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1.
Equilibre économique général et action
humaine
Selon les mots de Vilfredo
Pareto (1896) – « successeur pessimiste de Molinari »
comme le dénommait Murray Rothbard -, l’économie
politique s’intéresse aux phénomènes
économiques qui résultent de l’action humaine, au nombre
desquels le principal est l’équilibre économique
général (cf. son Cours
d'économie politique, §3).
Elle ne s'intéresse donc pas à l’action humaine
elle-même que Pareto dénomme
« occupation » ou « fonction » en
relation avec les actions des hommes de l'Etat qu'il analyse à
l'occasion et, en particulier, celle de spoliation ou redistribution.
A priori, en
économie politique, l’équilibre économique
général est un concept qui semble donc aux antipodes du concept
d’ « action humaine », i.e. de l’action de
vous ou moi, de cette action dont on évalue le coût
d’opportunité par la pensée et dont on espère avec
incertitude tirer un profit dès lors qu’on mène telle ou
telle.
2. Equilibre
économique, égalité arithmétique, marché
conclu en droit.
Pour expliquer les
phénomènes économiques et, en particulier,
l’équilibre économique général,
l'économie politique "à la Pareto", mais aussi
d'autres comme on va le voir, font intervenir non pas l'action humaine, mais,
principalement, des concepts d’offre et de demande de biens rares.
Il reste que l’équilibre économique général
est un concept construit par des économistes, à commencer par
Léon Walras – prédécesseur de Pareto à
l'université de Lausanne -, à partir d’une analogie avec
la mécanique classique des XVIIIème et XIXème
siècles, cette mécanique dont le point de départ
oublié aujourd'hui par beaucoup est l’application de la loi de
l’économie à la nature sous la forme « du
moindre temps », « du moindre effort » ou
encore « de la moindre action ».
Soit dit en passant, loin d'être, au mieux, dépendante de la
physique - au pire, ne pas être une science - comme le veulent beaucoup
de critiques, l'économie politique
impose sa marque à la science via sa loi, la loi de l'économie, expression de la rationalité de la
pensée humaine.
La façon de parler qu'est le concept d'équilibre
économique général ne saurait cacher ou faire mettre de
côté deux autres façons synonymes et
complémentaires de s’exprimer de l’économie
politique, la vraie.
L’une tient à l’égalité arithmétique
de la quantité offerte et de la quantité demandée
d’un bien pour un prix en monnaie convenu contractuellement.
Celle-ci transparaît d’ailleurs, déjà
déformée voire dénaturée, dans ce qu’a
écrit Keynes à propos de l’offre et de la demande
globales puisqu’il ne fait pas intervenir de prix… (cf.
ci-dessous).
Alors que l’équilibre, métaphore, peut laisser imaginer
les forces qui le réalisent, l’égalité quantitative
arithmétique est, si l’on peut dire, « terre à
terre », stricte, elle ne fait pas rêver...
L’autre façon de s’exprimer synonyme de
l’économie politique tient à l’accord des
volontés des personnes juridiques, aux « marchés
conclus » entre les parties de l’échange, êtres
de pensée et de raison et non pas analogues des planètes du
système solaire ou des électrons libres de la toute nouvelle -
alors - mécanique quantique.
3. Quatre
résultats de l'échange à ne pas
méconnaître.
Soit dit en passant, un
des résultats de l’échange libre est donc, comme on le
disait en « vieux françois », le
« marché conclu ».
On était bien loin alors des représentations
géométriques du marché de la fin du XIXème
siècle « à la Marshall », à la
« Edgeworth Bowley » ou de l’équilibre
économique général « à la
Walras », « à la Hicks-Hansen »
(mi XXème siècle), à la façon
« monétariste, à la façon
« néo néo keynésienne » (2001), à
la façon « nouveau monétarisme » (2010)...
