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Cours Or & Argent

La crise en France ne sera pas drastique, mais lente et durable

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Publié le 15 juillet 2014
1359 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
( 18 votes, 4,5/5 ) , 3 commentaires
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Rubrique : Editoriaux

L’économie française poursuit actuellement une tendance morose de suppressions de postes et de fermetures d’entreprises. En 2012, la croissance économique était d’exactement 0%, contre un imperceptible 0,3% en 2013. Les dépenses du gouvernement, qui s’élèvent à 56% de l’économie, ont augmenté de 2,1% depuis le second trimestre de l’année 2012. Le secteur privé a quant à lui perdu 0,2% sur la période, et demeure 3,2% en-dessous de son pic d’avant-crise.

Contrairement à ses voisins, la France a aussi une population qui croît, avec une augmentation de 0,42% enregistrée en 2013. L’absence de croissance économique est donc décidément négative d’un point de vue de croissance par tête. Voilà l’expérience que vivent les Français aujourd’hui.

Et pourtant, les marchés financiers du pays se sont envolés

Après un record à la baisse de 2.519 enregistré en mai 2009, le CAC 40 a commencé à grimper bien qu’il ait été ralenti en 2011 par la crise de la dette en zone euro. Mais en 2012, les investisseurs ont commencé à ignorer l’économie du pays, la mauvaise posture de ses grosses banques et l’effondrement manqué de son secteur automobile aujourd’hui refinancé, ses banqueroutes, son taux de chômage, sa croissance trimestrielle négative et les politiques fiscales du nouveau gouvernement, et fermé les yeux pour plonger la tête la première dans son marché boursier. Le CAC 40 a atteint 4.313, son niveau le plus élevé depuis août 2008.

Compte tenu des problèmes économiques de la France, nous pourrions penser que la dette de son gouvernement devrait présenter des signes de stress.  Or les obligations sur dix ans rapportent 2,13%, contre 2,69% pour les obligations américaines. L’écart de rendements entre les obligations françaises et allemandes, après la forte hausse enregistrée pendant la crise de la dette, s’est stabilisé entre 50 et 60 points de base. La dette française est tout simplement solide comme le roc, et permet au gouvernement d’emprunter à bas prix. Les étrangers l’adorent : 63,2% de la dette gouvernementale transférable de la France se trouve entre les mains de non-résidents.

« Elle ne réagit pas aux annonces et aux chocs », a confirmé le plus récent rapport de Natixis, succursale de gestion d’actifs et d’investissements bancaires de l’une des plus grosses banques de France, Groupe BPCE, avec plus d'un trillion d’euros d’actifs et 20% du secteur de la banque de détail [Natixis a publié une étude l’année dernière, que j’ai discutée dans mon article French Megabank: “Germany Should Leave the Eurozone.”]

Natixis pense savoir pourquoi les marchés financiers de la France se portent si bien malgré l’état de l’économie, et pourquoi le pays n’a pas subi le même destin que la Grèce ou Chypre, qui ont subi une rébellion des marchés quand ils ont proposé le refinancement de banques et annoncé leurs déficits. Natixis ne mentionne pas les politiques d’impression monétaires qui à l’échelle de la planète ont fait gonfler les actifs, y compris en France. Il explique en revanche que les investisseurs étrangers s’intéressent aux actifs français « parce que la France ne risque pas de traverser une crise drastique ».

Oh, ne parlons surtout pas les grosses banques en difficulté

Notez que Natixis est la succursale d’une grosse banque et n’est pas prêt de remettre en question la stabilité des grosses banques du pays, dont le refinancement excèderait de loin les moyens du gouvernement. D'où ce lourd silence qui pèse au-dessus de ce qui pourrait causer une « crise drastique ».

Le risque auquel fait face la France est différent : il est question d’une faible croissance sur une très longue période. Tout mène à cette conclusion : les taxes et la baisse des rendements du capital, le manque de compétitivité, les problèmes liés aux savoir-faire de la force de travail, le manque de sophistication du capital des entreprises, la structure sectorielle de l’économie, tout cela fera que le pessimisme quant à la situation de la France s’installera graduellement et lentement.

La situation vire dans la mauvaise direction… lentement : la dette publique de 93% du PIB ne flambe pas, mais augmente de 2 points de pourcentage par an. Le commerce international se détériore et le déficit commercial pour les biens consommables a atteint 4%, mais il y a un surplus de services, et le déficit de compte-courant au sens large n’est que de 2% du PIB. Le taux de chômage, aujourd’hui de 11%, continue de grimper mais est bien inférieur à celui de la Grèce ou de l’Espagne, avec 25%.

"L'économie de la France n’est pas très cyclique, et un déclin d’activité drastique est très peu probable », explique le rapport. Il y a deux raisons à cela : les dépenses du gouvernement représentent 56% du PIB (20 points de pourcentage de plus qu’aux Etats-Unis), et le marché du travail rigide et peu compétitif rend les licenciements difficiles, limite la création d’emplois et empêche les « salaires réels de chuter en cas de récession, comme c’est le cas dans d’autres pays ».

