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Cours Or & Argent

Comment la monnaie disparaît au sein du système bancaire à réserve fractionnaire

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Frank Shostak
Extrait des Archives : publié le 02 décembre 2015
1524 mots - Temps de lecture : 3 - 6 minutes
( 9 votes, 4,6/5 ) , 1 commentaire
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Rubrique : Université de l'or

24hGold - Comment la monnaie d...

Beaucoup d’experts sont d’avis que la création monétaire à laquelle se sont adonnés les Etats-Unis suite à la crise financière de 2008 a permis aux Etats-Unis et au monde d’échapper à une nouvelle Grande dépression. L’ancien gouverneur de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, est perçu comme étant l’homme qui a su sauver le monde. Bernanke attribue à son tour ses actions aux écrits du professeur Milton Friedman, qui a accusé la Réserve fédérale d’avoir causé la Grande dépression dans les années 1930 en permettant à la masse monétaire de plonger de plus de 30%.

Une analyse plus attentionnée révèle cependant que ce n’est pas un effondrement de la masse monétaire qui a généré la dépression, mais plutôt la création monétaire qui lui a précédé, et qui a réduit les financements disponibles et généré une dépression économique.

L’amélioration de l’économie demande du temps et de l’épargne

Les financements disponibles sont essentiellement la quantité de biens à la consommation disponibles au sein d’une économie pour soutenir la production future. Pour dire les choses plus simplement : disons qu’un homme qui vit seul sur une île déserte soit capable de cueillir 25 pommes par heure. Grâce à un nouvel outil, il est capable de faire passer sa production à 50 pommes par heure. En revanche, la fabrication de cet outil (qui ajoute une étape de production) prend du temps.

Pendant qu’il est occupé à fabriquer son outil, il ne peut pas cueillir de pommes. Afin d’obtenir son outil, il doit donc disposer de suffisamment de pommes pour pouvoir survivre pendant qu’il se charge de sa fabrication. Son épargne représente ce qui lui permettra de survivre sur la période.

Le nombre de pommes épargnées déterminera donc si un outil de production plus sophistiqué peut être introduit. S’il faut une année de travail pour développer cet outil mais que notre homme n’a épargné que suffisamment de pommes pour se permettre de survivre pendant un mois, l’outil ne peut être fabriqué – et l’homme ne peut pas améliorer sa productivité.

Ce scénario peut être compliqué par l’arrivée d’autres individus qui échangent les uns avec les autres et ont recours à la monnaie. Mais dans l’essence, le problème reste le même : l’épargne disponible limite le développement de mécanismes de production plus efficaces.

Quand les banques créent une hausse de capital illusoire

Des problèmes commencent à surgir lorsque les banques centrales font paraître l’épargne disponible comme étant plus importante qu’elle ne l’est réellement. Lorsqu’une banque centrale élargit ses réserves monétaires, elle n’élargit pas l’étendue des financements disponibles. Elle fait grimper la consommation, qui n’est pas précédée par la production. Elle réduit les moyens de subsistance.

Tant que l’ensemble des financements disponibles s’élargit, des politiques monétaires laxistes nous donnent l’illusion que l’activité économique est en expansion. Et aussitôt que les financements disponibles commencent à stagner ou à diminuer, nous réalisons qu’elle ne l’est aucunement. Une fois que cela se produit, l’économie commence à décliner. Des politiques monétaires plus agressives ne peuvent rien y faire (parce que la monnaie ne peut pas remplacer les pommes).

L’introduction de la monnaie et du prêt à notre analyse ne change rien au fait que les moyens de subsistance disponibles représentent le cœur du problème. Lorsqu’un individu prête de la monnaie, ce qu’il prête à ses emprunteurs est une partie des biens qu’il n’a pas consommés (la monnaie représente un droit sur des biens réels). Le crédit signifie donc que des biens non-consommés sont prêtés par un individu productif à un autre, afin d’être remboursés par une production future.

L’existence des banques centrales et du système bancaire de réserve fractionnaire permet aux banques commerciales de générer du crédit qui n’est pas garanti par l’épargne (du crédit créé à partir de rien).

Une fois que ce crédit est généré, il crée des activités que le marché libre n’aurait jamais acceptées. C’est-à-dire que ces activités consomment mais ne produisent aucun capital réel. Tant que les financements disponibles sont en expansion et que les banques cherchent à élargir le crédit, les activités inutiles continuent de prospérer.

Lorsque la création de crédit à partir de rien pousse la consommation de capital réel au-delà de la production de capital réel, les financements disponibles diminuent.

En conséquence, les performances de nombreuses activités commencent à se détériorer, et les prêts toxiques se multiplient. Ce qui pousse les banques à réduire leurs prêts, ce qui fait décliner les réserves monétaires.