A fortiori, on
était loin des élucubrations des représentations
résultant de l’application de la
« théorie mathématique des jeux » ou des
représentations résultant de l’application de la
"théorie des ensembles" « à la Arrow-Debreu et consorts »
qui fleurissent mi XXème siècle et qui tendent, entre autres,
à mettre l’accent sur la question de la détermination
"mathématique" de l'équilibre (ah Kakutani ou Brouwer
!) comme pour faire oublier la différence à faire entre la
question de l’existence mathématique et la question de
l’existence empirique (cf. par exemple, Poincaré, Science
et méthode, 1908).
Un deuxième résultat de l’échange libre est la
spécialisation réalisable de l’action humaine.
Sans échange libre, pas de spécialisation imaginable.
Il reste que, pour certains, l’échange libre est à
maudire car c’est la « division du travail » et
car ils jugent celle-ci néfaste pour le travailleur ou … pour la
nation – du fait de la dépendance, "avancée dans la
foulée", vis-à-vis de l’étranger,
dépendance alimentaire, énergétique, etc. (ah le patriotisme économique !)-.
Troisième résultat à ne pas cacher, ni à oublier
: le gain à l’échange.
En vérité, le gain à l’échange est
tellement évident que ceux qui condamnent la division du travail en
arrivent à faire référence à une mauvaise
distribution du gain et à parler de l’
« échange inégal » plutôt
qu’à s’escrimer à essayer de réfuter
l’existence empirique du gain.
Le quatrième et dernier résultat de l’échange
libre que j’évoquerai est cela même sur quoi insistait en
fait Pareto, à savoir le prix du marché conclu, le prix en
monnaie du bien « non monnaie » échangé.
Un prix en monnaie n’est jamais qu’une quantité de monnaie
convenue entre des personnes juridiques par unité du bien en question.
Il n’est pas a priori
un prix en monnaie affiché à quoi il faut se soumettre ou se
démettre, quand l’échange n’est pas
réglementairement obligatoire et quand on peut donc y échapper….
Contrairement à ce que supposent beaucoup d’économistes
mathématiciens qui n'ont d'"économistes" que le mot,
il n’y a pas, d’un côté, des prix et, de
l’autre, des quantités de marchandises…
Il n’y a que des quantités de biens en propriété
échangeables - ou échangées -
évaluées par les êtres humains et des
quantités de monnaie que ceux-ci détiennent, le prix en monnaie
étant une façon de schématiser le « marché
conclu » en droit, en insistant sur une de ses
caractéristiques.
Mais, bien sûr, quand, en hypothèse, on a mis de
côté la monnaie - car on ne sait pas ce que c'est - et
qu’ainsi on s’est mis dans une impasse, il faut trouver un
stratagème pour s’en sortir "au moindre coût qu'on évalue
à sa façon" : ce sera, dans ce cas, la plupart du temps, l’appel
à la rhétorique - au mauvais sens du terme - et la
référence à la « dualité »
: il y aurait des prix et des quantités de marchandises !
Qu'à cela ne tienne, les personnes échangent toujours des biens
en propriété soit synallagmatiquement (via des contrats
bilatéraux) soit catallactiquement (il s'agit alors d'"échanges dépersonnalisés"
pour reprendre le concept de Douglas North qui tend à conforter le
concept à consonance un peu barbare de "catallaxie" de
Hayek).
Chaque fois que l’échange débouche sur un accord en
droit, il y a « marché conclu ».
Et a priori,
l’échange libre débouche davantage sur un accord que
l’échange réglementé.
A l'opposé, un prix minimum fixé réglementairement
interdit des échanges et crée des marchés conclus
« au noir »...
S’il n’y a que des marchés conclus librement, a priori il ne peut y avoir
qu’un accord général des volontés des uns et des
autres, qu’un marché conclu général, qu’une
égalité quantitative générale, qu’un
équilibre économique général.
