L’inflation globale de la zone
euro a atteint 2% ce mois-ci, ce qui fait vagir les faucons de l’inflation
aux quatre coins de l’Allemagne.
Et malgré cela, le président de
la BCE, Mario Draghi, a promis de maintenir ses achats d’actifs, et l’Italie ne
trouve aucun acheteur pour ses obligations.
Que devra faire Draghi ?
L’inflation globale
atteint 2%
Une étape majeure.
L’inflation globale annuelle de
la zone euro a accéléré le mois dernier pour atteindre 2% pour la première
fois depuis le mois de janvier 2013, ce qui met en lumière la forte hausse
des prix alimentée notamment par les coûts de l’énergie dans la zone de
monnaie unique.
Au mois de février, le taux d’inflation
sur un an est passé de 1,8% à 2%, avec notamment une inflation de 2,2% en Allemagne
et de plus de 3% en Espagne.
La mesure d’inflation de base de
la zone euro, qui ignore les prix très volatiles de l’énergie et des biens alimentaires,
est restée inchangée avec 0,9%, et demeure en-dessous de 1% depuis août 2013.
Le dilemme de l’inflation
Face à la hausse de l’inflation,
les faucons de la BCE devraient faire pression pour un abandon des politiques
agressives d’assouplissement monétaire. Ce qui représente pour Draghi un gros dilemme politique.
La semaine prochaine, Mario
Draghi devrait recevoir un message très clair de la part des faucons de la
Banque centrale européenne : cessez de prêcher l’apocalypse.
Après quatre années de faible
croissance et d’inflation inférieure aux objectifs, les pressions de prix ont
resurgi plus rapidement que ne s’y attendait la banque. Eurostat, le bureau
de statistiques de la Commission européenne, a rapporté jeudi que les prix
avaient gagné 2% sur l’année – pour porter l’inflation au-dessus de l’objectif
de la banque centrale de « légèrement moins de » 2% pour la
première fois depuis janvier 2013.
La banque centrale continue de
maintenir les taux d’intérêt à un niveau historiquement bas, et a promis d’acheter
780 milliards d’euros d’obligations cette année dans le cadre de son
programme d’assouplissement quantitatif. Ces programmes de réduction des taux
et d’assouplissement quantitatif sont depuis longtemps sources de discorde, notamment
au sein de l’établissement politique et économique allemand. Des voix influentes
se sont fait entendre à Berlin en réaction à la hausse de l’inflation
allemande – qui s’est élevée à 2,2% sur l’année au mois de février – qui appellent
désormais à une hausse des taux.
M. Draghi s’est pour le moment
engagé à se tenir prêt à réduire les taux davantage et à acheter toujours
plus d’obligations, et a promis le maintien des taux d’intérêt « à leur
niveau actuel, sinon moins, pour une période prolongée ».
Dissidence à la BCE
Le mois dernier, Yves Mersch,
membre du comité exécutif de la BCE, se demandait « pendant combien de
temps encore allons-nous discuter de taux ‘toujours plus bas’ comme option de
politique monétaire ? La crédibilité d’une banque centrale étant, comme
nous l’avons vu, de la plus grande importance, nous devrions procéder aux
ajustements graduels nécessaires sans plus attendre ».
Jens Weidmann, président de la
Bundesbank, a décrété cette semaine que la banque centrale devrait rehausser
ses anticipations d’inflation pour l’année d’un demi-point de pourcentage à
partir de la projection d’1,3% établie en décembre.
Que devra faire Draghi ?
Pour faire court, rien du tout.
Une réponse plus longue voudrait
qu’il dise certainement quelque chose comme « la croissance des salaires
est faible, et la BCE devrait se concentrer sur l’indice harmonisé de base des
prix à la consommation ».
Draghi ne fera pas grimper les
taux, et il y a de fortes chances qu’il ne réduise pas encore ses achats d’obligations.
L’Italie sous
respirateur artificiel
L’Italie a été mise sous
respirateur artificiel, et a grand besoin d’un acheteur pour ses obligations.
Ses obligations à dix ans ont un rendement de 2,138%. Celles de l’Allemagne ont
un rendement de 0,324%.
L’écart entre les rendements des
obligations italiennes et allemandes à dix ans est de 181 points de base
(1,81 point de pourcentage).
S’il n’existait aucun risque de
défaut, les deux taux seraient identiques. Les obligations italiennes ne se vendent
pas à prime sans raison. Et si la BCE cessait d’acheter des obligations
italiennes, l’écart serait plus important encore.