Croissance ou non, le gouvernement et les travailleurs continuent de dépenser. Le problème qui se pose à la France est une « croissance très lente qui pourrait durer pendant un certain temps pour des raisons structurelles persistantes ». Le gouvernement, lorsqu’il prédit une croissance d’1,6% par an, se montre optimiste. Compte tenu des réalités structurelles, ses prévisions sont irréalistes. Selon Natixis, la croissance pourrait au mieux s’élever à 1%. Avec une croissance de la population de 0,4%, Le PIB par tête pourrait au mieux augmenter de 0,6% par an sur le long terme.

Les réalités structurelles à la source de ces stagnations

Les rendements du capital physique ne sont que de 6%, contre 10% en 2007 (et près de 16% aux Etats-Unis). « L’investissement s’en trouve découragé en France, notamment dans le domaine de l’industrie, et ces faibles rendements sont principalement dus aux taxes imposées aux sociétés ».

La compétitivité des coûts est peu élevée en raison de la « faible sophistication de la production » et du coût très élevé de production par unité. C’est pourquoi nous avons assisté à un effondrement des marges sur le secteur de la manufacture, qui empêche désormais l’industrie d’investir et de se lancer dans la production de produits haut de gamme. Les ressources se dirigent donc vers des services protégés où la productivité est peu élevée et n’augmente pas (vente au détail, construction…)

Les sociétés ont souffert de faibles gains de productivité suite à un manque d’investissement sur les nouvelles technologies. En 1998, la France a investi 1,8% de son PIB sur les nouvelles technologies, contre 2% pour les Etats-Unis. Après cette date, l’écart s’est creusé. En 2013, la France investissait toujours 1,8% de son PIB sur les nouvelles technologies, contre 3,3% pour les Etats-Unis. Les sociétés françaises ont acheté 2.900 robots industriels en 2013, contre 16.500 en Allemagne, 24.300 aux Etats-Unis et 27.200 au Japon.

Cette faible sophistication du capital et l’incapacité des sociétés à se lancer dans la production de biens haut de gamme ont engendré un « cercle vicieux de chute des prix et de la profitabilité », ainsi qu’un « manque d’amélioration de la sophistication de produits, notamment pour le secteur industriel ».

Contrairement à Chypre, la France n’est « pas menacée par une crise drastique »…

Voilà qui explique les glorieuses performances des marchés financiers, et l’absence d’inquiétude chez les investisseurs. La France est menacée par son incapacité de faire face à une faiblesse persistante de la croissance.

… Ce qui pourrait la faire couler. Son système d’aide sociale (santé, pensions et allocations chômage) est en déficit depuis dix ans. En 2013, son déficit était de 15 milliards d’euros. Natixis offre donc cette conclusion réjouissante : « Parce que la réduction des dépenses gouvernementales nécessaire à la correction des déficits sera difficile à achever, les finances publiques continueront de se détériorer. L’inquiétude des investisseurs se fera plus prononcée au fil du temps ».

Et les grosses banques qui s’étouffent sur des actifs en décomposition ? Ne les mentionnons pas.

Pendant que le secteur dominant de l’économie française, le gouvernement, continue de croître, les entreprises font faillite les unes après les autres. Je vous conseille de lire No Crisis? France’s Private Sector In Deeper Trouble Than In 2009


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Et rajoutons que se désendetter massivement pour se ré-endetter ensuite, quelle connerie !
Tant qu'il y aura des intérêts à rembourser en situation de croissance nulle, on ne verra pas le bout du tunnel de la dette : dette volontairement souscrite dans les années 1970 auprès des marchés internationaux ! Rien que le travail au black, c'est environ 40 MILLIARDS d'euros de perdus. Les accidents du travail et les maladies professionnelles, c'est la même chose, au bas mot, voire 70 MILLIARDS d'euro ! L'erreur originelle est notre endettement volontaire pour lequel le Peuple n'a eu aucun avis à donner. Vous pouvez couper les budgets publiques à 90%, ça ne changera rien, sauf : une crise sociale indescriptible puis une révolution, avec un effet domino sur d'autres pays européens, et probablement un 3ème conflit avec l'Allemagne, épaulée par les troupes de l'OTAN. Vous voulez des drones d'Obama dans notre ciel ?
La classe politique actuelle, et les élites doivent être impitoyablement chassées du Pouvoir par le Peuple aux prochaines élections. SANS AUCUNE PITIE NI AUCUN MENAGEMENT. Et nous ferons aussi le ménage dans les services de Police, de Justice, et de Renseignements. ILS ONT FAILLI A LEURS MISSIONS. Ces nuisibles ne méritent aucun clémence.
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Cela me rappelle la remarque d'Ernest Hemingway lorsqu'on l'avait questionné sur comment s'était passée sa faillite personnelle : "d'abord tout doucement, puis tout d'un coup".
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ungars - 16/07/2014 à 13:31 GMT
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