S’il y a des échanges réglementés, il en est tout
autrement : ce qu'en définitive, l’application de telle ou telle
mathématique choisie arbitrairement... sanctionne en amenant à
parler d’indétermination…
4. Trois façons
interdépendantes de dire la même chose
Bref, accords des volontés de vous et moi – "marchés
conclus" -, égalités arithmétiques des
quantités des biens en propriété et équilibre
économique général ou, si on préfère
l'ordre inverse, équilibre, égalité,
« marché conclu » sont trois façons
complémentaires, interdépendantes de l’économie
politique de dire la même chose avec des mots différents.
Rien ne justifie de donner une priorité à l’une
d’elles sur les autres comme c’est, par exemple, le cas depuis la
décennie 1930 (cf. Cot et Lallement, 2007 ) avec la
déformation, la dénaturation voire le dévoiement de la
pensée de Pareto sous l’intitulé
« économie parétienne » ou
« économie du bien être » (le fameux « Pareto revival » en langue
américaine) sauf à vouloir faire un mauvais coup.
C’est aussi le cas depuis la fin de la décennie 1930 avec le
domaine de l’économie politique dénommé
« macroéconomie » dont l’expérience
en cours est de plus en plus coûteuse.
Indétermination parétienne
Au passage, et ceci est curieusement passé sous silence, Pareto avait
souligné que, quand les prix sont libres, la monnaie est vraie et
l’équilibre économique général est
déterminé.
Quand ils ne sont pas libres, mais réglementés, la monnaie est
fausse et l’équilibre économique général
est indéterminé car il y a une variable de plus, de trop..., le
prix de la monnaie (cela ne signifie pas que l’équilibre
n’existe pas…, je laisse de côté le point).
Indétermination
keynésienne
Quarante ans plus tard (1936), John Maynard Keynes, le « magicien de Cambridge » comme
l'avait dénommé Jacques Rueff, impute une
indétermination à la « loi de Say » au
terme de laquelle l’offre crée sa propre demande.
Selon Keynes, les courbes d’offre globale et de demande globale sont
égales pour toute valeur du revenu, pour tout volume de la production
et de l’emploi (cf. par exemple T. Sowell qui y insiste dans un livre sur
la loi de Say, 1972 - 1991 en français, p.151-). En d’autres
termes, implicitement, en économie politique keynésienne, peu
importent les prix en monnaie !
Double indétermination
Etant donné ce qu’a écrit Pareto – que Keynes ne
cite pas dans sa Théorie
générale… mais cela n'est pas étonnant
car, selon Friedrich von Hayek, son niveau de connaissances économiques est
celui d’un étudiant de première année de licence
-, on peut ajouter, si on se place dans la perspective du magicien, que,
quand les prix ne sont pas libres, mais réglementés, la monnaie
est fausse et il y a une double indétermination mathématique de
l’équilibre économique général…
C'est la caractéristique de la situation mondiale dans laquelle nous
nous trouvons aujourd'hui depuis l'échec retentissant des
manipulations de la monnaie à l'échelle mondiale dont le glas à sonné en 1971,
sauf à changer de mathématique...
Dans le cas spécifique de la France, ont été aussi
développés des succédanés de ces deux domaines de
l'économie politique que sont l'économie parétienne et
la macroéconomie qui ne doivent pas éconduire
l’attention, mais bien au contraire faire en sorte qu'elle reste
rattachée à leur souche. Ils végètent en effet
sous la forme de
« modèles mathématiques», par exemple, au
monopole institué en 1946 qu’est l’I.N.S.E.E. (cf. Desrosières 2003) ou à la C.N.A.V. créée par
ordonnances en 1967.
L'honnêteté profonde des scientifiques français (cf. les
noms cités par exemple) le fait transparaître, certes
peut-être à leur corps défendant...
5. Actions
"4D.F." de vous et moi.
Tout pousse au contraire à vouloir cimenter davantage ces trois
façons de s’exprimer de l’économie politique, au
besoin en faisant intervenir une quatrième façon.
