L’année 2013 est maintenant correctement entamée et le retour complet à l’activité, après les quelques jours de pause normale de la période de fête, permet de regarder rapidement les jolis clignotants (verts pour Lagarde) et autres indicateurs de l’économie mondiale pour se faire une idée de ce qui nous attend dans les prochaines semaines. Et les dernières nouvelles laissent présager quelques épisodes houleux.
Et au niveau mondial, deux éléments se distinguent particulièrement. Et alors qu’on pourrait s’imaginer que ce soit la Chine (avec cette étrange nouvelle de quadruplement de ses importations de riz) ou encore les États-Unis (avec cette loufoquerie de pièce en platine d’un trillion de dollars). Il n’en est rien. Lorsqu’on fouille un peu au-delà de l’écume des jours, les deux pays qui se distinguent sont, à l’Est, le Japon, qui montre des velléités de sortir de son marasme, sans pour autant sembler éviter des écueils majeurs, et à l’Ouest, … la Belle & Majestueuse Socialie Française sous le règne de François Mimolette dit Charnière, cette espèce de gond, aux commandes.
Pour le Japon, ce n’est pas vraiment dans la presse française qu’on trouvera de la matière pertinente. Mis-à-part quelques remarques générales sur le désir de l’Empire du Levant d’accroître ses dépenses militaires liées au ravivement des tensions avec la Chine, on ne trouve pas grand-chose. C’est donc dans la presse étrangère qu’on tombe sur quelques informations solides. Der Spiegel nous fournit ainsi un article intéressant dans lequel on rappelle qu’un quart du budget annuel du pays est destiné à rembourser les intérêts d’une dette que nos amis teutons n’hésitent pas à qualifier de kölossale (et à 245% du PIB, on les comprend).
Évidemment, cette situation est grandement simplifiée par le fait que la dette japonaise était jusqu’à présent essentiellement détenue par les Japonais eux-mêmes ce qui permettait d’obtenir des taux d’intérêts fort bas. Je dis jusqu’à présent, car avec le vieillissement inévitable et déjà bien entamé de la population japonaise, la source d’épargne (et donc, la source d’investissement dans la dette d’état) se tarit. Mécaniquement, le Japon va devoir, tôt ou tard, emprunter de plus en plus sur un marché international déjà particulièrement échaudé par les autres pays. Et compte-tenu du niveau d’endettement déjà atteint, les taux risquent bien d’exploser, mettant le pays devant un véritable mur infranchissable de dettes.
Quant à la solution de la planche à billet, … elle ne marche pas. Shirakawa, le gouverneur de la banque centrale japonaise, admet ainsi
« Pour le moment, l’effet de notre politique monétaire de stimulation de l’économie est très limité. La monnaie est là, la liquidité est abondante, les taux d’intérêts sont très bas, mais les entreprises n’utilisent pas ces conditions financières accommodantes. Le retour sur investissement est trop bas. »
Cela fait des années que le Japon tente cette approche, n’obtient aucun résultat et l’explique à qui veut l’entendre. Bizarrement, cela n’empêche pas les Américains (trop heureux de suivre les propositions idiotes de Krugman et Bernanke) ou les Européens (Draghi, le frétillant Goldman-boy en tête) de suivre exactement le même chemin, avec exactement le même résultat. Et on comprend aussi pourquoi le nouveau premier ministre japonais, Abe, a bien du mal à convaincre le gouverneur lorsqu’il veut injecter 91 milliards de dollars dans l’économie japonaise. Le Keynésianisme, finalement, c’est de la crotte et ça ne marche pas même chez ceux qui y croient dur comme fer.
Du reste, ce qui est remarqué par Der Spiegel l’est aussi par LibreMercado, journal en ligne espagnol, qui explique exactement la même chose : depuis l’arrivée au pouvoir du Parti Libéral Démocrate (et qui n’a de libéral que le nom, comme d’habitude), c’est Open Bar sur l’interventionnisme et les dépenses d’état pour « relancer ». Cette attitude, d’après l’article, risque bel et bien de propulser le Japon dans les mêmes eaux (financières) que la Grèce dont on sait qu’elle est maintenant complètement insolvable, en faillite et dans le proverbial caca.
