Le marché du palladium a dans les années 2000
traversé une décennie plus tumultueuse que tous les autres
métaux précieux. Bien que cela soit difficile à imaginer
aujourd’hui, le prix du palladium était au début de notre
siècle supérieur à celui du platine. Alors que les cours
de l’or et de l’argent semblaient encore stagner au début
des années 2000, celui du palladium grimpait en flèche. A
mesure que se développait la bulle sur la technologie, une
pénurie de tantale poussa de nombreux producteurs de
téléphonie mobile à se tourner vers le palladium, alors
bien moins cher.
L’arrivée de cette nouvelle demande sur le marché du
palladium fit flamber son cours. Ford, dont la manufacture de pots
catalytiques nécessite l’utilisation de palladium, eut peur
qu’une rupture de stock ne vienne menacer sa production et, dans un
mouvement de panique, acheta de très grandes quantités de
palladium, entraînant une flambée de son prix
jusqu’à plus de 1000 dollars l’once.
La Russie a toutefois continué de se débarrasser de ses
réserves de palladium accumulées à l’époque
Soviétique, tout au long des années 1970 et 1980. L’utilisation
de palladium dans la fabrication de téléphones portables fut
rapidement remplacée par un alliage d’argent, et le surplus de
l’offre sur le marché du palladium entraîna un
effondrement de son prix qui força Ford à déclarer une
perte financière d’un milliard de dollars. Le prix du palladium
finit par atteindre un record à la baisse au printemps 2003, se
stabilisant autour de 150 dollars. En raison des importantes ventes de la
Russie, il fallut plus de deux années pour que le cours du palladium
connaisse une nouvelle poussée à la hausse.
Le prix du palladium rencontra une importante résistance autour de
400 dollars jusqu’à ce qu’une crise de
l’énergie s’abatte sur l’Afrique du Sud en janvier
2008. Le gouvernement de l’Afrique du Sud eut à déclarer
l’état d’urgence alors que l’instabilité des
réseaux électriques menaçait le pays de coupures de
courant généralisées. La société publique Eskom demanda aux plus importantes mines du pays de
cesser leurs activités et à ce que soient privés
d’électricité des millions d’habitations et de
locaux d’entreprises dans le cadre d’une opération
d’urgence dite de ‘délestage’. Les mines furent
forcées de mettre fin à leur opérations durant cinq
jours avant d’accepter de réduire leur demande en
électricité de 10%. Puisque de nombreux dépôts de
palladium sont localisés plus d’un kilomètre sous la
surface de la Terre, les sociétés minières
reportèrent la descente de mineurs jusqu’à ce qu’au
moins 90% de leur réseau électrique soit rétabli, en
ralentissant ainsi la production. Les acteurs du marché du palladium
s’inquiétèrent d’une éventuelle rupture de
stocks sur le long terme, et son prix augmenta brutalement
jusqu’à atteindre 600 dollars l’once.
La tendance finit par se renverser au mois de mars, après la
promesse du gouvernement Sud-Africain de mieux desservir les
sociétés minières en électricité. Le prix
du palladium se déstabilisa pendant quelques mois avant de
s’effondrer en juillet 2008, alors que les marchés du
blé, de l’or et du pétrole souffraient eux-aussi de
corrections. Les traders en tirèrent ensuite le prix à la
baisse jusqu’à ce qu’il atteigne à nouveau 160
dollars l’once au mois de décembre.
Le prix du palladium a ensuite enregistré un rebond impressionnant
en 2009 et vu son prix doubler. Etant une ressource industrielle
indispensable, le métal blanc grimpa parallèlement au prix du
cuivre tout au long de l’année 2009, alors que les
inquiétudes du marché s’apaisaient. La hausse du prix du
palladium fut également soutenue par la création d’un
nouvel ETF aux Etats-Unis : PALL.
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