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« Dépendance au sentier » : pourquoi elle plombe les politiques publiques (1/2)

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Publié le 06 août 2014
891 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
( 2 votes, 3/5 ) , 4 commentaires
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Rubrique : Or et Argent

 

 

 

 

Les citoyens développent un sentiment affirmé de défiance au regard du monde politique. On remarque ainsi à travers le vote contestataire (le Front national et le Front de gauche font depuis plusieurs années des scores électoraux particulièrement hauts) ou l’abstention (plus de 56%  aux européennes de 2014) une diffusion de la déception des citoyens. Parmi les nombreux griefs reprochés aux élus, celui de la similitude des politiques menées entre les différents gouvernements ou élus locaux est récurrent : « De toutes façons, ce sont tous les mêmes », « Gauche, droite, tous pourris », « Rien ne sert de voter, quelle que soit l’équipe en place ils feront la même chose », etc.

 

De nombreuses raisons sont apportées pour expliquer cette inertie, cette absence de changement quelle que soit la majorité politique élue. L’une d’entre elles nous semble particulièrement importante, et intéressante: celle de « dépendance au sentier » (path dependency).

 

Concept initié par Paul A.David dans un célèbre article de l’American Economic Review pour expliquer et analyser les phénomènes d’adoption de certaines technologies et innovations (en l’occurrence le clavier QWERTY)[1], il fut ensuite élargi à de nombreuses sciences sociales, dont la science politique. 

Dans ce champ, c’est le professeur de sciences politiques Paul Pierson[2] qui explicite la notion de dépendance au sentier comme le fait qu’« une fois établie, les modèles de mobilisation politique, les règles du jeu institutionnel et même les façons de voir le monde politique vont souvent auto-générer des dynamiques auto-renforçantes ».

 

Plus largement, cette théorie démontre que la plupart des politiques publiques sont constituées presque systématiquement en fonction des politiques publiques antérieures. Une fois établies et stabilisées, les conventions institutionnelles et organisationnelles deviennent particulièrement dures à modifier. Et elles déterminent les projets futurs. Comme le rappelait Bruno Palier, spécialiste des sciences sociales et politiques, « les choix initiaux en matière de design institutionnel ont des implications de long terme en matière de performance économique et politique[3]».

 

Ainsi, en se conformant très largement aux actions passées, l’équipe élue ne régénère pas les lois et projets.

 

Les choix réalisés dans le passé, possiblement justifiés et rationnels à une époque (mais pas forcément puisque les élus prennent aussi d’importances décisions pour des raisons émotionnelles ou personnelles), ont souvent perdu de leur pertinence. Ceux-ci peuvent ainsi perdurer sans fin, en raison de coûts d’opportunités particulièrement élevés, d’efforts trop importants, ou d’oppositions « citoyennes » ou corporatistes virulentes (et donc politiquement trop chères). Alors qu’à moyen / long terme, le bénéfice de ce changement serait parfois massif.

 

La dépendance au sentier ne peut évidemment pas entièrement être reprochée aux élus : leurs assistants et « chevilles ouvrières », les hauts fonctionnaires responsables de l’élaboration des projets, du conseil aux élus, et de la mise en œuvre des politiques publiques, sont les seuls à rester (plus ou moins) en place quelles que soient les majorités politiques. En tant que gardiens du temple, ils perpétuent des modes de travail, de pensée, d’actions… et de projets de politiques publiques.

 

Dans leur ouvrage sur Bercy [4], Thomas Bronnec et Laurent Fargues démontrent grâce à de nombreuses anecdotes la capacité de l’élite de Bercy à proposer – voire imposer – leurs projets de réformes ou de statu quo à tout nouveau ministre. Formatés sur le même moule, formés à penser de la même manière, les élites de Bercy construisent et poussent inlassablement les mêmes politiques publiques, les mêmes projets fiscaux ou économiques.

Sans faire explicitement référence à la dépendance au sentier, les réalités que dévoilent les deux journalistes illustrent fondamentalement cette réalité.

Le problème de celle-ci réside dans plusieurs aspects :

 

-          Déni démocratique : en se contentant d’alimenter et de poursuivre les politiques publiques précédemment mises en œuvre, les élus violent leur parole, et n’appliquent peu ou pas leur programme. Tout en alimentant le rejet des élites par les citoyens, qui ont l’impression que leur vote ne sert à rien…

 

-          Obsolescence des architectures et politiques publiques : à force de construire les nouvelles réformes sur la base de l’architecture institutionnelle et des politiques passées, les projets d’avenir sont avant même leurs lancements… obsolètes ! L’incapacité chronique des dirigeants français (mais aussi d’autres pays) à réellement innover et réformer impacte gravement la compétitivité de tout un pays.

