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Les analystes
financiers ont été déçus la semaine
dernière à l'annonce d'une simple baisse du taux
d'intérêt directeur de la BCE. Devant l'intensification des
difficultés bancaires, dont nous avons discuté dans notre
précédent article, la place financière s'attendrait
à de nouvelles mesures hétérodoxes. Avant que celles-ci
ne deviennent réalité à l'issue d'une prochaine
réunion du Conseil des Gouverneurs, prenons le temps de décrypter
l'étendue des changements causés par les mesures
hétérodoxes déjà prises à ce jour.
Le tableau qui
suit reproduit les grands postes du bilan consolidé de l'Eurosystème et compare leur contribution au total
du bilan d'avant la crise financière avec les toutes dernières
données. Sur cette période de cinq ans, quelques changements
structurels notoires se sont produits.
Du
côté des actifs détenus par l'Eurosystème,
d'abord, et toujours en termes relatifs, c'est-à-dire en pourcentage
du total, on note une baisse des créances sur l'extérieur. Bien
plus significativement, les titres financiers détenus par les banques
centrales nationales ont presque tripé,
passant de 8% à 19% du total. Ce dernier changement est le reflet des
programmes hétérodoxes introduits par la BCE, visant à
acheter des titres de dette publique sur le marché secondaire ainsi
que des obligations de banque adossées à des créances.
En outre,
l'importance relative des autres créances domestiques a
été multipliée par 5, passant de 1,2% à 6% du
total. Ce gonflement s'explique par le phénomène tout nouveau
de l'aide de liquidité d'urgence, délivrée directement
par quelques banques centrales nationales (Grèce, Irlande et Chypre
notamment) à des banques commerciales en manques de liquidités
et à court de collatéral éligible pour les
opérations régulières de l'Eurosystème.
Quant à celles-ci, leur hausse relative n'est que marginale,
même si elles ont presque triplé en volumes nominaux.
Du
côté des passifs dus par l'Eurosystème,
trois tendances majeures sont à noter. D'une part, on observe une
diminution de l'importance des billets au profit des dépôts
bancaires. D'autre part, les engagements externes en euros augmentent aussi
sensiblement, passant de 1,5% à presque 5% du total. Ces deux
phénomènes résultent des demandes de remboursement des
prêts interbancaires, tant dans la zone euro que sur le marché
financier international. En effet, une grande partie de l'abondante
liquidité créée a servi à rembourser des
échéances, résultant ainsi en une hausse des comptes des
anciens créditeurs auprès de l'Eurosystème.
La
troisième transformation au niveau des passifs est la baisse relative
du capital détenu par l'Eurosystème.
Le fait que le ratio capital/actifs totaux ait été
divisé par deux en cinq ans signifie que l'effet de levier a
été multiplié par deux, passant de 18 à 36. Il
est vrai que la grandeur de cet effet de levier est sans incidence majeure
sur la santé financière de l'Eurosystème,
étant donné qu'une banque centrale n'a pas à rembourser
ses propres dettes. Tout de même, étant donné
l'accumulation de risques à l'actif de l'Eurosystème,
une baisse du capital existant augmente la probabilité d'une
recapitalisation pro forma par les autorités publiques.
En conclusion,
les mesures hétérodoxes, en plus d'augmenter le bilan de l'Eurosystème, l'ont sensiblement modifié.
D'une certaine manière, on peut même parler d'un affaiblissement
relatif. Il serait opportun que les décideurs politiques prennent en
considération toute l'ampleur de ces changements, avant d’aller
de l’avant avec de nouvelles mesures non-standard.
Structure relative du bilan consolidé de l'Eurosystème,
2007-2012.
% du total
|
07/2007
|
06/2012
|
% du total
|
07/2007
|
06/2012
|
Or et titres sur
or
|
14,2
|
14,0
|
Billets
|
52,7
|
28,8
|
Créances
externes en devises
|
11,8
|
8,4
|
Dépôts
bancaires
|
16,2
|
35,8
|
Créances
externes en euros
|
1,3
|
0,6
|
Dépôts
non-bancaires
|
5,9
|
5,1
|
Créances
domestiques en devises
|
2,0
|
1,7
|
Engagements
externes en euros
|
1,5
|
4,8
|
Opérations
d'open-market
|
38,4
|
40,6
|
Autres engagements
externes
|
1,9
|
2,2
|
Titres financiers
|
7,8
|
19,4
|
Comptes de
réévaluation
|
9,6
|
13,2
|
Autres
créances domestiques
|
1,2
|
6,0
|
Capital et
réserves
|
5,6
|
2,8
|
Prêts aux
Etats
|
3,1
|
1,0
|
Autres passifs
|
6,5
|
7,3
|
Autres actifs
|
20,3
|
8,3
|
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Source:
données BCE.
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