Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Dans l’édito d’hier, je suis revenu longuement sur
l’accord concernant la « sécurisation » de
l’emploi. Loin de nier les rigidités du marché du travail
français, je trouve juste qu’appeler
"sécurisation" la précarisation, c’est nous
prendre pour des imbéciles.
Je ne juge ni positivement ni négativement cette
réforme. Je constate un certain nombre de faits qui, à mon
sens, mènent l’ensemble des pays d’Europe vers une "grècification" plus ou moins violente et
rapide.
Or il ne faut pas se leurrer. Nous venons de vivre
l’étape numéro un : la précarisation et la fin
d’une certaine forme de sécurité de l’emploi.
Sécurité toute relative néanmoins.
Nous sommes désormais en chemin pour l’étape 2 et
celle-ci est d’une logique évidente. Dans une économie,
ce qui accroît le niveau d’emploi est avant tout
l’activité et la croissance. Sans croissance, sans
activité de production point de salut de la création
d’emploi. Cela fait 40 ans que le chômage monte inexorablement et
François Hollande a déjà oublié les paroles
d’un autre François Mitterrand qui avait déclaré
que contre le chômage, nous avions tout essayé et que tout avait
échoué.
Alors quelle va être cette étape 2 ? La réduction
de l’indemnisation du chômage qui passera sans doute par la
remise en place d’une forme de dégressivité, qui existait
soit dit en passant avant le début des
années 2000.
Face aux déficits abyssaux de l’assurance chômage
résultant d’une double pression, c’est-à-dire
d’un côté une augmentation du nombre de demandeurs
d’emploi qui génère des coûts
supplémentaires, et de l’autre une baisse importante des
recettes liée à une baisse du nombre de cotisations
puisqu’il y a moins de cotisants, on ne peut qu’aboutir à
des déficits records que notre pays surendetté n’aura pas
les moyens de financer.
Ainsi la presse commence à se faire écho de ces
difficultés qu’il faudra bien régler… rapidement.
La dette de
l'assurance chômage n'en finit plus de se creuser
Selon l'Unédic, une hausse du nombre
de demandeurs d'emploi indemnisables de près de 180 000 personnes en
2013 est à prévoir, après 322 400 chômeurs
supplémentaires en 2012.
Du coup, l'Unédic a revu à la
hausse ses prévisions de déficit pour 2013 à 5 milliards
d'euro contre un déficit prévu de 2,6 milliards en 2012.
Au total, l’assurance chômage a cumulé un
déficit de 13,8 milliards fin 2012. La dette de l’Unédic devrait augmenter à 18,6 milliards
fin 2013.
Voilà quelques chiffres qui font froid dans le dos, tout en
sachant que cette dette n’est pas comptabilisée dans celle de
l’État français… (Les trous sont partout mes braves
contrariens.)
Il n’y aura donc pas d’autre solution que de couper dans
les dépenses de l’assurance chômage à un moment ou
à un autre. Mais rassurez-vous, ce sera juste, ce sera pour votre
bien, et puis comme ce sera fait par un gouvernement de gauche ce sera
forcément « populaire » !!
Mais nous vivons les premiers instants de la fin de notre
État-providence. Accrochez-vous car cela risque de sacrément
secouer socialement parlant.
Pendant ce temps, et comme le disait Jacques Chirac parce que les
emmerdes volent en escadrille (comme nos mirages au-dessus du Mali), un
monument de la Kulture (Kulture
avec un K cela fait jeune et moderne) parisienne s’effondre, je parle
bien sûr du Megastore de chez Virgin. Or je
le rappelle, en France, la culture c’est bien, c’est beau,
c’est important et on ne peut être que pour, ce qui a valu une
mise au point de je ne sais plus quel ministre qui s’est senti
obligé de dire : « Non le gouvernement ne nationalisera pas les
disquaires. » Quel courage politique tout de même, j’en
suis encore admiratif. Bref.
Virgin Megastore placé en redressement judiciaire
À l'issue d'une audience sur le dossier de cessation de
paiement déposé par Virgin Megastore,
le tribunal de commerce de Paris a décidé de placer Virgin Megastore en redressement judiciaire avec une
période d'observation de 4 mois. Le tribunal n’a pas
prononcé la mise en liquidation judiciaire, qui aurait signifié
la mort de l'entreprise.
La chaîne Virgin compte 26 magasins et emploie un millier de
salariés en France qui viennent juste d’obtenir 4 mois de
répit avant de rejoindre l’Unédic,
et de se voir réduire la durée de leur indemnité
chômage dès la fin de l’année 2013…
Enfin, pendant ce temps-là, et comme les Français aiment
se faire enfumer par leur dirigeants qui auraient grand tort de s’en
priver, puisque vous mettez tous vos sous sur vos livrets A qui restent
l’une des dernières niches fiscales qui échappent
à l’impôt, et que votre argent sert à financer la
dette de l’État tout en permettant de faire baisser le taux
d’emprunt de notre pays, la rémunération du livret A va
baisser… eh oui… Vous ne pensiez pas devenir riche tout de
même avec un livret à la banque postale !! Restons
sérieux.
