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Cours Or & Argent

D'une quarantaine monétaire à l'autre

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Publié le 17 novembre 2010
3727 mots - Temps de lecture : 9 - 14 minutes
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Rubrique : Fondamental

 

 

 

 

1.      Il y a un siècle.

Parmi les
destructions qu'a occasionnées la guerre de 1914-18, il en est une qu'on n'évoque jamais, elle tient dans les conséquences de la décision prise en 1914 par les dirigeants d'un certain nombre de pays belligérants de rendre leurs monnaies nationales respectives inconvertibles en or : ce fut en particulier le cas de la France, de l'Italie, de l'Allemagne et de l'Angleterre.

La guerre terminée, il était impensable pour les uns et les autres de ne pas rétablir la convertibilité or de la monnaie.

Mais l'ignorance économique sur la façon de procéder était grande.
Aussi les dirigeants de ces mêmes pays ont-ils suivi, un peu au hasard, des voies différentes pour y parvenir, des voies qu'avaient construites leurs conseillers dans la mesure de leurs moyens.

Les trois principales voies suivies ont été la dévaluation, la répudiation, la restauration :

La dévaluation a été la voie suivie par l'Italie et par la France, qui ont abaissé le poids d'or de leur monnaie de manière à le faire coïncider avec le pouvoir d'achat de la monnaie inconvertible.

La répudiation a été celle dont s'est servie l'Allemagne, elle a consisté à répudier, à anéantir la monnaie de papier et à partir de zéro pour créer d'un seul coup une monnaie d'or;

La restauration a été celle suivie par l'Angleterre, qui a, par une déflation volontaire, ramené peu à peu le pouvoir d'achat de la livre inconvertible à celui de la livre d'or.

Ces décisions ont été prises dans la foulée de la conférence économique internationale de Gènes, en 1922, dont Jacques Rueff a décrit toutes les conséquences néfastes qu'on pouvait en attendre à différentes occasions (en particulier en 1935 et en 1971).

La conférence de Bretton Woods (1944) dont il est question parfois ces derniers temps – certains voudraient un « nouveau B.W. » - n'est qu'un succédané de la conférence de Gènes, en vérité un « succès damné » de certains dont la création du Fonds monétaire international (F.M.I.) constitue l'oriflamme.

Les règles en matière de monnaie sur quoi se sont mis d'accord les gouvernements constituent ce qu'il est convenu d'appeler depuis lors le « système monétaire international».

Soit dit en passant, elles cachent la croyance que les règles du « système monétaire international» convenues auront une influence favorable sur l' « équilibre économique » mondial et sur les « équilibres économiques » nationaux.


2. De l'économie mondiale aujourd'hui : "rules as usual".

De fait, jamais, jusqu'à aujourd'hui inclus, l'économie mondiale ne s'est relevée de ces décisions.

Pour ces raisons, la situation mondiale actuelle de 2010 n'a rien d'original contrairement à ce qui est colporté ici ou là.

Elle s'inscrit dans la longue série des situations monétaires décrites comme périlleuses, une série qui a donc vu le jour au lendemain de la guerre de 1914-18.
Cette série est sans précédent historique, elle est jalonnée de conférences économiques internationales, de créations d'institutions internationales, plus ou moins formelles, plus coûteuses les unes que les autres, les unes et les autres en relation avec des écoles de pensée économiques choisies successivement pour, selon toute vraisemblance, asseoir leur puissance.

Dernière institution internationale informelle en date : le G20... qui vient de se réunir cette semaine à Séoul (Corée du Sud).

Dernière école de pensée économique en date : la « macroéconomie consensuelle ».


3. Il y a manipulation et manipulation.

Cette série de situations monétaires, véritable phénomène monétaire à soi tout seul, tranche avec le passé où la monnaie n'était pour les autorités respectives des pays qu'une source de revenus (« seigneuriage ») et non pas une source d'inquiétudes ou un instrument particulier pour atteindre des fins économiques rêvées.

Au fond du développement de la série, il y a
- des échanges économiques mal analysés, mal compris ou dont l'explication vise volontairement à les dénaturer,
- des réglementations absurdes des échanges économiques prises en conséquence depuis les décisions rappelées,
- des conseillers des puissants incompétents,
- bref un "gros péché" (cf. Jacques Rueff, Le péché monétaire de l'Occident, en anglais, lui-même, conseiller en 1926-28 dans le « cabinet Poincaré »).

Le péché, c'est la manipulation de la monnaie par l'autorité qui s'est donné le privilège de le faire – malheureusement pas en toute connaissance des causes et des effets - et la manipulation de l'autorité monétaire par ses conseillers prétendument éclairés, à partir de la décennie 1920 à l'échelle de l'Occident.