Encore faut-il, et d'une part, pour comprendre la démarche ne pas (se)
mutiler la pensée, ne pas raisonner en termes de résultats
d’actions - nécessairement non précisées... - dans
un monde sans règle de droit, mais perclus de réglementations
parachutées, ne pas rejeter le concept d’action humaine, de vous
ou moi, et, en particulier, le concept d’échange, type
d’action humaine, ou ne pas les déformer, déguiser,
dévoyer, dénaturer, falsifier (sigle "D.D.D.D.F.")
comme c'est le cas depuis la décennie 1940.
Car malheureusement, même dans le meilleur des cas, il en est ainsi.
Les concepts d’action et d’échange que se sont
forgés les économistes dits aujourd’hui de l’
« école de pensée économique
autrichienne », mais que se sont forgés aussi des économistes français
auxquels font d’ailleurs référence les
« Autrichiens » – Hayek à propos de
Bastiat, Mises ou Rothbard à propos de Rueff -, sont déformés,
déguisés, dénaturés, dévoyés,
falsifiés ("D.D.D.D.F.").
L’action ne saurait se définir autrement qu’en termes de
coût d’opportunité et de profit attendu avec incertitude
par qui la mène.
Une action à profit certain (hypothèse de Koopmans par exemple)
ou à coût autre qu’un coût
d’opportunité est une action "D.D.D.D.F." (ou, si on
préfère, "4D.F.")
Les concepts d'action et d'échange sont "4D.F." depuis
essentiellement la décennie 1940 du fait des premiers
économistes de la « théorie des jeux » ou
des disciples de T. Koopmans dont Edmond Malinvaud (1954) , futur directeur
général de l'I.N.S.E.E., rendait compte du livre
intitulé Activity
Analysis of Production and Allocation (Proceedings of a
Conference, New York), John Wiley and Sons, (Cowles Commission, Monograph no
13), 1951, en ces termes :
« Le livre est une œuvre collective qui rassemble vingt-cinq
contributions différentes présentées à une
conférence réunie en 1949 pour l'étude spéciale
de [plusieurs] questions. Il ne vise donc pas à fournir un
exposé systématique. »
Plus précisément :
« La méthode d’approche consiste à
définir dans chaque cas un nombre restreint d’activités
élémentaires susceptibles de représenter correctement
les conditions techniques du problème
Une activité élémentaire est caractérisée
par la transformation de certains facteurs en certains produits, les
quantités des uns et des autres se trouvant dans des proportions bien
définies
Si on multiplie par deux les quantités de tous les facteurs, alors on
obtiendra nécessairement deux fois plus de tous les produits
[…]
« Une particularité frappera le lecteur dès le
premier abord; c'est le formalisme mathématique de cet ouvrage.
Même pour des économistes doués d'une bonne culture
mathématique, la lecture peut s'en avérer très
difficile.
En effet, lès auteurs utilisent des concepts pris davantage dans la
théorie des ensembles et des matrices que dans que dans l'analyse
différentielle classique.
A vrai dire, ce n'est pas la première fois que des économistes
font appel à ces nouvelles méthodes de déduction.
L'emploi des mathématiques modernes pour l'étude
économique remonte aux années 1930 à 1937,
période durant laquelle un groupe de chercheurs d'origines allemande
et autrichienne étudia de façon rigoureuse les questions
posées par l'existence de l'équilibre économique
général.
Malheureusement, leurs travaux passèrent à peu près
inaperçus à l'époque et furent seulement
découverts après le succès de la « Théorie
des Jeux ».
Aujourd'hui, on en vient de plus en plus à penser
- que les mathématiques modernes sont mieux adaptées que
l'analyse classique à la nature logique des problèmes
économiques généraux, et
- qu'elles sont appelées à des applications de plus en plus nombreuses
dans notre science. »
Et vogue la galère jusqu'à aujourd'hui.
Mais la galère est devenue "Titanic"...