 

 

-          Préférence pour le court terme… et théorie des choix publics : bien que conscients des bienfaits de nombreux projets (il y a suffisamment de bons économistes et d’études d’impact), les élus nationaux préfèrent le court terme, cherchent à éviter les efforts et les difficultés immédiates. Mais dans de nombreux cas, la raison en est que l’intérêt du responsable politique (ou des hauts fonctionnaires) est contraire à celui des administrés. La théorie des choix publics a ainsi largement démontré cette réalité, et cette quasi-systématique préférence pour les politiques publiques ne venant pas entacher la carrière des politiciens.

 

 



[1] David, A.P., (1985), Clio and the economics of QWERTY, American Economic Review, 75(2), pp.332-337

[2] Pierson, P., (1994), Dismantling the Welfare State? Reagan, Thatcher, and the Politics of Retrenchment, Cambridge (Mass.), Cambridge University Press

[3] Cité in Bruno Palier, « Path dependence [dépendance au chemin emprunté] », in Laurie Boussaguet, Sophie Jacquot et Pauline Ravinet (dir.), Dictionnaire des politiques publiques, 3e édition, Paris, Presses de Sciences Po, 2010, p. 413.

[4] Bronnec, T., Fargues, L., (2011), Bercy, au coeur du pouvoir - Enquête sur le ministère des Finances, Denoël, Paris

 

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Benjamin Le Pendeven est diplômé de l’IAE Gustave Eiffel en Finance, de Dauphine et des Mines Paris Tech en Management de l’Innovation. Il a travaillé dans le monde entrepreneurial et de l’innovation (CroissancePlus, Webhelp) avant de devenir investisseur en capital (Citizen Capital). Il est co-fondateur et directeur général de SOFTCORNER. Il est par ailleurs chercheur en sciences de gestion sur différentes problématiques (innovation, finance, diversité, etc.).
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Observations : le Front national engrange les votes protestataires : oui, c'est indéniable. Quant au Front de gauche : ou allez-vous chercher cette affirmation ?
Par ailleurs je rejoints votre constat, à savoir que ce sont les hauts fonctionnaires qui font la loi et non leurs ministres de tutelle.
Ces ministres ont une "place" bien rémunérée et ne servent à rien. Ils font des discours pour nous enfumer un point c'est tout. Quel que soit le parti qui est ou a été au pouvoir (UMPS).
Il faudra bien qu'un jour un gouvernement digne de ce nom prenne les décisions nécessaires pour que les hauts fonctionnaires ne soient plus les maitres du jeu.
GD
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"Ainsi, en se conformant très largement aux actions passées, l’équipe élue ne régénère pas les lois et projets."
Tout simplement.
Pour une régénération efficace, il faut quelqu'un de non élu..... Franco, Staline..................???

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Franco a été mis en place et maintenu par la CIA (archives officielles), Hitler financé par Rotschild en 33, tout comme Pinochet et maintenant la secte "pardon" la commission de l'UE (dirigé par l'ex n°2 de l'Otan) et les extrêmes pour donner une impression de choix : technique de vente avec les questions fermées . Les attaques contre la France sont multiples et subtiles en créant des dissensions internes depuis 40 ans ,
-abolition du terme juridique de père de famille 1970.
- Naissance du régionalisme indépendantiste Corse année 70. (Aléria, docteur Siméoni).
-Croissance entretenue des minorités sociétales (gays, lesbiennes etc...).
-Adhésion de l'Angleterre à L'UE (Pompidou).
-Immigration massive (Pompidou, reconnu par lui même dans ses mémoires).
-Pouvoir à un mineur de porter plainte contre son père en cas de gifle.
-Fin de la conscription et réduction drastique du Budget militaire.
-Démembrement des svc publics (les mandats poste sont remplacés par Western Union, les voitures postales sont loués à des sociétés de loueurs professionnels étrangers).
Objectif à terme de l'UE disloquer la France en entité linguistique Nord /Sud plus séparation de la Bretagne, Alsace, Corse, Catalogne, Savoie, Pays Basque, Nice (Programme des verts Euro-Allemands>> consulter leur site).
Objectif de l'UE via USA ,lui faire céder son siège au conseil de sécurité et TRANSFERER sa dissuasion nucléaire à la secte "pardon" la commission UE.
- Créer un espace de vente Euro-Atlantique avec possibilité aux industriel de porter plainte contre les états dans n'impoirte quelle juridiction mondiale, ce sont les plans reliftés du projet AMGOT que les US voulaient mettre en place en 1944 et que De gaulle a contrarié.
-Seule solution s'extraire au plus vite de l'Ue et de l'Otan (art 50) , renforcés nos relations commerciales avec les BRICS grace à notre présence terrritoriale sur les 5 continents et la France retrouvera le 3° PIB mondial comme en 1965.
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@ carlito 2
Merci pour cet éclairage.
Heureusement qu'il y a encore internet pour diffuser tout ça.
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@ carlito 2 Merci pour cet éclairage. Heureusement qu'il y a encore internet pour diffuser tout ça. Lire la suite
merisier - 07/08/2014 à 09:53 GMT
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