Auparavant, de telles manipulations avaient certes eu lieu, mais seulement à l'échelon national et pour peu de temps, étant donnés les dégâts qu'elles faisaient supporter à l'économie en question.

La série se perpétuera, le phénomène se développera tant que n'aura pas été rapportée, ne disparaîtra pas sa cause, à savoir des réglementations absurdes en matière monétaire à commencer par la plus destructrice, celle de l'inconvertibilité des « substituts de monnaie » en « monnaie ».

Pour sa part, cette dernière réglementation a rendu magique la « monnaie » aux yeux de beaucoup et a conduit à dénommer aujourd'hui « monnaie » ces substituts désormais... de rien !
Signe coriace de la magie en France : on parle d' « argent » au lieu de « monnaie » !

Contre une certaine logique économique, cette réglementation devait permettre le développement du crédit, - principal poste autre que celui de la monnaie dans l'actif des bilans des banques et « embryon du marché financier » qu'on connaît aujourd'hui -, et cause avancée de la croissance économique.


4. L'échange économique.

La bonne logique économique eût procédé d'une bonne analyse des prix en monnaie des biens en propriété observables .

A la racine de l'erreur, voire de l'imposture, une mauvaise analyse des échanges économiques de biens.

Qu'est-ce que le prix en monnaie d'un bien en propriété ?


Le prix en monnaie d'un bien en propriété n'est que le dernier moment du processus d'échange dans quoi les parties sont entrées et qui fait intervenir l'instrument juridique "échange synallagmatique", et que l'une et l'autre mènent une action d'échange.

C'est, plus concrètement, la quantité de monnaie que l'une des parties verse à l'autre en contrepartie (de la quantité) du bien qu'elle reçoit en propriété de celle-ci.

Le prix en monnaie observable d'un bien en propriété, c'est donc une quantité de monnaie échangée !

Et cette quantité est aisément comptabilisable en droits constatés.

Pour autant que l'échange en question a été menée librement, il cache un gain pour chacune des parties que personne ne saurait connaître.
Ce gain ne saurait donc donner lieu à commentaires de tiers à prendre en considération ni être confondu avec la quantité de monnaie.

Ce gain n'est pas, lui, comptabilisable.

L'échange cache aussi un coût d'opportunité, un coût en relation avec les ressources employées pour le mener à bien, à commencer par le temps passé à le mener : on ne fait rien sans rien et tout échange prend, au minimum, du temps.

Ce coût n'est pas, lui non plus, comptabilisable.

Attention à l'imposture.

Une fois conclu, libre à chacun de préférer à la dénomination « accord d'échange», le mot « marché », l'expression « égalité de quantités » ou le mot « équilibre ».

Reste que ces mots ou expressions ne doivent pas contribuer à déformer ou à dénaturer ce qu'ils dénommaient au départ.

Par exemple, ils ne doivent pas amener à faire abstraction de tout ce qui a conduit au résultat, à l'accord, à l'égalité, à l'équilibre, et en particulier l'instrument juridique, à négliger le coût de l'échange supporté par chaque partie ou le gain à l'échange de chacune et à identifier l'échange au seul prix en monnaie comptabilisable, aux « droits constatés ».
L'équilibre du marché ou l'équilibre économique général sont des concepts à manier avec grande précaution.

Par exemple, ils doivent exclure de transposer et de parler d'échanges internationaux comme si les nations étaient des unités de décision.

Par exemple, ils ne doivent pas amener à faire abstraction de la monnaie et à parler de prix relatifs.

Par exemple, et à l'opposé, ils ne doivent pas conduire à ne pas distinguer les biens les uns des autres et à faire correspondre à la « quantité de monnaie en circulation » un « niveau général des prix ».

Malheureusement, tous ces travers, voire ces perversions sont, plus ou moins, au départ des réglementations monétaires et ils s'accumulent donc.


5. 1930, 1970, 2010 et après...

De quarante ans en quarante ans, voici trois moments phares du phénomène, nous vivons le dernier en date.

Ils procèdent tous de la conférence de Gênes qui a eu comme conséquence tragique, entre autres, celle de contribuer aux décisions d'interdiction de la convertibilité or intérieure (dans les décennies 1920 ou 30), puis de la convertibilité extérieure (décennie 1970) des monnaies nationales réglementées des gouvernements signataires des accords.

