Fermer X Les cookies sont necessaires au bon fonctionnement de 24hGold.com. En poursuivant votre navigation sur notre site, vous acceptez leur utilisation.
Pour en savoir plus sur les cookies...
Cours Or & Argent

L’actualité de la crise : HISTOIRE DE SOUPAPES

IMG Auteur
 
Publié le 02 avril 2011
1228 mots - Temps de lecture : 3 - 4 minutes
( 3 votes, 3,3/5 )
Imprimer l'article
  Article Commentaires Commenter Notation Tous les Articles  
0
envoyer
0
commenter
Notre Newsletter...
Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Sous l’influence de la télévision, qui reste le média dominant, l’actualité fonctionne abusivement sous le régime des dominantes. La durée de vie d’une information est réduite, une nouvelle chassant la précédente pour lui prendre le pas et écraser toutes les autres. En général, cela ne contribue pas à la rendre intelligible.


Que plusieurs crises simultanées surviennent, et c’est la cacophonie, dans un système modelé pour n’en traiter qu’une seule. C’est la situation que nous connaissons actuellement, avec la catastrophe japonaise et l’internationalisation de la guerre libyenne, reléguant à l’arrière plan la crise européenne.


Cela pourrait laisser faussement croire que celle-ci est en train de se calmer. Or, il n’en est rien. Au contraire, des illusions sont en passe de tomber, rapprochant le moment où des remises en question devront être ouvertement opérées, comme d’habitude sous la contrainte.


La première consiste à espérer que la zone des tempêtes ne va pas s’élargir – maintenant que le Portugal est parvenu à son centre – prémunissant l’Espagne du même sort, qui déséquilibrerait le toujours très fragile édifice européen.


La méthode Coué n’apporte pourtant pas d’argument : il y a encore peu de temps, on évoquait l’exposition espagnole à la dette privée portugaise. La restructuration des caisses d’épargne espagnoles reste toujours très aléatoire, l’exposition des banques à l’éclatement de la bulle immobilière calculée pour les besoins de la cause, comme le sont les besoins de financement public des caisses d’épargne, les deux ne pouvant qu’augmenter.


La seconde illusion est que le mécanisme du futur fonds de stabilité européen – le MES – va ériger un rempart à toute épreuve contre le tsunami financier que représenterait l’entrée résolue de l’Espagne dans la zone des tempêtes, pour autant qu’elle daigne attendre 2013. Las ! les analystes financiers ont étudié les conditions dans lesquels des pays pourront bénéficier du soutien du MES et ils en ont conclu qu’une restructuration de leur dette pourrait être une condition préalable à son obtention (sous couvert d’une vague référence actuelle à « la contribution du secteur financier »), ce qui ne leur convient pas. En conséquence, les agences de notation baissent les notes des Etats qui pourraient être demain dans ce cas.


La troisième et dernière illusion consiste à croire qu’il va être possible de mener à son terme – sous couvert de réduction des déficits publics – le règlement de la crise financière grâce à des programmes d’austérité budgétaire et de réformes. Pour deux raisons. L’une, déjà vérifiée dans le cas de la Grèce, qui veut que les déficits vont s’accroître et non pas diminuer, en raison de la récession dans laquelle les pays périphériques sont plongés. L’autre, qui va progressivement apparaître, à cause de crises sociales imprévisibles et de la crainte d’explosions.


Deux soupapes existent, mais elles sont verrouillées. L’une est la mise à contribution des créanciers des banques – c’est le cas en Irlande – l’autre des créanciers des Etats, c’est celui de la Grèce. Les débiteurs ne sont pas les mêmes, mais les créanciers le sont : ce sont à chaque fois les mégabanques européennes.


Il va falloir un jour se résoudre, contraint une nouvelle fois par les événements, à entrer dans le vif du sujet de la crise de la dette privée, au lieu de la nier en tentant de la masquer par des stress tests chargés de maquiller la réalité. Cette attitude illustre le déni dans lequel les autorités européennes continuent d’être installées et met en valeur le rôle qui leur est assigné par le système financier.


La remise sur pied du système financier va au-delà des capacités de financement des Etats, et même les banques centrales n’y suffisent pas, dont les sauvetages génèrent d’autres catastrophes, comme on ne voit sur le marché monétaire. La Fed bat monnaie, tandis que la BCE en vient à accepter comme collatéral de ses prêts les titres de la dette irlandaise, quelle que soit leur notation.


