'offre et de la demande -
du "marché", concept cher au savant officiel -.
Les prix en monnaie ne sont que
des quantités unitaires dont ils conviennent ou qu'ils consentent.
Ce sont des abstractions, des
valeurs abstraites.
Mais la démarche est
fallacieuse là encore.
En effet, le prix en monnaie
d'une marchandise n'est jamais qu'un taux d'échange convenu ou consenti, donc
résultat, d'une marchandise et de monnaie.
Il n'est aussi qu'une quantité
de monnaie unitaire, convenu ou consenti, résultat (sous entendu, la
marchandise autre).
Et, quand il y a diverses
monnaies, une quantité de monnaie unitaire est prise pour "unité de
compte".
Reste que les prix en monnaie
de marchandises ou les quantités unitaires convenues de monnaie sont des
"valeurs" de même nature malgré des noms donnés différents.
Ce sont encore des types de
"valeur" ex post signifiant des taux de quantités
intimement liés choisis par les personnes juridiques physiques, mais sans
valeur pour l'avenir.
Rien ne justifie d'opposer
"théorie de la valeur" et "théorie des prix" car la
"valeur" englobe le prix qui n'est alors qu'un type de
"valeur".
b. le prix en monnaie du
travail, une valeur.
En conséquence, les gens
évaluent, de même, les taux d'échange d'une quantité de monnaie ou
du travail convenus par un prix.
Seulement ce prix n'a pas de
relation avec la durée quoique le travail puisse recouvrir "de la
durée" (cf. ci-dessus) ...
9. L'utilité, une
valeur, un type de valeur.
Si la chose ou le bien, en
quantité ou en nombre, reçoit une "valeur d'usage" ou une
"valeur d'échange", lui est aussi donnée, selon le "savant
économiste",
- depuis le début du XIXème
siècle, une "utilité" (Say) et
- depuis la seconde moitié
du XIXè siècle, une "utilité marginale" (ou une
"ophélimité élémentaire" comme disait Vilfredo Pareto).
Depuis Say, l'utilité d'une
(quantité de) bien est, en effet, la valeur que lui donne une personne.
Selon la question de J.B. Say :
"Comment
donne-t-on de la valeur à un objet?" (Say, 1815., p. 10)
la réponse était:
"en
lui donnant une utilité qu'il n'avait pas" (ibid.).
D'après Pareto:
"82. Une autre grande
classe de théories met la source de la valeur dans l'utilité.
Cette conception est développée
par J. B. Say. [... ]
J. B. Say a pourtant très bien
vu le caractère subjectif de la valeur;
il dit:
'La vanité est quelquefois pour
l'homme un besoin aussi impérieux que la faim.
Lui seul est juge de
l'importance que les choses ont pour lui et du besoin qu'il en a.'"
(Pareto, op.cit. § 82)
Quelques
décennies plus tard, Menger (1840-1921) a évoqué l'idée de Say sans trop y
insister :
"La valeur n'est rien
d'inhérent aux biens [...] [n'est] pas une propriété de ceux-ci, ni une chose
indépendante existant en elle-même.
C'est un jugement que les
individus font de l'importance des biens [...] la valeur n'existe pas en
dehors de la conscience des individus" (Menger, 1871, pp.120-21)
Quant à la "théorie de la
valeur", Menger a été explicite sur ce qu'il fallait y comprendre :
1.
La nature et l'origine de la valeur ( Menger, 1871, https://mises.org/library/principles-economics
)
If the requirements for a
good, in a time period over which the provident activity of men is to extend,
are greater than the quantity of it available to them for that time period,
and if they endeavor to satisfy their needs for it as completely as possible
in the given circumstances, men feel impelled to engage in the activ- ity
described earlier and designated economizing.
But their perception of
this relationship gives rise to another phenomenon, the deeper understanding
of which is of decisive importance for our science.
I refer to the value of
goods.
