Les protestations contre le dernier plan
d’austérité grec et les affrontements dans la rue ont
fait les manchettes en
ce début de semaine, avec 150 magasins pillés, 48
bâtiments incendiés au centre d’Athènes et des
centaines de personnes blessées et arrêtées. Pourtant, ce
ne sont pas ces actes de violence, bien visibles, qui menacent le plus
l’État grec – sur
le point d’obtenir une nouvelle aide de 130 milliards d’euros
– mais la défiance fiscale et la méfiance de la
population vis-à-vis du secteur bancaire qui se « développent
en coulisse ».
D’une part, sans parler de « panique
bancaire », la crainte du défaut de l’État
grec et d’une sortie possible de l’euro ont poussé les
particuliers et les entreprises à retirer leur argent des banques et
à fuir le système financier grec, le fragilisant au passage davantage
encore (voir Figure ci-dessous).
Figure 1 : Evolution des dépôts dans le
système financier grec, 2009-2011*
*données de fin d’année
Source : Banque de Grèce ; calculs de
l’auteur.
Les dépôts du secteur privé
(entreprises et ménages) auprès des organismes financiers ont
ainsi baissé
d’environ 17% en 2011 passant de 210 milliards d’euros à
174 milliards. La baisse représente plus d’un quart
(-26,7%) par rapport à début de 2010, date à
laquelle les problèmes de solvabilité de l’État
grec ont commencé à inquiéter les investisseurs!
Étant donné que les risques de défaut de la Grèce
et de sortie de l’euro ne sont pas nuls, ce n’est pas tant cette
fuite de capitaux qui surprend mais plutôt le fait que les banques
détiennent encore 174
milliards d’euros de dépôts. Car si ces risques se
matérialisaient, le
pouvoir d’achat de ces économies risquerait de fondre comme
neige au soleil, la nouvelle monnaie grecque perdant rapidement de sa valeur
face aux autres devises telles que l’euro.
Ensuite, la défiance de la population
vis-à-vis du gouvernement se concrétisera sans doute lieu de
plus en plus sur le terrain fiscal, et affectera toujours davantage les
recettes que le gouvernement compte officiellement collecter.
À cet égard, il est intéressant de
noter que les recettes provenant de la TVA ont accusé une baisse
importante de près de 19% entre janvier 2011 et 2012. Les recettes
fiscales totales sont en baisse de 7% sur un an alors que les
autorités prévoyaient une augmentation de 8,9%. Sur le seul
mois de janvier dernier, il
manque ainsi au gouvernement grec 1 milliards d’euros par rapport aux
prévisions officielles, soit 1,1% des recettes
budgétisés pour 2012.
Certes, la récession et le report notamment de
versement de la TVA par certaines entreprises en difficultés, y ont
contribué. Mais dans un pays où le « marché
noir » est relativement important – estimé
à environ 25% du PIB officiel – la multiplication des plans
d’austérité pourrait lui donner une grande « bouffée
d’air frais »et susciter une « révolte »
fiscale susceptible de déjouer les plans des autorités
grecques, européennes et internationales.
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