Le « coût
de transaction »
La dernière étape en date du concept d'action humaine
"4D.F." est celle du concept de « transaction
cost », expression traduite par des économistes
français par « coût de transaction »,
véritable anglicisme puisqu'en français, la
transaction n'est qu'un moment de l'échange, le moment du
débat des parties avant l'accord, si accord, comme l'avait
analysé par exemple Frédéric Bastiat dans la
première moitié du XIXème siècle.
Au prétexte que nos économistes « non
autrichiens » admettent désormais que ce qu’il
dénomme « coût de transaction »
n’est pas nul (cf. Ulph et Ulph, 1975), contrairement à ce
qu’ils avaient supposé jusqu’à la décennie
1960 après être parvenu à cerner le concept
"à leur mode" – rappelons que ce n'est pas Ronald Coase (1937) qui s'en est
chargé comme certains l'imaginent et le colportent encore aujourd'hui
-, ils l’imputent aux règles de droit, à leurs
imperfections ou aux obstacles à leurs bonnes applications, aux
frictions économiques, et à la monnaie !
Mais ainsi, ils font un merveilleux tête à queue
méthodologique complet… car ils n’ont pas compris que
l’action et la pensée humaines ont, depuis la nuit des temps,
diminué petit à petit les coûts de pensée et
d’action incommensurables de chacun, mais pas à zéro
jusqu’à présent de sorte qu’il existe un
"coût résiduel".
Loin de prendre en considération le concept de "coût
résiduel" qui échappe à leur pensée et de se
féliciter de la diminution, i.e. du progrès, qu’il
sanctionne grâce, entre autres, à l’application des
règles de droit ou aux innovations en matière monétaire
- ou financière -, et malgré les réglementations
légales iniques, ils imaginent un coût fantoche qu’ils
dénomment « coût de transaction », qui n'a
rien à voir avec un coût d'opportunité de l'action
humaine et ils l’imputent à ces malheureuses règles de
droit et à la monnaie.
Soit dit en passant, puisque les règles de droit ne conviennent pas,
on va les remplacer par des réglementations de son crû, et
puisque la monnaie ne convient pas non plus, on ne va pas la remplacer par
quoi que ce soit - on ne sait pas le faire ! -, mais on va s'en rendre
maître en monopolisant sa production et en rendant obligatoire sa
demande !
De fait, acculés dans leur impasse méthodologique où les
a conduits leur hypothèse qui consistait à raisonner en termes
de résultats d’action, puis en termes d’actions
"4D.F.", ils ont construit un machin qu’ils pensent
être un tremplin pour leur permettre d’en sortir :
c’est le concept de « coût de
transaction » !
6. Les actions des hommes
de l’Etat.
Encore faut-il, d'autre part, pour comprendre la démarche ne pas
privilégier non plus les politiques des hommes de l’Etat, qui ne
sont jamais que des actions extraordinaires, "exorbitantes du droit
commun" de l'être humain.
En effet ces actions coercitives qu’ils n’inscrivent plus dans un
« plan » ou une « planification »,
indicative ou autre, comme ils le faisaient au XXème siècle,
mais dans une « régulation », une
« supervision » (dans le domaine de la monnaie en
particulier), nos économistes « non
autrichiens » continuent à les dénommer
« politiques » et à les envisager en termes de
moyens et de fins et toujours pas sous l’angle des
« coûts d’opportunité » et des
« profits attendus avec incertitude » par qui les
mène.
A les écouter, il faut se le dire et le répéter : les
hommes de l’Etat sont des gens désintéressés qui
n’ont comme fin que l’ « intérêt
général » ou la « justice
sociale » qu’ils (se) fixent (au XIXème
siècle, on parlait aussi d’ « utilité
publique » et au XXème, en particulier en France, de
« sécurité sociale »).
Malgré eux, à leur corps défendant, vous disent-ils, ils
ont comme moyen général le monopole de la contrainte des
actions de vous et moi et, en particulier, de nos échanges.
