Nous imaginons
souvent l’étude économique comme étant strictement
basée sur la manipulation de statistiques. Cependant, c’est
là un phénomène nouveau. La tenue de statistiques par les gouvernements est
un phénomène nouveau datant de la fin de la seconde guerre
mondiale. Cette fascination pour les statistiques n’est qu’un
prolongement de la tendance économique actuelle,
particulièrement de l’explosion de la gestion économique
Keynésienne.
Avant 1950,
les gouvernements n’avaient que des ressources statistiques
limitées. Les seules statistiques qu’ils possédaient
étaient celles ayant été récoltées par les
académiciens. C’était peut-être là une bonne
chose.
Considérons
par exemple que sir John Cowperthwaite,
secrétaire financier à Hong Kong de 1961 à 1971, est
généralement connu comme étant le premier architecte de
l’extraordinaire succès que Hong Kong ait connu depuis les
années 1950.
Que
conseillait Cowperthwaite aux pays désireux
d’emprunter le même chemin que Hong Kong ?
S’étant
vu questionné quant à ce qu’un pays pauvre devrait mettre
en place pour ce faire, Cowperthwaite avait
répondu : ‘Il devrait abolir le bureau national des
statistiques’. A Hong Kong, il a refusé de collecter toute forme
de statistique qui soit plus que superficielle, pensant les statistiques
comme étant dangereuses : elles déboucheraient sur une
tentative exacerbée du gouvernement à soigner ses maladies
imaginaires dans le même temps que le bon fonctionnement
l’économie de marché serait amoindri. De telles propos
ont causé la consternation à Whitehall : une
délégation de civils furent envoyés à Hong Kong
afin de déterminer pourquoi les statistiques quant au chômage
n’y étaient pas collectées. Cowperthwaite
les a littéralement renvoyés chez eux dès leur
arrivée.
http://www.quebecoislibre.org/06/061029-5.htm
Cela peut
paraître étrange, mais l’une des caractéristiques
de la gestion centralisée imaginée par Keynes est une obsession
des statistiques telles que le PIB ou le taux de chômage. Une telle
fixation tend à mener vers un bricolage de ces statistiques de
manière qui ne permette que rarement de résoudre les
problèmes d’une économie. Deux exemples à cela
sont les dépenses gouvernementales excessives et la création
d’emplois par le gouvernement pour faire face à la diminution de
l’offre de travail sur le secteur privé.
Il n’est
pas nécessaire d’avoir accès à des statistiques
relevant du PIB pour déterminer du bon fonctionnement d’une
économie. Cela devrait être évident au regard de
données anecdotiques, ou par une simple discussion avec des hommes
d’affaire…
Imaginez
qu’aujourd’hui, nous n’ayons accès à aucune statistique
gouvernementale, pas même à celles relevant du PIB et du taux de
chômage. Nous serions toujours en mesure de déterminer que notre
économie est en mauvais état. Cependant, plutôt que de
manipuler des statistiques de diverses manières afin de produire une
illusion de bon fonctionnement là où il ne devrait pas y en
avoir, nous rechercherions une réelle solution au problème.
Les
statistiques sur le long terme posent un autre problème. Toute
statistique touchant au PIB et datant d’avant les années 1920
n’est en réalité qu’une approximation. Pire encore,
il est assez commun pour un indice de prix de matière première
d’être utilisé comme étant un indice de prix
à la consommation.
Hong Kong a
été l’un des plus importants succès de ce dernier
demi-siècle, et je peux en affirmer ainsi sans avoir recours à
des statistiques. Les statistiques sont bonnes pour les historiens, mais
n’ont que peu d’utilité pour les hommes politiques.
Nathan Lewis
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