Quitte à devoir choisir le marché de l'économie politique "le plus
important" pour les hommes de l'état, faut-il préférer le marché de la monnaie
ou le marché du travail ?
Longtemps, ni l'un ni l'autre n'ont intéressé les économistes.
On était, au mieux, dans la théorie de l'équilibre économique général qui
les laissait de côté en tant que tel, ainsi que les principes de droit
(propriété, responsabilité et contrat).
En particulier, ce qu'on dénommait "monnaie" n'était qu'une
marchandise intermédiaire de l'échange indirect des personnes, l'échange
indirect excluant la double coïncidence des besoins/désirs des personnes,
support de l'échange direct, et contribuant à faire se suivre, pour chaque
personne, un premier échange d'offre de marchandises, puis un second, de
demande de la marchandise désirée (cf. texte de juin 2015).
1. La théorie de l'équilibre économique général.
Les marchés de marchandises cernés, concepts économiques, étaient,
pour leur part, cannibalisés par un équilibre économique "général"
qui recouvrait
- soit un ou deux marchés,
- soit un certain nombre de marchés comparables et indépendants les uns
des autres ou bien interdépendants (du fait de la mathématique utilisée,
géométrie ou autre).
Kenneth Arrow en était arrivé, dans la décennie 1960, à parler de la
"complétude" des marchés (cf. Cot
et Lallement, 2007)!
2. La macroéconomie (ou l'équilibre macroéconomique).
L'autre grande théorie comparable, à savoir la
théorie macroéconomique, est à la fois plus simple et plus compliquée
que la théorie de l'équilibre économique générale, de fait sa matrice.
Les macro économistes s’intéressent à un petit nombre de marchés, concepts
idéels les identifiant et organisant, et à leurs équilibres supposés,
individuellement ou globalement.
Ils « mesurent » les résultats de ces échanges par l’intermédiaire de la
comptabilité nationale (en France, I.N.S.E.E.
depuis 1946, cf. Desrosières,
2003), une comptabilité qui situe ex post et met de côté les
règles de droit, tout comme le faisait dans le passé la comptabilité de
l’Etat – mesure de la "finance publique" et de ses lois– depuis des
décennies.
a. Les hommes de l'état.
Pour leur part, les macro économistes se sont chargés de donner des
fonctions économiques aux hommes de l'état que n'évoquait pas la théorie de
l'équilibre économique général.
Ils ont développé l'idée que les hommes de l’état pouvaient faire varier à
leur guise offre et demande de tel ou tel marché, à savoir ses « forces »,
par échange, don ou vol des marchandises des contribuables.
b. Les deux marchés.
La macroéconomie a beaucoup moins de marchés que la théorie de l'équilibre
économique général, il faut insister sur le point.
Les macro économistes ont innové en introduisant, au
départ, la notion de "marché de la monnaie" (cf. Hicks, 1937
et le modèle géométrique "IS-LM" qu'il a construit), puis celui de
"marché du travail".
i. Marché de la monnaie.
Le marché de la monnaie spécifié par John
Maynard Keynes (1936) est supposé, majoritairement, donner l'offre de
monnaie à une entité, la banque centrale.
Il s'est vu développer la demande de monnaie de différentes
façons, à partir du taux de l'intérêt manipulé par la banque centrale ou des
taux de rendement du patrimoine de vous et moi...
Les économistes monétaristes ont développé, à leur façon mais dans le même
sens, la théorie sans y apporter des modifications fondamentales.
ii. Marché du travail.
Le marché du travail, toujours spécifié par Keynes, a donné un rôle
essentiel à la demande de travail par les firmes.
A l'extrême, on peut considérer que le marché du travail n'existait pas en
tant que tel à l'époque.
Aujourd'hui, on en arrive à des propos de ce type (cf. juin
2015) qui ont absorbé les thèses monétaristes.
Soit dit en passant, le fait est que la notion de "marché de
l'emploi" a été préférée par certains, économistes ou non, statisticiens
ou non, à la notion de "marché du travail" (par exemple, les
hommes de l'I.N.S.E.E.).
En conséquence, et sans raison, l'"offre de travail" a été
transformée en "demande d'emplois" et la "demande de
travail", en "offre d'emplois".
Le même passage absurde a été effectué dans le cas du marché des prêts
(ou, si on préfère, les marchés financiers), les "officiels"
dénommant "demande de crédit" l'"offre de crédit" des
banques (cf. par exemple les statistiques
de la Banque de France encore aujourd'hui)!
3. Un dernier mot.
Malgré leur irréalité, les théories macroéconomiques évoquées
(keynésiennes ou monétaristes) font l’hypothèse que la banque centrale a la
maîtrise de l’offre de monnaie et peut fixer la quantité de monnaie au niveau
qu’elle désire (exemple du "quantitative easing program", cf. texte de mai 2015) !
Autant la théorie de l'équilibre économique général ne dit rien de
particulier sur la quantité de travail ou, si on préfère, sur la quantité
d'emploi, autant les théories macroéconomiques ont la prétention d'expliquer
la quantité de travail ou d'emploi avec ses agrégats prétendument économiques
et d'en tirer des conséquences pour la politique économique (cf. ce texte
de février 2013).
Et les politiques d'élucubrer, malgré tout, sur l'emploi !
Tout cela repose sur une kyrielle de théories qui vont de la courbe de
Phillips (cf. ce
texte de 2009) aux théories dominantes actuelles (par exemple, le modèle
économétrique de la banque centrale européenne) sans oublier d'autres
textes intermédiaires (cf. Meyer,
2001).
Il faut le regretter.
Folles thèses, foutaise!