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La France Dégradée

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Publié le 21 novembre 2012
1054 mots - Temps de lecture : 2 - 4 minutes
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Rubrique : Billets d'Humeur

 

 

 

 

Mes chères contrariées, mes chers contrariens,


Évidemment, et cela nous change de la journée mondiale des toilettes, et nous force à revenir à des sujets économiques plus sérieux, comme par exemple la nouvelle dégradation de la France par l’agence Moody’s.


Car c’est bien cette information qui est la plus importante de ces dernières heures. Alors que jusqu’à présent seule Standard & Poor’s nous avait fait perdre le fameux célèbre triple A, c’est au tour de Moody’s, en attendant celle qui sera la dernière à savoir l’agence Fitch qui reste une agence de notation nettement plus bienveillante à l’égard de notre pays, la nationalité française de son président ni étant sans doute pas totalement étrangère.


Moody's prive à son tour la France de son « triple A »


Pour Moody’s, la dette publique de long terme de la France est désormais notée Aa1, soit un cran en dessous de la meilleure distinction dont elle jouissait jusque-là. Mais l'agence a aussi assorti cette note d'une perspective négative, ce qui signifie qu'elle menace de l'abaisser à nouveau à moyen terme.


La France « est encore bien notée », a réagi auprès de l'AFP le ministre des Finances Pierre Moscovici, en marge d'un déplacement à Grenoble. Voilà un commentaire brillant (mais Christine Lagarde nous servait le même type d’imbécilités lorsqu’elle occupait ce poste). Perdre notre notation est un camouflet. Ce camouflet est la conséquence d’une politique économique inconséquente menée pendant ces trente dernières années, aussi bien par la gauche, que par la droite.


Selon le ministre, « cette décision concerne la situation laissée par nos prédécesseurs : perte de compétitivité, faible croissance, déficit croissant ». « C'est une sanction de la gestion du passé », a-t-il dit.

Certes. C’est une sanction de la gestion passée, mais hélas, aussi de la gestion actuelle et du manque cruel de courage qu’elle laisse entrevoir pour le futur, et sur ce dernier point il ne faut pas se bercer d’illusions. Les Français et leurs dirigeants détestent ce qui fait « mal ». Je ne suis pas en train de dire que faire souffrir tout le monde est une bonne idée, mais que plus on retarde le moment de la souffrance plus cette dernière est forte. Regardez les Grecs.


Les États du nord de l'Europe mieux notés


Depuis la décision de SP en début d'année, seuls quatre pays de la zone euro bénéficient encore d'un AAA auprès des trois grandes agences : l'Allemagne, la Finlande, le Luxembourg et les Pays-Bas. Il s'agit d'États du nord de l'Europe, ce qui a accentué les divisions politiques, face à la crise, avec des pays du Sud, comme l'Italie ou l'Espagne, mais aussi avec la France.


C’est cette idée qui sous-tendait ma réflexion concernant un nouveau « rideau de fer » qui coupait l’Europe en deux entre le Nord et le Sud, la France étant désormais sans conteste possible classée dans les pays du Sud par l’essentiel des analystes financiers à travers la planète.


Pour le moment, notre pays continue à emprunter à des taux qui sont historiquement bas, voire même pour certaines maturités (c’est-à-dire sur certaines durées) nous empruntons à des taux réels négatifs lorsque l’on prend en compte le taux d’inflation.

Néanmoins, cela pourrait ne pas durer. Ce qu’il s’est passé jusqu’à présent n’est plus à l’image du fossé qui se creuse de plus en plus entre notre économie et celle de pays qui, à défaut d’être bien portants, sont moins mauvais que nous.


Car nous en sommes là. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. C’est cette triste réalité qui explique nos taux d’emprunt actuels aussi faibles. Mais il ne faut pas s’y tromper. Si les marchés pensent que nous devenons aveugles alors évidemment ce sera l’hallali et haro sur notre dette. Nous en prenons sans conteste le chemin. 


