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Le livre
orange de Laurent Obertone dresse un portrait
particulièrement accablant de la criminalité en France. Ce sont
chaque jour pas moins de 17 000 cambriolages, 2 000 agressions, et 200 viols,
qui viennent noircir le tableau de l’insécurité. Les
effectifs des forces de l’ordre sont immédiatement
montrés du doigt, et la seule réponse envisagée par les
commentateurs consiste en une augmentation du nombre de policiers et de
gendarmes (ou d'éducateurs pour les plus angélistes).
Par ailleurs,
il y a quelques jours, au Guatemala, l'auteur d'un braquage d'autobus a
été brûlé par la foule. L'article
de l'édition suisse de 20minutes qui relate le fait divers signale que
« les lynchages de criminels sont de plus en plus fréquents
au Guatemala, où les habitants ont souvent peu confiance dans le
zèle, voire dans l'honnêteté des représentants de
la force publique. »
Il n’est
pas question ici de juger de l’engagement des fonctionnaires de police,
tant mettre sa vie en jeu pour faire respecter l’ordre, impose un
respect particulier. En revanche, il est légitime de se poser la
question de l’organisation de la sécurité, et en
particulier de la vocation de l’État à assurer
l’intégralité de la mission de maintien de l’ordre
et de la paix civile.
À
l’évocation d’une gestion privée de la
sécurité, les tenants de la sécurité publique
sortent en général l’épouvantail des milices,
faisant régner la terreur dans une société du
« tous contre tous ».
Et pourtant,
les exemples de sécurité privée existent
déjà autour de nous et semblent convenir à tout le
monde. Aujourd’hui, aucun centre commercial n’envisagerait de
fonctionner sans la présence permanente de vigiles musclés,
chargés du maintien de l’ordre, parfois sans douceur. Des
entreprises, comme le leader sur le marché, Sécuritas,
proposent une liste
très complète de services, dont on constate qu’elle
recouvre en grande partie le champ d’action quotidien des forces de
l’ordre :
Un agent de sécurité en 1
heure, Enquête privée, Expertise cynophile, Formation en
sécurité, Géosurveillance,
Imagerie radioscopique, Intervention sur alarme, Lutte contre la
démarque inconnue, Outils d'aide à la surveillance,
Prévention des risques HSE, Protection rapprochée, Risk management, Rondes, Secours aux personnes,
Sécurisation des données, Sécurité incendie,
Sécurité mobile, Sûreté et sécurité
aéroportuaire, Surveillance humaine, Télésurveillance,
Visites de sûreté…
Un autre
exemple mérite d’être cité, d’entreprise
publique cette fois-ci, qui fait appel à des services de
sécurité indépendants de la police ou de la gendarmerie.
Il s’agit de la RATP, avec le GPRS (groupe de protection et de
sécurisation des réseaux), dont les agents sont
détenteurs de l’autorisation du port d’armes de 4ème
et 6ème catégorie.
En
réalité, comme dans de nombreux domaines, en cherchant à
répondre à une demande, l'offre privée s'adapte plus précisément
aux besoins particuliers, et apporte souvent une réponse plus efficace
que le service public à la variété des situations.
Devant les
chiffres alarmants que nous évoquions plus haut, et
l'incapacité manifeste de l’État à enrayer la
violence, le développement d'un maillage de sécurité
privée est sans doute la seule solution qui permette d'éviter
les bûchers populaires tels qu'ils se multiplient au Guatemala.
Évidemment, le financement de ce
dispositif par les contribuables eux-mêmes supposerait une baisse
d'impôt. Mais après tout, le maintien de la paix civile vaut
bien un petit allègement fiscal...
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