Depuis leur introduction en
1993, les fonds négociables en bourse, appelés ETF, ont beaucoup séduit les
investisseurs individuels, et pour une bonne raison : ils sont des fonds
« passifs » qui miroitent un marché ou secteur donné, demandent des
opérations de négoce minimes et sont sujets à des frais très peu élevés. Les
ETF offrent une exposition aux actions sans demander d’analyses excessives.
Et depuis la débâcle de 2008-09, s’il est une chose à laquelle ne font plus
confiance les investisseurs, c’est bien leurs propres décisions en matière
d’actions.
En revanche, en fin de marché
haussier, les petits investisseurs tendent à redécouvrir leurs talents en
matière de sélection d’actions. Juste à temps pour tout perdre lors de
l’effondrement qui arrive ensuite.
Nous y voilà encore
aujourd’hui :
Investors
Unchain Themselves From ETFs as Stock Volume Surges
(Bloomberg) – Les actions
individuelles sont de nouveau à la mode, et les investisseurs mettent en
place des stratégies passives et accumulent des actions plus rapidement
qu’ils ne l’ont fait ces cinq dernières années. C’est là le dernier signe
d’accalmie sur les marchés des actions depuis la débâcle du mois d’août.
Parmi les titres observés par
le S&P 500, environ 2,3 milliards d’actions ont changé de mains chaque
jour depuis le début du mois de novembre, contre 106 millions par jour pour
l’ETF SPDR S&P 500. L’écart entre ces deux investissements a presque
doublé depuis son record à la baisse sur quatre ans enregistré en septembre,
et a atteint 24 au mois de novembre, son niveau le plus haut en près de six
ans, comme le montrent les données publiées par Bloomberg et FBN Securities
Inc.
L’appétit accru pour les
actions individuelles est le signe d’un allègement des tensions sur le marché
des actions, à mesure que prend fin l’obsession des investisseurs pour les
chocs politiques et économiques et que l’élément central redevient la
capacité des sociétés à accroître leurs revenus ou à être dépassées. La
demande est en hausse depuis que le S&P 500 a enregistré sa première
correction en quatre ans, pour s’en retourner au niveau dans lequel se sont
trouvées les actions une majorité de l’année.
Mais alors que les individus
pensent pouvoir battre le marché, les institutions courent à toutes jambes
dans l’autre direction :
Institutions
Dump Stocks For Fifth Consecutive Week
(Zero Hedge) – Au cours du
mois (et de l’année) dernier, le marché a pu sembler stagner dans une même
fourchette, influencé par une série de grosses actions. Mais sous la surface,
les institutions continuent de vendre.
Bien que les acheteurs
institutionnels marginaux en aient suffisamment laissé sous-entendre suite à
la déclaration de Draghi, la source traditionnelle de la demande en actions
demeure identique, et la tendance sur quatre semaines est légèrement
au-dessus des niveaux enregistrés l’année dernière à la même période.
Comme le montre le graphique
ci-dessous, bien que les clients privés aient été des acheteurs nets d’actions
en 2015, les fonds de couverture sont des vendeurs nets. Et rien n’est
comparable à la révulsion des institutions, dont les ventes sont devenues
incessantes.
Pour résumer la situation,
bien que les moyennes stagnent, les investisseurs professionnels vendent
leurs actions 1) aux investisseurs qui semblent soudainement croire qu’ils
peuvent battre le marché, et 2) aux trésoriers d’entreprises qui ont reçu
l’ordre de racheter les actions de leur société pour que leurs patrons
puissent toucher leurs bonus annuels.
Nous avons déjà assisté à des
évènements identiques, et malheureusement, la situation se terminera une fois
encore de la même façon : par une leçon brutale sur la nature des
marchés et la place de l’individu en leur sein.