Les réserves monétaires se trouvent-elles réduites suite à chaque réduction du nombre de prêts par les banques ?

Imaginons que Tom dépose 1.000 dollars sur un compte épargne ouvert auprès d’une banque X pour une durée de trois mois. La banque prête ces 1.000 dollars à Mark pendant trois mois. Une fois ce prêt arrivé à maturité, Mark rembourse les 1.000 dollars à la banque et lui verse des intérêts. La banque X réduit ses frais de la somme obtenue, et rend à Tom ses 1.000 dollars et ses intérêts.

Nous avons donc Tom, qui prête 1.000 dollars pendant trois mois. Il transfère ces 1.000 dollars à Mark grâce à la médiation de la banque X. Une fois son prêt arrivé à maturité, Mark rembourse son argent à la banque X. La banque X transfère à son tour cet argent à Tom. De l’argent se déplace depuis les mains de Tom jusqu’à celles de Mark, et enfin de nouveau vers celles de Tom grâce à la médiation de la banque X. Ce prêt est entièrement couvert par la somme de 1.000 dollars. Bien évidemment, cet argent ne disparaît pas une fois le prêt remboursé à la banque et ultimement à Tom.

Pourquoi la masse monétaire se trouve réduite

La situation devient cependant complètement différente lorsque la banque X prête de l’argent à partir de rien. Comment cela peut-il fonctionner ? Tom exerce sa demande en argent en conservant une partie de son capital chez lui et 1.000 dollars sur un dépôt à vue ouvert auprès de la banque X. En déposant 1.000 dollars sur son dépôt à vue, il reste le propriétaire de ses 1.000 dollars. La banque X utilise 100 dollars qui appartiennent à Tom pour les prêter à Mark. En conséquence de ce prêt, nous avons 1.100 dollars couverts par les 1.000 dollars de Tom. En clair, les réserves monétaires ont gonflé de 100 dollars. Ces 100 dollars n’ont pas de prêteur original, puisqu’ils ont été générés à partir de rien par la banque X. Une fois le prêt arrivé à maturité, Mark rembourse la somme empruntée, et l’argent prêté disparaît.

Bien entendu, si la banque continue de prêter de l’argent à partir de rien, les réserves monétaires ne réduisent pas. Seul le crédit qui n’est couvert par aucune réserve monétaire peut disparaître et entraîner une réduction de la masse monétaire.

En d’autres termes, l’existence même du système bancaire de réserve fractionnaire (les banques créent des droits multiples sur un même dollar) est l’instrument clé de la disparition de la monnaie. En revanche, elle n’est pas la cause de cette disparition monétaire.

Les banques prêtent moins à mesure que diminue la qualité des emprunteurs

Il y a une raison pour laquelle les banques ne renouvellent pas les prêts générés à partir de rien. La raison principale en est l’érosion du capital réel, qui leur rend très difficile de trouver des emprunteurs de qualité. Ce qui signifie finalement que la déflation monétaire apparaît en raison d’une inflation venue précédemment diluer les financements disponibles.

Le déclin des réserves monétaires n’est qu’un symptôme. Il révèle les dommages causés par l’inflation monétaire, mais n’a rien à voir avec la cause de ces dommages.

Contrairement à ce que voudraient Friedman et ses adeptes (à l’inclusion de Bernanke), ce ne sont pas le déclin de la masse monétaire et la baisse des prix qui en découle qui pèsent sur les emprunteurs, mais le fait qu’il existe de moins en moins de capital réel. Le déclin de la masse monétaire créée à partir de rien ne fait que mettre les choses en perspective. En plus de cela, en conséquence de ce déclin de masse monétaire, les activités nées de l’expansion monétaire précédente ont du mal à se maintenir.

Ce sont ces activités qui ne génèrent aucun capital qui finissent par avoir le plus de difficultés à rembourser leur dette, puisqu’elles n’ont jamais généré de capital et ont été soutenues par des générateurs de capital réel (de la monnaie créée à partir de rien engendre un échange de rien du tout contre quelque chose – un transfert de capital réel depuis les créateurs de capital vers ces activités inutiles). Avec le déclin de la masse monétaire, ce support disparaît.

Contrairement à l’opinion populaire, un déclin des réserves monétaires (ou de la monnaie créée à partir de rien) est précisément ce qui est nécessaire à la création de capital véritable et à la revitalisation de l’économie.

La création de monnaie ne fait rien de plus que générer des dommages, et ne devrait jamais être considérée comme pouvant venir en aide à l’économie. Même si les banques centrales parvenaient à empêcher une diminution de la masse monétaire, elles ne pourraient pas prévenir le ralentissement économique qui naîtrait de la réduction des financements disponibles.

 

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