Aux États-Unis, certaines autorités locales ont décidé de relever fortement le salaire minimum. Une initiative louable pour des travailleurs qui peinent à joindre les deux bouts avec 7,25 dollars de l’heure – salaire minimum fédéral, qui peut être relevé localement, mais qui a un effet pervers, à savoir d’encourager les entreprises à se tourner vers l’automatisation.
Mais il n’y a pas qu’aux États-Unis que la hausse des salaires est une aubaine pour les sociétés qui fabriquent des robots. En Chine, autrefois l’eldorado de la main-d’œuvre bon marché, les salaires dans l’industrie ont doublé durant la dernière décennie si bien qu’aujourd’hui il est bien moins cher de faire produire dans des pays comme l’Inde, la Thaïlande, etc.
Comme l’explique cet article de Bloomberg, si la Chine reste l’épicentre mondial de la production industrielle, c’est surtout grâce au support étatique. Mais malgré cela, de plus en plus de producteurs chinois sont en difficulté financière, notamment à cause de l’augmentation des salaires. Ils sont donc de plus en plus nombreux à se tourner vers l’automatisation :
« Alors qu’il déambule dans son usine poussiéreuse qui fabrique des poussettes et des roues, Hu Chengpeng explique que trouver du personnel est son problème numéro 1. Le taux de rotation de son site de production de Hanchuan, dans la province de Hubei, en Chine centrale, est de 20 % malgré des salaires en hausse de plus de 10 % chaque année pour ses 400 travailleurs. « Le coût de la main-d’œuvre devient tout simplement trop élevé », explique-t-il.
C’est ce qui explique pourquoi Hu, 34 ans, a décidé de se tourner vers la révolution robotique chinoise. Il vient d’acquérir 40 nouveaux robots, à un peu plus de 5 000 € l’unité, afin de remplacer des douzaines de travailleurs affectés à la découpe de plastique. Son usine pourrait réduire de 25 % ses effectifs sans réduire sa capacité de production, a-t-il déclaré. » (…)
Avec des salaires réels qui ont plus que doublé durant la dernière décennie, les usines automatisent, investissent dans la recherche et le développement et se tournent vers les produits à haute valeur ajoutée. Telles sont les conclusions de la dernière China Employer-Employee Survey, menée par des universités chinoises et Stanford.
La Chine n’est plus l’eldorado de la main-d’œuvre bon marché, comme avant. À la fin 2015, le salaire mensuel moyen des ouvriers a atteint 4126 yuans, soit un salaire identique à celui des ouvriers brésiliens, mais supérieur à ceux du Mexique, de Thaïlande, de Malaisie, du Vietnam et d’Inde.
Simultanément, de nombreuses sociétés dépendent des subsides. Malgré tout, elles engrangent difficilement des profits, ou perdent même de l’argent d’après l’étude publiée le 20 juin. « Les producteurs chinois n’ont plus beaucoup de temps pour s’adapter », a déclaré Albert Park, économiste du travail à l’université des sciences et de la technologie de Hong Kong et responsable du comité international qui supervise l’étude. (…)
L’année dernière, peu d’entreprises ont décidé de délocaliser selon l’enquête. Elles préfèrent investir dans les robots et dans l’automatisation. Environ 8 % des entreprises utilisent des robots.
« Avec la réalité de la hausse des salaires, mais aussi pour augmenter la productivité, nous devons continuer d’investir dans l’automatisation », a déclaré Chen Jiuyuan, responsable des opérations de Hubei Hengwei Aluminum Co. (…)
Malgré les largesses du gouvernement, 18 % des entreprises chinoises privées perdent de l’argent, tandis que ce chiffre s’élève à 26 % pour les entreprises publiques. (…) »
Voilà pour les morceaux choisis de l’article de Bloomberg. Et en bonus, voici à quoi ressemble une société chinoise de logistique qui peut trier 200 000 colis par jour grâce à quelques travailleurs et surtout à une armée de robots…