Et à l’occasion, les hommes des syndicats demanderont davantage
de moyens « pour que ça marche… »
En conséquence logique puisqu’il y a contrainte, coercition, les
volontés de vous et moi ne peuvent qu’être
désaccordées, les marchés mal conclus, les
quantités offertes et demandées inégales, bref
l’équilibre économique général non
réalisé.
Mais malgré tout, les hommes de l’Etat se font forts de
réaliser l’équilibre un jour… ainsi qu’une
croissance et un développement équilibrés…
De toutes les façons, à les entendre, s’ils
n’étaient pas là et ne faisaient pas ce qu’ils
font, la situation serait pire.
Il reste que rien ne justifie de continuer à ne pas parler du
coût d’opportunité des politiques menées et des
profits attendus avec incertitude par les hommes de l’Etat du fait de
ces actions…
Avec l’augmentation du rythme des changements de personnels
gouvernementaux (et des collaborateurs qu’ils cachent), on peut faire
apparaître aisément les bénéfices obtenus par les
uns et les autres. La liste est désormais longue, longue. Et
l’actualité récente vient encore de l’allonger.
Lisez par exemple Le
Canard enchainé pour la connaître…
En résumé, attestent d’une grande supercherie :
- que, dans leurs raisonnements, les économistes non autrichiens
mettent de côté ou 4D.F. les actions ou échanges de vous
et moi et
- qu’ils prennent en considération les seules actions des hommes
de l’Etat ... en les dévoyant.
7. Le double paradoxe.
Pour conclure, plus important peut-être est de souligner que, loin de
réaliser l’équilibre économique
général (macroéconomique ou autre, peu importe) - ou, en
termes plus élégants, la "croissance
équilibrée" - sur quoi ils insistent après
l’avoir mal individualisé, les hommes de l’Etat ont donc
des actions – sous le sobriquet de « politiques
économique et sociale » – qui en éloignent -
et qui éloignent, entre autres, du contrat synallagmatique, fondement
de l'état de droit – et qui confortent ainsi leur fonds de
commerce, ce contre quoi ils affichent combattre et être les seuls
à pouvoir le faire, à savoir la dissolution du tissu social ou
de la nation.
Ils sont aidés en cela par les économistes non autrichiens qui,
depuis le XXème siècle, ont la prétention de
développer des domaines autonomes de l’économie politique
fondés sur des hypothèses qui nient ou déforment,
déguisent, dévoient, dénaturent, falsifient
l’action humaine, i.e. l’action de vous ou moi, êtres de
pensée et de raison, et donc en définitive, qui annihilent leur
propre action d’économiste ! Ils sont, de fait, des
"vivants morts" qui tentent de diviser ... peut-être pour
mieux régner…
Ce double paradoxe,
cette double antinomie pour ne pas parler d’absurdité devraient
pour le moins faire réfléchir, puis agir (cf. Les malices de Plick et Plock) avant
qu’il ne soit trop tard.
D’ailleurs, en France, chaque jour qui passe ou presque, on constate
des résultats… diamétralement opposés aux
résultats prévus et souhaités par les hommes de l'Etat
en place et leurs économistes non autrichiens, preuves s’il en
était besoin de l’absurdité car, comme l’a
écrit Chateaubriand :
"[...] regardez à la fin d'un fait accompli, et vous verrez qu'il
a toujours produit le contraire de ce qu'on en attendait, quand il n'a point
été établi d'abord sur la morale et la justice."
seule définition en définitive de la rationalité
économique.
Les « Tea parties » ont,
semble-t-il, réussi l’année dernière, aux
Etats-Unis, à rembarrer des actions des hommes de l’Etat en
place.
Qu’en sera-t-il en France, aux élections cantonales de mars
prochain et à l’élection présidentielle
prévue pour mai 2012 ?
Tout est possible.
Georges
Lane
Principes de science économique
Georges Lane
enseigne l’économie à l’Université de
Paris-Dauphine. Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du
séminaire J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi
les très rares intellectuels libéraux authentiques en France.
Publié avec l’aimable
autorisation de Georges Lane. Tous droits réservés par
l’auteur
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