1930 :
a) au moins soixante monnaies nationales réglementées sont encore convertibles en or intérieurement mais plus pour très longtemps ;
b) en particulier, en 1931, l'année suivante, la "première monnaie du monde", à savoir la livre sterling, est dévaluée et devient inconvertible intérieurement ;

1970 :
a) les monnaies nationales réglementées des pays membres du F.M.I. créé en 1944 sont encore convertibles en or extérieurement, mais plus pour très longtemps, il y a déjà un « double marché de l'or » depuis 1968 ;
b) le F.M.I. alloue aux pays membres des D.T.S. - droits de tirages spéciaux -, nouvelle monnaie sans précédent ;
c) 1971, l'année suivante, le dollar des Etats-Unis devient inconvertible extérieurement - décision de Richard Nixon, président des Etats-Unis en exercice - ;

2010 :
a) les monnaies nationales réglementées des pays membres du F.M.I. ne sont plus convertibles en or, ni intérieurement, ni extérieurement ;
b) la monnaie D.T.S. est oubliée et, contre toute attente, le F.M.I. perdure malgré l'abandon des accords monétaires internationaux qui l'avaient créé ;
c) des monnaies nationales réglementées de pays d'Europe ont fusionné pour constituer une monnaie régionale réglementée sans précédent, dénommée « euro » ;
d) le yuan renminbi, la monnaie réglementée de la Chine communiste - la troisième économie du monde en date à en croire des évaluations officielles récentes - n'est toujours pas échangeable internationalement (cf. ci-dessous l'évolution du prix du dollar en yuan sur la période 1980-2010).






Et, par rapport à 1980, le prix du dollar en yuans est encore près de 5 fois ce qu'il était alors, à savoir 1,47 yuan !
e) l'année prochaine, 2011 ? Tout est possible.  Encore faut-il être capable de l'imaginer.


6. La politique monétaire d'un Etat.

Il est ordinaire aujourd'hui de parler de la « politique monétaire d'un Etat».
Mais que faut-il entendre par cette expression-là?

C'est d'abord une nouveauté du XXème siècle et, à ce titre, elle était impensable les siècles précédents même si, à certaines périodes (décennie 1790 en France, décennie 1810 en Angleterre par exemple), la monnaie a pu être détruite par des malversations des hommes de l'Etat qui n'étaient pas censées alors ressortir à la politique monétaire (à cet égard, « Law a eu bon dos » au début du XVIIIème siècle...).

Grâce aux conclusions de la conférence de Gènes, tant l'ignorance que le rêve en matière de monnaie ont pu désormais donner libre cours à leur oeuvre destructrice, en toute impunité, sous la dénomination de « politique monétaire » et dont on n'est plus sorti jusqu'alors.

La politique monétaire est l'action que mène l'autorité monétaire d'un pays sachant qu'elle dispose du monopole de l'offre de la monnaie réglementée - à utilisation obligatoire en paiements sur le territoire national -.

C'est parallèlement, et de façon annexe, la croyance dans l'efficacité de l'action, la croyance qu'elle aura une influence favorable sur l'« équilibre économique » national et sur la croissance.

Encore faut-il que les politiques monétaires suivies par les autorités monétaires des pays ne s'avèrent pas en opposition les unes avec les autres...


7. La monnaie, coeur de la politique monétaire.


Mais qu'est-ce que la monnaie en jeu dans la « politique monétaire » ?

Grande question à quoi, encore aujourd'hui, une large majorité d'économistes ne répondent pas ou donnent une réponse d'un autre âge.
Le cas échéant, ils confondent la « politique de crédit » et la « politique monétaire » confondant ainsi le crédit et la monnaie.

Les économistes qui ne répondent pas à la question et, de fait, ne font pas entrer la monnaie dans leur cadre de pensée économique, partent de l'hypothèse que la monnaie n'a pas d'influence économique importante (ce sont principalement les théoriciens de l'équilibre économique général).

Certains de ceux qui répondent à la question se situent, implicitement, au Moyen Age, quand la monnaie n'avait plus - au moins en Europe -, qu'une seule grande forme, celle de métaux (or, argent et alliage de métaux) en pièces, en lingots, en tares.
Ils font l'hypothèse que les formes que peut revêtir la monnaie n'ont pas d'influence économique – ils laissent de côté l'alternative « monnaie- substituts de monnaie » convertibles en « monnaie » à taux fixe, à vue-.
Selon eux, la monnaie est « neutre ».

Voisins de ces derniers, il y a des économistes qui ne séparent pas la monnaie des opérations budgétaires de l'Etat et mélangent les unes et les autres comme s'il y avait un lien mécanique évident entre la monnaie et le déficit du budget, comme si parler de l'un revenait à parler de l'autre.

7.A. La monnaie, un pouvoir d'achat généralisé.