Si, dans une période de temps
durant quoi l'activité de prévoyance des hommes doit prendre de l’ampleur,
les besoins d’un bien sont supérieurs à la quantité qui leur est offerte
pendant cette période et
s'ils s'efforcent de satisfaire
leurs besoins aussi complétement que possibles dans les circonstances
données, l
es hommes se sentent contraints
de participer à l’activité décrite ci-dessus et qui vise à économiser.
Mais la perception de cette
relation entraîne un autre phénomène, à savoir une compréhension plus
profonde d’importance décisive pour notre science.
J’entends par là, la valeur des
biens.
If the requirements for a
good are larger than the quantity of it available, and some part of the needs
involved must remain unsatisfied in any case, the available quantity of the
good can be diminished by no part of the whole amount, in any way practically
worthy of notice, without causing some need, previously provided for, to be
satisfied either not at all or only less completely than would otherwise have
been the case.
The satisfaction of some
one human need is therefore dependent on the availability of each concrete,
practically significant, quantity of all goods subject to this quantitative
relationship.
If economizing men become
aware of this circumstance (that is, if they perceive that the satisfaction
of one of their needs, or the greater or less completeness of its
satisfaction, is dependent on their command of each portion of a quantity of
goods or on each individual good subject to the above quantitative
relationship) these goods attain for them the significance we call value.
Value is thus the
importance that individual goods or quantities of goods attain for us because
we are conscious of being dependent on command of them for the satisfaction
of our needs.1
Si les besoins d’un bien sont
plus grands que la quantité disponible, et une partie de ces besoins en
question doit rester insatisfaite dans tous les cas,
la quantité disponible du bien
ne peut être diminuée du montant total, en aucune façon digne d’intérêt, sans
faire qu’un besoin, précédemment pourvu, ne soit pas du tout satisfait ou
alors moins complétement que cela aurait dû l’être.
La satisfaction d’un besoin
humain est par conséquent dépendante de la disponibilité de chaque quantité
concrète, en pratique significative, de tous les biens sujets à la relation
quantitative.
Si les hommes économisants ont
conscience de cette circonstance
(c’est-à-dire s’ils perçoivent
que la satisfaction de l'un de leurs besoins, ou la plus ou moins grande
complétude de la satisfaction dépend de la demande de chaque portion
d’une quantité de biens ou de chaque bien individuel sujet à la relation
quantitative ci-dessus)
ces biens atteignent pour eux
la signification que nous dénommons valeur.
La valeur est donc l’importance
que des biens individuels ou des quantités de biens atteignent pour nous car
nous sommes conscients d’être dépendants de leur obtention pour la
satisfaction de nos besoins.
The value of goods,
accordingly, is a phenomenon that springs from the same source as the
economic character of goods—that is, from the relationship, explained
earlier, between requirements for and available quantities of goods.2
But there is a difference
between the two phenomena.
On the one hand, perception
of this quantitative relationship stimulates our provident activity, thus
causing goods subject to this relationship to become objects of our
economizing (i.e., economic goods).
On the other hand,
perception of the same relationship makes us aware of the significance that
command of each concrete unit3 of the available quantities of these goods has
for our lives and well- being, thus causing it to attain value for us.4
La valeur des biens est donc un
phénomène qui jaillit de la même source que le caractère économique des
biens, c'est-à-dire de la relation, expliquée précédemment, entre les besoins
et les quantités disponibles de marchandises.
Mais il y a une différence
entre deux phénomènes.
D'une part, la perception que
cette relation quantitative stimule l’activité de prévoyance, impliquant
alors que les biens sujets à cette relation deviennent des objets de notre
économie (c’est-à-dire des biens économiques).
Et d’autre part, la perception
de la même relation nous rend conscients de la signification que la commande
de chaque unité donnée des quantités disponibles de ces biens a pour nos vies
et bien être, faisant qu’elle atteigne la valeur pour nous.