Une nouvelle fois, prises à contre-pied, les autorités européennes mettent en cause les agences de notation qui continuent de baisser les notes des pays et des banques de la zone des tempêtes, coupables de prophéties auto-réalisatrices selon elles. Elles amalgament la cause avec les effets. On doit certes reprocher aux agences d’avoir masqué les risques des actifs toxiques, par duplicité et connivence, mais peut-on en faire autant quand elles ne font qu’anticiper la vacuité de la stratégie européenne adoptée ? Ou qu’elles prédisent le risque grandissant que prennent les investisseurs, face à la perspective de restructuration de dettes souveraines, puisque leur rôle est précisément d’analyser ce risque… ?


En réalité, les autorités européennes n’ont pas pu décider et mettre en oeuvre les mécanismes qui rendraient crédible leur volonté affirmée de « tout faire pour sauver l’euro ».


Deux bras de fer sont en cours, qui illustrent bien les enjeux. D’un côté, les agences pèsent actuellement de tous leurs poids, afin d’éviter que soit avalisée la nécessité de restructurations ultérieures de la dette souveraine ; de l’autre, c’est la BCE qui se charge de défendre les intérêts des créanciers des banques irlandaises, en suspendant pour obtenir satisfaction la mise en place d’un nouveau plan de soutien de celles-ci, destiné à soulager la peine du nouveau gouvernement en étalant son effort financier.


Les développements irlandais sont sans ambiguités. S&P vient de saluer les résultats des stress tests des banques irlandaises et a considérer comme stable sa notation de la dette souveraine irlandaise, après l’avoir auparavant baissée. Leur résultat a en effet été calculé afin de ne pas imposer aux créanciers senior une restructuration, ce qui mérite récompense !


La BCE et la Commission de Bruxelles ont aussitôt également salué cette décision, après avoir exercé une pression maximale en ce sens. Pour mémoire, selon la Banque d’Irlande, le montant des obligations seniors émises par les banques irlandaises est de 16 milliards d’euros, les nouveaux besoins de recapitalisation évalués à 24 milliards d’euros, ce qui donne une idée de la destination des fonds qui vont être injectés par le gouvernement, et qu’il va devoir rembourser.


Tout va pour le mieux dans le pire des mondes : l’Etat continue de prendre à sa charge l’intégralité du remboursement des banques européennes créancières des banques irlandaises. Mais va-t-il pouvoir continuer à le faire ? le doute est permis et déjà exprimé dans les milieux financiers. Combien de temps les soupapes vont-elles pouvoir être tenues verrouillées est une question présente sur toutes les lèvres.


De son côté, l’évolution de la situation politique allemande ne va pas contribuer à diminuer l’intransigeance fiscale dont fait preuve le gouvernement dans ses négociations européennes. Rendant encore plus incertaine l’adoption de mesures pouvant faire supporter à l’Allemagne – entre autre – le poids accru d’une solidarité financière accentuée, et plus probable de nouveaux dérapages, qui déclencheront un jour ou l’autre l’ouverture inopinée des soupapes actuellement bloquées.


Les maintenir verrouillées, c’est risquer l’explosion incontrôlée, mais ces gouvernements ne sont pas du tout raisonnables, tout à l’accomplissement de leur mission de sauvetage du système financier.


Billet rédigé par François Leclerc

 


Paul Jorion

  

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.   

 

 

 

 

Données et statistiques pour les pays mentionnés : Grèce | Tous
Cours de l'or et de l'argent pour les pays mentionnés : Grèce | Tous
<< Article précedent
Evaluer : Note moyenne :3,3 (3 votes)
>> Article suivant
Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
Publication de commentaires terminée
Dernier commentaire publié pour cet article
Soyez le premier à donner votre avis
Ajouter votre commentaire
Top articles
Flux d'Actualités
TOUS
OR
ARGENT
PGM & DIAMANTS
PÉTROLE & GAZ
AUTRES MÉTAUX
Profitez de la hausse des actions aurifères
  • Inscrivez-vous à notre market briefing minier
    hebdomadaire
  • Recevez nos rapports sur les sociétés qui nous semblent
    présenter les meilleurs potentiels
  • Abonnement GRATUIT, aucune sollicitation
  • Offre limitée, inscrivez-vous maintenant !
Accédez directement au site.