Les facteurs de la demande qui influencent le prix de l’or sont la
peur, du côté de l’Occident, et l’amour du métal, en Orient. Les achats de
métal dictés par la peur se languissent depuis quelques années, ce qui
signifie que « l’amour du métal » doit faire tout le boulot pour soutenir les
cours.
Il l’a fait raisonnablement bien. Le secteur minier chinois s’est
consolidé tout en adoptant des standards environnementaux. Le secteur de la
bijouterie en Inde s’est également restructuré, le poinçonnage devenant
obligatoire.
Ces 2 pays enregistrent une forte croissance économique et des salaires. À
court terme, les droits de douane levés par les États-Unis ont fait du tort aux
marchés actions de la « Chinde » (Chine/Inde), ainsi qu’à leur devise. Cela a
fait un peu de tort à la croissance de la demande de l’or dans ces pays.
Celle-ci est solide, mais elle n’est pas suffisamment puissante pour
compenser la faible demande engendrée par la peur, et donc pousser les cours
à la hausse. En tout cas, pour le moment. (…)
Je pense que les marchés actions chinois devraient bientôt partir à la
hausse. Je pense aussi que l’or suivra le mouvement. Quelques gros
spéculateurs détiennent d’énormes positions short au COMEX. Une augmentation
de la demande engendrée par l’amour du métal déboucherait sur la couverture
dans la panique de ces positions.
Il est aisé d’être obnubilé par l’arbre des droits de douane, quitte à
perdre de vue la forêt des 3 milliards de Chinois et d’Indiens. La Chine est
déjà en train de lancer un programme de stimulations important afin de
compenser la baisse minime de croissance du PIB engendrée par la furie des
droits de douane de Trump. Le cuivre, ou le « Dr Cuivre », est déjà en train
de s’apprécier, ce qui signale de la croissance mondiale.
Le PIB de la Chine exprimé en dollars devrait surpasser celui des
États-Unis dans 12 ans. En termes de consommation de produits physiques et de
production, l’économie chinoise est déjà substantiellement plus importante
que celle des États-Unis.
La Chine peut facilement sortir gagnante d’une longue guerre commerciale.
La dette américaine est trop importante, sa population trop peu nombreuse,
alors que peu d’Américains possèdent de l’or.
Trump devrait probablement se concentrer sur ce qui importe vraiment pour
le niveau de vie à long terme de ses concitoyens, à savoir la croissance
folle de la dette de son gouvernement. C’est cette dette qui ressuscitera la
demande d’or dictée par la peur de l’Occident. Cela arrivera plus vite que
les gens le pensent. Les meilleurs analystes des banques commencent déjà à
s’en soucier, et deviennent positifs en ce qui concerne l’or.
Ils prédisent aussi de façon presque unanime une baisse significative de
la croissance des bénéfices des entreprises en 2019. J’ai prédit une baisse
de 10 % au T3 2019, ainsi que des baisses nettes des bénéfices d’ici fin 2020
et début 2021.
Cela fera baisser encore plus les recettes fiscales. Le programme
d’infrastructures de Trump fragilisera encore plus la position de la dette
américaine. Les infrastructures américaines doivent être reconstruites, mais
le bilan du gouvernement également !
La plupart des investisseurs amateurs ne comprennent pas que les baisses
d’impôts pour les entreprises et les particuliers ne produisent pas toujours
une croissance durable, ou une augmentation des recettes fiscales. La
démographie, la dette, les taux et le taux actuel de fiscalité ont également
un impact sur le résultat.
En ce qui concerne les États-Unis, les baisses d’impôts réduisent les
rentrées fiscales alors que nous démarrons une phase de retour de l’inflation
et de hausse des taux.
Si l’inflation devait accélérer, la FED ne mettra pas ses relèvements des
taux en pause, même si la croissance et les bénéfices des entreprises sont en
chute. Il s’agit d’une situation très différente de celle de 2008, lorsque le
risque systémique poussa la FED à recourir au QE. La prochaine crise pourrait
bien être provoquée par l’inflation engendrée par la création monétaire du
gouvernement. Elle devrait donc plus déboucher sur des hausses des taux que
de nouvelles injections de liquidités.
Tandis que la situation fiscale américaine se détériore encore plus, Trump
devra ordonner à la FED de créer de la monnaie. Il pourrait également
ordonner au Trésor l’ordre de dévaluer le dollar.
Le Trésor américain émet déjà de la dette à un rythme plus vu depuis des
années. Je pense que la tendance va s’accélérer dans les 24 mois à venir. Si
les bénéfices des entreprises continuent d’augmenter, les marchés actions
peuvent poursuivre leur hausse (dans une moindre mesure, et avec davantage de
volatilité) pendant des années, mais les achats d’or en raison de la peur ne
sont pas vraiment dictés par la santé des entreprises américaines. Ils
dépendent plus du dollar et de l’endettement du gouvernement américain.
Selon moi, les options sont la meilleure façon de jouer les actions en
cette fin de cycle économique, car il y a moins de capital en jeu, tandis que
les perspectives de profit sont plus importantes. Posséder des actions vous
expose aux ventes paniquées de 2008, 2000, 1929, etc. (…)
Lorsque le sucre commence à grimper fortement, l’argent suit souvent. Au
début des années 70, Omar Sharif a fait une petite fortune en achetant des
contrats à terme sur le sucre, alors que l’inflation explosait sur fond de
choc pétrolier. L’histoire va-t-elle se répéter ? Je le pense, mais je suis
de plus près l’argent et les actions minières que le sucre. L’argent est
vraiment le canari ultime dans la mine mondiale de l’inflation, et il
commence à chanter.
Article de Stewart Thomson, publié le 2 octobre 2018 sur SilverSeek.com