Et que faites-vous ?
J’ignore les plus grosses bulles de l’histoire, madame…
« Pourquoi personne ne l’a vu
venir ? », demande
Adrian Ash de BullionVault.
C’était la fameuse question de
la reine d’Angleterre, 14 mois après le début de cette vieille crise, de cinq
ans, quand elle a visité la London School of Economics.
Bien, a répondu le professeur
Luis Garicano montrant à sa majesté le nouveau bâtiment de la faculté qui a
couté 71 millions de livres sterling (89 millions d’euros) en
novembre 2008, « à chaque étape quelqu’un dépendait de quelqu’un
d’autre et tout le monde pensait qu’ils faisaient la bonne chose ».
Hein ? La presse
britannique s’est bien marrée avec cette pauvre excuse.
Mais après quelques jours, et
même quelques mois et quelques années, les économistes ont eu leur réponse
complète parfaite.
« La simple réponse est que beaucoup de
gens ne l’ont pas vu venir. »
- Professeur Garicano, se défendant la semaine dernière dans The Guardian.
« Beaucoup de gens avaient prévu la
crise… mais personne ne voulait y croire. »
-Lettre
ouvert à la reine, résumant un séminaire d’experts royaux, juillet 2009.
« La réponse est extrêmement
simple : personne ne pensait que cela se passerait. »
-Mervyn King, président de la Banque d’Angleterre, BBC Today lecture, juillet 2012 (sans doute reprenant son
audience de 2009 avec la reine).
Autant de gens, autant de
simplicité ! Mais, oh, tellement d’incrédulité aussi !
A l’inverse de ce que les
économistes-célébrités vous auraient fait croire, la plupart des gens ont en
fait vu le crash arriver. Demandez aux gens autour de vous. Je vous promets
qu’ils savaient que cela arriverait. C’est juste que, eh bien, ils n’ont rien
fait. Ca n’aura pas été un crash sinon. Car ils se seraient dégagés ou s’ils
avaient eu leur mot à dire, ils auraient fait quelque chose (augmentant les
taux d’intérêt, tradant de façon plus prudente, abaissant les standards de
prêts) pour ralentir la bulle largement avant.
Mais à l’inverse des
professionnels encore, quelques personnes croyaient très certainement que
cela se produirait. Quoi d’autre, pensez-vous, aurait augmenté l’or de 150%
et les cours de l’investissement en argent cinq ans avant que la banque Northern Rock
explose ? En passant en revue les finances internationales dans le
numéro d’août 2007 de sa newsletter his Gloom,
Boom & Doom, Marc Faber, un défenseur de l’achat d’or de
longue date, a listé 13 avertissements clairs des problèmes à venir, en
commençant par la période de 2001-2006. « Les politiques monétaires
américaines ultra-expansionnistes avec des taux d’intérêt bas artificiels ont
mené à des bulles dans le monde entier et dans toutes les classes d’actif
imaginables », écrit Faber de la réponse d’Alan Greenspan à la faillite
des stocks technologiques.
« Premier
avertissement : le cours de l’or a plus que doublé… »
Cette ligne rouge marque la
crise du crédit du 9 août 2007, qui trop rapidement pour les incrédules qui
savent tout devient le bank
run de Northern Rock du 14 septembre. Au cours des cinq années
précédentes l’or et l’argent ont doublé en prix. Au cours des 5 années
suivantes ils ont tous deux triplé encore.
Donc être en avance était
assez intelligent, ou chanceux… ou juste prêcheur de fin du monde en fonction
de si vous avez pu ou non investir. Mais acheter même en début de crise a vu
l’investissement dans l’or et l’argent porter ses fruits comme on
l’attendait, quoiqu’avec des oscillations laides entre-temps, juste pour
garder les nouveaux acheteurs sur le qui-vive.
« J’ai réalisé en début
2007 que l’économie se détériorait », écrit John, un utilisateur de BullionVault depuis
septembre 2007. « J’ai eu une dotation qui tournait au vinaigre, donc je
m’en suis débarrassé et ai acheté de l’or. »
Phillip, qui a aussi commencé
à acheter de l’or quand Northern Rock a fait les gros titres, il y a cinq ans
ce jeudi, dit que « le niveau élevé de dettes personnelles et publiques
m’a inquiété depuis 2004, et j’ai réalisé qu’il n’y avait qu’une
solution : l'impression de monnaie et la dévaluation des devises. Mais
ce n’est qu’en 2007 que j’ai trouvé BullionVault et ai vu avec quelle
simplicité l’on pouvait détenir de l’or. »
« En voyant ce qui s’est
passé au cours des cinq dernières années », ajoute Armand, un
utilisateur britannique de BullionVault depuis septembre 2007 qui vit
maintenant en Espagne, « Je suis surpris que plus d’investisseurs
particuliers n’aient pas acheté d’or comme conséquence directe de la
crise ».
« Je ne crois pas en la
fin du monde, c’est une question de confiance. Pour moi, posséder de l’or et
de l’argent est la seule option dans un environnement financier allant droit
à la chute d’une des deux façons : hyperinflation inattendue et rapide
ou un déclin interminable. »
Maintenant, ce genre de
morosité pourrait sembler bien trop commun aujourd’hui. Les chiffres montrent
à peine une amélioration avec l’Europe sur la pointe des pieds proche d’un
abysse qu’elle a creusé, les Etats-Unis et le Royaume-Uni se battent pour
ajouter des emplois ou de la croissance ou les deux, et la Chine commence à
singer un Japon post-bulles des années 1990. Les journaux ici, et leurs
commentaires, sont friands de tous les épargnants se plaignant des taux
d’intérêt à zéro, les politiciens paniquent quand il s’agit d’impression de
monnaie, et les économistes et les stratèges d’investissement se tracassent à
propos de l’hyperinflation. L’achat d’or et l’achat d’argent-métal
est à peine un petit sentier battu intelligent aujourd’hui.
Mais regardez de nouveau les
cinq premières années de la crise financière. Combien de nouveaux
je-sais-touts, qui disent maintenant qu’ils l’ont vu venir, ont, en fait,
fait quelque chose à ce sujet, et ont choisi d’acheter de l’or ou de
l’argent ? La classe d’actif la plus performante de très loin depuis
2007, les métaux précieux, pourrait s’immiscer dans le débat présidentiel.
Mais parmi les investisseurs et les épargnants, ils restent une minorité.
Sans doute car, très simplement, personne n’a vraiment prédit que la crise
continuerait. Et parmi ceux qui l’ont fait, personne n’y a cru. Pas
suffisamment pour agir.
Pour citer le blog
Free Exchange du
magazine The Economist, le 11 septembre 2012 :
« Nous avons appris
que dans la plupart des situations les banques centrales sont plus que
capable de contrôler l’inflation d’elles-mêmes. Les marchés [aujourd’hui] ne
montrent aucun signe de crainte d’une inflation fort menaçante. »
Ouf ! D’accord, alors.
Les économistes et les marchés financiers ne croient pas qu’il y a un
problème.