Nous avons
régulièrement eu l'occasion dans ces colonnes de
dénoncer l'impôt progressif, en ce qu'il conduit
inévitablement à décourager l'enrichissement, faisant
ainsi glisser le pays sur la pente de la paupérisation
générale.
Nous
proposons aujourd'hui une petite fable pour illustrer la critique, et
souligner l'immoralité de cette forme d'impôt.
Deux
frères étaient voisins. Ils travaillaient honnêtement
à la poste, et gagnaient la même chose. Ils avaient tous les
deux une femme, trois enfants, et une maison de taille équivalente.
Tous deux possédaient un grand terrain, bénéficiant,
sans surprise, de soleil et de pluie.
Un jour de
printemps, le premier décida d'y planter quelques platanes, afin d'y
installer un hamac, projetant d'y faire la sieste si l'été se décidait
à arriver.
Le second,
pendant ce temps, décide de se lancer dans la plantation d'arbres
fruitiers. Il laboure son pré, plante quinze abricotiers, les taille soigneusement,
et fait une très belle récolte. Il loue ensuite un camion, et
sillonne les marchés pour vendre ses fruits.
L'année
suivante, il décide d'améliorer le rendement de son verger. Il
achète de grandes bassines de cuivre, et cuit ses abricots invendus pour
en faire de la confiture.
La confiture
est savoureuse, et la demande dépasse rapidement sa production.
L'année suivante, il décide d'acheter plus d'abricots, pour
satisfaire les commandes.
En quelques
années, il finit par gagner plus d'argent avec sa production
artisanale qu'avec son propre salaire. La charge de travail devenant trop
lourde, il décide de créer un emploi, et embauche un jeune
homme désœuvré pour assurer les livraisons de confiture
dans toute la région. Un commerce est né.
La réussite
génère un profit conséquent. Mécaniquement, ses
gains le font changer de tranche fiscale, dépassant ainsi le taux
payé par son frère, tranquillement installé dans son
hamac, à l'ombre des platanes.
La fable
pourrait continuer, l'entreprise se développer, le patrimoine
s'agrandir, mais la logique resterait la même.
Au nom de
quelle morale quelqu'un qui s'est donné du mal pour faire fructifier
son temps et son terrain devrait payer d'avantage d'impôt ?
Au nom de
quelle prétendue justice sociale celui qui a dépensé de
l'énergie à produire quelque chose sans pénaliser qui
que ce soit, voit augmenter son taux d'imposition ?
Au nom de
quelle logique un entrepreneur appliqué qui a créé un
emploi, sortant quelqu'un du chômage, doit-il être puni fiscalement ?
C'est pourtant
bien le principe de l'impôt progressif, qui sanctionne le
mérite, et pénalise la réussite. Ce retournement moral
se fonde en réalité sur la jalousie, et sur l'idée
fausse que la richesse des uns dépend nécessairement de la
pauvreté des autres. L'idéologie égalitaire fait ainsi
peser une
illégitimité de principe sur la richesse, assimilant
celle-ci à une forme d'injustice qu'il faudrait corriger.
Or, fonder un
système fiscal sur cette immoralité ne peut conduire
qu'à moins d'initiative, moins de richesse, et toujours plus de
jalousie. On expliquera d'ailleurs sûrement l'augmentation de la
pauvreté par le manque de générosité des riches,
qui méritent toujours de payer plus d'impôt...
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