Le taux du
livret A ramené à 1,75 % le 1er février prochain ?
Selon une information du JDD, le taux du Livret A devrait être
ramené à 1,75% à compter du 1er février 2013.
Le chiffre de l'inflation s'établit sur un an à 1,2 %.
Mais la communication gouvernementale étant très, très
bien rodée, c’est une bonne nouvelle. Je vous explique en vous
montrant le type de phrases lénifiantes auxquelles nous avons droit
dans pareil cas :
« En effet, si la formule de fixation de la
rémunération du placement préféré des
Français avait été appliquée à la lettre,
la Banque de France aurait été contrainte de le ramener
à 1,5 %. Christian Noyer – gouverneur de la Banque de France
– avait jusqu'au 15 janvier pour faire connaître sa
décision. Après moult réflexions et concertations,
Pierre Moscovici aurait arbitré vendredi... »
Haaa merci Mosco ! Merci Mosco ! Car grâce à Mosco,
le taux du livret A sera ramené de 2,25 % à 1,75 % au lieu de
1,50 % !! Répétez après moi : "Merci Mosco ! Merci Mosco !"
(Rassurez-vous amis de gauche, nous avons eu droit au même
cinéma sous le gouvernement Fillon.)
Bon, à l’arrivée, on va voir nos
dépôts moins rémunérés, dépôts
qui de toute façon se sont évaporés dans le trou noir de
la dette depuis bien longtemps et vous n’avez pas intérêt
à courir en même temps à la banque chercher vos sous.
Vous pourriez être désagréablement surpris… mais je
ne veux pas vous casser le moral.
Bon, pendant ce temps-là, la production baisse, mais rien
d’inquiétant : c’est juste que le chômage
c’est comme le cholestérol, ça s’entretient par des
efforts quotidiens.
3e baisse
consécutive de la production industrielle
D’après Eurostat, l'agence de statistiques de l'Union
européenne, la production industrielle a, contre toute attente,
reculé en novembre, subissant ainsi une troisième baisse
mensuelle d'affilée dans les 17 pays utilisant l'euro
puisqu’elle s’est repliée de 0,3 % en novembre alors que
les économistes avaient anticipé une progression de 0,1 %.
Sur 12 mois, la production industrielle – dont les deux tiers
proviennent de l'Allemagne, de la France et de l'Italie – a
chuté de 3,7 %.
Plus grave, les prix à la production ont reculé de 0,2 %
pour la première fois en cinq mois en novembre.
Et enfin, les nouveaux prêts accordés au secteur
privé de la zone euro ont encore diminué de 0,8 % comme le
montrent les derniers chiffres publiés par la Banque centrale
européenne (BCE).
L’équation
hilarante
Reprenons rapidement l’équation actuelle car je ne
résiste pas. On est bien d’accord, la production industrielle
baisse, les prix à la production également, le chômage
explose et atteint des plus hauts dans la zone euro, et la croissance
négative patine…. Sans oublier la production de crédit
qui s’effondre littéralement (ce qui est essentiel pour
l’évolution de la masse monétaire). Mais, mais, mais :
la masse monétaire M3 a augmenté de 3,8 % en rythme
annuel en novembre en Europe !!
Alors, de vous à moi, c’est pô
beau l’économie moderne ? Enfin, vous savez, c’est normal,
car cette fois-ci, … c’est différent, c’est nous qui
n’avons rien compris !!
Charles
SANNAT
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
Lecontrarien.com est né !!
Comme je vous le disais, le Contrarien
Matin évolue. Vous êtes de plus en plus nombreux à nous
lire chaque jour et votre confiance est la plus grande des
récompenses. Alors merci à vous.
Lorsque nous nous sommes lancés dans cette
aventure, nous n’avions pas vraiment de budget pour le faire, mais nous
l’avons fait quand même !
Aujourd’hui, nous pouvons faire
évoluer notre quotidien économique contrarien
en lui dédiant un site Web : lecontrarien.com.
Sur ce nouveau site, vous retrouverez
l’édition du jour et la lecture y sera beaucoup plus
agréable. Pour les abonnés, vous recevrez une newsletter sous
format HTML chaque jour qui elle aussi sera beaucoup plus facilement lisible.
Enfin, pour ceux parmi vous qui avaient
l’habitude d’imprimer le PDF pour lire à tête
reposée votre journal, vous pourrez toujours sur le site
télécharger votre Contrarien Matin en
PDF.
Nous pourrons enfin intégrer des liens et
prochainement des vidéos qui nous permettront de vous donner une
information sous toutes ses formes encore plus pertinente.
Nous aurons certainement quelques bugs et
coquilles dans cette nouvelle version. Nous comptons donc sur votre
indulgence et votre compréhension. N’hésitez pas à
me contacter par mail pour toute remarque.
Encore une fois merci à chacun
d’entre vous.
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