Des douzaines de banques grecques, italiennes, espagnoles et même allemandes possèdent autant d’actifs douteux, si ce n’est plus, que la banque espagnole Banco Popular en faillite. Elles aussi courent le risque de connaître la banqueroute. Ce commentaire effrayant émane de Bridget Gandy, directrice des institutions financières chez Fitch Ratings. Elle s’est exprimée sur le sujet durant une conférence ce jeudi, à Londres.
Parmi les banques en difficulté, on trouve :
- En Grèce : HB, Piraeus, NBG, Eurobank et Alpha ;
- En Italie : Monte dei Paschi di Siena (dont le sauvetage via des fonds publics est en cours), Carige, CreVal et les deux banques qui se sont déjà effondrées, Veneto et Vicenza ;
- En Allemagne : Bremer Landesbank (qui vient d’annuler le paiement des intérêts sur sa dette obligataire) et la banque spécialisée dans la logistique HSH Nordbank ;
- En Espagne : LiberBank et les banques dans lesquels l’État espagnol est actionnaire majoritaire, BMN et Bankia.
Le fait que de nombreuses banques européennes soient au bord de la faillite n’est pas vraiment nouveau. La plupart des soucis engendrés par la crise financière n’ont pas été résolus. Comme la journaliste financière et ancienne banquière d’investissement Nomi Prins a déclaré en 2015 : « En Europe, il y a encore beaucoup de transactions qui ont la tête sous l’eau et qui ne cessent de couler jour après jour. »
D’après les graphiques présentés par Gandy, la plupart des banques qu’elle a citées, et en particulier les banques grecques et italiennes, possèdent des actifs improductifs non-provisionnés dont la valeur excède clairement leurs capitaux. Autrement dit, si cette perte devait être entérinée, la banque serait à court de liquidités.
Une banque court habituellement vers la faillite lorsque le « ratio Texas », qui mesure des créances douteuses par rapport aux réserves, dépasse 100 %. Soit lorsqu’elle ne dispose pas des fonds nécessaires pour couvrir les pertes sur ses actifs douteux. Comme nous l’avons rapporté il y a quelques mois, des 500 banques qui existent en Italie, environ 114 ont un ratio Texas de plus de 100 %. Elles sont même 24 à afficher un ratio de plus de 200 % ! Depuis, l’une d’entre elles (Monte dei Paschi) a été sauvée par des fonds publics tandis que deux autres ont été liquidées. Voilà qui est fait pour trois d’entre elles… Il n’en reste plus que 21 (ou 111).
Toutes ces banques sont des zombies. D’après Gandy, deux choses leur permettent de tenir encore debout : « un État désireux de les soutenir et un régulateur qui ne les déclare pas en faillite. » (…)
Pour mieux faire passer la pilule des sauvetages bancaires avec les deniers publics auprès des contribuables italiens, le gouvernement affirme qu’il pourrait récupérer tout l’argent investi, et peut-être même faire un bénéfice de 700 millions, lorsque la situation sera normalisée et que les actifs toxiques seront vendus.
Bien sûr, de telles prévisions optimistes furent faites par le gouvernement espagnol lorsqu’il renfloua son système bancaire en 2011-2012. Mais l’année dernière, la banque d’Espagne a enfin admis que 60 milliards d’euros étaient perdus. Et, simultanément, la banque poubelle (bad bank) Sareb continue d’accumuler les pertes alors qu’elle peut quasiment changer ses normes comptables selon son bon vouloir. (….) »
Article de Don Quijones, publié le 1er juillet 2017 sur WolfStreet.com