Restent les économistes qui définissent, comme il le faut, la monnaie, à savoir comme un pouvoir d'achat généralisé : la monnaie est un pouvoir d'achat de biens.

A la fin du XIXème, Pareto parlait de « puissance d'achat » alors que les Anglais parlait de « purchasing power ».
Aujourd'hui, on pourrait parler tout autant de « potentiel d'achat ».

Parmi eux, malheureusement, certains donnent à l'expression « pouvoir d'achat » une connotation qu'elle n'a pas.
L'expression est de fait utilisée un peu à tort et à travers.

Il ne faut pas confondre l'être et l'avoir.
La monnaie est un pouvoir d'achat et a un pouvoir d'achat.
Peut-être pour éviter la confusion, les monétaristes, Milton Friedman et ses amis de l'Ecole de Chicago, préféraient parler d'  « encaisses réelles » pour désigner le pouvoir d'achat qu'a la monnaie à un instant donné.

Mais, par exemple, le revenu du travail n'est pas un pouvoir d'achat.
Reçu sous forme de monnaie, il a un pouvoir d'achat, celui de la quantité de monnaie en question.

D'où vient cette nature de la monnaie d'être un pouvoir d'achat généralisé, un potentiel d'achat ?

Du fait que, dans la nuit des temps, sous les différentes formes où elle était apparue ici ou là sans avoir encore la dénomination de monnaie, elle a divisé le temps de l'échange d'un bien contre un autre en deux temps – l'échange direct est devenu indirect - et ainsi a réduit le coût de l'échange des biens .  Le pouvoir d'achat de la monnaie concrétise le second temps de l'échange indirect.

Et s'en est ensuivi une course poursuite entre l'innovation et la réglementation dans le domaine.

7.B. Une autre définition.

Il reste que, lors de la conférence de Gènes, la monnaie n'a pas été envisagée sous cet angle et elle l'est encore peu aujourd'hui ainsi .

On lui a préféré ceux de la théorie de la quantité de monnaie - dans l'état où se trouvait alors cette théorie - et de sa quantité comptabilisée par les banques.

Il a été soutenu que l'augmentation de la quantité de la monnaie en or était insuffisante et, en conséquence, constituait un frein aux développements des échanges internationaux et donc à ceux des économies nationales, que permettait l'augmentation du crédit.

Il fallait trouver des moyens d'accroître le rythme d'augmentation de la quantité de monnaie.
Le livre d'Irving Fisher (1927) intitulé L'illusion de la monnaie  est éloquent sur le sujet.

Et ce sera le passage de l'étalon or à l'étalon de change or, puis à l'artifice politique .

Etant donnée cette démarche, ils ne se posaient pas de question sur les relations entre la nature de la monnaie et sa quantité.
Ils ne pouvaient donc se demander si les accords conclus affecteraient la nature de la monnaie de réduire le coût de l'échange et dans quel sens.

Et le fait est qu'ils ont contribué à affecter la nature de la monnaie.

Ils ont ouvert la porte à l'interdiction de la convertibilité à vue, à taux fixe, des « substituts de monnaie » ( billets et dépôts à vue) en « monnaie » .

Ils ont aussi ouvert la porte à la dénomination « monnaie » donnée, contre toute attente, aux « substituts de monnaie » d'hier, désormais inconvertibles et donc substituts de rien !

Ils ont été enfin le signal de départ du grand « jeu des monnaies »  .


8. Résultat du processus : l'exemple du franc.

Prenons, à titre d'exemple de résultat du processus, ce qui est arrivé au "franc", nom donnée à la monnaie de la France dans le passé.

Il y a un siècle, « franc » était le nom donné en France à la pièce de 5g d'argent.
Et la pièce circulait librement, était échangée librement.
Cela n'était pas nouveau, mais remontait au moins à l'année 1726.

« Napoléon » était le nom donné à la pièce de 20 francs faite non pas d'argent, mais d'or. Le « Napoléon » était une pièce de 6,45 g d'or.
Et la pièce circulait librement, était échangée librement.
Cela n'était pas nouveau non plus, mais datait du début de la décennie 1800.

Ainsi, 20 francs étaient 20 pièces de 5 grammes d'argent ou 1 pièce de 6,45 grammes d'or, en toute liberté depuis au moins le début du XIXème siècle.

La pièce de 5g d'argent – dénommée 1 franc - avait ainsi des multiples, elle avait aussi des sous multiples en pièce d'alliage de métaux.

