L’Arabie
Saoudite continue de produire, et de s’emparer de la part du marché des producteurs
de schiste américains.
Selon
le plus
récent rapport pétrolier mensuel de l’OPEP, l’Arabie Saoudite aurait fait
grimper sa production de pétrole jusqu’à 10,31 millions de barils par jour au
mois d’avril, une légère hausse depuis les 10,29 millions de barils
enregistrés en mars. Cela a suffi pour que le président de l’OPEP déclare un
niveau de production record sur plus de trente ans.
L’Arabie
Saoudite a augmenté sa production de 700.000 barils par jour depuis le
troisième trimestre de 2014, dans un effort de maintenir sa part de marché.
L’effondrement du prix du pétrole qui en a résulté a forcé une partie de la
production hors du marché, et l’Arabie Saoudite s’attend à ce que le poids de
cette perte soit affligé à d’autres.
Il
y a un décalage entre les mouvements du prix du pétrole et les fluctuations
de production. Selon l’OPEP, il y a eu un décalage de vingt-trois semaines
entre la baisse du nombre de puits pétroliers en activité et la baisse de
production pétrolière aux Etats-Unis. Mais les effets de l’effondrement du
prix du pétrole se font aujourd’hui ressentir. De récentes données publiées
par l’Energy Information Administration stipulent
que la production américaine est en déclin. Ayant déjà prédit un déclin de
57.000 barils par jour pour le mois de mai, l’agence estime maintenant une baisse de
86.000 barils par jour pour le mois de juin.
En
d’autres termes, alors que l’Arabie Saoudite augmente sa production,
l’industrie de schiste est forcée de se reculer. C’est un fait qui a été
répété de nombreuses fois ces derniers mois, mais les chiffres confirment
enfin le succès de la stratégie de l’Arabie Saoudite, bien qu’il demeure
mineur.
Dans
le même temps, l’influence de l’Arabie Saoudite (et de l’OPEP) est bien plus
limitée qu’elle ne l’était autrefois. Malgré un niveau de production record sur
plus de trente ans, le prix du pétrole a recommencé à grimper. Le WTI a gagné
plus de 36% depuis mars, et se situe aujourd’hui au-dessus de 60 dollars par
baril. Le Brent a surpassé les 66 dollars par bail, et a gagné plus de
26% en deux mois. C’est évidemment une bonne chose pour l’Arabie Saoudite,
mais le prix du pétrole pourrait ne pas rester suffisamment bas pour causer
des dommages de longue durée à l’industrie américaine de schiste.
La
hausse du prix du pétrole est survenue malgré les efforts de l’Arabie
Saoudite d’inonder le marché. Il y a plusieurs raisons à cela. Premièrement,
la demande commence à reprendre, et a englouti une partie des excès. Les
raffineries fonctionnent à 92% de leur capacité maximale.
Certains
autres contributeurs proviennent de la performance économique plus
satisfaisante que prévue enregistrée en Europe, ainsi que du stimulus
monétaire en Chine. Ces deux développements pourraient impliquer une demande
accrue en pétrole au cours des mois à venir. Les prévisions de l’OPEP
estiment une demande de 1,18 millions de barils par jour, une réévaluation à
la hausse par rapport aux prévisions précédentes, et un taux de croissance
important face à la hausse de 0,96 million de barils par jour enregistrée
l’année dernière.
Une
autre raison de cette hausse de prix est le récent affaiblissement du dollar,
et puisque le pétrole est évalué en dollars, un dollar affaibli se traduit
par une hausse de prix.
Pour
ce qui est de l’offre, jusqu’au mois de mai, les producteurs américains ont
augmenté leur production, et amélioré leur efficacité pour maintenir leur
production à flots malgré la fermeture de puits pétroliers.
Il
n’en est pas moins que l’Arabie Saoudite ait encore l’avantage. Les
inventaires de pétrole aux Etats-Unis ont atteint un record en 80 ans, ce qui
devrait contenir le prix. Les foreurs américains continuent d’en être
affectés. De nombreuses sociétés se sont déclarées en banqueroute,
la plus récente étant American Eagle Energy Corp., une société de forage du Colorado.
Certaines sociétés ont couvert leur production afin de se protéger des
retombées de la baisse du pétrole. Mais à mesure que ces positions expirent,
elles deviennent de plus en plus exposées.
L’OPEP
et l’Internationale Energy Agency estiment que la production
pétrolière globale est encore supérieure de 1,5 million de barils par
jour à la consommation. La surabondance n’a pas encore disparu.
Les
hedge funds occupent
désormais des positions à la vente sur le pétrole brut. Le niveau record de
paris haussiers sur le pétrole suggère que le prix du pétrole ait pu grimper
en raison de la spéculation. Cela signifie qu’une correction pourrait de
nouveau en faire diminuer le prix, comme nous l’avons déjà vu par le passé.
En
clair, en poursuivant ses objectifs de prix, l’Arabie Saoudite a maintenu sa
part de marché tout au long de la chute du prix du pétrole, et des
ajustements ont été faits par les producteurs aux coûts de production les
plus élevés. C’est exactement là ce qui était prévu.