Article d’Ambrose Evans Pritchard publié sur le site du Telegraph le 10 mai 2016 :
« La reprise de la zone euro, qui aura fait long feu, est déjà en
perte de vitesse alors que les effets des stimulations se dissipent et que
ses gros problèmes structurels refont surface, faisant craindre qu’on a
assisté à de nouveaux faux espoirs et que l’on fait désormais face à un piège
déflationniste si aucun choc extérieur n’a lieu dans les mois à venir.
La production industrielle a chuté de 1,3 % en Allemagne et de 0,3 %
en France en mars, faisant mentir les prévisions d’expansion robuste. Cette
rechute dans toute une série de pays suggère que les estimations instantanées
annonçant 0,6 % de croissance au premier trimestre étaient trop
optimistes et devront être revues à la baisse.
« La reprise ne gagne pas en traction. Je m’inquiète vraiment
d’un nouveau spasme de la crise de la dette durant l’été, » a
déclaré Lars Christensen de Markets and Money Advisory.
« Les marchés commencent à ne plus croire en la capacité de la
BCE de stimuler l’économie . De plus, nous voyons le retour des
problèmes des finances publiques du Portugal, de l’Espagne et de l’Italie. Ce
facteur commence à devenir clé, » a-t-il ajouté.
La zone euro a bénéficié de conditions favorables durant ces 12
derniers mois, profitant du pétrole bon marché, d’un euro plus faible, des
achats obligataires de la BCE et de la fin de l’austérité fiscale, tous ces
facteurs s’étant coordonnés pour former « une tempête parfaite positive ».
« Si cela n’est pas suffisant pour créer de la croissance, alors
rien n’y parviendra », a déclaré Nouriel Roubini de l’université de
New York.
Chacun de ces facteurs s’affaiblit ou est en train de se retourner. Depuis
le début février, les cours du pétrole ont explosé de 75 %. L’euro s’est
apprécié de 5 % durant les 6 derniers mois pour être aujourd’hui plus
haut que lorsque la BCE a lancé son assouplissement quantitatif afin de le
faire baisser. (…)»
Pour résumer la suite de l’article :
- Le système bancaire européen est plus fragile que
jamais, notamment en Italie, où les créances douteuses s’accumulent.
- Les états endettés, qui accumulent les déficits comme le
Portugal et l’Espagne, n’ont pas les moyens de renflouer ce système
bancaire. La Grèce est de nouveau au bord du précipice.
- La dette des entreprises reste élevée, par exemple en
Espagne ; aucune reprise durable n’est donc possible.
- Le risque déflationniste est plus grand que jamais,
malgré les stimulations de la BCE. Par exemple, durant les 6 derniers
mois, l’inflation des services s’est élevée à seulement 0,2 %, soit à un
fifrelin de la déflation.