Elle avait encore des multiples en coupures de billets en papier dont la Banque de France avait reçu du législateur le monopole d'émission.
La Banque avait l'obligation de convertir à vue les billets en or ou en argent qui lui étaient présentés au taux précédent.
A ce titre, le billet était un « substitut de monnaie ».

Quant aux banques sous tutelle de la Banque de France qui offraient des dépôts à vue, elles avaient une obligation comparable et le dépôt à vue était un autre « substitut de monnaie ».

En d'autres termes, étant données les obligations réglementaires, le « franc  » était en puissance 322 milligrammes d'or ou 5 grammes d'argent.

Ce que certains qui renversaient et dénaturaient le propos exprimaient en disant que le « prix de l'or » était 3,1 francs le gramme et le « prix de l'argent » 20 centimes le gramme.

A l'occasion de la dévaluation de 1928 évoquée ci-dessus qui le rend convertible en or, le franc verra son poids en or divisé par « 5 ».

Mais la machine infernale avait été lancée.

Deux ans après sa dernière dévaluation en 1969
- où son poids en or sera fixé à 1,6 mg d'or, soit :
       - une division par 200 de son poids de 1914 ou
       - une division par 40 de son poids de 1928, i.e. quarante ans plus tôt,
il deviendra inconvertible en or comme d'ailleurs toutes les monnaies des pays membres du F.M.I. (cf. ce texte)

Et il disparaîtra « de la circulation » en 1999, donc trente ans plus tard, en fusionnant avec d'autres monnaies – tout comme le DM "recréé" en 1948 - pour former la monnaie « euro » .


9. Un dernier mot.

Quand on sait que :

-
dans la période 1900-1973, le dollar des Etats-Unis a vu son poids en or divisé par un chiffre voisin de 2 ,
soit une division cent fois moins forte que celle du franc, et

- le prix du DM en franc a été multiplié par plus de quatre dans les cinquante années 1948-1998, i.e. depuis sa seconde répudiation du XXème siècle jusqu'à sa disparition dans l'euro,

on ne peut qu'être pensif sur l'économie de la France, sur l'efficacité de la politique suivie par ces dirigeants et sur l'intérêt des accords passés par ceux-ci avec leurs homologues d'autres pays, depuis 1922, sauf à imaginer que cela aurait été pire sans la politique suivie !

Une chose est certaine aujourd'hui : la France n'a plus de politique monétaire, ses dirigeants se sont entendus avec ceux d'autres pays - ils forment désormais la « zone euro » - pour qu'il y ait une politique monétaire menée par la « banque centrale européenne », créée pour l'occasion, et elle seule...

Mais les règles internationales convenues un jour ne peuvent qu'être en opposition, ou en contradiction avec la politique de tel ou tel gouvernement, un autre jour.
La situation des pays de l'euro est exemplaire : quoiqu'elles aient été cachées un temps, il s'avère que les dissensions ont cru et embelli presque dès le départ.

Autre exemple : la situation de la Chine communiste. La monnaie de ce pays dénommée yuan renminbi présente la caractéristique souvent oubliée de n'être pas échangeable en dehors de ses frontières.
Elle ne saurait être comparée pour cette raison au dollar des Etats Unis, à l'euro, à la livre anglaise, etc.

Malgré cela, elle devient un épouvantail pour certains comme si les pertes qu'elle cause à l'extérieur à cause de sa caractéristique n'étaient pas présentes à l'intérieur et allaient croissantes. Qu'attendent-ils pour s'informer ?

La « règle de juste conduite » qu'était en définitive l'étalon or et qu'a fait abandonner la conférence de Gènes pour la remplacer par celle de l'étalon de change or présentait, elle, l'avantage d'empêcher la contradiction de surgir, avantage qui complétait celui de ne pas donner lieu au phénomène monétaire décrit ci-dessus.

Son rétablissement est une nécessité que ne sauraient cacher les chiffons plus roses que rouges agités par les uns ou les autres à l'occasion de leurs propos sur le yuan renminbi, sur les "mauvais Etats" de l'euro ou encore sur la politique monétaire de la banque centrale des Etats-Unis qui, faut-il le rappeler, n'a pas atteint encore l'âge de cent ans
.

Georges Lane

Principes de science économique

  

 

Georges Lane enseigne l’économie à l’Université de Paris-Dauphine. Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du séminaire J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi les très rares intellectuels libéraux authentiques en France.

 

Publié avec l’aimable autorisation de Georges Lane. Tous droits réservés par l’auteur

 

 

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Georges Lane enseigne l’économie à l’Université de Paris-Dauphine. Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du séminaire J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi les très rares intellectuels libéraux authentiques en France. Publié avec l’aimable autorisation de Georges Lane. Tous droits réservés par l’auteur
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