Pour Moody's, des réformes insuffisantes


L'agence de notation salue les réformes récemment annoncées par le gouvernement, et son « fort engagement » à les mettre en œuvre. Mais elle rappelle que la France a rarement réussi à faire aboutir de telles réformes ces vingt dernières années, et juge que les mesures promises aux entreprises « ne devraient pas, seules, avoir l'ampleur suffisante pour rétablir la compétitivité ».


Encore une fois, nous sommes sur le mode du « trop peu et beaucoup trop tard » pour inverser une tendance de fond profondément négative.


Moody's cite aussi des « perspectives budgétaires incertaines en raison de la dégradation » économique. Pour elle, la capacité de la France à résister à d'éventuels nouveaux chocs futurs de la zone euro « diminue », et ce d'autant que son exposition aux pays fragiles de l'Union monétaire, via les liens commerciaux ou bancaires, « est beaucoup trop importante ».


Ces fragilités sont connues de tous ceux qui veulent bien regarder froidement les faits.


Nous nous lançons dans une politique de rigueur qui fera baisser les recettes fiscales et nous obligera à plus d’austérité, nous faisant ainsi rentrer dans une spirale déflationniste à la grecque.


Nous n’avons pas le premier euro des sommes que nous devons verser dans des machins européens et qui se comptent en dizaine de milliards d’euros supplémentaires.


Tout cela, nous le savons parfaitement. Moody’s ne fait donc qu’une analyse globalement juste de la situation financière de notre pays.


Vers la saisie de l’épargne


Face à cette situation qui n’est pas non plus ignorée de nos gouvernants, un certain nombre d’élus ou de personnalités de premier plan ont lancé un appel dans le dernier numéro du magazine L’Expansion sur la renationalisation de la dette française.


L’idée est simple. Les Japonais sont endettés à 250 % de dette sur PIB et les marchés ne les embêtent pas vraiment. Pourquoi ? Pour une raison simple.

Plus de 95 % de la dette japonaise est détenue par les épargnants japonais eux-mêmes.


Il faudrait donc que les Français (qui sont de gros épargnants et qui détiennent plus de 1 350 milliards d’euros d’épargne financière) rachètent massivement nos obligations.


Or, il est certain que beaucoup d’épargnants ne souhaiteront pas devenir détenteurs de plus d’obligations, c’est-à-dire de dettes d’un État qui n’a quasiment plus de perspectives pour rembourser ses créanciers.


On en arrivera alors logiquement à la « réquisition » forcée de l’épargne financière des ménages.


Ce sera la prochaine étape et l’on en voit déjà les prémices.


Charles SANNAT

Directeur des Études Économiques Aucoffre.com

 


 

 

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Charles Sannat est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires Il a exercé les fonction de directeur des études économiques de la société Aucoffre.com de 2012 à 2015, et créé le Contrarien Matin un site de « décryptage quotidien, sans concession, humoristique et sarcastique de l’actualité économique ». Il a fondé en Septembre 2015 le site Insolentiae.com et se consacre depuis pleinement à ce nouveau projet éditorial.
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Donc l'Etat va piquer l'épargne des gens, sympa ça.
En Belgique le gouvernement a lancé un programme de mobilisation de l'épargne (230 milliards d'euros dans des comptes d'épargne, pour un pays de 11 millions d'habitants), il s'agit d'incitants financiers censés orienter le Belge moyen vers l'acquisition d'obligations et trucs du genre.

Quand j'ai appris cela, je me suis dit "tiens, ça sonne comme un ultime avertissement avant la saisie forcée par un processus d'inflation ou d'hyperinflation"...mais maintenant j'apprends que l'Etat peut même forcer l'épargnant à lui filer son argent ?
On se croirait de retour au Moyen Age...

