Les fuites d’eau contaminée se succèdent sans relâche sur le site de la
centrale, son opérateur n’ayant d’autre ressource que de les constater au fur
et à mesure, puis de tenter d’en minimiser les conséquences. Cette fois-ci,
ce sont 750 tonnes d’eau contaminées au strontium 90 qui ont débordé de
l’enceinte constituée de petits murets qui bordent les citernes stockant
l’eau radioactive, afin de la contenir en cas de fuite.
Si cette eau n’a pas atteint la mer, comme Tepco le prétend, elle va se
mélanger dans le sous-sol de la centrale avec les eaux de ruissellement qui
proviennent des reliefs avoisinants. Semblant le confirmer, une montée
brutale de la radioactivité de l’eau souterraine a été mesurée dans un puits
qui se trouve à proximité de la fuite. Où va-t-elle couler par la suite ?
L’opérateur n’en a évidemment pas la maîtrise.
Les pluies diluviennes qui se sont abattues ces derniers jours sur la
centrale – un phénomène coutumier – sont à l’origine de cette nouvelle fuite,
soulignant la précarité d’installations provisoires qui semblent condamnées à
durer – et qui s’agrandissent – ce qui ne fait qu’accroître le danger car
elles ne sont pas conçues pour un usage prolongé.
Quand ce n’est pas de l’eau de pluie, ce sont les eaux souterraines ou
celles qui arrosent en permanence les réacteurs qui sont contaminées, faisant
de la centrale électrique d’origine une véritable usine à contaminer l’eau.
Au total, 615.000 mètres cubes d’eau contaminée sont stockés dans plus de
1.100 citernes, et environ 65.000 mètres cubes se trouvent dans les sous-sols
des bâtiments des réacteurs et les tranchées qui parcourent la
centrale.
Afin d’éviter que les eaux de ruissellement ne soient contaminées, un
projet de construction d’un « mur de glace » souterrain est à
l’étude. Mais les premiers essais de mise en œuvre de cette technologie n’ont
pas été concluants et il faudra dans le meilleur des cas des années de
travaux pour qu’il remplisse sa fonction.
Quatre ans se sont écoulés depuis la catastrophe et « la gestion de
l’eau contaminée n’est pas sous contrôle » comme l’a déclaré l’ancien
premier ministre Jun’ichirō Koizumi, qui était en fonction lors de la
catastrophe et qui est devenu depuis un opposant anti-nucléaire.
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« LA POPULATION EST DANS UNE SITUATION INEXTRICABLE »
Résidente depuis près de quinze ans au Japon, Cécile Asanuma-Brice,
rend
compte de la situation de la population déplacée qui vivait autour de la
centrale dans le journal du CNRS.
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