À l’Ouest, vraiment plus à l’Ouest, on trouve ensuite la France. Là encore, ce ne sont pas les éditoriaux les plus palpitants d’une presse sursubventionnée qui nous permettront de dresser un constat correct pour ce pays. Il nous faudra y chercher des signes parallèles, ou aller regarder dans les productions outre-Manche. Oui, certes, la perfide Albion peut se fendre de titres un peu racoleurs, comme celui-ci, par exemple, qui n’hésite pas à noter avec justesse la concomitance de deux actualités gênantes :
Le lundi, on apprend que les problèmes de la zone euro seraient résolus d’après Barroso, et le mardi, sapristipopette, on bat le record du taux de chômage de la zone euro. Et au milieu de cette zone euro en délicatesse, on trouve la Socialie Française, dont le premier représentant, au sourire et à l’œil si pétillant d’intelligence contenue, laisse augurer du meilleur. Là encore, il faudra se reporter à la presse étrangère pour un état des lieux réaliste : si on peut convenir que les taux d’emprunts actuellement pratiqués sont suffisamment faibles pour éviter tout stress, l’économie française n’en est pas moins en panne. Et d’après Shawn Tully, l’auteur de l’article lié, c’est une panne sévère :
« Pour le dire simplement, les produits français — ses voitures, son acier, ses vêtements, son électronique — coûtent bien trop à produire comparés avec les mêmes biens venant aussi bien d’Asie que de ses voisins européens, non seulement en incluant l’Allemagne mais aussi l’Espagne et l’Italie. Ceci provoque une baisse forte et en pleine accélération de ses exportations, et un déclin notoire dans l’industrie et les services qui les nourrissent. »
Pour lui, c’est bien la France, et non la Grèce, l’Italie ou l’Espagne, qui pose le plus grave problème de la zone euro : là où ces derniers pays, confrontés au même problème de compétitivité qui dégringole, ont commencé (même timidement) les ajustements structurels nécessaires et parlent à présent de refontes fiscales, la France s’entête dans son immobilisme. L’auteur s’étonne (presqu’aimablement) qu’une économie de cette taille puisse s’effondrer aussi vite. À mon avis, il n’a encore rien vu.
Parce que parallèlement à ces contre-performances de compétitivité, le marché immobilier continue de tousser de plus en plus fort. Or, ce que nous ont appris des pays comme l’Espagne ou les Etats-Unis, c’est qu’un immobilier qui chute provoque des effets de bords mémorables sur le reste de l’économie (effets qui viendraient s’additionner à ce qu’on observe déjà et qui est dès à présent jugé préoccupant outre-Atlantique). Et pour l’immobilier, comme l’a rappelé The Economist dans son dernier indice des prix, la France est, en Europe et après la Belgique, le pays où les prix sont les plus surévalués, de 43% en moyenne.
À ceci, on devra ajouter les récentes tendances du marché (dans lequel on découvre que des soldes sont mises en place, oui, des soldes !) et le fait que, selon la FNAIM, les agences immobilières ont perdu en 2012 plus de 10.000 emplois (sur un total de 80.000) et ont vu 3000 d’entre elles fermer leurs portes (soit 10% du total).
Avec un immobilier qui va, inévitablement, dégonfler plus ou moins brutalement (ne pariez pas trop sur un atterrissage en douceur, ce serait du jamais vu), on peut s’attendre à une année 2013 puis 2014 particulièrement agitée. Et il sera impossible de pointer du doigt une austérité dont on peine à voir le moindre début de contour, cette dernière étant définie comme une baisse des déficits (LOL n°1), et une baisse des dépenses de l’État (LOL n°2).
Bien évidemment, la date précise à laquelle la panique éclatera est impossible à fournir. Mais avec un consensuel mou comme Hollande, incapable de la moindre décision couillue, on voit franchement très mal comment on va l’éviter.