Reste plus qu'à vite placer son fric dans des produits physiques et bien se cacher en attendant que la tempête passe (et évidemment, avec nos lois en vigueur, pas moyen d'acheter d'arme à feu pour se défendre contre l'état... mais tout le monde sait que c'est l'objectif).
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La fin de la partie va bientôt être sifflée.La cavalerie financière à laquelle les pouvoirs ont recouru depuis plus de 30 ans va devoir être stoppée.C'est inéluctable.Et, c'est celui qui,le temps de sa campagne électorale, déclarait,devant un auditoire qui voulait entendre ce genre de saillie (verbale), n'avoir qu'un ennemi,à savoir la haute finance,qui va devoir se plier aux diktats de ses véritables maîtres.Je me demande ce qui a pu pousser un candidat à vouloir succéder à Nicolas Sarkosy dans un contexte financier aussi désespérant!

Il va en falloir des circonlocutions de langage pour justifier les restrictions qui s'imposent alors qu'on a été de ceux qui ont niées ou systématiquement ignorées la réalité.Franchement,je n'envie pas les camarades socialos.Moi,je me ferai,à leur place tout petit pour ne pas avoir à dire:moi socialiste?Non,moi jamais!

Mes pensées vont plutôt vers ceux qui,même s'il fallait être naïf,qui ont pris pour argent comptant (alors que c'est de la dette) les propos des bonimenteurs en campagne.Le jour où ils auront conscience en voyant la taille de leur corne,qu'une fois de plus qu'ils sont cocus,ils ne seront pas...contents du tout!Et c'est un euphémisme.

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Mercredi 21 novembre 2012 :

La Grèce de nouveau sous pression de l’Europe.

Autre sujet d'inquiétude, la dette qui devrait s'envoler l'an prochain à 189,1% du PIB, soit 346,2 milliards d'euros, contre 175,6% attendu en 2012.

http://www.boursorama.com/actualites/la-grece-de-nouveau-sous-pression-de-l-europe-79837ab43be348b862e91518f5d1673b

En 2013, la dette de la Grèce atteindra 346,2 milliards d'euros. En 2013, les contribuables de la zone euro vont payer non pas une addition, mais trois additions différentes.

1- Première addition : la BCE détient 45 milliards d'euros de dette grecque. Quand la Grèce fera défaut, la BCE subira des pertes. Les actionnaires de la BCE devront alors recapitaliser la BCE. Les 17 banques centrales nationales paieront : concrètement, les contribuables de la zone euro paieront.

Ils ont l'habitude. Déjà, en décembre 2010, les contribuables ont été obligés de payer 5 milliards d'euros pour recapitaliser la BCE.

2- Deuxième addition : le FMI a prêté des dizaines de milliards à la Grèce. Quand la Grèce fera défaut, le FMI subira des pertes. Le FMI est financé par les contribuables des Etats-Unis, par les contribuables du Japon, par les contribuables de l'Allemagne, par les contribuables de la France, etc.

Les contribuables paieront donc cette deuxième addition.

3- Troisième addition : les prêts bilatéraux accordés par les Etats européens, et aussi les garanties accordées par les Etats européens.

Prenons le cas particulier de la France : quand la Grèce fera défaut, la France subira une perte de 50 milliards d'euros.

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/11/19/20002-20121119ARTFIG00709-grece-50milliards-d-euros-de-garanties-pour-la-france.php

France : le Parlement s'inquiète de l'accumulation des engagements pris pour soutenir la Grèce.

Dans son rapport, le député Christian Paul (PS) chiffre à 50,8 milliards d'euros les prêts à la Grèce devant être garantis par la France dans le cadre du Fonds européen de stabilité financière.

Source : lesechos.fr, mardi 7 août 2012.

http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0202205724179-le-parlement-s-inquiete-de-l-accumulation-des-engagements-pris-pour-soutenir-la-grece-351001.php
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Donc l'Etat va piquer l'épargne des gens, sympa ça. En Belgique le gouvernement a lancé un programme de mobilisation de l'épargne (230 milliards d'euros dans des comptes d'épargne, pour un pays de 11 millions d'habitants), il s'agit d'incitants financier  Lire la suite
RalphZ - 21/11/2012 à 09:51 GMT
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