Reste que, dans
son Cours
d'économie politique (§§78-82) de 1896-97, Pareto est revenu sur la
"théorie de la valeur" pour acquiescer ce qu'en avaient dit Say et
Bastiat, sans faire référence à Menger, et a ajouté :
- les propos de Karl Marx
(1818-83) qui faisait référence explicitement à la "marchandise"
(cf. §18),
- ceux de Gustave de Molinari
(1819-1912) qui expliquait la valeur par l'"intensité comparée des
besoins" (cf. §81) et
- ceux de Stanley Jevons
(1835-82) qui, selon Pareto, aurait introduit le concept de "taux
d'échange de choses" en économie politique (cf. §74) et qu'il a dénommé
"prix d'une chose en une autre chose" (il n'a pas insisté sur le fait
de la conclusion de l'échange).
. L'utilité marginale ou
l'ophélimité élémentaire, une valeur, un type de valeur.
A la fin du XIXème siècle,
l'utilité marginale ou l'ophélimité élémentaire d'un bien était la
valeur que le savant économiste supposait que lui donnait une personne, à la
suite de ...
Rappelons en effet ce qu'a
écrit Pareto :
"Les choses qui ont une
ophélimité élémentaire appréciable pour le plus grand nombre d'hommes sont
appelées […] des biens économiques". (Pareto, 1896, §31, p.12)
Pour qu'il n'y
ait pas d'ambigüité sur le mot "utilité" qui était pris alors pour
être tantôt objectif, tantôt subjectif, Pareto a introduit la notion
d'"ophélimité" pour désigner l'"utilité subjective",
laissant la notion d'"utilité" désigner l'"utilité
objective"...
Comme il l'a indiqué, Pareto a
adopté sa dénomination "ophélimité" pour insister sur le caractère
"subjectif" de l'utilité, ce que Say, trois quarts de siècle plus
tôt, n'avait pas cru bon de faire tant, d'après lui, l'utilité ne pouvait
qu'être subjective.
D'après Pareto, en effet:
"82. [... ] Il est
difficile, en bien des cas, de se rendre compte si les économistes veulent
parler
- de l'utilité subjective
(ophélimité), ou
- de l'utilité objective.
Quand ils portent leur
attention spécialement sur ce sujet, ils les distingent, mais bientôt ils les
confondent.
C'est là, à proprement parler,
outre l'omission de la considération des quantités, le défaut de cette classe
de théories." (Pareto, op.cit. § 82)
Par conséquent, il n'y a pas,
en économie politique, de "valeurs objectives" des choses à quoi on
pourrait opposer des "valeurs subjectives", comme certains imposent
de le croire.
Et Pareto de préciser :
"L'ophélimité élémentaire
est le final degree of utility de Jevons, la marginal utility
des auteurs anglais... "
Il est ainsi question, en
français, d'"utilité marginale" de biens de la personne.
Ce qui lui a permis de
distinguer la notion, nouvelle alors, d'"ophélimité élémentaire" de
l'ancienne notion d'utilité qui pouvait être subjective ou objective.
Attention néanmoins aux propos
ambigus, voire dénaturant, de Pareto du type:
"Toute chose qui, soit
directement, soit indirectement, par les services qu'elle rend ou les autres
choses qu'elle procure, a une ophélimité élémentaire appréciable par un
individu, est dite bien économique pour cet individu" (Pareto, 1896,
§31)
En relation avec ce qu'avait
écrit Léon Walras (1834-1910), Pareto a aussi identifié l'ophélimité
élémentaire à la "rareté relative".
Malheureusement, ce que Pareto
a proposé est resté lettre morte par la suite, en particulier aux Etats-Unis
d'Amérique à partir de la décennie 1930 où ses propos ont été dénaturés ...
(cf. ce texte
de juillet 2009).
C'est le marginalisme dévoyé
(sauf par les économistes dits "autrichiens"), bien connu
aujourd'hui dans son principe, même si beaucoup d'erreurs sont commises à son
sujet.
10. Un dernier mot
(provisoire).
En tous les cas,
l'"utilité", totale ou marginale, d'une (quantité de) chose ou
bien est une valeur abstraite, comme peuvent l'être travail ou monnaie, et
non pas concrète, ni concrétisable comme l'a été longtemps la monnaie.
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