Mervyn King, l'ancien
gouverneur de la banque d'Angleterre, a écrit un livre afin d'expliquer
pourquoi la zone euro va s'effondrer. Sa logique est similaire à ce que j'ai
déjà expliqué maintes et maintes fois : Il y a tout simplement trop de
dette au sein du système, et nous souffrons d'un manque de désir politique de
la part de l'Allemagne de s'impliquer dans une union de transfert.
Voici un extrait de Former BoE chief King predicts collapse of the eurozone :
Mervyn King, l'ancien
gouverneur de la banque d'Angleterre, a prédit l'effondrement de la zone euro
dans son livre publié cette semaine, et va plus loin encore que son
scepticisme habituel envers la devise unique européenne.
Dans The end of alchemy: banking, the global
economy and the future of money, il nous explique que le poids de
la dette entre les nations de la zone euro « pourrait devenir trop important pour permettre le maintien
de la stabilité politique ».
Soulignant le besoin de
la zone euro de s'intégrer davantage et d'annuler une partie de ses dettes,
il explique que le processus excèderait certainement le désir des peuples
européens de refinancer d'autres pays.
« L'Union monétaire
a donné lieu à un conflit entre une élite centralisée d'une part, et les
forces démocratiques nationales de l'autre. C'est extrêmement
dangereux, » a-t-il ajouté.
Lord King a déjà
présenté des opinions similaires, et s'est fréquemment opposé aux exigences
qui imposent aux nations endettées à ajuster leurs politiques. En 2013, il a
expliqué au FT que les exigences auxquelles doivent se plier la Grèce et
d'autres pays de la périphérie sont mieux décrites par le terme Enfer.
« C'est l'Enfer. Et pas
qu'un peu. C'est un véritable Enfer, » a-t-il dit.
Son livre se penche
principalement sur l'avenir du secteur bancaire et les déséquilibres de
l'économie globale. Selon lui, le monde fera inévitablement face à de
nouvelles crises, parce qu'il n'a pas su résoudre les problèmes à l'origine
de celle de 2007-08.
Lord King ne demande en
aucun cas la dissolution de la zone euro. Après avoir expliqué que les pays
du sud de l'Europe feront tout leur possible pour rester dans l'Union, il
ajoute que « le contre-argument qui veut qu'une sortie de la zone euro
génèrerait une situation de chaos, un déclin des salaires et une incertitude
accrue quant à la survie de l'union monétaire a beaucoup de poids. »
« Mais si
l'alternative est une austérité écrasante, un chômage de masse continu et une
dette insurmontable, quitter l'euro pourrait être le seul moyen de retrouver
un jour une situation de croissance économique et de plein emploi. Les
bénéfices de long terme sont supérieurs aux coûts de court terme »,
écrit-il
Failles
fondamentales
Voici une question à
laquelle j'ai déjà répondu par le passé : « L'euro souffre-t-il de failles
fondamentales et de tensions si importantes qu'il en est condamné ? »
La réponse est oui.
La zone euro est une
expérience qui a échoué. Une dissolution est inévitable, et l'a toujours été.
Les failles structurelles sont trop importantes, et se sont accumulées au fil
des années. Aucune union monétaire n'a jamais pu survivre sans union fiscale.
Le 9 novembre 2011, dans
Breakup Inevitable, but How?, j'ai fait le commentaire
suivant :
Une dissolution de la
zone euro est inévitable. La zone euro est une expérience qui a échoué. Une
dissolution est inévitable, et l'a toujours été. Les failles structurelles
sont trop importantes, et se sont accumulées au fil des années. Aucune union
monétaire n'a jamais pu survivre sans union fiscale.
Il serait préférable
pour tous les partis impliqués que l'Allemagne quitte la zone euro et adopte
de nouveau le mark. L'Allemagne disposerait immédiatement d'une devise
crédible. Si la Grèce ou l'Espagne sortaient d'abord, ces pays traverseraient
certainement une hyperinflation ou une forte inflation.
Il est important de se
rappeler que, dans tous les cas, l'Allemagne souffrira. Tant que la zone euro
demeurera intacte (et elle ne le pourra pas sur le long terme), les
contribuables allemands devront continuer de refinancer des pays étrangers,
des banques étrangères, et leurs propres banques.
D'autre part, si
l'Allemagne quittait la zone euro, la dette due aux banques allemandes ne
serait pas remboursée en marks, mais en euros dévalués.
Une sortie de
l'Allemagne poserait toutefois moins de problèmes qu'une forte inflation en
Grèce, au Portugal et en Espagne.
Trois voies
alternatives
- Annuler
suffisamment de dettes pour permettre à l'Europe de croître.
- Un
taux de chômage élevé et une croissance lente en Espagne et en Grèce,
avec une stagnation partout ailleurs.
- Dissolution
de la zone euro.
Aucun autre choix n'est
possible.
Pour plus
d'informations, voyez aussi From ZIRP to NIRP: Virtues of Germany vs. the Vices of
Greece; What About “Speece” and Gold?
Dans son livre, King
explique que « les
tentatives de trouver un terrain d'entente ne fonctionneront pas. Les
électeurs allemands finiront par se dresser contre les pertes qu'ils auront
été forcés de subir pour soutenir leurs frères affaiblis, et le moyen le plus
simple de dissoudre la zone euro sera pour l'Allemagne d'en sortir. »
Bingo. J'ai dit la même
chose il y a quelques années. Comme vous avez pu le lire plus haut,
l'Allemagne paiera un prix, d'une manière ou d'une autre. Malheureusement, au
vu du triste état de la sphère politique, une dissolution destructrice aura
bien plus de chances de se produire.
Mike "Mish"
Shedlock http://globaleconomicanalysis.blogspot.com