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Grace à M.
Jan Laarman, à qui vont tous mes remerciements, l'hommage de Russell
Roberts (un des duettistes du Cafe Hayek) à
Friedrich Hayek que je mentionnais dans les brèves de Vendredi est
traduit en Français. Bonne lecture.
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Le
come-back de Friedrich Hayek
Russell Roberts, 28 juin 2010, Wall Street Journal -
Il est né
au 19ème siècle, il a écrit son livre le plus influent
il y a de plus de 65 ans, et il n'est pas aussi connu que l'actrice
mexicaine sexy qui partage le même nom de
famille*. Et pourtant, la cote de Friedrich Hayek est en hausse.
Quand Glenn Beck** a récemment exploré le grand classique de
Hayek, La Route de la servitude, dans son émission sur Fox News,
le livre est devenu n° 1 des ventes sur Amazon, et il reste dans le top
10. Hayek est aussi devenu la vedette avec Keynes d’un clip de rap
« Fear of the Boom and Bust », visionné plus de 1,4
million de fois sur YouTube et sous-titré en 10 langues.
Pourquoi cet intérêt soudain pour les idées d'un
économiste viennois, prix Nobel 1974, largement oublié par la
majorité des économistes ?
Hayek n'est pas le seul économiste mort à avoir
récemment attiré sur lui l'attention. La plupart des
économistes en vie ont perdu de leur crédibilité lorsque
la Grande Récession a succédé à la Grande
Modération tellement vantée. Et les craintes d'une autre Grande
Dépression ont tourné les regards vers le passé. Lorsque
Ben Bernanke, président zélé de la Réserve
Fédérale, a augmenté le bilan de la Fed, il avait
sûrement à l’esprit l’acte d'accusation de Milton
Friedman contre l'inaction de la même Fed dans les années 1930.
Sur le plan budgétaire, Keynes était aussi soudainement en
vogue à nouveau. Les politiques de plan de relance ont
été adoptées à grands renforts de «
multiplicateurs keynésiens » et de « stimulation de la
demande globale ».
Mais maintenant que le stimulus a à peine ébranlé le
taux de chômage, et face à des dépenses publiques et des déficits
croissants, il est naturel de se tourner vers Hayek. Il défend quatre
idées importantes qui valent la peine d’être
examinées en ces temps troublés.
Tout d'abord, lui et son collègue économiste autrichien Ludwig
von Mises ont fait valoir que l'économie est plus compliquée
que la simple histoire keynésienne. Stimuler la demande globale en
maintenant des enseignants au travail ne contribuera guère à
aider les salariés de la construction et du secteur manufacturier qui
ont le plus souffert de la récession actuelle. Si les enseignants
n’achètent pas plus de maisons, les ouvriers du bâtiment
pourront toujours attendre avant de trouver du travail. Les keynésiens
aiment prétendre que creuser des trous puis les remplir à
nouveau, c’est mieux que rien, car cela met de l'argent dans
l'économie. Mais le principal effet est d'augmenter les salaires des
creuseurs de trous, avec des effets limités en dehors de ce secteur.
Deuxièmement, Hayek a souligné le rôle de la banque
centrale dans le cycle économique. Les taux maintenus artificiellement
bas par l’ancien président de la Fed Alan Greenspan de 2002-2004
ont joué un rôle crucial en gonflant la bulle immobilière
et en faussant les décisions d'investissement dans les autres
secteurs. La politique monétaire actuelle ne fait plus que
différer les ajustements nécessaires pour guérir le
marché du logement.
Troisièmement, comme Hayek affirme dans La Route de la servitude,
liberté politique et liberté économique sont
inextricablement liées. Dans une économie à planification
centralisée, l'État intervient inévitablement sur ce que
nous faisons, ce que nous aimons, et où nous vivons. Lorsque
l'État a le dernier mot sur l'économie, l'opposition politique
a besoin d’obtenir de l’Etat la permission d'agir, de parler et
d’écrire. Le contrôle économique devient un
contrôle politique.
Même lorsque l'Etat essaie d'orienter une partie seulement de
l'économie au nom du «bien public», le pouvoir de
l'État corrompt ceux qui détiennent ce pouvoir. Hayek a
souligné que les pouvoirs bureaucratiques n'attirent pas les anges ;
ils attirent des gens qui adorent diriger la vie des autres. Ils ont tendance
à prendre soin de leurs amis avant les autres. Et ils trouvent
attirante l’augmentation du pouvoir. Le capitalisme de connivence ne
doit pas être confondu avec le capitalisme véritable.
Rapidement, la quatrième idée de Hayek est que l'ordre peut
émerger non seulement de haut en bas mais de bas en haut. Le peuple
américain souffre des ordres donnés d’en haut. Le
président Obama a étendu le contrôle
fédéral des soins de santé. Il voudrait faire de
même avec le marché de l'énergie. Grâce à
Fannie Mae et Freddie Mac, le gouvernement dirige le marché
hypothécaire. Il possède maintenant également des
participations dans des entreprises américaines phare. Le
président bafoue la primauté du droit en extorquant des
promesses à BP plutôt que de laisser les tribunaux faire leur
travail. En augmentant la taille du gouvernement, il nous a laissé
moins de ressources à affecter par nos propres décisions.
Hayek avait compris que le contraire du collectivisme « par en-haut
» n'est pas l'égoïsme. Une société libre
moderne dépend entièrement de la coopération. Nous nous
associons avec d'autres pour produire les biens et services dont nous
bénéficions, sans ordre d’en-haut. La même chose
est vraie dans tous les domaines d'activité qui donnent sens à
la vie : quand nous chantons et nous dansons, quand nous jouons et quand nous
prions. Nous laisser libres de nous joindre à d'autres comme bon nous
semble, dans le travail et dans les loisirs, voilà la route de la
prospérité véritable et durable. Hayek nous en a
donné la carte.
Malgré les caricatures qu'en ont fait ses détracteurs, Hayek
n'a jamais dit que le totalitarisme est le résultat inévitable
de l'expansion du rôle du gouvernement dans l'économie. Il nous
a simplement avertis de cette possibilité et des coûts qu'elle
implique. Nous devrions tenir compte de son avertissement. Je ne sais pas si
nous sommes sur la route de la servitude, mais en voyant où nous nous dirigeons,
Hayek nous conseillerait certainement de faire demi-tour.
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Russell Roberts
est professeur d’économie à l’Université
George Mason. Une version originale non payante de son article est lisible
sur http://www.hoover.org/news/daily-report/35386
Cette traduction
est également publiée comme il se doit par l'Institut Hayek
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* (Addendum, VB) A noter que, coïncidemment,
un autre grand porteur du même nom, sans lien de parenté, Nicolas
Hayek,
un entrepreneur remarquable, fondateur de Swatch et initiateur du projet SmartMobile,
est décédé voici une semaine. On peut largement le
créditer de la résurrection d'une Industrie Horlogère
Suisse moribonde il y a une trentaine d'années.
** Glenn Beck :
Animateur Vedette de Talk Shows à très forte audience sur Fox
News. Ouvertement Libéral, au (bon) sens européen du terme.
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Vincent Bénard, ingénieur
et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones
dédiés à la diffusion de la pensée
libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il
est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France,
"Logement,
crise publique, remèdes privés", ouvrage publié
fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il
montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le
logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement à
l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il ose
proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de
marché pour y remédier.
Il est l'auteur du blog "Objectif
Liberté" www.objectifliberte.fr
Publications :
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La
doc française, avec Pierre de la Coste
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